SPIDER-MAN – NEW GENERATION : LA PERLE DE SONY PICTURES ANIMATION

LE CAPITAINE CINEMAXX A VU – SPIDER-MAN : NEW GENERATION * SPOILERS *

Projet datant de 2015, Spider-Man : Into The Spider-Verse (en VO) est typiquement la super-production un peu casse-gueule demandant une extrême rigueur, à la fois dans l’écriture, mais surtout dans l’animation, assez lisse ces dernières années, où les prises de risques visuelles sont quasi-inexistantes (exception faite à Dilili à Paris pour l’année 2018). Produit non-conforme, Spider-Man : New Generation (en VF) va au-delà du film d’animation classique et offre un véritable spectacle coloré, à la réalisation explosive et originale, mettant en scène une galerie de personnes atypiques, au travers une histoire bien ficelée, bourrée d’action et d’émotion.
Pour ma part, j’avoue ne pas avoir été emballé par le projet de départ. Mon côté nostalgique – Peter Parker est pour moi le seul et unique Spider-Man et je regrette l’avalanche des IronHeart, des Hulk Cho et tous ces doublons, créés simplement pour être dans une tendance sociétale au politiquement correct -, m’empêchait de franchir le pas. Voir un film Spider-Man avec en vedette Miles Morales (dont je n’ai lu aucun comic-book), cela me refroidissait. Oui, sauf que voilà…

Spider-Man : New Generation est une vraie bouffée d’air frais dans le paysage cinématographique actuel, où règne une monarchie d’œuvres aseptisées aux images fades et brouillonnes. Le film de Peter Ramsey (Les Cinq Légendes), Bob Persichetti, Rodney Rothman et scénarisé par Chris Lord et Phil Miller (La Grande Aventure Lego) lui, prend le contre-pied avec un esthétisme visuel barré et authentique, à l’image de l’univers des spider-héros, futuriste, watchemenien ou ultra-coloré, comme c’est le cas dans celui de Spider-Gwen, où les scènes la concernant sont identiques à ce qu’on peut voir en terme de coloration dans son comic-book attitré.
Ainsi, Spider-Man : New Generation emprunte les codes du comic-book pour livrer une succession de séquences aussi sublimes les unes que les autres, certaines au ralenti (la chute de Miles Morales) d’une beauté à couper le souffle, de scènes d’action explosives à la fois fluides, saccadées et cartoonesques avec, parfois, une décomposition de l’image en plusieurs cases ou de plans ornés d’onomatopées, qui viennent s’inscrire à l’écran et appuyer une situation importante ou le ressenti (WHOOOAAAA !!!). On retrouve également des cases écrites, retranscrivant les pensées de Miles, apportant à l’ensemble une petite touche d’originalité pas déplaisante.

Scénaristiquement parlant, Spider-Man : New Generation suit le schéma classique de l’origin-story du héros cependant, les scénaristes tombent rarement dans les maladresses ou les vieux clichés au ressort scénaristique absurde, dont sont souvent saupoudrés ce genre de productions. Le film se paie même le luxe de rebondissements inattendus : la révélation de l’identité de l’oncle de Miles, Aaron, par exemple. On notera également l’éviction du cliché du héros beau-gosse, musclé, bien coiffé, bien rasé à la Superman puisque les réalisateurs n’ont pas hésité à mettre en scène un Peter Parker avec du bide, du gras, les cheveux débraillés et mal rasé. Passé le physique, il y a surtout le caractère de ce Peter Parker, qui a subit de plein fouet la perte de sa Mary Jane Watson. Une rupture sentimentale liée à une dispute : elle voulait un enfant, pas lui. Ironiquement, il va se retrouver confronté au jeune Miles Morales. Le film sera alors un parcours initiatique pour notre Peter Parker, qui endossera le rôle de Mentor, mais aussi de père de substitution et l’amènera à se convaincre qu’il peut être un bon parent. De plus, les dialogues sont d’une finesse d’écriture assez rare. Les répliques à caractère humoristique ont toutes l’effet escompté sur le spectateur (faire rire) tandis que les répliques dramatiques sont d’une telle densité émotionnelle, qu’il faudrait être insensible pour ne pas lâcher une petite larme, notamment celle mettant en scène feu Stan Lee, terriblement émouvante.
L’humour d’ailleurs, très méta, sont des bijoux pour qui aura toutes les références. Auto-dérision (celle m‘ayant le plus marqué est sans doute celle de la danse dans Spider-Man 3), références donc, aux films, aux dessins-animés, aux comics-books ou à des nouveaux et/ou vieux personnages, rien n’est épargné, néanmoins rien n’est gratuit ou méchant. Au contraire, Spider-Man : New Generation transpire l’amour qu’on les créateurs du film pour l’univers du Tisseur. Cet amour se ressent, à chaque plan, à chaque nouvelle introduction, dans l’évolution des personnages, jusqu’au dénouement final et son post-générique. Et c’est en partie grâce à cela que ce Spider-Man : New Generation est une réussite !
Concernant les personnages, chacun trouve sa place, malgré l’abondance de protagonistes secondaires. Même si certains sont davantage mis en avant (Peter Parker et Spider-Gwen en tête), les petites apparitions de Peter Porker, Peni Parker et le Spider-Man Noir sont toujours percutantes et apportent tous quelque chose à l’œuvre, que ce soit sur le plan humoristique ou dramatique avec des répliques drôles ou touchantes, mais également dans la caractérisation de l’image. Pour le Spider-Man Noir, on aura cette sensation Watchemenienne, qui vient se greffer à l’ensemble coloré du film tandis que Peni livrera une animation aux influences japonaises. Tout cela aurait pu créer une incohérence filmique et une dégradation des images et de sa texture, pourtant, leurs univers (futuriste, japonaise…)/colorations (contraste avec le noir et blanc)/mouvements (démarches…) se fondent avec une simplicité déconcertante à celui plus sobre du XXIème siècle de Miles Morales.
Au passage, notons les acrobaties et chorégraphies somptueuses des Spider-Men/Women, qui manquaient cruellement à Spider-Man : Homecoming. Il y a une réelle recherche à envoûter le spectateur avec des cascades à la fois simples ou vertigineuses et qui nous plongent toujours au cœur même de l’action.

Le seul reproche que l’on pourrait faire à Spider-Man : New Generation, c’est peut-être sa grande générosité. En voulant offrir une galerie de personnages aussi différents que passionnants, le film en oublie parfois l’essentiel : développer des aspects primordiaux à toutes productions super-héroïques notamment, la psychologie des supers-vilains. En effet, si on comprend aisément les motivations de Wilson Fisk/Le Caïd, qui cherche à « ressusciter » sa femme Vanessa et son fils, on a cependant du mal à s’immiscer intimement dans son profond désarroi. Il manque une ou plusieurs scènes de flashbacks, une grosse séquence d’émotion pure, où on le verrait briser l’armure. Totalement. Un méchant avec des faiblesses visibles, plus ambigu, plus complexe et donc plus proche de nous et mille fois plus intéressant. Cela dit, ce n’est ici qu’un petit détail sans impact majeur sur la qualité du métrage. 

En conclusion, malgré mes à priori de départ, Spider-Man : New Generation m’a littéralement emporté. J’ai découvert des personnages attachants, que je ne connaissais pas, dont Miles Morales et le Spider-Man Noir (je suis tombé amoureux de ce personnage !!!) et si l’objectif était donc, pour des lecteurs de comics comme moi, ou des plus jeunes d’aller vers des héros moins connus, alors le contrat est réussi. D’autant que, le film ne se targue jamais de mettre en lumière un héros noir, comme Marvel Studios a pu le faire récemment avec Black Panther et c’est aussi pour ça que le film évite bons nombres de clichés en évinçant des thèmes récurrents comme le racisme, les violences policières…
Visuellement irréprochable, tout comme l’écriture, ce délire graphique qu’est Spider-Man : New Generation restera à jamais dans l’histoire de l’animation, pour ses qualités de réalisation et ses prises de risques, aux codes novateurs.
Enfin, le casting vocal VF, décrié par les haters, n’est absolument pas la catastrophe annoncée par les grandes instances des réseaux sociaux. Stephane Bak fait un Miles Morales tendre et héroïque, Camélia Jordana une Spider-Gwen calme et envoûtante quant à Oliver Giroud et Kipembe, ils n’ont que peu de répliques (moins d’une dizaine) et s’en sortent admirablement bien (et pour une fois que Giroud marque un bon point, il faut le souligner !). Bien entendu, je comprends les arguments selon lesquels il aurait été préférable de choisir un casting entièrement composé de professionnels du doublage à l’instar de Valentin Merlet (Peter Parker) mais force est de constater que, malgré tout, que les stars n’ont rien à se reprocher de leur travail.

 

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