SANG-FROID : L’ULTIME VENGEANCE DE LIAM NESSON

LE CAPITAINE CINEMAXX A VU – SANG FROID * SPOILERS *

Après avoir sauvé sa fille dans Taken, son fils dans Nigth Run, lui-même et sa femme dans Taken 2 ou encore sa famille dans The Passengers, Liam Nesson, 66 bougies au compteur, revient dans un énième film d’action
« familiale », Sang Froid, pour venger la mort de son enfant, assassiné par un dealer de drogue nommé Viking.

Note : Sang Froid est le remake du film Refroidis, du même réalisateur, Hans Petter Moland, que je n’ai évidemment pas vu, par manque de temps.
On applaudit bien fort, à la fois l’originalité hollywoodienne, une fois n’est pas coutume, et la gestion de mon emploi, catastrophique, qui ne me permettra pas de faire de comparaison entre les deux œuvres. Toutefois, l’action ne se déroule ici, non pas en Norvège, mais à Kehoe, dans le Colorado. Et autant vous dire que ça change énormément de choses… ou pas.

Tromperie or not tromperie ?

Si le produit a été vendu comme un film d’action dans la droite lignée de ce que propose Liam Nesson ces dernières années au cinéma, il y a, néanmoins, tromperie sur la marchandise. En effet, Sang Froid est davantage une tragi-comédie, qu’un thriller coup de poing, le réalisateur ayant choisi, volontairement, de créer un décalage humoristique dans certaines de ses situations dramatiques, afin de les décomplexer et/ou rendre original un long-métrage d’action, genre très souvent calibré et embourbé dans un même schéma et unique scénaristique. Parfois, cela fonctionne, mais la plupart du temps, absolument pas, à tel point qu’on sort littéralement du film. D’autant que Sang-froid ne s’assume jamais comme une comédie d’action, comme le récent Hitman & Bodyguard, et nous laisse croire que le sérieux de l’histoire va reprendre le dessus, jusqu’à son dénouement final, pathétique.

Exemple * : Lorsque Nils et sa femme débarquent chez le légiste pour identifier le corps de leur fils, disposé sur une table de refroidissement, l’un des médecins actionne avec son pied un mécanisme pour mettre la table à hauteur d’homme, on entend alors un couinement à chaque cran. Une scène qui dure plusieurs secondes, un soi-disant effet comique qui n’a malheureusement que pour but de décrédibiliser une scène dramatique, là où un traitement plus sérieux aurait permis de mieux ressentir la douleur des parents.
Un humour mal-maîtrisé, notamment dans cette scène, importante, dans les choix futurs de Nils. S’investir émotionnellement dans l’intimité et le ressenti d’un personnage est essentiel pour comprendre les enjeux et ce qui anime des agissements si brutaux. Et l’aspect comique nous prive de ça.
Certains y voient un Liam Nesson en pleine auto-dérision sur un genre auquel il est attaché, j’y vois plutôt une tentative ratée. Car l’auto-dérision n’est jamais présente dans le comportement de Liam Nesson, sérieux et impitoyable. Certes, la forme comme le montage ont une apparence décalé, pour marquer cette différence, néanmoins, si l’acteur ne montre aucun signe allant dans le sens, soi-disant comique de la réalisation, le sentiment d’auto-dérision tombe à l’eau.

Une œuvre hybride donc, avec quelques qualités, malheureusement sous-exploitées ou totalement ignorées. Je pense notamment à la relation entre Nils et le fils de Trevor « Viking », laquelle méritait d’être davantage développée, tandis qu’elle aurait approfondi la douleur liée à l’absence de Kyle et combler un vide, en s’assurant d’un meilleur avenir pour cet « autre fils ».
Concernant l’environnement et le travail de Nils, les routes enneigées et ses pièges le réalisateur n’en tire presque jamais partie, alors qu’il y avait des possibilités énormes de mises en scène. Quant à l’utilisation des véhicules pour liquider les personnes responsables de la mort de son fils, elle manque d’imagination, de folie, tout ceci reste très conventionnel et peu subtil, dans la forme. Et quitte à faire du boucan, autant, comme dans la dernière séquence, y allait à fond, sans se limiter. Avec originalité, bien entendu.

Un vrai Viking ?

Pour terminer, un petit mot sur le personnage de Viking, incarné par Tom Bateman.
Le caractère surjoué en devient insupportable et décrédibilise toutes ses actions, au point d’être une menace invisible, domptable et exécutable, sans le moindre effort (ce qui est le cas). Mais il s’agit, là aussi, de poursuivre dans cette volonté d’offrir un film tragi-comique avec ces méchants caricaturaux, à la gestuelle pompeuses et aux discours grandiloquant, censés donner du charme à l’ensemble. Permettez-moi d’en douter.

Le film manque également d’une conclusion. Où est passée la femme de Nils ? Qu’adviendra-t-il du fils de Viking ? Et de Nils, la fusillade ayant eu lieu devant son garage ? Que conclura la police sur cette affaire ? Autant de questions laissées sans réponse. De la feignantise ? Sûrement. En tout cas, cela prouve que l’écriture n’aura jamais été le point fort de Sang Froid, du début jusqu’à la fin.

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