READY PLAYER ONE : JUSTE UN FILM DE RÉFÉRENCES ?

Le Capitaine Cinemaxx a vu – READY PLAYER ONE

Je me suis toujours demandé si les journalistes/critiques cinéma étaient réellement objectifs lorsqu’il s’agissait de blockbusters américains. Quand je regarde différents spots, il y a toujours une sorte de propagande publicitaire insistante :  » Le meilleur film de l’année – Première « ,  » Époustouflant – Allociné « ,  » Une claque visuelle – Le Monde  » etc., etc. Et à chaque grosse production hollywoodienne, on a le droit à ces inscriptions énervantes, des inscriptions hypnotiques comme pour nous dire :  » viens gaspiller ton argent pour rentabiliser un film pourri auquel personne ne croit vraiment « . Et au final, le long-métrage s’avère une déception totale, comme ce fut récemment le cas pour Black Panther (voir ma critique) ou Pacific Rim : Uprising. Je me méfiais donc de Ready Player One que tout le monde adulait déjà comme le nouveau Messie, quelques semaines seulement après le déferlement médiatique positif du long-métrage Marvel Studios. Ahhh, la belle hypocrisie du 7ème art. Dans quelques jours, ça sera autour d’Avengers : Infinity War d’être surcoté, vous pariez ? (même si dans ce cas de figure, j’espère sincèrement que le film des frères Russo sera une tuerie !!!!!!!).

Bref, le premier constat que je dresse de Ready Player One est que ce n’est absolument pas un film nosologique. Et quand il vient chercher en nous des sentiments enfouis comme celui de la nostalgie, il le fait de façon subtile, nous arrachant une véritable émotion pure, à travers un sourire, un souvenir, un désir. Non, le film de Monsieur Spielberg est davantage un hommage à la pop culture des années 80/90, un hommage non pas à une génération, mais à l’Humanité toute entière, geek ou non, cinéphile ou amateur de cinéma, fan de science-fiction ou fan de film d’auteur. Tout le monde y trouve son compte dans ce monde virtuel, crée par James Hallyday.
Pour ma part, étant fan d’Indiana Jones, de Lara Croft, du premier Jurassic Park, de la dualité entre l’homme et le monstre que dépeint les films de monstres comme King Kong ou Godzilla, mais n’étant pas fan de manga japonnais et ne jouant à aucun jeu vidéo (Halo, Overwatch…), j’ai regretté que les références visibles ne soient que trop peu exploités, ou n’apparaissent comme un simple caméo, donnant alors un aspect copier/coller à la production. Vous allez me dire que cela vient contredire ce que j’ai argumenté à l’instant. En effet, la nostalgie ou l’hommage ainsi que les sentiments qui vont avec ont un caractère plus immédiats et donc authentiques, que lorsqu’on s’y attarde plusieurs minutes. Mais c’est ici une question de ressenti et je préfère les références/hommages plus développées comme le film le fait avec Shinning par exemple. Explications.

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Première scène, la course de voitures. Petit bijou de réalisation numérique, cette séquence dantesque avait étrangement un goût d’inachevé. Pas dans la durée, j’entends, mais plutôt dans la mise en scène. Dans plusieurs des bandes-annonces promotionnelles dévoilés, nous pouvions entr’apercevoir Lara Croft, un personnage de Tekken, et des véhicules comme la Ford Falcon conduite par Mel Gibson dans de Mad Max, le camion de la série culte Agences Tous Risques, la Batmobille 1966, la voiture de Christine et j’en passe… Et au moment de la course, je n’ai même pas eu le temps de les apercevoir, la séquence préférant se concentrer sur l’impressionnant, avouons-le, Monster Truck de H, la DeLorean de Parceval et la moto d’Akira, conduite par Artémis. Mais entre-nous, cela n’aurait pas été tellement plus jouissif de mettre en scène, de façon plus concrète, tous les véhicules connus des années 80/90, en exploitant leurs caractéristiques (K2000 et ses multiples fonctions, la DeLorean et ses capacités temporelles, Batmobile et ses nombreux gadgets…) ? Cela aurait, à mon humble avis, ajouter davantage de piments à une course déjà remplie de pièges où se côtoient le T-Rex de Jurassic Park et King Kong, qui veillent ensemble sur le parcours de manière un peu simpliste d’ailleurs.
Je reviens deux petites secondes sur la réalisation exceptionnelle de Steven Spielberg. Les caméras virtuelles offrent en effet une véritable immersion au sein de cette course et les libertés de mouvement des caméras dans un animé numérique permettent d’obtenir des plans ultra-dynamiques et des angles imprenables dans des prises de vues réelles, qui donnent une sensation d’excitation totale.

Deuxième séquence qui utilise très mal ses références, la bataille finale. Côté réalisation, ici aussi, rien à redire. On ressent tout le côté épique que doit avoir ce genre de scènes, mais elle ne laisse pas la part belle aux personnages référencés comme Indiana Jones, Robocop, Catwoman, Le Joker, Harley Quinn, Spawn, les Halo et j’en passe. Si Chucky ou Le Géant de Fer ont leur mon moment de gloire, les autres n’apparaissent que 3 secondes à l’écran, et c’est un peu frustrant. Plusieurs séquences comme celle de Chucky avec une dizaine de plans différents, en passant de l’un à l’autre, aurait dynamisé le contenu et offert un véritable hommage à des héros, antagonistes ou monstres, qui ont marqué notre enfance, notre adolescence, nos souvenirs.

READY PLAYER ONE - Dreamer Trailer (screen grab) CR: Warner Bros. Pictures

Pour moi, c’est donc le seul gros défaut du film, avec quelques petites facilités scénaristiques et une écriture pas toujours réfléchie, comme la scène où Parzival retrouve pour la énième fois le Conservateur dans un endroit où sont gardés tous les souvenirs de James Hallyday et qui explique à quoi sert ce lieu. Ca vous rappelle rien ? Mais si, la présentation d’Alpha dans Valérian et la Cité des Mille Planètes, voyons ! (je ne peux pas m’empêcher de mettre une petite cartouche à ce film quand j’en ai l’occasion, pardonnez-moi).
La véritable force de Ready Player One, réside dan son propos et sa morale. Jamais Steven Spielberg ne va dire, les jeux vidéo accroissent la colère ou l’envie de tuer dans le monde réel, jamais le cinéaste ne va se servir de l’OASIS pour dénigrer une culture ou une catégorie de personnes, bien au contraire. Pour lui, la réalité virtuelle, l’évasion qu’elle procure et la culture geek, peuvent avoir des biens faits. L’échange, le partage, l’acceptation de la différence, mais également, dans une moindre mesure, rencontrez de véritables amis ou trouver l’amour, car l’inter-connectivité permet aujourd’hui, quoi qu’en disent certains, de belles rencontres (virtuelles ou non). Sans pour autant oublier de vivre sa vraie vie, car rien ne remplacera le contact humain, le contact physique, la beauté de ce qu’a à offrir le monde même si, parfois, elle n’est pas évidente à trouver aux premiers abords.
Mais ce que j’ai apprécié par-dessus tout, c’est la morale destinée à Hollywood à travers le personnage de Nolan Sorrento. Leader de la deuxième puissance entreprenariale des Etats-Unis, il avoue, dans une scène avec Parzival, n’avoir aucune culture geek, se moquant complètement des jeux vidéo, de la littérature héroïc-Fantasy/SF, voyant l’OASIS comme un moyen d’obtenir la place de numéro. Spielberg va ainsi dire ouvertement aux actionnaires des studios hollywoodiens d’arrêter de vouloir jouer sur la nostalgie des gens et d’une époque, en rebootant sans cesse des sagas (Star Wars, les films de monstres ou prochainement Matrix), en produisant des sequels inutiles (Terminator, La Momie…) ou en remakant d’anciens longs-métrages cultes (Ghostbusters, Robocop…).
Une leçon de morale assez hypocrite cependant, puisque Steven Spielberg est, je le rappelle, producteur du reboot de la franchise Jurassic World et engagera en 2019 le tournage d’Indiana Jones 5. Néanmoins, on peut saluer la critique d’un système qui s’épuise et où l’imagination n’a plus sa place, à l’instar d’un OASIS où tout est possible et où la seule limite est celle de notre imaginaire.

Conclusion : Il y aurait encore des pages entières à écrire pour décortiquer Ready Player One, mais je vais m’arrêter ici. J’ai évoquais les choses qui m’ont le plus marqué et que je voulais partager avec vous.
Malgré des défauts apparents donc, des personnages réelles ou fictionnels sous exploités, un traitement des protagonistes principaux peu développés et quelques caricatures sur le trait psychologique des héros du film, Ready Player One reste un divertissement épanouissant, amusant et réellement intéressant sur le fond. Visuellement, le long-métrage est une petite perle, qui allie parfaitement prises de vues réelles et animation, avec une mise en scène très travaillée, dans un paysage cinématographique actuel où toutes a déjà été vues.

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