MISSION IMPOSSIBLE – FALLOUT : VÉRITABLE TRÉSOR OU ARNAQUE ESTIVALE ?

LE CAPITAINE CINEMAXX A VU – MISSION IMPOSSIBLE : FALLOUT

Été 2018. Tom Cruise reprend du service au sein de la FMI, deux ans après Rogue Nation, assez médiocre en terme de narration, mais surtout une production spoliée par ses multiples bandes-annonces et ses promotions (Behind The Scenes) autour des cascades impressionnantes de Tom Cruise, qui ont donc fait de ce cinquième opus un produit cinématographiques où les surprises étaient quasi-nulles.
Un retour attendu, notamment – toujours – pour les séquences ultra-médiatisées où l’acteur de maintenant 56 ans met perpétuellement sa vie en danger pour offrir à ses fans, de réels moments d’intensité.

Mission Impossible : Victime d’un marketing outrancié

Et le même constat s’attribue malheureusement pour Fallout. Pour faire vendre, on multiple les trailers, mais, surtout, des Behind The Scenes pour ameuter le public en leur promettant des cascades complètement dingues. Et si c’est effectivement le cas, c’est un fait indéniable, Mission Impossible 6 manque cruellement de surprises puisque toutes les scènes d’actions (la bagarre dans les toilettes du Grand Palais, la course-poursuite dans Paris, la séquence en hélicoptère…) sont spoliées durant la promotion du film. Ne reste alors que quelques secondes inédites ainsi que toutes les scènes de bavardages, pas franchement de quoi exciter et combler le manque de frustration lié aux nombreux spoilers.
Prenons l’exemple du saut de Tom Cruise, d’un immeuble à l’autre, saut de 9m62 si mes souvenirs sont bons. La première fois que vous voyez cette prouesse – impressionnante – en bande-annonce, vous lâchez forcément un petit  » outch « , accompagné d’une petite grimace, comme si vous veniez vous-même de vous prendre le choc. Ce saut a été vu et revu, analysé et sur-analysé des centaines de fois et quand arrive cette fameuse scène sur grand écran, non seulement cela ne devient plus impressionnant, mais, vous ne ressentez même plus la douleur que peut ressentir le personnage d’ Ethan Hunt lorsque sa cheville tape contre le rebord de l’immeuble. Le cinéma, c’est ressentir les émotions/sentiments (joie, peine, douleur…) que les protagonistes, en même temps que se déroule l’action. Et avec Mission Impossible : Fallout ces choses-là sont pratiquement évincées.
Vous avez, dans une moindre mesure, un autre exemple, celle de la course-poursuite dans Paris. Pourchassé par une moto alors qu’il tente d’extraire Solomon Lane, Ethan Hunt se demande pendant plusieurs minutes quelle est la personne qui en veut après leurs vies. Sauf que nous, spectateur, nous le savons puisque la bande-annonce nous l’a gentillement spolié.

En comparaison avec Avengers : Infinity War, l’immensité des scènes avaient été réécrites pour les bandes-annonces et ne dévoilaient donc presque rien des scènes d’actions, donnant des moments merveilleux à découvrir lors de la séance (Strange vs Thanos, Iron Man vs Thanos, la bataille du Wakanda, la mort de Gamora, le Retour de Crâne Rouge…).
Si les enjeux ne sont pas les mêmes pour Fallout que chez Infinity War, je pense que garder un minima de secrets aurait permis d’avoir un autre sentiment que de celui d’attendre la prochaine séquence d’action, en espérant avoir quelques scènes inédites qui, malheureusement, ne viennent jamais.

Tout miser sur des cascades jusqu’à saturation, est-ce donc la bonne manière de promouvoir ces films ?

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Mission Impossible : Le syndrome Fast & Furious ?

À l’instar de Fast & Furious, la franchise Mission Impossible a également évolué au fil des décennies. La devise : toujours plus fou !
Et de scénario assez bien ficelé, nous sommes passés à des scénarios plus classiques, plus conventionnels, sans grandes ambitions, au détriment d’une réalisation plus folle et des cascades toutes aussi improbables les unes que les autres. Bien sûr, cela peut-être considéré comme un art et le blockbuster est aussi là pour repousser les limites de l’impossible, pour nous en mettre plein la vue, quitte à perdre en crédibilité vis-à-vis du possible, du réel. Pour ma part, je suis assez friand de ce genre de scènes, d’autant plus quand elles sont réalisées sans trucage et que l’acteur s’investit à fond dans son rôle. Mais le problème, c’est lorsque ces dernières prennent tellement de place, qu’on en oublie à la fois la cohérence du scénario (sans compter toutes les facilités scénaristiques : Cavill = John Lark) ou de conclure tous les arcs narratifs (et les apôtres dans tous ça ?).
Que ce soit Fast & Furious ou Mission Impossible, j’ai toujours eu la sensation que les réalisateurs/scénaristes faisaient l’impasse sur toute logique scénaristique pour amener le spectateur à la prochaine grosse scène d’action/cascade, comme un chemin que l’on suit aveuglement, sans se soucier du reste.

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Où sont les femmes ?

Quelle déception ! Avoir au casting des actrices comme Rebecca Fergusson ou Angela Bassett et leur donner si peu d’intérêt, mais qu’est-ce qui cloche à Hollywood ? Alors oui, MI, c’est avant un film pour mettre en lumière l’égocentricité de Tom Cruise, cela, nous l’avons bien compris. Cependant, le scénario, tel qu’il a été écrit, permettait largement un développement plus approfondi des personnages incarnés par Fergusson et Bassett, si seulement les scénaristes l’avaient voulu. Mais ce qui me gêne le plus, c’est l’hypocrisie du scénario qui, malgré tout, espère nous faire croire que la saga Mission Impossible regorge de femmes fortes.
Fergusson est celle qui stoppera Lane, Bassett réhabilitera Hunt, Vanessa Kirby est à la tête d’un empire criminel – que nous ne voyons jamais d’ailleurs – et se chargera du transfert de Lane à la fin du film et Michelle Monaghan aidera Luther à désarmer une bombe. Merci les filles, vous avez été très utile, mais de façon très futile. Et en même temps, les personnages secondaires dans les derniers Mission Impossible ne sont jamais réellement bien traités et c’est d’autant plus flagrant ici. Que ce soit Luther (Ving Rhames) ou Benjamin (Simon Pegg), leur rôle au sein du film sont assez minimes, comme si on nous disait :  » Ethan n’a pas besoin d’eux « . Mais dans ce cas, pourquoi s’embarrasser d’eux alors ?

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Henry Cavill : Superman v Tom Cruise ?

Beaucoup de critiques ont noté ou souligné que Mission Impossible : Fallout était une manière de prouver qu’à 56 ans, Tom Cruise pouvait surpasser bien des acteurs de sa génération, vieillissante, mais aussi des sagas de super-héros, véritable mine à billets verts. En choisissant l’interprète actuel de Superman sur grand écran, Henry Cavill, 32 ans, bourré à la testostérone, Tom Cruise aurait souhaité clamer qu’il est donc encore dans le coup, capable de faire des cascades hallucinantes et de mettre une dérouillée à des petits jeunes, représentant le nouvel âge d’or hollywoodien.
Et si je comprends l’idée, je trouve que le film l’exploite très mal. Pourquoi ? Parce que la production de Christopher McQuarrie ne compte qu’un seul affrontement entre Ethan Hunt et Walker et en aucun cas, Hunt est réellement en danger dans ce corps-à-corps.

Cette idée aurait donc été plus percutante si tout au long du film, on avait senti Hunt surpassé à tous les niveaux : moralement, physiquement, psychologiquement. Mais tout coule de source pour ce cher Ethan qui n’est jamais vraiment inquiété dans Fallout et poursuit sa mission comme si ce n’était pas la dernière.
Faire des allégories, ce n’est pas que le suggéré, c’est aussi le démontrer, le développer et en saisir toutes les nuances pour mieux faire passer ses idées. Surtout, qu’il y avait une ambition certaine ici, mais qui ne va jamais plus loin que la simple évocation.

Conclusion : divertissant, amusant, distrayant avec quelques moments de génie et de rebondissements inattendus (la mise en scène de Hunt pour faire parler un des commanditaires de Lark*, la manipulation pour faire avouer à Lark ses véritables motivations…), Mission Impossible : Fallout souffre d’un manque d’originalité dans sa construction scénaristique (les idées sont là, mais le fond reste pauvre.) et dans sa manière de traiter l’action qui, de surcroît, n’ont plus le caractère surprenant qu’elles sont censés avoir sur le public durant le visionnage, puisque toutes spoliées des mois avant la sortie du film au cinéma. Un gâchis, notamment pour le boulot monstrueux de Tom Cruise qui, il faut bien l’avouer, reste un des meilleurs acteurs de sa génération et prouve qu’à 56 ans, ce dernier en a encore sous le pied. Mes respects !

* Petite précision, si j’ai adoré cette séquence, je ne peux m’empêcher de ressentir une petite frustration. Comme je le dis souvent, quand on élève des enjeux au niveau mondial et que le héros sauve l’Humanité sans conséquence aucune, c’est toujours un poil risible et ça ne fait surtout pas avancer une franchise comme Mission Impossible, qui a besoin de se renouveler.
Ici, il y avait donc une porte ouverte à un échec, qui aurait pu changer le film dans sa globalité et transformer le personnage d’Ethan Hunt en profondeur, pour lui donner une autre dimension (moralité, etc.) que celle que l’on connaît déjà, si tout cela n’avait pas été un fake organisé par le MI. Dommage !

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