ALEX, LE DESTIN D’UN ROI : 7 QUESTION À JOE CORNISH, LE RÉALISATEUR DU FILM

Après Attack the Block, le scénariste et réalisateur britannique Joe Cornish revient avec Alex, le Destin d’un Roi (sorti il y a quelques jours au cinéma). Un long-métrage dans lequel un jeune garçon de 12 ans, Alex, voit sa vie bouleversée lorsqu’il découvre Excalibur, l’épée magique légendaire du Roi Arthur. À l’aide de Merlin et de ses amis, ce dernier va tenter de vaincre la maléfique Morgana, venue du Moyen-Age, pour détruire le monde.

Il aura fallu attendre 9 ans depuis Attack The Block pour que vous sortiez votre nouveau film, pourquoi une si longue attente ?
Ce fût des années très chargées ! Après Attack the Block, j’ai écrit Ant-Man avec Edgar Wright, ce qui nous a pris jusqu’à 2014. Pendant ce temps là, j’ai aussi scénarisé et développé quelques films de studio qui n’ont pas réussi à aller jusqu’à la phase de production. Puis, j’ai commencé à écrire Alex, le Destin d’un Roi en 2015, et nous avons fini la réalisation vers la fin de 2018. Le temps passe vite quand on s’amuse !

Qu’est-ce qui vous a amené à vouloir faire votre propre relecture des légendes arthuriennes ? Une envie particulière ?
J’ai eu l’idée de faire ce film quand j’avais environ 12 ans. J’ai vu Excalibur de John Boorman et E.T de Spielberg la même année et j’ai eu cette idée de faire un film fantaisie qui combinerait les deux : l’histoire d’un enfant de banlieue tout à fait normal qui trouverait l’épée dans la roche.
Je ne suis pas un expert dans la mythologie du Roi Arthur, mais tout le monde connaît l’idée générale. De Mallory à Monty Python, cette mythologie est restée en vie pendant des siècles. Et je me suis rendu compte qu’il y avait beaucoup de parallèles intéressants à trouver entre le mythe et la modernité.

« La génération à venir porte le fardeau des erreurs des générations précédentes »

Avoir placé votre film dans le contexte du XXIème siècle était assez malin, puisque cela permet de faire un parallèle avec notre société actuelle. D’ailleurs, à plusieurs reprises, les personnages parlent d’un monde corrompu, individualiste, égoïste. C’était important pour vous d’aborder ces thèmes dans le film et de transmettre un message d’espoir au travers le code de la chevalerie ?
Oui! C’était très amusant et dramatiquement drôle d’essayer de transformer des enfants modernes en chevaliers médiévaux. Demander à un enfant de banlieue de faire de l’équitation, à une adolescente obsédée par son smartphone de manier une épée ou à une petite-frappe d’obéir au code de la chevalerie était quelque chose de très marrant à faire. Ensuite, la mise en place de la légende du Roi Arthur – un pays divisé qui a désespérément besoin d’être guidé et unifié – sied bizarrement bien au contexte moderne actuel. Je pense que les jeunes personnes sont tout à fait conscientes de l’état du monde et ont une vision claire de ce qui doit changer, mais ils se sentent souvent impuissants pour appliquer ces changements.

Et puis, il y a ces jeunes héros, symbole de notre futur. La prochaine génération, c’est elle qui doit nous guider selon vous ?
Absolument! La génération à venir porte le fardeau des erreurs des générations précédentes. Le monde a toujours besoin d’un changement de trajectoire à un moment, et le seul moyen d’y arriver est de donner du pouvoir à ces jeunes gens porteurs de nouvelles idées.

Les scènes en extérieur sont absolument magnifiques, notamment celles où les héros se dirigent vers Tintagele. Elles ont toutes étaient tournés en extérieur ? Si oui, quelles ont été les difficultés rencontrées lors du tournage de ses scènes ?

Nous avons tourné dans beaucoup d’endroits autour de Cornwall et tout s’est admirablement bien passé. Le plus grand défi résidait surtout dans la météo et ses aléas, mais nous avons été très chanceux. Il a plu quand nous avions besoin de pluie, et le soleil se montrait aux moments où nous avions besoin de lui.

Mon directeur de la photographie, le génialissime Bill Pope, n’était jamais allé à Cornwall avant et il a adoré les paysages et l’histoire derrière ce lieu. Je pense que son amour pour le paysage se ressent dans sa photographie.

« Je suis juste devenu un de ces jeunes enfants et j’ai imaginé ce que je ferais »

. La bataille finale est très astucieuse dans sa composition. En quelques mots, comment l’avez-vous pensé ?
Je pense que j’aime les sièges dans les grands immeubles! Attack the Block tournait autour de l’attaque d’un immeuble et le film se terminait avec l’attaque d’un grand bâtiment scolaire en verre. J’aime l’aspect de « réalisation de vœu » derrière cette idée – un enfant peut fantasmer sur la façon dont il ou elle pourrait repousser une attaque de chevaliers morts-vivants dans son école, quel équipement il pourrait avoir et comment il pourrait utiliser l’architecture à son avantage.
Afin d’écrire ça, je suis juste devenu un de ces jeunes enfants et j’ai imaginé ce que je ferais.

Dans le film, Merlin a besoin d’ingrédients très spécifiques et assez répugnants (rire). C’était aussi une critique envers la mal-bouffe et la sur-consommation, j’imagine ?
Londres est remplie de petites boutiques de poulets pas très ragoutants et les enfants en mangent tout le temps. C’est souvent pas cher et pratique mais en quelque sorte dégoutant. Beaucoup d’enfants deviennent de plus en plus conscient vis-à-vis de ce qu’ils mangent et d’où cela provient, donc j’ai pensé que cela serait une blague, un clin d’œil qu’ils apprécieraient.

Quel est votre film préféré sur les légendes arthuriennes, et pourquoi ?

Je dirais Excalibur de John Boorman. C’est un film qui se déroule dans un passé si lointain que cela pourrait être de la science-fiction. Les paysages en Irlande sont époustouflants. La lumière est magnifique, l’utilisation des lumières vertes en extérieur est une façon brillante de donner un air magique aux environnement naturels. La musique est fantastique (Wagner et Carmina Burana). Les costumes sont extraordinaires, on peut vraiment ressentir le poids et l’encombrement de l’armure. La performance de Nicol Williamson en tant que Merlin est la meilleure que j’ai pu voir à l’écran selon moi. Et les scènes de sexe ou gores sont aussi très puissantes, surtout lorsque l’on a 12 ans !

Ma critique d’Alex, le destin d’un Roi est à retrouver ici.

Merci à Laura Richardson pour l’opportunité et au réalisateur Joe Cornish, pour son temps et sa gentillesse.

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