OVERLORD : MÉLANGER LES GENRES

LE CAPITAINE CINEMAXX A VU – OVERLORD * SPOILERS *

Initialement, Overlord devait être un film de zombies se déroulant durant la Seconde Guerre Mondiale, un projet basé sur l’univers de fiction Cloververse, débuté en 2008 avec Cloverfield. Cette annonce avait été faite avant la sortie de Cloverfield Paradox (toujours disponible sur Netflix mais entre nous, ne perdez pas votre temps avec ce navet) avant que le producteur J.J Abrams ne confie à la CinemaCon d’avril 2018, qu’Overlord serait pas en continuité avec sa franchise.

D’un long-métrage de zombies, Overlord est devenu une sorte de film hybride où les Nazis ont découvert un goudron magique dans le sol français, goudron qui servira, par la suite, à réaliser des expériences sur des hommes et des femmes et ainsi créer pour le Führer, une armée de monstres aux pouvoirs surhumains. Un point de départ prometteur, d’autant que la promotion nous assurait une production horrifique plutôt originale avec à la réalisation, un jeune talent, Julius Avery. Comme beaucoup d’entre vous j’imagine, c’est surtout le nom de J.J Abrams, le maître du mystère et des scénarios WTF, qui m’a poussé vers Overlord. J’étais persuadé que ce dernier ne pouvait pas produire un film d’horreur se déroulant durant la Seconde Guerre Mondiale, sans avoir mis son œil d’expert sur le script, afin de garantir une maîtrise parfaite du suspens et de la dissimulation, jusqu’au dénouement final. Et j’ignore si c’est le cas ou non, mais si ça l’est, alors J.J Abrams s’est bien planté, dans les 2 cas d’ailleurs, quoi qu’il en soit. En effet, Overlord souffre de trois problèmes majeurs : un scénario vide de tout propos, d’un environnement sous-exploité et d’un aspect horrifique totalement absent.

Overloose : Une histoire bancale

À quelques heures du débarquement sur les plages de Normandie, une petite équipe de parachutistes américains infiltrent un petit village français occupé par des Nazis, dont la mission est de détruire une antenne relais située au sommet du clocher de l’Église, Église où sont donc menés des expériences médicales glauques sur des habitants de ce même village. Le docteur Schmidt (originalité du nom ! Notez que tous les méchants docteurs allemands portent toujours le même nom de famille.) y aurait découvert un goudron capable de ramener à la vie, mais également de donner des pouvoirs surhumains à quiconque s’injecterait le produit. Comme je le disais, il y avait là un point de départ intéressant, mais très vite, cette histoire de goudron n’a été qu’un prétexte pour vriller vers un scénario classique et mettre en scène des affrontements entre monstres et humains et monstres contre monstres, affrontements d’une pauvreté affligeante par ailleurs, rythmés par des ressorts scénaristiques d’une grande prévisibilité (cf. le héros américain qui s’injecte le goudron pour faire face au Commandant Nazi, lui aussi infecté). Et c’est ce qui manque à Overlord, de la subtilité. On ne va jamais plus loin que les gentils Américains contre les méchants Nazis, plus loin que les expériences bizarres au nom du Führer, plus loin que quelques images un peu choquantes (cf. la femme sans corps qui continue de parler), plus loin qu’un final attendu où tout sonne faux, même les actes patriotiques.

De plus, et c’est un problème récurrent chez les produits signés J.J Abrams, le showrunner de Lost ne prend même plus la peine d’expliquer. D’où vient exactement ce goudron ? Comment les Nazis en ont-ils eu connaissance ? N’y avait-il pas un background à mettre en scène sous forme de flash-back pour donner un aspect plus mystique au film et à ce goudron ? Autant d’éléments sans réponse et qui donne la sensation d’une œuvre bâclée et sans intérêt, d’autant que toute la partie horrifique manque cruellement d’ambition artistique, mais a surtout un énorme défaut, elle ne provoque aucune sensation de peur, pas le moindre petit frisson. Et cela n’aurait pas été gênant, si Overlord n’avait pas été promu comme étant un film d’horreur. Il est donc décevant de constater que le spectateur est, une fois de plus, pris pour un âne, alors que toutes les qualités présentaient dans la bande-annonce, laissaient penser qu’on assisterait à quelque chose d’effroyable, de terrifiant.
Mêler deux genres (guerre et horreur ici) est d’une difficulté indéniable. D’ailleurs, les parties « guerre » sont extrêmement réussies. Toute l’introduction est un petit bijou de réalisation avec une photographie dense, tremblante, explosive, grisâtre, bercer par un mixage son bruyant et fracassant, reflet d’une Humanité au bord du chaos, de même que la première partie du film au sein du village français, douce et sincère. Toutefois, les scénaristes n’ont pas su greffer l’horreur de manière intelligente, l’évinçant presque, puisqu’il y a seulement deux séquences se déroulant dans l’Église, sur un total d’1h45.

Concernant les personnages, les acteurs ne semblent pas croire une seule seconde à ce qu’ils racontent, piégés à la fois dans une intrigue invraisemblable et un village aux décors très minimaliste. Seule l’actrice Mathilde Ollivier tire son épingle du jeu, avec une interprétation en toute finesse, fragile et sincère à la fois.

Overhome : Un environnement aux dimensions fades

Autre reproche que je pourrais faire à Overlord, ce sont les décors, notamment celui de l’Église, où le Docteur Schmidt  » opère  » secrètement ses patients.
Premier point, cette désagréable impression que les héros peuvent s’échapper de cette Église aussi facilement que de leur propre maison, alors qu’elle nous est présentée comme un lieu aux multiples couloirs et parties cependant, seulement trois pièces sont visibles durant tout le film, un couloir, où sont enfermés les cobayes, le laboratoire et la salle de renseignement, d’où cette sensation de décor où il est facile de rentrer et de s’enfuir.
Avoir un décor de taille moyenne, voire extrêmement petit, peut s’avérer utile, principalement lorsqu’il faut créer une ambiance pesante, lourde et mettre en scène, par exemple, des escape sous haute-tension ou enfermer le spectateur, afin qu’il ressente cette sensation d’enfermement, de claustrophobie, qu’éprouve nos héros (Panic Room, Cloverfield Lane, le huit clos des Huit Salopards, en sont de parfaits exemples…). Ce qui peut également être le cas dans un décor/environnement extérieur plus grand, où les impressions d’insécurité – avec des pièges pouvant survenir de n’importe où – s’en trouvent renforcées et cette perception d’un lieu infini, accroître l’idée qu’il n’y aucune chance de trouver un jour la porte de sortie ou de rejoindre le monde réel (Misery, TAU…). Et Overlord ne présente aucun de ces deux cas. On navigue dans ce lieu avec une extrême facilité, il n’y a aucun suspens, aucune séquence surprenante, tout semble évident.

Deuxième point, ce lieu, censé représenté un lieu d’épouvante, n’est finalement qu’un vulgaire laboratoire glauque, sale, délabré, rien de réellement flippant, particulièrement dans la mise en scène, le chef accessoiriste s’étant sûrement endormi le jour de la pré-production. Bien entendu, il n’est pas le seul responsable. Les scénaristes ont leur part de responsabilité, puisqu’ils n’ont pas su écrire et créer de réelles scènes d’horreur, impactant directement sur notre ressenti personnel. Exemple. Lorsque le personnage de Boyce revient de sa « visite » de l’Église et retourne à la maison de Chloé pour faire son rapport, on ne ressent alors pas la même panique qui s’empare de lui, car son comportement face à son supérieur est trop extrême par rapport à ce qu’il a vu, vécu, à l’intérieur. Oui, c’est glauque, mais cela méritait-il une sur-réaction ? Je n’en suis pas si sûr.

De plus, en déroulant l’action dans une Église, on s’attendait à des séquences divines, christiques ou sataniques, à la fois dans le propos, mais également dans la présentation des expériences cependant, c’est un spectacle fade auquel nous assistons.

En conclusion : Overlord est une production au contexte historique très présent, mais qui supplante l’aspect horrifique du film en se contentant de mettre en scène des situations glauques néanmoins jamais effrayantes. Le mélange des genres ne suffit pas pour être original et Julius Avery passe totalement à côté de ce délire Nazis/Monstres, qui aurait pu être intéressant sur la forme comme sur le fond.
On retiendra les parties « film de guerre », formidablement abouties et la présence de la française Mathilde Ollivier, qui a un vrai rôle de femme forte, seul cliché du film évité. Avoir une demoiselle en détresse, ça aurait été le coup de trop !

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