RAMPAGE – HORS DE CONTRÔLE : UN DÉCHAINEMENT DE CLICHÉS

LE CAPITAINE CINEMAX A VU – RAMPAGE

Quand Hollywood en a fini de puiser dans la littérature, les comics-book ou les biopics, elle passe faire un petit tour dans le joyeux monde des jeux vidéo. Et si ce n’est jamais une réussite totale (Prince of Persia, Assassin’s Creed, Tomb Raider…), elle continue pourtant de persister sur cette voie semée d’embûches de Noël, afin de proposer des œuvres cinématographiques qui ne sont en rien des cadeaux. Et si vous êtes comme moi, signons alors une pétition pour que les studios hollywoodiens cessent de tirer un traîneau rempli présents, qui appartiennent déjà au passé, avant même leur projection en salles.
Bon, revenons à nos moutons ou plutôt à nos brebis, en fait, c’est surtout une expression selon le type de ferme que vous possédez. Si vous êtes dans le commerce de lait ça sera plutôt : « revenons à nos vaches », mais ça pourrait être mal interprété par la gente féminine et je ne veux surtout pas perdre mon auditorat féminin.

Rampage, c’est quoi ? Un jeu vidéo donc, sortie en 1986 sur les bornes d’arcade. Jouable à trois en simultané, le jeu proposait d’incarner trois créatures mutantes, Georges, un gorille albinos aussi grande et imposante que King Kong, un reptile qui n’était pas sans rappeler Godzilla et Ralph, un loup-garou géant. L’objectif de Rampage était de détruire tous les immeubles du quartier en résistant aux forces armées, qui tentait de s’interposer (hélicoptères, tanks, soldats…). Le niveau était « success » à chaque quartier en ruines. Et pour nous faire passer la pilule d’un nouveau film de destruction, New Line Cinema a copié sur le modèle des films de monstres (King Kong, Godzilla, Pacific Rim…) en enveloppant leur production… d‘un scénario. Et quel scénario ! Dès le début du film, l’histoire se veut complexe en prenant à partie un sujet extrêmement délicat, la controverse éthique autour du CRISPR et ainsi donner une explication valable aux mutations génétiques que vont subir le Gorille, l’Alligator et le Loup-Garou et par extension, donner un semblant de valeur et de crédibilité à Rampage, dont l’objectif est de nous en mettre plein la vue avec des séquences de destructions. Malheureusement, on ne touche jamais au sujet qui fâche (aie ça pique !) et on survole en quelques mots seulement les thèmes abordés, sans instruire le spectateur sur ce qu’est réellement le CRISPR, les dangers et les dérives que peuvent causer les modifications génétiques. Bien sûr, ce n’est pas le but d’un tel long-métrage (ni de Rampage à l’origine), mais c’est pourtant ce qui permettait à une production du genre de se démarquer et démontrerait que même un blockbuster peut faire de la prévention et cultiver son public.

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Enfin, pour compléter ce script riche en clichés, ce produit chimique a été conçu par deux riches industrielles, j’ai nommé Maîtresse Malin Akerman (Claire Wyden) * robe rouge passion, chevelure très noire, regard sévère, claquement de fouet * et son frère, Jake Lcay (Brett Wyden), dont l’intelligence n’a d’égal que son courage. Force et Peur. Confiance et Scepticisme. Deux opposés, deux caractères différents, qui ne sont jamais réellement travaillés en profondeur, livrant ainsi des psychologies bas de gamme. Certes, on ne demande pas à Bratt Peyton de faire du David Fincher, mais un minimum serait le bienvenue. Les personnages sont la base d’un film, leur traitement est essentiel pour tisser des fils dramaturgiques et permettre au spectateur de ressentir des émotions, quelles qu’elle soit.
Mais ça ne s’arrête pas là. Le personnage de Dwayne Johnson n’est pas en reste. Ce dernier incarne Davis Okoye, un primatologue qui a une relation particulière avec le Gorille Georges, après qu’un drame les ait rapproché. Et comme à son habitude, Dwayne Johnson fait du Dwayne Johnson. Il faut dire que les réalisateurs se servent de lui comme on sert d’un pantin en lui offrant toujours les mêmes rôles, mettant en avant ses muscles saillants (mmmmh !), mais également en lui fournissant des répliques cinglantes que seul Dwayne Johnson s’est lancé avec un aplomb légendaire – à défaut d’avoir un vrai jeu d’acteur ça aide – et des séquences ultra-badass, pas crédibles pour deux francs six sous. Néanmoins, voir Dwayne Johnson affronter un lézard et un loup-garou géants avec un lance-grenade, augmentera en effet votre dose d’adrénaline et vous donnera certainement envie de vous inscrire à la salle de sport la plus proche de chez vous. De là ensuite à affronter des monstres gigantesques, il n’y pas vraiment qu’un pas.
Quant à Naomi Harris, la pauvre fait ce qu’elle peut avec ce qu’elle a. Il faut dire que son personnage n’a rien de très intéressant. Cette dernière n’a pas pu sauver, ni voir son frère avant et après son décès, la faute à une Claire Wyden, qui l’a envoyé en prison. Désormais, elle passe sa vie à vouloir se venger. Sur sa route, elle rencontrera donc le beau Dwayne Jonhson et ensemble, ils combattront les méchants pour sauver la planète. Tout ça avec l’aide d’un Jeffrey Dean Morgan qui passe son temps à jouer sur le même registre. Démarche sur le côté, petit sourire en coin, personnage manipulateur… Rien de nouveau sous le soleil de Rio.

Restera à Rampage ses scènes de destruction, plutôt bien foutues. En même temps, ça serait un peu dommage de rater ce qui est le coeur-même du film. Cependant, elles n’ont rien de très originales, ce genre de scènes a en effet été vues et revues au cinéma depuis maintenant X années. Je ne suis pas réalisateur et ce genre de films suit un schéma scénaristique et visuel précis à l’instar des films catastrophes, mais par pitié, un effort de mise en scène ne serait pas trop demander. Ne serait-ce que pour créer la surprise.

Conclusion : La filmographie de Brad Peyton s’étoffe et malheureusement, les années passent, et sa carrière continuent de plonger dans le médiocre. Quant à Carlton Cuse (scénariste de Lost, Colony…) comment a-t-il pu tomber aussi bas ? Si c’est un souci d’argent, je lui conseille de se reconvertir dans l’écriture. Il fera sûrement moins de mal à la littérature qu’au cinéma.
Désolant mais divertissant, Rampage ne restera pas dans les annales 2018, mais sera assurément assez drôle pour qu’on s’en souvienne et le classer dans les pires films, lorsque le bilan de fin d’année s’imposera. En prime, une petite nomination aux Razzie Awards ?

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