A STAR IS BORN : NAISSANCE D’UN RÉALISATEUR… BRADLEY COOPER

LE CAPITAINE CINEMAXX A VU – A STAR IS BORN * SPOILERS *

Projet datant de 2011, avec au départ Clint Eastwood derrière la caméra et Beyonce Knwoles dans le rôle d’Ally, le quatrième remake d’Une étoile est née (1937) débarque enfin dans les salles obscures. Entre temps, vous l’aurez compris, la production aura subi quelques changements majeurs, dont la nomination de Bradley Cooper à la mise en scène et de Lady Gaga, dans le rôle-titre. Si c’est une première pour Bradley Cooper en tant que réalisateur, ce n’est cependant pas la première fois que Lady Gaga apparaît sur grand écran, mais c’est en revanche la première fois, qu’elle est l’héroïne principale d’un long-métrage.
A Star Is Born était donc un pari risqué. Novices, les deux acteurs avaient une énorme responsabilité, celle d’offrir au public une œuvre dans l’air du temps, un drama musical sincère et inoubliable. Mais qu’en est-il vraiment ?

SYNOPSIS : Star de Country un peu oubliée, Jackson Maine découvre Ally, une jeune chanteuse très prometteuse. Tandis qu’ils tombent follement amoureux l’un de l’autre, Jack propulse Ally sur le devant de la scène et fait d’elle une artiste adulée par le public. Bientôt éclipsé par le succès de la jeune femme, il vit de plus en plus mal son propre déclin.

Capture d%u2019écran 2018-09-27 à 12.02.30
Après lecture du synopsis, on s’aperçoit, dès l’ouverture du film, que ce résumé est un peu trompeur et contradictoire. En effet, Jackson Maine n’est pas une star oubliée de la Country, puisque A Star Is Born s’ouvre lors d’un concert du chanteur, à guichet fermé et se poursuit dans toute la première partie du film, sur une tournée, engrangeant des milliers et des milliers de personnes à chaque date. Alors, comment Ally – qui fait ses premiers pas sur scène avec lui – aurait-elle pu atteindre une telle notoriété sur les réseaux sociaux (notamment), si Jackson jouait devant 100 personnes ?
Passé ce petit détail, qui me permet d’enchaîner sur un élément essentiel, le duo formé par Bradley Cooper et Lady Gaga est-il convaincant ? Personne ne me contredira sur cet aspect du film, bien évidemment, leur duo est irrésistible. Mais au-delà de la complicité entre les deux comédiens, les deux personnages ne seraient rien sans une bonne histoire et des dialogues écrits avec finesse. Pour l’aider dans sa tâche, Bradley Cooper a fait appel à un des meilleurs scénaristes hollywoodiens, Eric Roth, auteur sur Forrest Gump, L’Homme qui murmurait à l’oreille des chevaux, Munich ou encore L’Étrange Histoire de Benjamin Button. Et comme à chaque fois, Roth transforme un récit classique, mettant en scène des protagonistes qui le sont tout autant, en une véritable aventure humaine, authentique, sans contrefaçon.
Le développement des personnages se fait progressivement (j’ai une petite réserve concernant Jackson Maine, mais j’y reviendrais un peu plus tard) et chacun bénéficie d’une attention toute particulière. Mais surtout, jamais l’un ne prend le dessus sur l’autre. Il y a un équilibre entre déclin et ascension, important, pour mettre en lumière l’histoire d’amour fragile et intense entre Jackson et Ally, en comprendre les enjeux et la finalité. Rythmé par des dialogues à la fois tendres, poignants, durs, violents, A Star Is Born est une vraie pépite émotionnelle. Il y a d’innombrables séquences très émouvantes (cf. leur rencontre à la fois surprenante et absurde, leur premier duo sur scène, leur complicité en concert et dans la sphère privée…), qui offrent à la globalité de l’œuvre, bien plus qu’une banale idylle entre deux êtres.

Le seul point noir du scénario de A Star Is Born, c’est sur la cohérence du développement individuel de Jackson Maine, pourtant essentielle pour comprendre les enjeux du film et du personnage. Hors la construction scénaristique de sa descente aux enfers, est maladroite. En effet, on a parfois du mal à cerner pourquoi et comment sa musique, sa carrière en générale, ne fonctionne plus. Et la montée d’Aly n’est en rien la cause, à mon sens. Du moins, le film ne l’explicite jamais vraiment. Car à aucun moment, un producteur ne vient dire de vive voix à Jackson Maine :  » Ta musique ne marche plus « ,  » Tes chansons n’intéresse plus personne,  » Cela fait des mois que tu n’as pas sorti de nouveau titre « ,  » Le public se lasse de tes pitreries d’alcoolique « , ou toutes autres explications crédibles. On passe alors, assez brutalement, d’un chanteur qui remplit des stades entiers à une ex-star de Country, obligé de chanter dans un forum pharmaceutique. Et sans ces explications, j’ai personnellement eu un peu mal à rentrer totalement dans le film de Bradley Cooper. Je vois un homme qui enchaîne les crises, qui boit, qui tente de se relever, je vois bien la déchéance d’un individu, mais pas celle de son succès.

A Soundtrack is Born

Que ce soient les comédies musicales, les films musicaux en tous genres, les Américains savent composer des mélodies et écrire des chansons, qui marquent les esprits et, A Star Is Born n’échappe pas à cette règle. Moins puissante, cependant, que The Greatest Showman, elle n’en reste pas moins ultra-efficace.
Les sonorités pop de la plupart des chansons au caractère  » triste « , dont l’objectif est clairement de nous faire pleurer ou, du moins, tirer quelques petites larmes, fonctionne, grâce au timbre étonnant de Bradley Cooper et la justesse maîtrisée des vocalises de Lady Gaga.
Les titres comme Shallow, Maybe it’s Time ou I’ll Never Love Again, notamment, sont clairement parmi les plus belles, les plus émouvantes et celle qui parviennent à nous atteindre directement. Mais ce n’est pas qu’une question mélodique, c’est aussi le choix des mots, l’histoire que ces chansons racontent, et c’est d’ailleurs, tout le propos du film. Trop souvent, dans notre époque actuelle, les paroles n’ont plus réellement d’importance et donc, les histoires contées, n’ont plus d’intérêts, mise à part celle de faire danser un public dont les seules envies sont de se mouvoir bêtement, sans se prendre la tête. A Star is Born serait donc une satire nostalgique d’une époque révolue, où les chansons à texte ont été remplacées par des mélodies dansantes dépourvues de sens ?

7909512_260643f8-c673-11e8-bf67-d1c86b46c0e5-1_1000x625
Quant à l’interprétation des acteurs, elle est incontestablement la force de A Star Is Born. On savait que Bradley Cooper était un excellent acteur, mais c’est surtout la performance de Lady Gaga qui est une surprise, passant avec une facilité déconcertante de la jeune fille timide et naïve, à une femme plus confiante, plus mature. Elle livre donc une interprétation en toute sobriété (le côté naturel de son maquillage renforce cette sensation) en contraste total avec la Lady Gaga que l’on a connu à ses débuts (débridée et outrancière), mais c’est justement cette sobriété qui permet de s’attacher à son personnage et de pouvoir s’identifier à elle.

En conclusion, A Star Is Born est sans conteste une œuvre musicale qui marquera l’année 2018, notamment grâce au duo complice formé par Bradley Cooper et Lady Gaga, excellents dans leurs rôles respectifs.
Malgré une absence d’explication sur les raisons de l’échec musicale de Jackson Maine, le scénario, bien que classique, réserve des scènes sublimes et touchantes, mise en scène par un Bradley Cooper soigneux du moindre détail (même s’il y a quelques jeux de lumière qui se veulent esthétiques mais dispensables) et bercé par une bande originale, émotionnellement puissante, aux paroles saisissantes.

Bradley Cooper, première réussite, avec une production très intimiste. On peut le dire, nous venons d’assister à la naissance d’un (futur grand?) réalisateur…

0304837.jpg-r_1280_720-f_jpg-q_x-xxyxx
 

1 commentaire sur “A STAR IS BORN : NAISSANCE D’UN RÉALISATEUR… BRADLEY COOPER

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *