LA PROPHÉTIE DE L’HORLOGE : 🎶 ET MOI JE RÊVE, DE REMONTER LE TEMPS 🎶

LE CAPITAINE CINEMAXX A VU – LE PROPHÉTIE DE L’HORLOGE * SPOILERS *

Nous n’allons pas nous mentir, La Prophétie de l’horloge sentait l’adaptation jeunesse nanardesque, mettant en scène des héros caricaturaux, à l’humour en veux-tu en voilà, peu brillant, le tout sous-couvert de quelques séquences pathos, afin de rester crédible à minima et toucher les enfants, qui aiment s’identifier à leur héros, au travers de leur drame.
Je n’attendais donc rien de la nouvelle production d’Eli Roth, et c’est peut-être parce que je n’en attendais strictement rien, que ce fut une bonne surprise.

Premier constat, Eli Roth et le scénariste Eric Kripke (Supernatural) évitent pas mal de clichés, sans pour autant dénaturer la structure scénaristique d’une bonne adaptation, qui plaît tant à la jeunesse. On retrouve ainsi : l’orphelin adopté par des membres de sa famille un peu bizarre et dont il ignorait l’existence, un orphelin solitaire et excentrique, ayant peu d’amis au collège et subissant les moqueries de ses camarades de classe, un environnement surréaliste, de la magie et un méchant, qui vient remettre en cause tous nos espoirs. Certes, ils n’ont rien inventé puisque le roman de John Bellairs, La Pendule d’Halloween, a déjà fait une partie du travail, mais, la façon dont le réalisateur a traité l’ensemble – à certains moments -, est fait avec une certaine tendresse, voire de poésie (cf. la séquence des étoiles dans le jardin), mais aussi d’humour. Un humour très présent, parfois dosé avec justement, notamment grâce à l’alchimie entre Cate Blanchett et Jack Black, qui offre des joutes verbales, vraiment hilarantes.
D’ailleurs, les interprétations de Blanchett et Black (ainsi que celle du jeune Owen Vaccaro) sont véritablement les points forts de La Prophétie de l’horloge et sauve même le long-métrage, où le banal et l’affligeant auraient pu être dominants.
L’écriture des personnages et leur développement y sont forcément pour beaucoup et c’est d’ailleurs ce qui compose les 2/3 du film. Le film alterne séquences familiales/vie privée avec aisance et fluidité, permettant de se sentir réellement investi émotionnellement dans le passé et la vie des protagonistes principaux, ainsi on profite d’une Cate Blanchett toujours aussi parfaite, à la fois dans le registre comique et dramatique, d’un Jack Black à l’humour implacable et touchant en oncle magicien et d’un jeune acteur prometteur à la tête d’ange, qui apporte un vent de fraîcheur à une histoire plus sombre qu’elle n’y paraît.

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Cependant, je reste mitigé sur le dernier tiers du film, lorsqu’Isaac revient à la vie. S’il y a quelques scènes réussies (cf. la scène où Mme Zimmerman se confie à Jonathan sur son ancienne vie et dévoile au spectateur le drame qu’elle a vécu), c’est sur les séquences d’action où je suis le plus réservé. En effet, on sent qu’Eli Roth manquait cruellement d’ambition, à la fois visuelle et artistique, alors que tout le potentiel de son œuvre résidait dans ce dernier tiers. C’est ici, au travers de duels magiques, que les personnages devaient se révéler au grand jour, puiser dans leurs ressources pour vaincre un ennemi commun, dans la difficulté et non dans la facilité.
Si on peut pardonner le fait que la plus puissante mage du monde (Zimmerman) se fasse malmener par de vulgaires pantins articulés, alors qu’elle venait juste de reprendre confiance en elle et donc retrouver ses pouvoirs – enfouies au fond d’elle depuis la perte de son mari et sa fille -, on ne sent jamais toute la puissance qu’elle devrait normalement dégager. Une frustration encore plus prononcée lorsqu’elle est exclue de la bataille finale, alors qu’elle est attaquée par un poulpe géant. D’autant que les capacités liées à son parapluie magique pouvaient offrir de purs moments magiques, avec un peu d’imagination. Dommage ! 
On attendait également un duel entre Isaac et Jonathan, les frères ennemis, dans un affrontement entre le puissant magicien du monde et le  » magicien de salon  » comme il se qualifie lui-même et qui aurait pu être intéressant, avec des ambitions et des idées de mises en scène plus poussées. Une confrontation ratée donc, entre la vraie magie et des tours de passe-passe, où Jonathan semble exceller et qu’on ne voit malheureusement que très rarement dans La Prophétie de l’Horloge.

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Il y a également un humour insistant dans les scènes d’action, un peu dérangeant, qui empêche de prendre les menaces d’Isaac au sérieux et d’être totalement anxieux face à la situation désespérée à laquelle ils font face. Et c’est peut-être le gros point faible de La Prophétie de l’Horloge. Comme je le disais un peu plus haut, le film d’Eli Roth, malgré son caractère bon enfant, cache en réalité une face sombre. La réalité de la guerre, la folie meurtrière des hommes, le désespoir, la perte de proches, sont autant de thèmes qui guident les protagonistes du film et Isaac, dont le but est de remonter le temps, avant l’aube de l’Humanité, pour éviter que la naissance des Hommes et ainsi les empêcher de recommencer les mêmes erreurs. Mais voilà, l’humour nous contraint à ne pas faire face à cette réalité, au détriment d’une légèreté bien ennuyeuse.

En conclusion, La Prophétie de l’horloge, sans prétention et sans révolutionnaire le genre, s’impose malgré tout comme un petit divertissement sympathique, sans prise de tête, drôle, sincère et émouvant, malgré une fin bâclée, par une ambition minimaliste.
On retiendra surtout le jeu des acteurs, pertinents dans leurs rôles et un trio (Blanchett/Black/Vaccaro) qui fonctionnent et offrent de vrais petits moments de drôleries et de tendresses, indubitablement les moteurs du film. Sans eux, La Prophétie de l’horloge n’aurait pas eu le même charme, assurément.
Quant à la réalisation, Eli Roth, s’il ne va jamais au bout de ses idées (que ce soit ici ou dans les récents Knock Knock ou Death Wish), reste un metteur en scène soigneux, avec un sens du détail irréprochable. Ne lui manque que la folie, pour donner une autre dimension à ses productions que celle de produits hollywoodiens formatés. Alors, le budget du film a-t-il impacté le final ou est-ce simplement de la fainéantise artistique ?

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