THE FRONT RUNNER : ET LA DÉONTOLOGIE ALORS ?

LE CAPITAINE CINEMAXX A VU : THE FRONT RUNNER

En 1987, le sénateur Gary Hart est sur le point de remporter les élections présidentielles, devant George Bush. Jeune, charismatique, dynamique, proche du peuple, avec des idées novatrices et progressistes, l’homme de 46 ans va tout perdre en moins de 3 semaines, à cause d’une femme, une dénommée Donna Rice. Marié et père d’un enfant, Gary Hart va devoir assumer son infidélité aux yeux de ses soutiens et de l’Amérique tout entière, dévoilée par deux journalistes et un photographe, ce qui mettra fin à ses ambitions électorales…

Politique, presse people et vie privée

On te traque coquin !

Si aujourd’hui nous sommes malheureusement habitués à voir déballer sur la place publique des histoires de famille aux rebondissements rythmés par des affaires de tromperie, d’adoption ou d’argent, à voir des grattes papiers s’immiscer dans la vie de personnalités en dévoilant des fakes news ou les seins de nos stars préférées en couverture de magazine, à l’époque, ces absurdités n’étaient pas encore ancrées dans la vie quotidienne des gens. Avec The Front Runner, le réalisateur Jason Reitman, soulève donc une question déontologique : doit-on révéler les secrets intimes de la vie privée d’un homme politique ou d’une personnalité au grand jour, au point de saboter sa vie, ses ambitions, ses rêves ? D’autant qu’on ne parle pas là d’un homme pervers avec des penchants pédophiliques ou un de ces hommes prétentieux aimant assouvir des désirs BDSM avec des femmes dominatrices, après une journée à dominer ses propres employés (et même dans ce dernier cas, est-ce si grave d’avoir des fantasmes moins traditionnels ?). Gary Hart a, certes, commis l’impardonnable pêché de l’adultère, comme des milliers de personnes chaque jour dans le monde (et je ne dis pas que c’est une excuse), est-ce pour qu’il faille le traîner dans la boue et salir sa réputation ? Cela relève du privé, de sa vie personnelle, mais, surtout, d’un acte entre soi et sa propre conscience. Et la rapidité avec laquelle des hommes censés avoir une certaine intelligence, un certain code moral ainsi qu’une certaine déontologie journalistique, est consternant. À l’écran, les journalistes se transforment peu à peu en charognards avides de vendre leurs journaux, au détriment d’un programme politique, dont ils sont supposés décrypter les failles et les forces, avec impartialité. Car la question n’est évidemment plus de rapporter ce que Gary Hart peut apporter au pays, mais de savoir si, oui ou non, ce dernier a trompé sa femme avec la jeune Donna Rice, sans se préoccuper un instant des conséquences familiales que cette révélation pourrait provoquer au sein du couple Gary/Lee.
Toute vérité, est-elle alors bonne à dire ? La présentation de Gary Hart laisse à supposer le contraire. En effet, il était sûrement le seul candidat à cette présidentielle à être d’une honnêteté totale en ce qui concerne les intérêts de l’Etat. Pour quelques dollars, les journalistes sont donc prêts à vendre leur propre pays et laisser la place à des politiciens peut-être plus véreux, un constat dramatique, pourtant toujours d’actualité.

Avec The Front Runner, Jason Reitman signe une œuvre au-delà de la simple la fiction, qui soulève un véritable problème déontologique. Dès lors que le journalisme s’insinue dans la vie maritale d’un homme, ses problèmes de cœur ou de fesse, elle prend le chemin de la déviance, pour offrir à son lectorat des torchons abrutissants. Qu’un politique ait des soucis dans son couple m’est, pour ma part, égal, du moment que son programme soit à la hauteur des exigences du peuple et qu’il tienne ses engagements, coûte que coûte. 
Enfin, un mot sur le casting. Hugh Jackman excelle dans le rôle de Gary Hart et prouve, une fois encore, qu’il est un acteur de grand talent, capable d’interpréter une galerie de personnages aussi différents les uns que les autres, que ce soit dans Les Misérables, en incarnant un Jean Valjean plus que convaincant, dans Prisonners, où il y dévoile une authentique sensibilité sauvage ou dans The Greatest Showman, où surgissent ses aptitudes de chanteur et de danseur de haut niveau.
Vera Farmiga joue, quant à elle, une Lee Hart pleine de sobriété, tandis que Sara Paxton compose une Donna Rice très digne.

Une belle image pour symboliser la chute d’une campagne présidentielle, mais un plagiat sur Speed, non ?

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