ROBIN DES BOIS : DES SUJETS CONTEMPORAINS MAIS…

LE CAPITAINE CINEMAXX A VU : ROBIN DES BOIS – * SPOILERS *

Robin des Bois est une des légendes les plus adaptées, que ce soit au théâtre, à la télévision ou au cinéma, avec plus d’une quarantaine d’adaptations pour le petit et grand écran, en comptant ses apparitions dans des séries comme Once Upon A Time. Parmi les adaptations les plus célèbres du héros qui vole aux riches pour donner aux pauvres, on gardera en mémoire la version animalière (1973) produite par Walt Disney Pictures du réalisateur allemand, Wolfgang Reitherman, celle de Richard Lester avec Sean Connery, La Rose et La Flèche (1976), le cultisme et romantique Prince des Voleurs (1991) avec Kevin Costner et l’origin-story de Ridley Scott (2010), plus guerrière.
Chacune de ses œuvres a apporté quelque chose au mythe de Robin des Bois, ont même contribué au succès de sa légende, jusqu’à la rendre populaire auprès des enfants et des adultes. Malheureusement, le Robin des Bois d’Otto Bathurst, mettant en scène le Kingsman Taron Edgerton, ne perpétuera pas la mythologie de celui qu’on surnomme The Hood, pire, elle la ternit.
Pourtant, cette énième adaptation avait quelques qualités indéniables…

Des sujets contemporains, reflet de notre société moderne

Cette nouvelle vision de Robin des Bois avait tout pour être un succès. À la réalisation, Otto Barthust, qui a obtenu en 2014 un BAFTA pour son travail sur la série à succès de BBC, Peaky Blinders, et a réalisé en 2011, le premier épisode de la série Black Mirror, The National Anthem, certainement le plus choquant, politiquement parlant, avec cet affreux dilemme. De plus, le long-métrage pouvait compter sur la présence de Leonardo DiCaprio à la production, un casting 5 étoiles (Taron Egerton, Jamie Foxx, Jamie Dornan, Ben Mendelsohn) et d’une situation actuelle, où les élites font face à une montée de la colère des peuples, de plus en plus persistante. Et l’intelligence de ce Robin des Bois était justement de mettre en scène cette colère en évoquant la redistribution des richesses, l’attribution du pouvoir par les élites, le financement de guerres basées sur des suspicions (ici celle contre les musulmans), se payant même le luxe d’y ajouter une petite touche politicienne à travers le personnage de Will et de mettre également en lumière l’Église et ses dérives (cf. la scène où le Shérif de Notthingham confie à Robin les tortures subit par les archevêques durant son enfance), bref, il y avait matière pour un succès au box-office. Mais comme je le disais à l’instant, tous ces sujets sont évoqués, simplement évoqués et donc survolés, sous-traités, livrant une histoire banale, linéaire, oubliable, où l’action prend le pas sur le fond.

Will, le visage politique

La nouveauté de ce Robin des Bois résidait dans l’intégration d’une figure politique d’opposition (à celle du Shérif de Nottigham), une figure représentative du peuple, en la personne de Will Scarlet (Jamie Dornan). Seulement, voilà, aucun débat, aucune manifestation, aucune confrontation politique n’ont été mis en scène pour donner un peu de corps au personnage de Will, inexistant ou si, existant, simplement pour un ressort scénaristique cliché, qu’on voyait venir à des kilomètres. 
Il finit en effet par se rallier à Robin, après un discours face au peuple, qui préfère alors l’action de Locksley, à l’inaction des mots de Will. Un changement de camp d’une rapidité extrême, qui n’est pas sans rappeler celle de certains ministres actuels d’Emmanuel Macron, pourtant très critiques envers ce dernier durant sa campagne présidentielle.
Défiguré lors de l’affrontement avec les soldats du Shériff de Nottigham et trahi par Marianne – qui retombe dans les bras de Robins -, durant ce même affrontement, Will reprend la place du Shériff incarné par Ben Mendelsohn, et devient ironiquement ce qu’il a toujours combattu, tout bonnement par rancœur et non pas par conviction politique. 

Et en même temps, comment pouvait-il en être autrement ? Robin des Bois n’a jamais été une grande histoire laissant la part belle à la politique et à toujours été un basé sur la chute d’un Shérif aux ambitions égocentriques, par un symbole d’espoir.
Difficile donc, de caser un personnage comme celui de Will et d’imbriquer de la politique dans un scénario où l’objectif est de retranscrire les exploits de Robin des Bois et la façon dont il vole le shérif de Nottingham, avec un arc et des flèches et des cascades improbables. Parce que oui, lorsqu’on va voir Robin des Bois au cinéma, c’est aussi pour voir un héros tirer des flèches dans des angles improbables, combattre les soldats du Shériff avec des chorégraphies millimétrés et organiser le casse du siècle, pour mettre à mal les désirs du Shériff de Notthingham, mais même là, le film est un enchaînement de scènes d’actions brouillonnes, parfois illisibles et sans aucune ambition artistique (et non, l’abus de slow-motion n’a rien d’original !).

Le Shérif de Notthigham, une histoire sans fin

Là aussi, la représentation du Shérif de Notthigham aurait pu être plus singulière, que celle de la grosse brute assoiffée de pouvoir et de richesse. Lorsque ce dernier évoque sa souffrance à Robin, en avouant son mal-être et les sévices auxquels il a dû faire face durant sa jeunesse, on s’attend alors à un traitement plus humain du personnage, plus profond, afin de créer chez le spectateur un doute sur qui est véritablement le méchant de l’histoire : un homme brisé à la recherche du pouvoir pour oublier sa souffrance intérieure, Robin, qui l’empêche d’accomplir son objectif ou les archevêques, dont les intérêts supérieurs sont les mêmes depuis des siècles, créer un monde à leur image, sous couvert des dires d’un Dieu que l’on a jamais vu.
Cette ambiguïté n’est jamais traitée. On nous sert alors un film avec un méchant très très méchant, une caricature de la religion et le cliché du héros arrogant, revenu des Croisades pour rétablir la justice.
N’aurait-il pas été plus intéressant de construire une personnalité plus équivoque au Shérif et bâtir un dilemme sur la fin du film : Robin, doit-il laisser vivre ou tuer un homme qui, toute sa vie, ne s’est servi que de ses douleurs (et il n’a jamais rien connu d’autre) comme moteur, comme source d’ambition personnelle, pour préparer une vengeance sur les élites et les religieux ?
Alors, quand Robin prend la décision de le tuer, on a un petit goût amer. Parce qu’il y avait une vraie humanité derrière cette carapace, jamais développée et pourtant existante. Tous ces actes manqués auraient contribué à faire de Robin des Bois 2018, une œuvre plus actuelle et intimiste, avec des choix plus cornéliens de la part de tous les protagonistes.

En conclusion, Robin des Bois avait tout pour être une véritable réussite critique et financière puisque les sujets contemporains abordés, sont le reflet de notre monde présent. Cependant, tous les éléments politiques ont été évincés au détriment de séquences d’action douteuses, où seule la scène finale, rappelant le peuple face au CRS, est une caractéristique de ce qu’aurait pu être le film d’Otto Bathurst, un long-métrage de confrontations idéologiques. On regrettera également que l’intrigue sur la guerre des musulmans, notamment après le discours à la Trump du Shérif de Notthigham, est pratiquement été passé sous silence, alors qu’il y avait ici aussi, matière à développer un point de vue moderne sur les motivations réelles d’une guerre à l’étranger.
Et finalement, cette nouvelle version des aventures de Robin des Bois est aujourd’hui le plus gros flop de l’Histoire du Cinéma avec un week-end d’ouverture à 9 millions de dollars et seulement 25 millions de dollars récoltés dans le monde… en l’espace d’une semaine. Une légende dont se serait bien passé LA Légende…

 

 

1 commentaire sur “ROBIN DES BOIS : DES SUJETS CONTEMPORAINS MAIS…

  1. Cette adaptation est d’une nullité incommensurable. Anti église, pro musulman et politisé à outrance. En effet un musulman (Foxx) traverse une partie du monde pour venir « former » Robin (Edgerton) au tir à l’arc.
    Car pour votre information les musulmans sont des archers émérite avec des arcs surpuissant… Dubitatif par tant de débilité.
    Une adaptation…très très libre donc orientant l’histoire vers des méchants chrétiens et des gentils musulmans. Déformation de l’histoire afin de plaire à une société prête à s’auto flageolets. Des costumes ridicule sortie de l’imaginaire de Jean-Paul Gaultier sous coke.
    Je m’arrête dans la critique car ce film ne mérite même pas de critique.
    Direct dans la poubelle des nanars.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *