DEADPOOL 2 : VOUS EN REPRENDRIEZ BIEN UN DEUXIÈME ? EUH… NON, MERCI !

LE CAPITAINE CINEMAXX A VU  – DEADPOOL 2

On va rentrer immédiatement dans le vif (pas de jeu de mots facile sur Harry Potter, s’il vous plaît) du sujet. Exceptionnellement, pas d’introduction à rallonge. Je suis contrarié et je n’ai donc pas envie de perdre mon temps à écrire des futilités qui, de surcroît, n’intéresse personne.
Petite précision, cet article est truffés de spoilers. Je ne le mentionne pas toujours, mais il est évident qu’une analyse de film sans spoilers, n’a strictement aucun intérêt.

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Le marketing selon Deadpool

Ce second opus mettant en scène le Clown Mercenaire à 3 soucis majeurs : son humour méta, son scénario bancal et son rythme.
Mais avant de parler du film en lui-même, parlons communication. Car il est évident que si Deadpool 2 ne fonctionne pas, c’est en partie à cause d’une campagne marketing abusif et totalement foiré, disons les choses clairement. Depuis des semaines, Deadpool est partout, une saturation exacerbante qui pourrait être à l’origine du manque d’enthousiasme autour du film, mais également de la quasi-inexistence des rires en salles. On ne va pas se mentir, toutes les meilleures vannes du long-métrage sont dans les 2 bandes-annonces mises en lignes quelques mois auparavant et les nombreux, très nombreux spots TV dévoilés à foison depuis février :  » La Ferme Thanos « , Le Pôle Dance de Deadpool « ,  » Peter « , Deadpool s’excuse auprès de Colossus  » etc, etc… Et même si ce ne sont pas les meilleures blagues du film, les spots TV spoilent des scènes clès de la production, à tel point que Deadpool 2 n’a plus aucune séquence non-teasé et donc, plus aucune surprise à offrir aux spectateurs.

Le marketing forcé (Deadpool va au ciné, The Walking Deadpool, Deadpool rencontre Hugh Jack, Deadpool s’excuse auprès de David Beckham, Deadpool & Céline Dion…) on fini d’achever une des caractéristiques uniques de Deadpool : briser le 4ème mur. Un humour qui passe à merveille dans le premier opus, notamment lorsque, comme moi, on ne connaît pas bien le personnage et que l’on voit ça pour la première fois. On était alors à la fois intrigué par cet humour méta et cet anti-héros subversif qui se moque de tous et de tout le monde. Mais ici, cela devient redondant, soûlant, au point d’être dégoûté du personnage, avant même que le film ne commence.

Deadpool V Deadpool

Et donc, Deadpool 2 est à l’image de sa campagne marketing, forcé. L’humour surtout. À chaque plan. Tout le temps. Un humour lourd, très, très lourd (cf. Le Dumb Step, la mise en scène de sa mort…). 90% des vannes ne passent pas et ce n’est pas de la mauvaise foi. En effet, la cinquantaine de personnes présentent dans la salle ICE avec moi ne s’est réellement esclaffé qu’à trois moments dans le film, dont la scène où Deadpool fait face à Cable et ses amis avec ses petites jambes de bébé. Sur 2h de film, ça fait peu.
Maintenant que le grand public connaît Deadpool, difficile de surprendre. Et le film ne surprend pas. En cause aussi, un humour méta, parfois excluant. Les références à La Passion du Christ, aux productions DC Comics ou Marvel (cf. La scène avec Le Fléau lorsque Deadpool cite les différents comics dans lequel il est vu : #Strange numéro 15, Thor numéro, je sais plus combien, etc…), comment voulez-vous rire à des blagues qu’on ne comprend pas ? Comme disait un de mes collègues, Deadpool 2 est un film qui ne sera jamais transgénérationnel au vu des nombreuses références cinématographiques auxquelles il se rapporte. Exemple. Dans 5 ans ou 10 ans, si une personne n’a pas vu Logan et qu’elle ne connaît ni Hawekeye ni Black Widow, elle ne comprendra rien au début du film et aux références des héros Marvel Studios.

Mais le soucis principal et qui concerne toujours l’humour de Deadpool 2, c’est le côté dramatique apporté à la production. Si vous détestez l’humour dédramatisant des séquences, alors Deadpool 2 vous horripilera. Si Marvel Studios gère plutôt ça avec brio (Infinity War en est le parfait exemple.), le film de David Leitch s’en sort mal. Tout bonnement, parce que les situations dramatiques ne correspondent pas au personnage. Ce n’est pas le type de héros dont a envie de voir le côté drama.
Il est déjà peu aisé de faire passer des émotions dans une fiction où le héros vit des drames personnelles, mais davantage quand le personnage a conscience d’être un protagoniste de fiction. Comment se sentir émotionnellement investi, quand même le héros à l’écran ne l’est pas réellement ? Et c’est donc à mon sens le gros point noir de Deadpool 2, vouloir rajouter au personnage un obstacle dramatique à surmonter, surtout lorsqu’elle n’a aucune crédibilité scénaristique. On est donc piégé entre deux émotions. Une sensation bizarre que l’on peut ressentir dès les premières minutes du film. Après la mort de sa copine, le générique du film se déroule sous nos yeux, un générique parodique de la saga James Bond, avec des blagues métas ( » par les producteurs de ce qui ont tué Wolverine « , etc…) – générique moins drôle et inspiré que le premier opus au passage – et la musique de Céline Dion. Et alors qu’on a envie de rire au spectacle auquel on assiste, on a également envie de pleurer comme des pucelles en écoutant Céline chanter  » Ashes « . Un enchaînement et un mélange de deux émotions assez déroutant. Et pratiquement tout le film est cette image. Un concentré de fausses scènes émotionnelles auxquelles on ne croit pas et des blagues qui viennent décomplexer des situations de façons stupides.

D’autant que le drame vécu par Wade est incompréhensible. Remémorez-vous la scène. Deadpool poursuit une bande de malfrats dans une espèce de grand hangar. Et alors que le chef s’enferme dans un bunker pour ne pas se faire tuer, Deadpool se fait surprendre par un autre groupe qui surgit derrière son dos. Premier réflexe de l’être immortel, fuir. Bon, pourquoi pas. Même si son immortalité et son aptitude au combat lui auraient permis de les fracasser en deux minutes. Mais ce n’est pas le pire. Puisque ce sont ces mêmes méchants qui vont s’introduire quelques minutes plus tard chez lui (après une scène très longue sur le retard de Deadpool à la maison et le choix du nom de leur enfant) et tuer sa compagne. Comment ont-ils trouvé l’appartement dans lequel vit Deadpool ? Mystère.

Tous ça pour qu’elle devienne sa bonne conscience ? Les scénaristes auraient pu trouver un meilleur moyen pour forcer Wade à aider Firefist. Parce que niveau psychanalytique, on a vu mieux. Non franchement, si on veut voir ce genre de séquence, autant s’allonger sur son canapé avec un paquet de mouchoirs et mater Ghost. Effet garanti.
Et le coup de la résurrection ? N’en parlons pas. Teaser un drame pendant deux heures, pour au final jouer avec un gadget temporel (un rebondissement qu’on voit venir à des kilomètres) et la ramener à la vie, soit le script a été écrit avec les pieds (Ryan Reynolds l’avoue même à plusieurs reprises dans le film, comme quoi !), soit c’est du foutage de gueule, dans les deux cas, c’est un scénario catastrophique.

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Deadpool V X-Force

Seule la partie du scénario avec Cable et l’histoire de l’enfant, Firefist (excellente interprétation de Julian Dennison au passage) était réellement intéressante. Cependant, le peu de développement autour du personnage de Cable ne permet pas de se sentir investit à 100% dans le drame qui a vu sa famille mourir des mains de l’ado, dans le futur. Quelques séquences flashback en famille et des scènes d’affrontement entre Cable et Ironfist adulte auraient permis de ressentir les enjeux à un autre niveau et donner plus de force à la globalité des actions de Cable.

Autre souci du scénario, le forcing autour du film X-Force. Grossière erreur selon moi. Comme le dit Domino dans le film :  » ça sent le réchauffé « . Le film va même jusqu’à  » donner  » à Deadpool son costume gris, comme dans les comics X-Force, dans une scène que je qualifierais de  » mouais « .
Mais le plus choquant, c’est la façon dont tout cela est mise en scène.
Pourquoi recruter, alors qu’il connaît des X-Men ? Pourquoi ne pas directement aller les chercher eux, avant de lancer une  » offre d’emploi  » ? D’autant que la moitié des membres qu’il embauche, décède, 5 min à peine avoir été recruté. Le but ? Mettre la désespérance de Deadpool, débité d’avoir recruté une équipe de bras cassé, mais là encore, ça ne fonctionne pas. Les gags se veulent foncièrement drôles et gores, mais c’est davantage un sentiment de lourdeur qu’il s’en dégage. La faute à une mise en scène et un montage qui auraient dus être plus dynamiques. Le comique de répétition s’en serait retrouvé plus allégé.

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V David Leitch

Un petit mot sur la réalisation. Je lis beaucoup d’admirations autour des scènes d’action de David Leitch. Et si c’est selon moi, il est l’un des meilleurs cinéastes de film d’action de ces dernières années – son John Wick 1 est absolument sublime en terme chorégraphique – son travail sur Deadpool 2 est peu ambitieux, parfois classique voire brouillon (cf. le gros plan sur Cable qui saute du camion). Je ne sais pas si c’est le genre super-héros qui n’est peut-être pas fait pour lui, mais la séquence dans l’appartement Hong-Kongais était illisible (trop de shaggy-cam !!!!!) et celle dans le hangar était très maladroite en terme de mise en scène. D’ailleurs, les séquences à Hong-Kong/Hangar et celle avec les ninja – que l’on peut voir dans la bande-annonce et servent d’ellipse pour montrer la nouvelle vie de Deadpool depuis la fin du premier opus – sont également une déception sur le plan de la durée (30 secondes à peine par scène). Si je comprends la démarche scénaristique, l’erreur a été de mettre l’accent sur ces séquences-là dans les trailers, comme s’il s’agissait d’éléments clés du film. Car finalement, le spectateur pourra ressentir une forme de frustration, liée à une attente pour laquelle il n’aura eu qu’un petit amuse-gueule. Une arnaque visuelle dont personnellement, je me serais passé.

Enfin, la mise en scène des pouvoirs de Domino à la Destination Finale est peu inspirée et visuellement désagréable. La scène où Domino tente de rattraper le camion en plein centre ville est une véritable bouillie numérique, empêchant de rentrer entièrement dans l’action.
Quant à l’interprétation de Zazie Beetz, il faudra m’expliquer en quoi elle est une révélation…

En conclusion, Deadpool 2 est une véritable déception, à tous les niveaux (humour, scénario, réalisation/mise en scène). Les différents créatifs entre Tim Miller et le studio Fox (ils n’apprendront jamais de leur erreur) ont une raison de l’avenir de Deadpool au cinéma. Et quand on sait que Ryan Reynolds a retouché le scénario… On comprend aisément l’origine de cet échec.

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