LE CAPITAINE CINEMAXX A VU – RED SPARROW * SPOILERS *
Le réalisateur Francis Lawrence se lance cette année dans le genre espionnage avec Red Sparrow, après être passé par la casse fantastique (Constantine), post-apocalyptique (Je suis une Légende) ou la science-fiction (la saga Hunger Games – hormis le premier opus -). Il retrouve d’ailleurs ici Jennifer Lawrence, qui endosse-là le rôle de Dominika, ancienne ballerine au Bolchoï, devenu un Moineau, espionne russe au service de l’État. Choisies le plus souvent pour leurs physiques, ces jeunes femmes (ainsi que des jeunes hommes pour la plupart de formation militaire) sont formées à l’art de la manipulation psychologique pour récolter sur le terrain, de nombreuses informations compromettantes sur leurs ennemis de l’Occident, dont les États-Unis.
Et l’énorme souci de ce film réside essentiellement sur son scénario bancal, mais aussi sa promotion maladroite, qui n’offre(nt) aucune surprise quant au dénouement final.
On nous présente en effet un film où le thème principal sera celui de la manipulation psychologique, dans lequel le personnage incarné par Jennifer Lawrence deviendra, je cite » une experte « . Malheureusement, à la fin du trailer, nous pouvons entendre : » Tu leur appartiens, ils ne te laisserons jamais partir » ce à quoi Dominika répond : » Je trouverais un moyen « . Et à partir de là, tout le suspens entourant le long-métrage s’effondre. On sait que l’espionne russe tentera d’échapper à l’Etat et que la manipulation psychologique ne sera plus qu’un prétexte marketing, une simple accroche et non plus une réalité complexe dans laquelle démêler le vrai du faux ne sera pas aisé. En tout cas, pour ceux qui prêtent attention aux détails. Cependant, je laissais une chance au film, après tout, c’était peut-être la bande-annonce qui nous manipulait. Mais dès la première demi-heure du film, on comprend très vite – comme l’avait confirmé le trailer – que Dominika changera de camp et se détournera de la Mère Russie. En effet, sa Patrie lui a fait subir tellement d’atrocités qu’il était impossible, de part son caractère, qu’elle s’offre corps et âme à son pays natal. Et donc, pendant les deux heures restantes, on assiste maladroitement à des rebondissements auxquels on ne croit pas une seconde et pour lesquels on sait pertinemment que Dominika n’aura de cesse de vouloir se venger de son oncle et la Russie. La pire scène étant celle où l’espion américain, pour qui elle a des sentiments (en l’espace de 2 scènes sois 3 jours dans le film), se fait torturer. On la voit alors prendre part à cette torture, pour plus de crédibilité certainement (rire), attendant le meilleur moment pour » abattre » le bourreau. Une tension créée inutilement, pour nous faire croire à quelque chose que l’on sait impossible, au vu de ses sentiments et de sa rancœur pour la Russie.
En conclusion, Francis Lawrence passe à côté de son sujet, la manipulation psychologique et livre donc un scénario simpliste pour lequel on peine à croire aux nombreux rebondissements qui viennent rythmer ces 2h20 de film.
Les seuls moments dignes d’intérêts sont les séquences au sein du » manoir « , où les jeunes hommes et jeunes femmes apprennent à être des Moineaux et où, Charlotte Rampling (impeccable et implacable) alias la Matron, explique comment manipuler un être humain, ainsi que le dénouement final dévoilant comment Dominika a piégé son oncle, le seul moment plus ou moins subtil du film.
On regrettera également un final très américain, dans laquelle la toute-puissance américaine est encore une fois victorieuse. Navrant ! Le plus navrant étant peut-être d’avoir pris des acteurs américains pour jouer les rôles principaux russes. Aucun intérêt artistique dans ces choix, sauf celui de mieux faire vendre son film à l’étranger. La loi du marché.
Quant à la réalisation, elle reste somme toute classique pour ce genre de productions, malgré des jeux de lumière intéressants dans les scènes tournées en » Russie « .
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