BUMBLEBEE : UN CONTE SPIELBERGIEN

LE CAPITAINE CINEMAXX A VU – BUMBLEBEE * SPOILERS *

Alors que la saga Transformers est en perdition depuis un quatrième opus désastreux et un cinquième volet en dessous de tout, Paramount Pictures décide de lancer un premier spin-off de la franchise créée par Michael Bay, Bumblebee, centré sur la plus mignonne des voitures jaunes, avec un objectif très clair : relancer la machine à billets verts, mais également rétablir l’intérêt du public pour Transformers, après une perte sèche de près de 500 millions de dollars entre Age of Extinction (1.1 milliards) et The Last Knight (600 millions).
À la réalisation de ce spin-off, Travis Kinight, connu pour avoir réalisé Kubo et l’armure magique, un film d’animation salué par la critique, ayant reçu trois prix du Meilleur Film d’Animation (au Boston Online Films Critics Association, au National Board of Review Awards et au British Academy Film Awards) et nommé dans deux catégories aux Oscars, dont celles de Meilleurs Effets Visuels. Le mec assure ! Toutefois, on parle ici d’un blockbuster, ainsi que de l’avenir d’une franchise qui, avec Bumblebee, pourrait redorer son blason alors, le choix de ce metteur en scène était, selon moi, une grosse prise de risque. Oui, mais c’était sans compter l’arrivée de Steven Spielberg à la production et ça change tout ! Parce qu’au lieu de nous offrir un énième volet Transformers, abreuvé d’explosions, de destructions de buildings et de batailles entre Autobots et Decepticons, Travis Knight et Steven Spielberg ont choisi de nous livrer un conte parfaitement maîtrisé, à la manière d’E.T.

Si je cite E.T, ce n’est pas provocation. Je ne sais pas si mes collègues journalistes l’ont souligné (je n’ai lu aucun article sur Bumblebee) mais la construction scénaristique de Bumblebee se rapproche énormément de celle d’E.T, l’extra-terrestre. Outre l’époque où se situe l’action, les années 80 (et toutes ses références), c’est notamment la scène d’introduction (un O.V.N.I tombe de l’espace, et la « menace » est pourchassée par les forces de l’ordre/des hommes de l’armée, au sein d’une forêt), le refuge (une banlieue résidentielle), la conjoncture de famille chez qui l’extra-terrestre va atterrir et être accueilli (une famille en crise composée de 4 personnes. Ici, une mère de famille, inquiète pour son enfant – comme chez E.T -, un beau-père et deux enfants, dont l’héroïne, Charlie Watson), les caractéristiques du héros (solitaire, en conflit, exclu de tout groupe scolaire…), la cohabitation (parfois désastreuse, parfois amusante), la communication (E.T et Bumblebee essayent de communiquer avec des moyens terriens, télévision et/ou radio) et puis quelques petites séquences (la fausse mort des deux héros, course-poursuite avec les militaires, le méchant dévoilant un visage humain face à une créature qu’il détestait sans connaître, etc…), qui contribuent à cette sensation de conte spielbergien.
Seule grosse différence, Bumblebee reste sur Terre, tandis qu’E.T lui, repart dans l’espace.
On notera également la séquence d’ouverture du film, à la Man of Steel, révélant pour la première fois la chute de Cybertron, une séquence courte mais ambitieuse, avec des mouvements de caméra très esthétiques (ex. cf. la chute d’Optimus Prime). Néanmoins, là où le long-métrage de Zack Snyder prenait le temps d’approfondir l’origine du conflit et les différents points de vue entre les Zod et les El, Bumblebee n’offre jamais de réponses quant aux désaccords entre les Autobots et les Decepticons et le pourquoi du comment du début de leur guerre.

Finalement, si Bumblebee ne restera pas comme une œuvre culte comme l’est encore E.T aujourd’hui, le film de Travis Knight, de part sa composition, délivre une œuvre nostalgique, pleine de bon sens et de jolis sentiments, au travers une mise en scène posée, qui met d’abord en valeur cette relation sincère et émouvante entre une jeune fille perdue et un robot l’étant tout autant. Une production avec du charme, où l’accent est mis sur le développement de ses héros principaux donc, plutôt que sur une multitude de séquences d’action ou de vieux clichés familiaux, ce qu’on reproche souvent à la saga Transformers, et notamment sur les quatrième et cinquième opus, où toutes les scènes entre Cade et Tessa paraissaient fausses. 
Le rythme du film alterne alors à merveille scènes de la vie quotidienne et scènes plus explosives, avec cette sensation de visionner une fable et non un ultime blockbuster, dont le seul but est d’en mettre plein les yeux, au détriment du scénario, élément pourtant essentiel pour rentrer pleinement dans l’histoire que l’on souhaite partager aux spectateurs et s’investir émotionnellement dans les enjeux du film/des personnages. Et bumblebee arrive sans forcer, à établir des enjeux clairs et, avec une facilité déconcertante, nous donne le moyen de s’identifier à n’importe quels protagonistes.

En conclusion, Bumblebee a cette insouciance, cette naïveté, ce charme des années 80, avec ce léger côté nanardesque (dans le bon sens du terme et représentée par la figure de John Cena, assez bon, ici, il faut l’avouer), qui manquent peut-être aux productions hollywoodiennes du XXIème siècle.
Oui, Bumblebee est la belle surprise de cette fin d’année 2018. Est-ce que cela suffira à relancer la robotique ? Seul l’avenir nous le dira, mais avec un week-end d’ouverture à seulement 21 millions de dollars aux États-Unis et un cumul de 157 millions en 6 jours, cela s’annonce mal. Une réalité bien triste, vu la qualité de ce long-métrage, peut-être un des meilleurs de la franchise et sûrement un des mieux écrit. 

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