AVENGERS – INFINITY WAR : MERCI MARVEL STUDIOS !

Avant de commencer cette critique, je tenais d’abord à saluer le travail effectué par le service marketing d’Avengers : Infinity War. Énormément de choses avaient été dévoilées côté jouets (les fonctionnalités de la nouvelle armure de Stark, la Iron Spider de l’Homme-Araignée, la nouvelle hache de Thor, etc, etc.) et pourtant, sur ces mêmes aspects, le film a su nous surprendre sur plein de petits détails. L’armure de Stark se révèle pleine de gadgets inédits (cette armure est complétement DINGUE !) et la création du nouveau marteau de Thor, avec l’aide de Groot, était une très belle idée, une séquence émouvante emplie de poésie, par ailleurs.
Enfin, les bandes-annonces toutes faussées. Que ce soit sur la possession des Gemmes par Thanos à certains moments précis comme la scène où Cap arrête le poing de Thanos ou celle avec Spider-Man en post-BA, elle aussi truquée.
Cependant, il est vrai que je me suis préservé au maximum (pas évident de par mon métier) et ignoré comme j’ai pu tous les articles à spoilers et spots TV. Mon avis sur le marketing du film est donc peut-être faussé. Mais quoi qu’il en soit, je suis heureux de constater qu’un effort (sur les bandes-annonces du moins, puisque je ne peux pas juger le reste) a été fait pour que le film s’auto-préserve et ainsi offrir aux spectateurs un maximum de surprises lors du visionnage.

Rentrons désormais dans le vif du sujet. Que vaut réellement Avengers : Infinity War ? Vraie bonne surprise ou flop monumental ? Le long-métrage des frères Russo, est-il la (semi) conclusion que l’on attendait tous ? Et la production est-elle à la hauteur de l’évènement, celle des 10 ans de Marvel Studios ? Réponse !

Un scénario classique mais brutal

Blockbuster rime souvent avec scénario basique. Et en même temps, est-ce si grave ? En effet, les films de type blockbuster ne sont pas censés être les dignes représentants de la catégorie Meilleur Scénario aux Oscars. Les seules choses qu’on est en droit d’exiger sont :
– Un scénario cohérent avec l’histoire que les scénaristes veulent nous raconter.
– Une réelle menace avec des motivations précises et pas simplement : « Je veux détruire le monde parce que c’est cool ».
– Des enjeux dramatiques forts, poignants et crédibles, le tout enrobé d’une réalisation/mise en scène alléchante.
Et Avengers : Infinity War remplit largement toutes ses cases, à une petite exception près (on y reviendra).

Le film va très vite. Et pour tout vous dire, au départ, la durée du film m’inquiétait un peu. 2h36 pour tout installer, former les groupes, récupérer 6 gemmes, tout en laissant suffisamment de place à l’action (comprenez ici une bataille finale), je trouvais ça un peu court. Finalement, Avengers : Infinity War réussit à tout emboîter avec une facilité déconcertante. Pas de place pour les blabla inutiles, on voulait du Thanos à gogo et des pêches surpuissantes, on les a.
Le film débute alors que Thanos est déjà en possession d’une Gemme de l’Infini, celle qui se trouvait sur Xandar, puis une seconde, au bout de seulement 5 minutes lorsque le Titan Fou récupère celle sur le vaisseau de Thor.
2h36 donc, qui défile à une vitesse hallucinante, un concentré d’action pure, qui en met plein la vue. Et si le film se regarde aussi aisément et que l’action est si omniprésente, c’est parce que les frères Russo ont choisi de raconter leur histoire sous plusieurs angles et à plusieurs endroits différents : Thor/Les Gardiens puis Thor/Rocket/Groot dans l’espace, Star-Lord/Drax/Gamora/Mantis sur Knowhere, Stark/Strange/Banner/Spider-Man/Wong sur Terre, Star-Lord/Drax/Stark/Strange/Spider-Man/Mantis/Nebula sur Titan, Team Captain America/Vision/Black Panther sur Terre – les équipes se croisent, se séparent, s’assemblent aux quatre coins de l’univers en suivant un script cohérent, pour stopper un Thanos qui nous entraîne dans sa course effrénée aux Pierres de l’Infini. Chaque personnage est là où il doit être, suit un chemin bien déterminé, alors que le rythme imposé aux spectateurs est saupoudré de multiples rebondissements, ne nous laissant aucun répit pour reprendre notre souffle.

Quant aux surprises, on savait tous à quoi s’en tenir. Aucun nouveau héros, Hawkeye, Ant-Man et Nick Fury absents, le S.H.I.E.L.D et Coulson déconnectés de l’univers cependant, que ne fut pas mon étonnement en voyant Crâne Rouge débarquer, lorsque Thanos et Gamora arrivent sur Novmir pour prendre possession de la Pierre de l’Âme. Cette séquence n’a l’air de rien, mais elle prouve que les frères Russo ont su appréhender le MCU dans sa globalité et qu’en 10 ans, aucun détail ne leur a échappé. D’ailleurs, les frères Russo n’ont pas hésité à retracer dans Infinity War, 10 années de MCU (et 17 productions), aux travers de références visuelles (Thanos qui remonte le temps comme Strange l’avait fait face à Dormammu) ou verbales (« Nous avons un Hulk », la danse de Star-Lord…), souvenirs inoubliables d’une saga, qui a révolutionné la façon de produire des films à Hollywood.
Mais ne vous y trompez pas, Avengers : Infinity War sait se démarquer. Le film n’est pas un fourre-tout de références et sait offrir aux fans de très jolis moments, autant dramatiques, qu’humoristiques. L’humour, parlons-en tient ! Rarement, une production Marvel Studios n’aura été si rigoureuse sur ce point. On reproche souvent à Marvel sont surplus d’humour (Thor : Ragnarok étant le pire) mais Avengers : Infinity War arrive à alterner/mélanger séquences humoristiques et séquences dramatiques avec une justesse incroyable, même si je pose une petite réserve sur le personnage de Banner, qui cassait un peu le rythme par ses blagues parfois un poil lourdingues (et en parlant de Bruce Banner, son incrustation dans le Hulkbuster, c’est une blague à 480 millions de dollars ou quoi ?)
Autre point qui énervait certains critiques, l’humour pour dédramatiser. Infinity War sait faire la part des choses et quand il ose l’humour dans ces moments-là, c’est véritablement percutant.
A ce propos, pour défendre Marvel. L’humour peut être considéré comme une arme. Expérience personnelle – attention, je me livre comme jamais ici, j’ai toujours choisi l’humour comme arme de défense au collège/lycée, face à mes bourreaux. Je ne vois donc pas pourquoi certains personnages fictifs ne pourraient pas en faire autant.

J’évoquais Thor : Ragnarok plus haut. L’occasion de dire ici que le personnage du Dieu du Tonnerre a beaucoup plus de subtilité et reprend la posture divine qu’il avait perdu dans le film de Taika Waititi. Infinity War redonne donc à Thor sa stature héroïque, d’autant que Chris Hemsworth est bien plus saisissant lorsqu’il est sérieux et déterminé. Merci aux frères Russo d’avoir réequilibré l’univers Asgardien.

Le seul petit regret que j’ai sur le scénario, outre l’oubli d’une scène sur Xandar, est que les événements du Soldat de l’Hiver et Civil War sont totalement sur-survolés. On évoque, sans jamais rentrer dans le vif du sujet. Mais là encore, et je le redirais sûrement dans ma critique, Avengers : Infinity War est un film en deux parties, difficile de juger la production dans son ensemble, sans en avoir vu l’aboutissement. Certaines choses seront sûrement développées et résolues dans Avengers 4, l’année prochaine.

Côté réalisation, les frères Russo ont rendu une copie presque parfaite, comme le dîner. Il y a des scènes incroyablement marquantes et d’une grande générosité, Thanos v Strange étant la plus poétique et, visuellement, la plus aboutie.
Je mets cependant quelques réserves sur la réalisation en générale, car les nombreuses shacky-cam (une vraie plaie hollywoodienne) empêchent parfois une lecture visible des scènes d’actions. On a alors du mal à apprécier toute la beauté du corps, des chorégraphies ou des subtilités de l’armure de Stark entre autres. La technique du shacky-cam est cependant utile à certains moments : lorsque Thanos met une mandale à Stark par exemple, filmée en gros plan est justifié pour le côté immersif. On ressent en effet toute la puissance et le choc de ce coup-de-poing et la douleur de Stark.
C’est surtout la scène au Wakanda qui est un poil décevante, dans la mise en scène. Les Russo ont opté pour une réalisation caméra à l’épaule et si, une fois encore, elle permet un côté immersif dans la bataille, l’erreur est de filmer de la même manière lors des 1 v 1. Cependant, ce genre de réalisation fonctionne lorsque Cap et Black Panther courent ensemble vers leurs ennemis, on ressent alors toute la frénésie de leur course folle et la puissance qui se dégagent de leurs jambes.

J’ai aussi entendu dire que les séquences Thanos v Hulk et Thanos v Strange étaient très courtes, il faut comprendre ces choix scénaristiques. Thanos est un être surpuissant, d’autant plus avec son gant et les gemmes, réduire le Géant de Jade et le Doctor « en pièce » en seulement quelques secondes, est une affirmation de cette puissance.
Autre remarque que j’ai pu lire, Avengers : Infinity War manquerait d’un caractère épique. Réflexion stupide. Je rappelle que le long-métrage est découpé en deux parties. Si les Russo avaient choisi d’y ajouter trop d’épique, que resterait-il à Avengers 4 pour se différencier ? Et d’un point de vue scénaristique, il est plus logique qu’une scène monstrueusement épique ait lieu lors de l’ultime volet.

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Les Team Up

La force d’Infinity War réside dans ces nombreux team-up. On attendait surtout le duo et trio Stark/Spidey/Strange est ils n’ont jamais été décevants une seule seconde. Il y a une réelle alchimie entre les trois acteurs, et c’est à mon sens la force de Marvel Studios, l’interaction entre les personnages/acteurs, qui permet d’offrir au public une générosité sincère à leur interprétation, sans faux-semblant. On parle de Marvel comme une famille, et avec Avengers : Inifnity War, cette notion de famille prend tout son sens.
La relation développée depuis Civil War entre Stark et Spider-Man se poursuit ici, une relation Maître/Élève qui prend toute sa dimension lorsque Peter est sur le point de disparaître et tombe dans les bras de Tony en s’excusant. Un moment improvisé de Tom Holland, poignant.

Tous les Team-Up fonctionnent, ceux entre Thor et Rocket sortent un poil du lot et séparer les Gardiens en plusieurs groupes et une superbe idée, car cela permet aux personnages de sortir de leur zone de confort en interagissant avec d’autres héros de l’univers Marvel. Ainsi, on propose aux fans des jeux plus différents qu’à l’accoutumé, un brin de fraîcheur et un nouveau dynamisme à des films Avengers ou Gardiens de la Galaxie, où les personnages et leurs interactions sont souvent les mêmes, malgré des évolutions.
Cependant, certains protagonistes sont totalement sous-exploités, je pense notamment à Groot, mais également Drax. Si ce dernier offre des moments vraiment drôles, sa souffrance et son désir de tuer Thanos ne sont jamais réellement mis en avant et c’est le seul gros reproche que je ferais aux frères Russo. Car Drax le Destructeur est souvent Drax le Débile et ce n’est pas la première fois que je ressens un tel détachement dramaturgique pour un protagoniste Marvel. Pour les autres, qu’on parle peu de leur vie privée, de leur nouvelle vie (Scarlet Witch et la Vision), où qu’ils n’apparaissent juste  lors des scènes d’actions (War Machine et Faucon en tête) cela ne m’a pas dérangé, puisqu’on comprend l’essentiel des enjeux et des dilemmes auxquels ils sont confrontés et comme un tas de gens, j’attendais surtout un film très rythmé.

Quant à l’Ordre Noir, si on regrettera une présence limitée, les séquences où ces derniers font face aux Avengers est d’une réelle densité. On peut même avancer que les 4 bad-guys ont été plus redoutables en 1h30 qu’Obediah Stane, Whiplash, Crâne Rouge, Malekith et Yellowjacket réunis. Une badassitude parfois effrayante, j’en veux pour preuve la séquence entre le personnage d’Ebony Maw et Doctor Strange, une séance de torture – certes un peu lissé d’un point de vue adulte, Disney oblige – mais toutefois assez sinistre dans sa mise en scène, pouvant heurter la sensibilité de jeunes enfants.
Le traitement de Black Dwarf était également très limité. Quand c’est gros, c’est forcément stupide ? J’ai été un peu agacé de voir un des membres de l’Ordre Noir réduit à l’état de brute sans cervelle.

Un dernier mot sur Banner. Outre son humour pas très subtil, il est assez dommage, à contrario du personnage de Thor, de constater que Bruce B. n’est pas aussi évolué depuis Ragnarok. Le comique de situation (Hulk qui refuse de combattre) a en effet surpassé la dualité opposant le Géant de Jade et Banner, oubliant alors la partie psychologique du héros en vert et la souffrance intérieure qu’il ressent depuis son affrontement avec Thanos et l’a peur qui depuis, l’habite.
Enfin, un petit dialogue entre Banner et Romanoff aurait été le bienvenu, ne serait-ce que pour poursuivre l’arc narratif amoureux lancée par Whedon.

Globalement, avec autant de personnages à l’écran, les frères Russo ont fait un excellent travail de gestion, pour donner à tout le monde le meilleur temps d’écran possible, et même les personnages très secondaires comme Shu’ri, M’Baku ou War Machine ont leurs petites saynètes/répliques de gloire. On peut donc aisément pardonner quelques impasses comme la relation Banner/Natacha, passée sous silence.

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Thanos : La Révélation de l’Infini

Comment faire une critique d’Avengers : Infinity War, sans évoquer son grand méchant. Thanos est enfin là et bien là. Il occupe l’espace avec une puissance et une prestance incroyable et le travail réalisé sur les CGI est monumental. C’est d’autant plus louable que les expressions faciales sont plus humaines que certains humains. Lorsque le Titan Fou est blessé physiquement ou émotionnellement, son visage est très expressif, au point de ressentir sa propre souffrance.

Quelles sont les caractéristiques qui font qu’on aime un méchant, comme Dark Vador ou Magneto ? Ses ambiguïtés. Dark Vador et Magneto sont bad-guys qui souffrent, qui ont vécu des tragédies auxquelles on peut s’identifier. Ils sont faillibles, capables de compassion et d’humanité. Ils n’ont rien de manichéen. Thanos est tout ça. Un « homme » meurtri par son passé, plein de convictions, un Titan aux muscles sur-humains avec des failles et ce côté sentimental qui peut toucher (cf. scène avec Gamora à Novmir). Mais surtout, sa présence soulève des points très intéressants auxquels notre propre monde est confronté : la sur-population, l’épuisement des richesses, l’écart entre les riches et les pauvres de plus en plus grand, etc… Des enjeux que certains ont jugé flous, mais que je trouve percutant dans sa prise de position. Et pas besoin de la Mort pour expliquer les actes de Thanos, car ce sont ses convictions profondes qui le porte. Il est la Mort.

Toutefois, pour rester dans le panthéon des plus grands méchants de l’histoire du cinéma, il faudra à Thanos une autre envergure, une nouvelle dimension, qu’Avengers : Endgame nous livrera sûrement. Soit au travers un ou des événements marquants (un chamboulement réel de l’Univers Marvel en somme) ou une rédemption pure (mais a-t-on besoin d’un Dark Vador bis ? pas sûr).

En conclusion : Généreux, brillant, poétique, Avengers : Infinity War est porté par des acteurs formidables et un duo de réalisateurs talentueux. Bien plus épique qu’il ne paraît, car l’épique peut être dramatique et pas forcément un adjectif qu’il faut lier à l’action, le film Marvel Studios est une très belle conclusion pour une décennie d’un voyage auquel personne ne croyait au départ.
Et même s’il y a des défauts (l’humour de Banner, un traitement des personnages pas toujours très fins – Drax -, des sujets évincés ou peu développés, et la bataille au Wakanda qui aurait mérité une meilleure réalisation à certains moments, des défauts intrinsèques liés à une intrigue où tout doit aller vite), Avengers : Infinity War est un film qui marquera l’histoire du cinéma de par sa composition gigantesque.
Il faut également saluer le travail d’organisation qu’a dû nécessiter le film. Vous avez quand même une grande partie de tout le gratin hollywoodien, réunit dans une seule production et rien que pour ça, bravo !

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