LA GRANDE AVENTURE LEGO 2 : UN SPECTACLE META JOUISSIF

LE CAPITAINE CINEMAXX A VU – LA GRANDE AVENTURE LEGO 2 * SPOILERS *

Succès surprise du début d’année 2014, La Grande Aventure Lego a su, au travers un concept un peu casse-gueule sur le papier, séduire petits et grands en misant sur une galerie de personnages attachants et hauts-en-couleur ainsi que sur des vedettes que le grand public connaît bien, des figures majeures venant de franchises cultissimes telles que la Justice League, Star Wars ou Le Seigneur des Anneaux. Son aspect musical, enjoué et coloré, le thème de l’optimisme face au désespoir, à l’heure où les horizons sont sombres, sont d’autant d’éléments, qui ont contribué à l’avenir radieux de La Grande Aventure Lego.
Et la Warner Animation n’a, en effet, pas tardé à offrir à sa nouvelle poule aux œufs d’or une suite, intitulée « La Grande Aventure Lego : Seconde Partie » et réalisée, cette fois-ci, non par le duo Phil Lord et Chris Miller (seulement scénaristes), mais par Mike Mitchell (Shrek 4 et Bob L’Eponge 1&2). Une légère inquiétude, car les films d’animation de Mike Mitchell ne m’ont jamais réellement transporté, néanmoins, il se révèle ici astucieux, enthousiaste et déjanté.

La Grande Aventure Lego 2 : un film pour enfant, vraiment ?

Comme pour le premier opus, j’ai souvent du mal à me dire que La Grande Aventure Lego 2 soit un film exclusivement réservé aux enfants et parfois même aux adultes, puisque la production Lego demande d’avoir quelques notions cinématographiques et télévisuelles actuelles.

L’humour méta, très présent, et les nombreuses références, sont assez difficiles d’accès pour les spectateurs n’ayant aucune connaissance sur les histoires de licences et déboires de ces personnages (Green Lantern), les objets du cinéma et de la télé (La Delorean, Le Tardis…), les anciens films Batman et leurs interprètes (Val Kilmer, Georges Clooney, Christian Bale) ou encore la saga Die Hard, puisque Bruce Willis y reprend ici, le rôle emblématique de John McLane dans deux petites saynètes très amusantes. Notons aussi les blagues-références autour du personnage de Rex – défenseur de la galaxie/dresseur de raptors -, doublé par Chris Pratt en VO. Si on ne sait pas qui est Chris Pratt (Les Gardiens de la Galaxie/Jurassic World) on passe forcément au-dessus de toutes les références liées à sa filmographie.

Heureusement, le long-métrage d’animation ne se contente jamais de succéder des blagues méta sans intérêt ou sans servir un propos et c’est aussi la force de cette saga, ne pas tomber dans un humour outrancier à base de références inutiles.
Les enfants apprécieront les autres moments du film, nombreux, généreux dans sa structure scénaristique et sur le plan visuel, toujours fun et décalé.

L’absence de personnages phares du 7ème art se fait également ressentir.
Il ne me semble pas avoir vu de héros de la saga Star Wars, ni de l’univers Harry Potter, dans ce second volet, alors que C3P0, Han Solo ou Dumbledore étaient présents dans le premier opus. Un personnage nommé Gary Potter, cousin de Harry Potter, devait bien faire une apparition (à l’instar de Lary Poppins) mais, pour des questions d’ayants droit, ce caméo improbable n’a pas pu voir le jour. Dommage !
Mike Mitchelle, Phil Lord et Chris Miller auraient pu aller plus loin dans la folie méta, notamment avec un petit clin d’œil ou tacle à Marvel Studios – malgré tout l’amour que j’ai pour les productions estampillées Marvel -, cependant, on les aurait accusé de forcer les choses, d’en faire des casses, leurs choix sont alors compréhensibles et respectables, au vu de la qualité de leurs propositions durant la durée de La Grande Aventure Lego 2.

On appréciera, en outre, que la Warner n’ai pas forcé certaines apparitions comme celle d’Harley Quinn (anti-héroïne sur laquelle la Warner mise beaucoup pour les prochaines années), les super-vilains de la Suicide Squad, pour lesquels l’intérêt est moindre (et ils l’ont certainement bien compris, quoique…) ou celle de la Justice League, privilégiant toujours ses nouveaux héros : Lucy, Unkitty La Licorne ou encore Benny, même si les deux derniers ont des rôles peu importants dans cette nouvelle aventure Lego.

Pour plaire aux adultes, La Grande Aventure Lego mise aussi sur un ton assez dramatique avec, dès sa séquence d’exposition, une ambiance mad maxienne/post-apocalyptique affirmée, où l’optimisme a totalement disparu et, sa fin, plutôt violente pour un film d’animation, lorsque Rex dévoile sa véritable nature. Une violence atténuée, naturellement, par des comiques de situation (cf. la séquence où Emmett et Rex se battent à mains nues, sous le sèche-linge), qui viennent briser ce sentiment d’effroi que pourraient ressentir les enfants et leur gâcher un spectacle, par définition destinée, avant tout, à leur propre bonheur.
La Grande Aventure lego 2 se paie même le luxe d’avoir un scénario intelligent et surprenant. Les multiples rebondissements (les Duplo sont finalement de gentils petits Lego, Rex se révèle être le grand méchant du film…) sont inattendus et, pour ma part, je n’ai strictement rien vu venir, peut-être parce que je me suis trop laissé embarqué par le film et son incroyable space-opéra/comédie musicale, entraînante et jouissive.
Petit détail sur le scénario, l’alternance entre vie réelle et fictive ne fonctionne pas, comme elle peut fonctionner chez Toy Story (même si les humains sont des personnages animés en 3D, mais le principe reste le même). Ces scènes sont maladroites et mal-amenées malgré qu’elles se lient relativement bien à l’intrigue « Lego ». Je ne suis pas, non plus, persuadé de la nécessite d’intégrer des séquences de vie réelle, le film se suffit à lui-même et peux exister sans ces séquences-là.

La Grande Folie

Je l’évoquais brièvement au début de ma critique, La Grande Aventure Lego 2 est très pointilleux dans sa composition scénique, Mike Mitchelle a le sens du détail et utilise son décor avec une intelligence rare, développant au maximum ses idées, sans faire de concession. Parmi les deux meilleurs exemples :
– La ville de Brishburg avec ses nombreux cyborgs, bébés des égouts, ses bébés chats…
Ou
– La scène où Emmett présente sa nouvelle maison à Lucy, avec ses innombrables pièces insolites.

Because, I’m Batman !

La Grande Aventure Lego 2 ou Lego : Batman 2 ?

Si le scénario est d’une maîtrise quasi-totale, il est parfois un peu gênant sur deux aspects : la place de Batman dans La Grande Aventure Lego 2 et l’attitude d’Emmett.
En effet, et c’est aussi la sensation que j’avais eu durant le premier opus, c’est la trop grande place accordée au personnage de Batman, au point de brouiller la frontière : regarde-t-on un second opus de La Grande Aventure Lego ou une suite de Lego : Batman ?
Certes, Batman livre une quantité de blagues méta (le concernant) ou non, absolument hilarantes et la chanson qui lui est consacrée d’une drôlerie indéniable, toutefois, le vrai héros de cette histoire est Emmett et non Batman, malgré tout l’amour que j’ai et que nous avons tous pour le Dark Knight.
D’autant que la voix de Philippe Valmont est et restera à jamais la meilleure interprétation vocale du Chevalier Noir, avec ce timbre grave et cassé, unique en son genre. Un vrai régal donc, de le retrouver, une fois encore.

Enfin, si le personnage d’Emmett est sympathique et attachant, son attitude joviale est parfois très lourdingue, notamment dans les scènes un peu plus sérieuses.

Casting vocal

Souvent critiqué, le casting vocal de La Grande Aventure Lego 2 est toujours au top. Tal et Arnaud Ducret font un excellent travail sur les personnages de Lucy et d’Emmett, à la fois dans le registre comique et dans le registre dramatique. L’humoriste surprend même dans le registre du méchant, Rex, et s’affirme comme une véritable menace.
Pour le reste, Adrien Antoine (Henry Cavill – Superman), Pierre Tessier (Ryan Reynolds – Green Lantern), Philippe Valmont (Batman) ou Patrick Poivey (Bruce Willis – John McLane) sont des habitués, ce sont des comédiens de doublage aguerris et transcendent leurs personnages, qu’ils soient physiques ou fictifs.
De plus, malgré l’envergure icônique des personnages comme Superman ou Batman, les comédiens arrivent à les tourner en dérision avec finesse, sans sur-jouer et n’ôtant jamais le côté iconique des deux héros DC Comics.

En conclusion, La Grande Aventure Lego 2 est un poil en dessous du premier volet, mais reste néanmoins une suite d’excellente facture. La réalisation est précise, le scénario malin, l’humour maîtrisé et les personnages continuent d’évoluer, de façon noble et chevaleresque.
Les amitiés et les amours se consolident dans ce mélange de space-opéra/comédie musicale, tantôt mignon, tantôt burlesque, tantôt tragique et critique.

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