JURASSIC WORLD – FALLEN KINGDOM : LE CRI DU DÉSESPOIR

LE CAPITAINE CINEMAXX A VU – JURASSIC WORLD : FALLEN KINGDOM * SPOILERS *

En 2015, Jurassic World prenait la relève de Jurassic Park, dans un rêve devenu réalité : un complexe de luxe, un parc où les touristes pouvaient désormais admirer, toucher, suivre des dinosaures en liberté. L’objectif pour cette suite, poursuivre un héritage hollywoodien initiée par Steven Spielberg en 1991, et remettre les dinosaures sur le devant de la scène avec la technologie du XXIe siècle, qui nous permettent aujourd’hui de voir sur grand écran des animaux du jurassique, aussi vraie que nature.
Le premier opus avait été un véritable succès avec plus de 1.6 milliards de dollars récoltés à travers le monde, se classant dans le top 5 des productions les plus rentables de l’Histoire du Cinéma. Un retour gagnant que l’on devait au réalisateur Colin Trevorrow, un parfait inconnu.
Fort de ce succès, Trevorrow s’est vu offrir une incroyable opportunité : réaliser un épisode de la saga Star Wars (Les Derniers Jedi). Il céda donc sa place à Juan Antonio Bayona pour livrer au monde, Jurassic World : Fallen Kingdom.

Cinéaste espagnol, Bayona s’est illustré en 2007 avec le film d’épouvante l’Orphelinat, sortie en 2007, pour lequel il reçu le Grand Prix Gerardmer 2008 et plus récemment, Quelques Minutes avant Minuit, sortie en 2016, un conte fantastique émouvant sur l’acceptation de la Mort. Jurassic World : Fallen Kingdom était donc entre de bonnes mains mais, ombres au tableau, deux équations imprévues : Collin Trevorrow et Derek Connolly.

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En effet, Collin Trevorrow resterait producteur de Fallen Kingdom ainsi que scénariste, au côté de Derek Connolly, auteur de l’insipide Kong : Skull Island. Très vite, on voit que les deux bonhommes sont de piètres scénaristes et qu’ils ont eu beaucoup de mal à rendre une copie à Universal (souhaitant surfer rapidement sur la vague du premier volet. Le studio a peu de franchise à milliard.) et écrire une histoire cohérente, un souci d’écriture qui ressent dans la réalisation du pourtant talentueux Juan Antoni Bayona. Mais, nous y reviendra plus tard.
Restons un instant sur les incohérences scénaristiques de Jurassic World 2.
Le film débute avec une mission pour récupérer un morceau d’os de l’Indominus Rex (on pensait qu’il y en avait qu’un seul dans le parc.), seul moyen pour conserver l’ADN de l’animal, mais surtout, pour recréer des super-monstres. Deux scientifiques embarquent donc dans une sphère et plongent dans les profondeurs océaniques du parc. Une fois l’os récupéré, ces derniers prennent le chemin du retour. Il franchise le barrage. Cependant, l’expert en informatique n’arrive pas à le refermer, afin d’empêcher d’autres monstres marins de prendre le large. Un peu plus loin, des hommes de main dans un hélico lui scandent de revenir, mais avec la pluie, il n’entend rien et hurle comme un débile : « Je n’entends pas ce que vous dites ». Une scène d’introduction absurde, alors qu’il n’avait qu’à courir les 10 mètres qui le séparaient de l’hélico pour aller leur parler. D’autant que cela lui aurait évité d’être pourchassé par un T-Rex (?), et de se faire bouffer par l’Indominus Rex, en plein vol, quelques secondes plus tard.
Fait étonnant, personne ne se préoccupe du barrage laissé ouvert.
Et des scènes aussi risibles que celle-ci, Jurassic World : Fallen Kingdom en est rempli. La plus frappante est sûrement celle où Claire, Owen et Franklin rentre dans le bateau des « militaires » avec un des camions volés, sans que ces derniers ne les remarquent et se disent : « Attendez une seconde, ce ne sont pas eux qu’on a piégés sur l’île ? ».    

Sans compter toutes les incohérences liées à l’histoire générale. Le film s’ouvrait également avec un débat lancé par le Dr. Ian Malcolm, un débat pourtant intéressant, mais totalement sous-exploité, voir évincé au fur et à mesure que le long-métrage avançait : doit-on sauver les dinosaures de l’extinction (le volcan de l’île est, en effet, rentré en éruption, menaçant donc toutes les espèce) ?
Une commission américaine vote contre, mais une mission privée est lancée pour sauver un maximum d’espèces et les replacer sur une île entièrement autonome, où ils pourront vivre en paix. Mais une espèce intéresse particulièrement Monsieur Eli Mills, chargé des opérations, grâce à la fortune des Lockwood (qu’il gère également), le vélociraptor Blue. Pour parvenir à ses fins, il fait appel à Claire, la seule à pouvoir convaincre Owen de repartir sur l’île et sauver celle qu’il a élevé.
Non ! C’est un gros NON ! Les hommes de main de Mills ont réussi à capturer des Diplotocus, un T-Rex et d’autres espèces tout aussi dangereuses, mais ne serait pas capable d’arrêter un petit vélociraptor, aussi intelligent soit-il ? Et là, je m’adresse aux deux scénaristes : que vous ayez envie de réintégrer Chris Pratt au casting, la vedette à l’origine du succès du premier opus, il faut le dire, très bien, mais vous auriez pu vous creuser la tête un minimum pour lui donner une véritable raison de revenir.

Bref, on apprend ensuite que Monsieur Mills est en réalité le méchant de l’histoire. Étonnant, tiens ! Son véritable but est d’emprisonner les dinosaures sur sa nouvelle île pour faire des expériences sur eux et créer des monstres obéissant, afin de dominer les conflits et les guerres.
Quelques scènes plus tard, nous voyons débarqués des milliardaires, des hommes travaillant dans le mieux de la finance, des magnats du pétrole et autres joyeux lurons, au manoir de Lockwood, pour acheter des dinosaures. Alors, à moins que j’ai loupé quelque chose, pourquoi Mills décide-t-il de faire une vente aux enchères ? Qu’est-ce que ces mecs vont faire avec des dinosaures chez eux ? Les laisser dans leur jardin privé ? Jouer à la baballe avec eux ? Les emmener en voyage sur leur yatch de luxe pour épater la galerie ? Le but de Mills n’était pas de faire des manipulations génétiques avec ces dinosaures pour en faire des armes ? Où certaines espèce ne sont là que pour être vendus et financer des recherches sur des espèces en particulier ? J’en reviens donc à mon premier questionnement : Que va faire un magnat du pétrole avec un Diplodocus chez lui ? À ce stade, je ne comprends strictement plus rien. Notamment lorsque la super-arme dinosaure est présentée au public. Il s’agit d’un « modèle » d’exposition, l’Indoraptor. À peine ces exploits dévoilés, tout le monde se met à enchérir, alors que ce dernier n’est pas à vendre. Pourquoi l’avoir montré dans ce cas ? Ah oui, je sais, suis-je bête. Pour que dans la scène suivante, ce dernier se libère de sa cage et fasse un véritable carnage. Quelle surprise !
Par ailleurs, le choix de Mills est étonnant. Pourquoi vendre sa seule arme, à seulement 28 millions ? Ok, il possède encore les codes génétiques, les moyens techniques et financier, mais admettons que l’acheteur le précède et se fasse des milliards de dollars avant lui. On est d’accord, stratégiquement, ce n’est pas la meilleure idée ?

Vous l’aurez donc compris, il s’agit d’un énième scénario à base de manipulations génétiques où milliardaires et généticiens s’associent pour prendre le dessus et le contrôle de grosses bébêtes, qui ne finiront pas se retourner contre eux. Classique, redondant, ce genre de scénario ne passionne plus.
Restera la qualité indéniable des effets spéciaux, mais là encore, avoir des dinosaures de qualité ne suffit pas, comme nous allons pouvoir le constater.

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Côté réalisation, les références à la saga Jurassic Park viennent nous rappeler que c’était peut-être mieux avant. Et comme je le disais un peu plus haut, le scénario ne permet pas à Juan Antonio Bayona de s’exprimer librement. On le sent renfermé dans un scénario trop classique, qui ne lui convient pas, contraint de suivre une ligne scénaristique et une histoire où finalement, les dinosaures ne sont qu’un prétexte.
Malgré cela, trois plans ont attiré mon attention. Trois plans où j’ai réellement ressenti la patte de Bayona :
La mise en scène de la mort du Diplodocus, avec cette fumée volcanique qui vient l’emporter. Sublime !
Lorsque le visage de la petite Maisie Lockwood se fond avec celui de l’Indoraptor (jeu de miroir).
Et enfin, lorsque l’Indoraptor rentre dans la chambre de la petite Maisie. La mise en scène de son approche, douce et lente à la fois, est absolument maîtrisée, mais également d’une grande poésie. Et c’est là que Juan Antonio Bayona est le meilleur. Pour ce genre de plan. Pas lorsqu’il faut mettre en scène des personnages clichés, dans des situations tout aussi clichés et incohérentes.

Dans ces trois scènes, tout le talent de Juan Antonio Bayona s’exprime. C’est dans l’horreur qu’il excelle, même si la dernière évoquée ne l’est pas véritablement. En cause, de nouveau ces problèmes d’écriture. Laisser Maisie dans son lit était un choix peu judicieux. Cacher (ce qui aurait cette scène crédible. Personne ne se cache à visage découvert dans son lit, lorsqu’il est poursuivi.), la situation aurait été mille fois plus angoissante, plus prenante et le spectateur aurait été émotionnellement plus investit.

Quant au jeu des acteurs, Chris Pratt fait du Chris Pratt. Les comédiens ne sont pas servis par de grands dialogues, difficile de faire mieux donc. En effet, les dialogues sont d’une pauvreté affligeante, d’une banalité sans nom, un vrai problème blockbusterien : Que dire lorsqu’il n’y a de fond à l’histoire de base ? La solution : l’humour. Et ce n’est pas toujours ce que le spectateur souhaite entendre, notamment lors des moments dramatiques.

En conclusion, Jurassic World : Fallen Kingdom est une mauvaise suite, bourrée d’incohérences scénaristiques, de plan clichés et d’attitudes navrantes.
Le scénario écrit par Trevorrow et Connolly ne permet jamais à Juan Antonio Bayona de libérer pleinement son potentiel et sa mise en scène s’en retrouve donc affaibli.
Décevant à tous les niveaux, ces deux volets de Jurassic World ont un énorme souci : ils ne parviennent pas à créer une ambiance horrifique, au travers de situations inquiétantes, oppressantes et dramatiques.
Ce second volet marque cependant un tournant dans la franchise, puisque l’ouverture pour un éventuel troisième opus est pour le moins intéressant. Reste à voir comment les scénaristes vont gérer la cohabitation humains/dinosaures, sans tomber dans la facilité des films de monstres tels que Rampage ou Godzilla, qu’on peut déjà entrevoir ici (cf; le combat entre Blue et d’Indoraptor).

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