ANT-MAN & LA GUÊPE : HISTOIRE.S DE FAMILLE

LE CAPITAINE CINEMAXX A VU – ANT-MAN & LA GUÊPE – SPOILERS

Ant-Man & La Guêpe n’est clairement pas un film de super-héros classique. J’irais même plus loin, le film de Peyton Reed n’est PAS un film de super-héros. Un constat que nous pouvions déjà faire, plus ou moins, dès le premier opus et ce, malgré une histoire mettant en scène un super-vilain très conventionnel. Car outre les costumes portés par les deux héros et l’apparition d’une méchante, Ant-Man & La Guêpe est avant tout une aventure familiale, dans laquelle viennent se confronter des dilemmes familiaux. Une production Marvel Studios un peu à part donc, qui assume son côté bon enfant, avec un ton intergénérationnel et des enjeux plus minimalistes, mais tout aussi importants, comme la difficulté d’être père.

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Ant-Man & La Guêpe : Un film incompris ?

La plupart des critiques sur le film de Peyton Reed se rejoignent :
une production sans intérêt, peu ou pas d’enjeux et qui ne fait qu’effleurer, au travers une introduction simpliste, un élément majeur pour Avengers 4Le Quantum Realm. Cependant, je crois que toutes ces critiques négatives se trompent sur un point : la définition du genre super-héros au cinéma. Car ce genre, au même titre que le thriller ou la science-fiction, peu avoir des subtilités et des codes différents, en mélangeant les genres par exemple (SF/Comédie, SF/Western…), mais aussi en leur donnant une autre dimension avec une ambiance et des enjeux, qui diffère du classicisme de ces œuvres en général. Et ce qui va être différent avec Ant-Man & La Guêpe, c’est son côté comédie familiale et la manière dont vont être traités les enjeux. Car là où la majorité des films Marvel Studios élargissent leurs enjeux au Monde ou à l’Univers, Ant-Man & La Guêpe va avoir des enjeux plus minimalistes, et c’est peut-être ça, qui a gêné certaines personnes.
Scott Lang a ce désir de vouloir aider les gens, sans faire de mal à sa fille ou la perdre une seconde fois, Hope & Han Pym souhaitent retrouver Janet, mère et épouse, afin de refonder une famille et Ghost, n’a qu’une seule envie, redevenir une personne normale. Et vu comme ça, effectivement, tout le scénario à l’air bien gnangan et pas très intéressant. D’autant qu’on sait qu’à l’horizon, il n’y aura pas de scènes de destructions massives comme dans l’Ère d’Ultron ou des enjeux aussi élevés que dans Infinity War. Mais le film de super-héros doit-il se résumer à cela, sauver La Terre des méchants ? Et pourquoi les méchants devraient avoir une seule et même motivation, détruire ou dominer le Monde ?
Ant-Man & La Guêpe va à contre-courant de cette idée préconçue en mettant en scène une super-vilaine, un peu égoïste certes, qui préfère sacrifier la vie d’une femme pour régénérer son corps et ainsi, reprendre une vie normale. Des ambitions à échelle humaine, plus convaincante et moins surréaliste.
De plus, Peyton Reed arrive, malgré des apparitions anecdotiques de Ghost, à donner une dimension profonde à la douleur de son méchant. Il n’est nul besoin d’en faire trop, l’importance, c’est de ressentir la douleur ou comprendre les motivations de l’antagoniste, pour se mettre à sa place. Kaelicius avait ce même type d’écriture et il était pourtant, selon moi, un des meilleurs méchants du MCU, de part ses blessures, ses failles et ses objectifs, clairs. Et ce n’est pas parce qu’on ne s’attardera pas mille ans sur les motivations de l’antagoniste principal du film que cela le rendra plus proche de nous, de notre compréhension. Au contraire. D’autant que le format cinéma est un format court, il faut aller vite, comprendre l’essentiel peut donc suffire. Cependant, je comprends parfaitement que certains exigent davantage, exigent une écriture plus profonde. Je le ressens par moment, très souvent même, dans les blockbusters d’aujourd’hui, mais pas ici.

Ce que j’ai aimé dans Ant-Man 2, ce n’est pas tellement l’introduction de La Guêpe, mais surtout la dualité de Scott entre son devoir en tant qu’Ant-Man et en tant que père de famille, au travers une comédie familiale, ce que j’évoquais brièvement un peu plus haut. La séquence d’introduction du film, très réussie sur un plan visuel et humoristique, démontre cette envie de présenter un héros ordinaire, dont les erreurs passées lui ont coûté plusieurs moments savoureux comme celui-ci avec sa fille. Scott Lang est un personnage auquel chaque père de famille peut s’identifier, car chaque père peut un jour être confronter au même problème, de manières différentes : la surcharge de travail, l’envie de se surpasser dans son job, au point donc, d’en oublier sa propre famille. Ant-Man & La Guêpe est donc un hommage à la famille, précieuse.
Durant deux heures, nous assistons alors à un héros pris entre son désir de ne pas commettre d’erreurs, afin de ne pas perdre sa fille une seconde fois et son envie d’aider les autres. Et chaque protagoniste à plus ou moins ce même souci. Hope veut récupérer sa mère, coincée dans le Quantum Realm depuis trente-ans, pour aussi combler un manque affectif, retrouver la petite-fille disparue, celle qui se cachait dans une armoire rouge lors de parties de cache-cache. Et Ghost, à travers ce désir de reprendre une vraie apparence humaine, se cache en réalité un désir intense, construire une vie, une vie de femme, une vie de famille, accompagnée de Bill Foster, père de substitution, qui n’aura de cesse de se battre pour lui offrir cette vie rêvée.

Qui dit comédie familiale, dit comédie. Et le terme de comédie scié parfaitement à Ant-Man & la Guêpe. Malgré des enjeux dramatiques poignants, le long-métrage Marvel Studios sait offrir à ses fans de purs moments de comédie. Mise à part deux séquences un peu lourdes, l’humour de la production signée Peyton Reed est maîtrisée avec des scènes vraiment hilarantes (cf. toute la séquence en Scott Lang nain dans l’école de sa fille), qui fonctionnent même dans les moments de dédramatisation (cf. la scène où Scott, Hope et Hank sont retenus prisonnier par Ghost). Un comique que l’on reproche souvent à Marvel, mais qui n’empêche en rien ici, d’être investi dans les combats de chaque protagoniste.

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Le Syndrome Bruce Banner

Parmi les séquences humoristiques, celle de jouer sur la difficulté pour Scott Lang d’activer les pouvoirs de son costume à attirer mon attention.

Si elle donne lieu à une scène vraiment fun dans les couloirs de l’école de la fille de Lang, j’ai eu la sensation d’un comique de répétition déjà-vue quelques mois plutôt, dans Avengers : Infinity War, lorsque Bruce Banner tentait de faire apparaître Hulk, sans succès. Un petit manque d’imagination de la part des scénaristes, mais une façon pour eux de mettre davantage en lumière le personnage de La Guêpe. Assez maladroit, car je pense, qu’il y avait une autre manière de faire exister la super-héroïne au côté d’Ant-Man, sans qu’il ne soit pas réduit au héros qui connaît perpétuellement des problèmes liés à son costume.

En parlant de la Guêpe, interprétée par Evangeline Lilly, il est étonnant de constater que tout le monde s’extasie sur la performance de l’actrice. Pour ma part, je n’ai pas eu l’impression que la comédienne transcendait son rôle ou tenter de proposer quelque chose de nouveau dans son jeu. Elle fait le taff, honnêtement, comme elle le fait d’ailleurs très bien dans Lost ou Le Hobbit, mais cela ne va jamais plus loin que les bases de la comédie. Et en même temps, fallait-il s’attendre à mieux ?

Sonny Burch & Bill Foster : Quelle place pour les deux antagonistes ?

Parmi les super-vilains présents dans Ant-Man & La Guêpe, Sonny Burch et Bill Foster sont certainement les moins réussis.

Interprété par Walton Goggins, Sonny Burch est un petit contrebandier, sans envergure, dont le seul objectif est de mettre la main sur la technologie de Pym, afin de récolter des milliards de dollars. Et là encore, si son rôle au sein du film permet d’avoir une séquence humoristique tout à fait exceptionnelle avec Luis (Michael Pena), le personnage de Sonny Burch est un méchant qui ne fait que subir, jamais dangereux, toujours dans l’à-peu-près. Avec sa fortune, on aurait pensé qu’il aurait mis au point une arme capable de rivaliser avec les pouvoirs d’Ant-Man et La Guêpe, ce qui aurait permis d’ajouter une menace – réelle – supplémentaire et une nouvelle tension dramatique au film. Malheureusement, le film de Peyton Reed se contente d’offrir à Walton Goggins des apparitions sans intérêts majeurs, parfois même un peu longues et ennuyeuses.

Quant à Bill Foster, si l’idée d’en avoir fait un (semi) antagoniste été bonne, ce dernier manque cruellement de profondeur, à l’instar de Sonny Burch. C’est d’ailleurs assez frustrant de voir Laurence Fishburne cantonné à un rôle mineur alors qu’il aurait pu également être une véritable menace. Vous imaginez une scène de combat entre deux Giant-Man ?
Cela dit, cela change un peu du méchant qui, pour de vieilles rancœurs, à des idées de vengeance. Bill Foster est un poil plus complexe et pris entre deux choix : aider Hannah et ne pas enfreindre la loi, au travers d’actes répréhensibles.
Petit regret, une scène flash-back de Bill Foster en Goliath aurait été la bienvenue, au travers une scène avec Hank et Janet, lors d’une mission pour le S.H.I.E.L.D.

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Et Action !

Oui, Ant-Man & La Guêpe est plus ambitieux que le premier opus.
Les effets spéciaux sur les changements de taille sont toujours aussi impressionnants et il y a de véritables trouvailles (cf. la sellière, le Peps ou la voiture miniature), une ambition d’aller encore plus loin, d’assumer des pouvoirs pas forcément extraordinaires au premier abord. Cependant, j’avais la sensation que Peyton Reed  » s’auto-censurait  » à certains moments, que le film, dans les scènes d’actions, manquait cruellement d’exubérance. Malgré une séquence de course-poursuite absolument juste en terme de réal et de mise en scène avec un vrai cadrage net et des effets spéciaux maîtrisés, il y a des scènes où la folie est verrouillée comme une porte de prison. Dans la séquence où La Guêpe se bat dans une cuisine, Peyton Reed ne va pas au bout de ses idées. Le décor et l’environnement se prêtaient pourtant à merveille pour nous entraîner dans une version délirante de Top Chef, avec des explosions de saveurs, une préparation culinaire de grande taille et des instruments volant dans tous les sens.
Même les combats avec Ghost sont un peu fades et propose souvent la même chose dans les séquences d’affrontement.
À moins que tout ceci ne soit dû à un manque d’imagination ?

Quantum Realm : Arnaque or not arnaque ?

Parmi les grosses attentes d’Ant-Man & La Guêpe, l’évocation du Quantum Realm, que des fans imaginent – à juste titre – comme étant la clé pour vaincre Thanos dans Avengers 4. Un sujet attendu donc, mais les récentes critiques révèlent une certaine frustration quant aux scènes présentant le Quantum Realm.
Si la réalisation ressemblait étrangement à ce que l’on pouvait voir dans Doctor Strange, au niveau du psychédélisme des images, des couleurs, etc., ces séquences au sein du Quantum Realm ne répondent pas à la question : Y’a-t-il un moyen, un accès, un passage vers une dimension qui permettrait de sauver l’univers des mains de Thanos ? Et je pense personnellement que ce n’est pas l’objectif du film de Peyton Reed que de répondre à cette question, dont on connaît, de toute façon, déjà la réponse.

Cependant, la scène post-générique, qui laisse sur un énorme suspens – comment Scott Lang arrivera-t-il à sortir du Quantum Realm sans aide ? – me pose un problème au niveau de la temporalité. Le film se déroule deux ans après Civil War, quelques jours avant Avengers : Infinity War, mais si la scène post-générique met en scène la disparation de Janet, Hope et Hank après le claquement de doigts de Thanos, pourquoi les deux super-héros n’ont-ils pas proposé leur aide à Captain America, maintenant que la fille de Scott accepte les risques que son père prendra désormais ? Et l’invasion de New-York ne les intéressait pas ? Bizarre.

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En conclusion, Ant-Man & La Guêpe se positionne comme étant une comédie familiale, plus qu’un film de super-héros, et c’est ainsi qu’il faut le prendre. Si les scènes d’actions ne sont pas toujours aussi folles qu’on le voudrait, le film de Peyton Reed n’en reste pas moins divertissant, fun et extrêmement drôle. La production Marvel Studios est un petit bol d’air frais avec, certes, des enjeux plus intimistes, à échelle humaine, mais qui confrontent enfin des héros et des méchants de l’histoire à des dilemmes de tous les jours.
Une œuvre à part entière au sein du MCU, qui donne une autre vision du super-héros, celle du père de famille, notamment, pris entre deux rôles qu’il doit assumer au mieux.
Outre des personnages secondaires sans saveur, Ghost se révèle une méchante très intéressante, elle aussi prise au piège de ses motivations égoïstes, mais qu’on ne peut finalement lui reprocher.
Enfin, on retiendra l’humour et les interprétations de Paul Rudd et Michael Pena, hilarants.  

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