SAUVER, PÉRIR ET RENAÎTRE

LE CAPITAINE CINEMAXX A VU – SAUVER OU PÉRIR

Après L’Affaire SK1, le réalisateur français Frédéric Tellier revient avec un second long-métrage, Sauver ou Périr. Aidé par le cinéaste et scénariste David Oelhoffen pour l’écriture (dont le nouveau film, Frères Ennemis est actuellement en salles), Frédéric Tellier livre ici une œuvre plus intimiste au cœur d’une caserne des sapeurs-pompiers de Paris, où l’on va suivre le personnage du sergent Frank Pasquier, interprété par Pierre Niney.

SYNOPSIS : Frank est sapeur-pompier. Il vit avec sa femme, qui accouche de jumelles. Il est heureux. Lors d’une intervention sur un incendie, il se sacrifie pour sauver ses hommes. À son réveil, dans un centre de traitement de Grands Brûlés, il comprend que son visage a fondu et va devoir réapprendre à vivre et accepter d’être sauvé à son tour.

Le point fort de Sauver ou Périr, c’est son scénario, diviser en trois parties distinctes, chacune racontant une histoire différente qui, dans sa finalité, ne va former plus qu’un seul et même récit, celle de la quête identitaire d’un homme brisé.
Trois parties donc, qu’on pourrait titrer par trois verbes, sauver, périr et renaître.

Sauver

Dans cette première partie, Frédéric Tellier nous dévoile les premiers pas de Frank Pasquier dans les pompiers de Paris. On aborde le quotidien de ces derniers et nous les suivons dans diverses interventions, des plus banales – si je puis dire -, aux plus complexes, mettant aussi en avant le métier de sapeur-pompier. Un moyen, peut-être, pour le réalisateur, de révéler aussi la délicatesse, les difficultés et les tensions d’un métier, dont la jeunesse semble oublier l’importance en engageant à leur encontre des actes davantage  » symboliques  » que  » mortels  » avec pour objectif d’atteindre indirectement un État, un Gouvernement. Pourtant, ces fonctionnaires d’État, qui consacrent leurs vies au bien commun, sont tout aussi abandonnés par les Hautes-Sphères, une belle ironie !
Ici, on apprend alors à connaître Frank, l’importance que représente ce métier à ses yeux et ses ambitions à la fois professionnelle et familiale. Papa de deux magnifiques jumelles, Frédéric Tellier révèle également une autre facette de son héros, celle d’un mari aimant et d’un jeune père de famille qui doit sauver des vies, tout en préservant sa vie, pour offrir à ses deux filles, une vie complète et sereine, où l’absence d’une figure masculine ne serait pas un fardeau pour elles, au fil des années.

Une présentation essentielle, afin de mieux ressentir les mêmes douleurs, les mêmes doutes, les mêmes craintes qui habiteront Frank, après son drame.

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Périr

Comme le souligne le synopsis et la bande-annonce, Frank se retrouve, suite à une intervention, dans un centre de traitement des Grands Brûlés, lieu où se déroulera la seconde partie du film.
Après avoir préparé le terrain, Frédéric Tellier nous plonge au cœur de l’enfer, physique et mentale de Frank, qui va alors passer par plusieurs phases : remises en question professionnelle et sentimentale, dépression, folie, reconstruction, etc. Et c’est là que l’on voit l’importance fondamentale de l’introduction du film, pour poser les enjeux futurs, mais surtout, pour que le spectateur se sente vraiment investi émotionnellement dans ce drame, son drame. Et ça fonctionne. Outre, bien entendu, la compassion qu’on éprouve pour le personnage de Frank, la dramaturgie du film va en effet directement nous atteindre au plus profond de notre être, au point de subir les mêmes traumas. Ainsi, on hurle avec Frank, on est silencieux face à l’incertitude comme Frank, on pleure avec Frank, on est rongé par le désespoir, la colère, l’impuissance et c’est selon moi, la force de Sauver ou Périr, arriver à nous imposer, comme ils sont imposés à Frank, un déluge de sentiments ingérable.

Renaître

Pour renaître, il faut avoir connu La Mort ou du moins, l’avoir côtoyé.

En perdant son identité physique, Frank va désormais devoir accepter cette nouvelle identité, se réapprendre, se réapproprier un corps et s’aimer. Puis, retrouver une vie normale, un travail, des passions et reconquérir l’être aimé.
Dans cette troisième et dernière partie, Frédéric offre des séquences troublantes, émouvantes, parfois même métaphoriques, où Frank se confronte au regard autres, mais aussi des personnes qu’ils aiment, certainement le plus difficile.
L’entraide, l’acceptation, l’humour et l’auto-dérision vont être autant de facteurs, qui vont offrir à Frank cette seconde chance, pour renaître.

Mais Sauver ou Périr, outre son histoire touchante, n’aurait pas eu la même intensité sans le jeu des acteurs, tous d’une incroyable justesse (que ce soient les protagonistes secondaires ou figurants) et de Pierre Niney, absolument bouleversant. Et c’est surtout son travail sur la voix qui est saisissante. Une structure vocale sincère, jamais pathétique ou ridicule, juste vraie, suffisamment donc, pour être poignante. On peut parler de performance artistique, et c’est peut-être pour ça que Sauver ou Périr restera dans la filmographie de Pierre Niney, parmi les œuvres les plus importantes de sa carrière.
Enfin, un petit mot sur le duo Anaïs Demoustier et Pierre Niney, pilier du film. Indéniablement, il y a une alchimie entre les deux acteurs et, à l’écran, l’authenticité de leur complicité est une des raisons qui feront de Sauver ou Périr, le grand succès français de cette fin d’année.
De plus, Frédéric Tellier arrive à donner au personnage d’Anaïs un rôle qui va bien au-delà de celui de la petite-amie douce et compréhensive. C’est avant tout une femme avec des doutes, sur sa vie, ses désirs, sur elle-même, qui doit  aussi se reconstruire après des mois de désillusion et d’hésitation. Frank n’est donc pas le seul à subir cette quête identitaire, Cécile également, comme elle l’évoque dans le film.

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En conclusion, si Sauver ou Périr est porteur d’un espoir universel, le film de Frédéric Tellier est surtout un hymne à la vie. Car peu importe les difficultés, c’est la vie qui devrait nous pousser à ne jamais abandonner. Que ce soit la vie sentimentale, la vie familiale, la vie parentale, la vie d’autrui, il y a toujours une vie à sauver, à aimer, une vie pour laquelle continuer à se battre. Pour Frank, sa femme et ses filles. Pour d’autres, un proche, un.e ami.e, un parent. Il y a beaucoup de malheurs, mais dans tous ces malheurs se cache obligatoirement un peu de lumière. Regarder dans la bonne direction est certes un long chemin, mais une fois qu’on arrive à capter un peu de celle-ci, le miracle de la vie se produit.

Ci-dessous, toutes les dates des avant-premières :

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1 commentaire sur “SAUVER, PÉRIR ET RENAÎTRE

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