PEPPERMINT : UN NOUVEAU DÉPART POUR JENNIFER GARNER ?

LE CAPITAINE CINEMAXX A VU – PEPPERMINT

Honnêtement, qui se souvenait de Jennifer Garner ? Depuis ses apparitions dans un cinéma très populaire au début des années 2000 (Daredevil, Elektra et des comédies comme Ma vie sans lui, Hanté par ses ex et Valentine’s Day) et un passage dans le cinéma indépendant pas très remarqué (La Famille Pickler, Danny Collins…) et familial (La drôle de vie de Timothy Green, Alexandra et sa journée épouvantable…), l’actrice n’aura jamais vraiment marqué les esprits avant et après la série Alias (peut-être son rôle dans Dallas Buyers Club ?). Et si elle jouait récemment une mère de famille touchante dans la très poétique production de Greg Berlanti Love, Simon, cette année, c’est Peppermint qui pourrait replacer la comédienne de 46 ans sur le devant de la scène hollywoodienne.
À l’instar de Keanu Reeves avec John Wick, Jennifer Garner retrouve ici un rôle de femme forte, une certaine candeur dans l’interprétation et une badassitude qu’on ne lui connaissait guère. D’ailleurs, le réalisateur Pierre Morel avait déclaré que son histoire présenterait une  » John Wick au féminin  » et le choix de Jennifer Garner n’était peut-être finalement pas si anodin. En effet, depuis Matrix, Keanu Reeves a connu une succession d’échecs au cinéma (Constantine, Le Jour où la Terre s’arrêta, l’Homme du Tai Chi, 47 Ronin), n’arrivant jamais à retrouver la nervosité d’un Matrix, ni un personnage aussi fort. Et Jennifer Garner est un peu dans ce même état. La comédienne a toujours eu du mal à retrouver le succès au box-office et à rassembler, au travers de productions grands publics. Mais cela pourrait bien changer…

Dans Peppermint, elle campe ici Riley North, une femme de la classe moyenne américaine dont le mari et la fille se font tuer par trois malfrats appartenant à un gang de narco-trafiquants. Faute de preuves, le juge prononce un non-lieu et ces derniers sont libérés. Cinq ans plus tard, Riley réapparaît pour se venger des assassins de sa famille et des personnes corrompues qui leur ont permis de s’en sortir innocent.

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Un scénario somme toute classique dans le paysage du film d’action de genre (John Wick, Equalizer, Death Wish…) avec ce héros torturé en quête de vengeance ou de rédemption. Et c’est peut-être le seul reproche qu’on pourrait finalement faire à Peppermint, c’est de ne jamais proposer un schéma scénaristique plus original, afin d’offrir à cette catégorie de longs-métrages un regard neuf, en dépoussiérant un vieux modèle éculé.
Deux exemples.
1. Peppermint reprend exactement les mêmes propos  » politiques  » que Death Wish : peut-on se faire justice soi-même ? Criminel ou héros ?. Malheureusement, on ne va jamais plus loin que l’évocation de ses propos, sans jamais creuser davantage les débats qui semblent s’engager indirectement tout au long du film, dans les médias et les réseaux sociaux.
2. Ensuite, le happy-ending. Je comprends le désir de garder une fin ouverte pour donner l’occasion au réalisateur de poursuivre l’histoire de son héros ou héroïne (une tendance hollywoodienne de plus en plus agaçante), mais qu’elle n’aurait pas été la surprise si Peppermint avait eu une autre fin. La séquence finale du film où Riley, après avoir réussi à se venger des assassins de son mari et de sa petite-fille, se retrouve en larme sur leur tombe, avant de sombrer de faire un arrêt cardiaque, aurait pu conclure le film. Une fin à la fois plus dramatique et surprenante, qui nous auraient laissés sur un vrai moment d’émoi.

Cependant, le scénario n’en reste pas moins efficace et divertissant, au service de Jennifer Garner (et non l’inverse), ultra-badass, comme je le disais un peu plus haut, mais aussi sincère dans les moments plus émouvants et dont la sensibilité arrive à nous toucher au plus profond de nous-mêmes. Mais je ne peux m’empêcher de m’interroger sur l’avenir du film d’action de genre au cinéma. Car depuis quelques années, le désir d’offrir des films appartenant à cette catégorie – à fort potentiel de suite – pullulent (Taken, John Wick, Equalizer, Death Wish…) ou des one-shot (Colombiana, The Passengers, Night Run…), toujours avec ce même classicisme dans l’écriture. Un héros/héroïne tourmenté.ée, un drame qui le/la pousse à reprendre les armes, une histoire de vengeance/kidnapping/course contre la montre, voilà les règles type pour les films d’action de genre.
Alors, comment arriver à être original et se démarquer des autres ? Prenons l’exemple de John Wick et Equalizer. Le premier se démarque par ses chorégraphies de scènes d’action millimétrées à la perfection avec un Keanu Reeves dont on sent toute la maîtrise dans les scènes de corps-à-corps et maniement des armes, un réalisme qui se retranscrit parfaitement à l’écran et nous plonge plus intensément dans la mise en scène de ces séquences-ci.
Et le second, Equalizer, dont l’humanité du personnage lui confère un aspect attachant. Mais ce sont notamment les intrigues et sous-intrigues, très minimalistes, à l’échelle du quartier et humaine, qui permettent de se laisser attendrir par Robert McCall, incarné par un Denzel Washington au sommet.
On pourrait s’étendre sur le sujet pendant des heures, mais ce n’est pas le but de cette critique.

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En conclusion, Peppermint se révèle être un produit divertissant, remplaçant Jennifer Garner au sein d’une franchise d’action, qui, si elle ne révolutionne pas le genre, arrive néanmoins, de part son interprétation et son investissement personnel, à soumettre un caractère tendre à son personnage, dont on finit par prendre partie.
Précis dans la réalisation dans les moments tendres et dans les scènes d’actions malgré, là aussi, un classicisme dans la mise en scène de sa production, Pierre Morel se dévoile sincère dans le traitement de son personnage principal et chirurgical et brutal lorsque la situation l’exige. Quelque chose qu’on retrouve dans la plupart de ses films comme Taken ou Danny The Dog.

À 46 ans, Jennifer Garner prouve également qu’elle en a encore sous le coude (physiquement parlant) et sa participation à Peppermint pourrait lui ouvrir de nouvelles perspectives dans un paysage cinématographique hollywoodien, où les femmes réclament aussi le droit de jouer des héroïnes fortes. Et je suis persuadé qu’il faudra compter sur Jennifer Garner dans les prochaines années, pour reprendre les armes et fracasser quelques hommes.

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