LET’S DANCE : SUR UN HIP-HOP, RAYANE BENSETTI ET LADISLAS CHOLLAT

Vous avez sans doute remarqué mon absence la semaine passée. J’étais invité au Festival International Séries Mania et avec les multiples projections des prochaines productions télévisuelles auxquelles j’ai dû assister, impossible de trouver le temps pour aller dans une salle de cinéma voir un film. Mais je suis de retour et je vous propose cette semaine une critique rapide de Let’s Dance avec Rayane Bensetti et Alexis Giordano.

Cela faisait un petit moment que je n’avais pas vu de films de danse, français qui plus est, un genre que j’apprécie, davantage pour les chorégraphies, que pour leurs scénarios, dont les schémas scénaristiques se suivent et se ressemblent.
Et malheureusement, Let’s Dance n’échappe pas à cette triste règle.

Écrit et réalisé par un des prodiges du théâtre français, Ladislas Chollat, Let’s Dance souffre des mêmes défauts qu’une production de danse américaine, en s’appropriant ses codes, sans pour autant les transcender et rendre une œuvre moins superficielle. On y retrouve alors les mêmes clichés : les difficultés au sein d’un crew, les dissidences, les remises en question, les problèmes amoureux dont un amour impossible, deux mondes, deux visions de la danse qui s’opposent, etc., etc. C’est enfantin, gentillet, plein de bon sentiment, mais trop niais pour être convaincant.
La seule présence de Rayane Bensetti aurait dû suffire à nous convaincre que Let’s Dance était un film pour les jeunes filles accros aux tablettes de chocolat et la coupe parfaite de l’acteur et, clairement pas pour les fans de danse, lesquels doivent réellement se gondoler en voyant l’ex-participant de Danse avec les Stars tenter d’enchaîner les pas de Hip-Hop. Bien-sûr, ce dernier parvient à placer quelques figures acrobatiques (est-ce vraiment lui d’ailleurs ?) assez impressionnantes néanmoins, son style s’arrête là. Dès qu’il s’agit d’enchaîner des mouvements au sol, on peut observer la caméra bougeait de façon à combler ses lacunes et celles des autres acteurs d’ailleurs, évincer leurs faux pas, leurs erreurs, quitte, carrément, à filmer en gros plan ou en cachant des comédiens derrière d’autres comédiens.
Rayane, par exemple, est pratiquement absent de la première battle, caché, au dernier rang.

« Le doute a toujours été mon pire ennemi… »
Par pitié faites-le taire. Rayane tu es pas crédible pour un sou.

Parfois, Ladislat Chollat parvient à éviter les pièges classiques du genre, notamment sur deux aspects.
Premièrement, sa façon de filmer les figures acrobatiques avec une caméra, laquelle suit le mouvement et le corps, notamment lors des salto impressionnants de Rayane Bensetti.
Cependant, il y a des limites à sa mise en scène et à sa réalisation.
Au-delà du fait que les chorégraphies sont très en dessous de celles proposées par les films de danse américains, un manque d’ambition artistique certain, Ladislas Chollat utilise très mal l’espace scénique et, pour un homme venant du théâtre, ça craint un chouia du boudin. Ses images sont souvent restreintes, jamais épurées, filmées en plan serrées, ce qui rejoint ce que je disais aussi à l’instant sur le cache-misère des acteurs.

Deuxièmement, son dénouement final. Si Let’s Dance manque d’une véritable conclusion, le fait que les deux danseurs, Joseph et Chloé, amoureux l’un de l’autre, participent à leurs auditions/concours, chacun de leur côté, sans interrompre leurs ambitions personnelles est une prise de risque qu’il faut saluer, là où les Américains auraient conclu la battle final de manière traditionnelle avec un des héros, souvent la femme, renonçant à ses choix de carrière pour rejoindre son grand amour et s’abandonner corps et âme à ses désirs.
Enfin, quand Yuri apparaît dans le jury, on s’attendait au cliché habituel du revanchard venu mettre des bâtons dans les roues du crew et créer un faux suspens sur leur victoire, pourtant inévitable.

Dernier point fort du film, la présence de Guillaume de Tonquedec. Le comédien apporte une dramaturgie intense à l’intrigue ainsi qu’une petite touche de comédie pas déplaisante, rafraîchissante jusqu’à livrer des séquences vraiment hilarantes.

Si Let’s Dance ne révolutionnera pas le genre, le film de Ladislas Chollat n’en reste pas moins un petit divertissement sympathique, avec quelques idées brillantes de mises en scène et des options scénaristiques intéressantes. Toutefois, Let’s Dance ne parvient jamais à dépasser les clichés du film de danse, oublie de proposer un show de qualité, au rythme percutant et saccadé, se limitant à une succession de dialogues ennuyeux et de problématiques qui le sont tout autant.

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