SHAZAM! : HURLER LA MÉDIOCRITÉ !

LE CAPITAINE CINEMAXX A VU : SHAZAM! – * SPOILERS *

Parmi les innombrables projets du DCEU et hors-DCEU lancés comme une pierre dans la marre, Shazam! s’est rapidement présenté comme un sérieux candidat. Et à défaut de mettre en développement un Man of Steel 2 très coûteux, les dirigeants de la Warner Bros. ont pris la décision de produire son exact opposé, une version humoristique de Superman, moins onéreuse, avec l’espoir d’un nouveau départ, une renaissance, déjà amorcée avec les succès de Wonder Woman et Aquaman au box-office.
Malheureusement, ce Shazam! se révèle être à l’image de sa bande-annonce, une succession de vannes soi-disant hilarantes, qui outrepasse avec arrogance les ingrédients pourtant essentiels du film de ce super-héros à savoir, notamment, des enjeux dramatiques haletants.

La médiocratie Hollywoodienne dans toute sa splendeur

J’entends déjà les puristes me cracher dessus en m’affirmant que l’humour fait partie intégrante du personnage de Shazam et que le film est fidèle à sa création papier, comme ses aventures héroïques.
Toutefois, un film de super-héros ne doit pas uniquement exister par sa mythologie littéraire, une adaptation cinématographique peut transcender un comics, au même titre qu’une œuvre théâtrale, Edmond, d’Alexis Michalick, en est la preuve vivante.
Personnellement, je me moque royalement qu’un long-métrage soit fidèle ou non à l’esprit de ses créateurs – cela n’aurait, de toute façon, pas été la première fois que DC propose des versions alternatives et plus noires de ces personnages -, seuls trois critères devraient être respectés à la lettre, lorsqu’on scénarise un récit initiatique :
– L’évolution du héros au cours de son origin-story (et ses suites).
– Une menace mettant en contradiction les valeurs du héros, jusqu’à le faire douter de ses propres convictions morales.
– Le traitement psychologique du Némesis. Sans un développement approfondi de ses motivations et objectifs, il ne reste qu’un vilain nageant parmi tant d’autres. Et Hollywood à tendance à délaisser cet aspect au profit de super-vilains lisses et sans saveur. Si Dark Vador, Freddy, Michael Myers, Le Joker ou Thanos sont considérés comme les meilleurs antagonistes du 7ème art, c’est que les scénaristes ont compris qu’il fallait explorer, fouiller de manière intimiste le background d’un méchant, afin qu’il traverse les épreuves du temps.

Et Shazam! ne respecte aucun de ses critères, pire, il évince tout cela, en rythmant avec une cadence effrénée son action par des séquences humoristiques bienveillantes, mais ennuyantes.
L’humour n’a jamais empêché un film de super-héros de fonctionner, les illustrations sont légions chez la concurrence. Les Spider-Man de Sam Raimi sont des exemples parfaits d’une maîtrise incroyable entre enjeux dramatiques poignants et humour maladroit et enfantin, tandis qu’ils prennent soin de faire évoluer leur héros, au travers des méchants dont les desseins à la fois cupides ou mégalomanes, mettent à mal la vie et les convictions de ce dernier, sans pourtant tomber dans la caricature du bad-guy voulant dominer le monde.
En cela, Shazam! est un schéma à ne surtout pas suivre…

J’ai le même brushing impeccable que Superman, je peux avoir une bière gratis ?

Pourtant, la première partie du film fonctionnait plutôt bien, alternant origin-story et scènes humoristiques, s’amusant à briser les codes d’un Superman trop parfait, éloigné du peuple, survolant Métropolis comme un Dieu hors d’atteinte à une sobre poignée de main. Et lorsque Zachary Levy intervient, peu à peu, le film plonge dans une médiocrité affligeante et dans des facilités déconcertantes. L’acteur énerve par ses multiples caprices juvéniles et puérils, ses fuites incessantes et son côté populaire, proche des gens, qui est censé donner un côté plus humain à un super-héros, transparent à l’écran.
Que ce soit Billy Baston ou Shazam, aucun des deux n’évoluent réellement durant 1H49, malgré des tentatives désespérées (l’adoption, l’alliance entre Freddy et Billy/Shazam, le courage du héros prenant enfin ses responsabilités, etc.). Tout sonne faux tant l’humour est omniprésent. Agaçant !

Quant à Mark Strong, il livre une interprétation convaincante du Docteur Sivana, arrive parfois à être terrifiant cependant, là encore, le fossé profond entre l’humour et le sérieux, décrédibilise les propos et les actions/actes de cet antagoniste, représentatif de l’état de notre société actuelle.
D’ailleurs, l’idée des 7 péchés capitaux était assez brillante, l’intérêt propice à une critique du monde moderne et ses dérives, néanmoins, l’apparition des créatures les symbolisant tout au long du film, n’a eu strictement aucun impact sur l’intrigue, jusqu’à être tournée en dérision, alors que les scénaristes avaient les clefs en main pour nous questionner, nous interroger sur le sens de la vie et notre égoïsme.
Enfin, les motivations du Docteur Sivana ressemblent davantage à ceux d’un gamin capricieux, qu’à un enfant ayant vraiment souffert. Choisir la voie du mal semble ici une facilité d’écriture. Pourquoi se creuser la tête pour un public qui répondra, immanquablement, présent, par leur crédulité ?

Vous trouvez ça joli ? Ok, admettons !

Ambition artistique, où es-tu ?

Il n’y pas que scénaristiquement que Shazam! est une déception, sur le plan de la réalisation et la mise en scène, la production DC Comics est d’une platitude légendaire, que même Spider-Man : Homecoming ne parvient pas à atteindre.
Mais Spider-Man : Homecoming, lui, assumait pleinement son côté feel-good à l’image. En effet, le film de Jon Watts était coloré, vivant, tandis que Shazam! a encore cet aspect grisonnant et froid d’un Man of Steel ou d’un Wonder Woman. On retombe alors dans une photographie très Snyderienne, dont je pensais la Warner débarrassé depuis Aquaman.
Il y a donc ce décalage dérangeant entre une atmosphère grisâtre, laquelle scied parfaitement à des films sombres comme Justice League, mais, totalement inadéquate lorsqu’on réalise une comédie super-héroïque, telle que Shazam!.

Et si on continue dans la comparaison entre Homecoming et Shazam!, les deux films ont un dernier tiers absolument désastreux. Les affrontements finaux entre héros et vilains sont de plus en plus délaissés et ces deux long-métrages le démontrent divinement.
Pas d’ambition dans la mise en scène, pas de recherches dans l’esthétique ou les petites trouvailles chorégraphiques pour les rendre uniques, Homecoming et Shazam! ne prenant même pas la peine d’y ajouter un peu de suspens quant à l’issu du combat.
Au sujet des « Power Rangers », je ne ferais aucun commentaire tant les duels entre eux et les 7 monstres capitaux est d’un ennui mortel, au-delà d’un manque de rigueur dans la composition scénique.
En ce qui concerne leurs versions adultes, très gêné par les caricatures affichées fièrement par le réalisateur David F. Sandberg. Pourquoi le jeune garçon en surpoids devient-il le modèle délicieux d’un fantasme erroné ? N’aurait-il pas été plus malin, pour un film grand public, d’assumer un modèle moins raffiné, de donner une image plus décomplexée et positive, afin que la jeunesse puisse s’identifier à des héros, lesquels se feraient alors leur porte-voix ?
Les muscles ou une belle poitrine ne feront pas de vous des héros, c’est le message que Shazam! aurait dû transmettre !

La conclusion du Capitaine Cinemaxx

Les films de super-héros se suivent et, pour la plupart, se ressemblent, malgré une volonté certaine de proposer des protagonistes différents aux spectateurs, toujours dans l’espoir de renouveler, continuellement, un univers toujours plus exigeant.
Néanmoins, Shazam!, s’il ose, ne va jamais plus loin que la petite comédie bas de gamme, en dépit des bonnes intentions de Zachary Levy, jovial, mais effacé par sa propre fantaisie.





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