X-MEN – DARK PHOENIX : L’ADIEU DES MUTANTS

LE CAPITAINE CINEMAXX A VU X-MEN : DARK PHOENIX – * SPOILERS *

Dernière production mutante sous l’ère Fox, avant un retour chez la maison mère des Studios Marvel, X-Men : Dark Phoenix avait un double objectif : exploiter l’arc narratif du Phoenix Noir – œuvre culte signée par un Chris Claremont au sommet -, très apprécié des fans et conclure la saga X-Men de manière satisfaisante et épique, notamment après le naufrage Apocalypse.
À la réalisation et au scénario, on retrouve Simon Kinberg, producteur de nombreux films liés à l’univers des X-Men, lequel passe donc pour cet ultime volet, derrière la caméra. Une réussite ? Réponse !

Dark Phoenix : pas la réssurection attendue

Premier constas, l’intrigue d’X-Men : Dark Phoenix se déroule à vitesse grand V. Il y a en effet ici, le goût amer d’un film qu’il faut rapidement conclure, afin de tourner la page et céder sa place à Marvel Studios.
Simon Kinberg ne prend le temps de rien, comme s’il se moquait totalement de son œuvre et de son impact critique et financier. Les origines du Phoenix sont bâclées et expédiées dans une séquence à la mise en scène déjà-vue un million de fois au cinéma, le background autour des métamorphes est quasi-inexistants et le personnage de Vuk, incarné par Jessica Chastain, est sous-exploité (de ce fait, comment ressentir une once d’empathie pour un peuple dont on ne sait strictement rien ?), la souffrance de Jean Grey est traitée avec une banalité affligeante – tout comme sa confrontation avec les autres X-Men – et même si la télépathe est au centre de l’intrigue, Cyclope, Tornade, Diablo, Le Fauve et Magneto sont totalement absents du film. Ne parlons pas de Quicksilver, chimérique. Simon Kinberg supprime toute.s histoire.s personnelle.s et se contente du strict minimum. On évoque les relations Cyclope/Jean Grey, Le Fauve/Mystique, sans aller en profondeur, de même que pour la relation naissante entre Jean Grey et Vuk, sur laquelle je vais revenir dans quelques instants.
Tout ceci donne une sensation de détachement total et on peine alors à s’investir émotionnellement dans l’avenir des personnages, dans les enjeux du film.

L’absence d’enjeux, on le ressent, par ailleurs, tout au long du film. Oui, Jean Grey est puissante cependant, à aucun moment, je n’ai eu la sensation que le monde était en danger. Apocalypse avait énormement de défauts mais, on ne pouvait pas lui reprocher son ambiance de fin du monde, pensante.
L’être le plus puissant de l’univers devient alors une gigantesque farce, dans laquelle les personnages gravitent avec nonchalance, naviguant d’un point A à un point B, qu’on nommera le point Jean Grey, qui vont au-delà des facilités scénaristiques mais qui relèvent ici, de la chance de cocu.

Pour en revenir à Vuk, elle a malheureusement toutes les caractéristiques du méchant lisse, sans charisme. Sa froideur se veut énigmatique et son physique pâle dangereux, en réalité, Vuk n’a aucune contenance, ne dégage que du vide. De plus, l’aspect psychologique du film est d’un classisme légendaire et les manipulations auxquelles elle s’adonne envers Jean Grey sont rythmées par des dialogues poussiéreux et ennuyeux.

Concernant la structure narrative globale du récit, elle est donc ce qu’il y a de plus ordinaire. Et quand on sait que le scénario a été réécrit en permanence pendant le tournage, pas étonnant de voir un résultat si catastrophique.
Après X-Men : L’Affrontement Final (scénarisé par Simon Kinberg himself, qui aura donc foiré deux Phoenix), des spin-offs sans saveur (hormis Deadpool), un semi-reboot plus ou moins bien géré et un volet Apocalypse franchement décevant, Dark Phoenix n’aura pas été la renaissance tant attendue pour les X-Men, dont la conclusion ne laissera pas une trace indélébile dans l’histoire cinématographique mutante.

Mon visage craquèle, je suis très très vilaine !

Simon Kinberg : la débâcle

Côté réalisation, on sent bien que Simon Kinberg n’a jamais tenu une caméra de sa vie. S’il a bien quelques bonnes idées de mises en scène ici et là, elles sont beaucoup trop rares pour créer, ne serait-ce, qu’une tension dramatique crédible et une force dramaturgique poignante.
La première confrontation entre Jean Grey et les X-Men, au sein d’une ruelle, est torchée avec un je-m’en-foutisme extraordinaire, laquelle s’achève d’ailleurs avec la mort de Mystique et, on comprend désormais pourquoi côté maquillage, il n’y a eu zéro effort. Pourquoi s’embêter à soigner un maquillage pour un personnage qui ne sera visible que 30 minutes à l’écran, je vous le demande ? Mort inattendue certes, néanmoins, d’un point de vue émotionnel, elle est strictement sans intérêt. D’autant plus que la relation entre Mystique et Le Fauve n’aura réellement jamais été développée, créant un fossé émotionnel entre le spectateur et ce qu’il se passe à l’écran. Et puis, quelqu’un a t-il vraiment envie de pleurer pour une X-Men qui n’aura fait l’unanimité (sous l’ère Lawrence) que dans les films pornographiques, catégorie cosplay, de chez PornHub.

La seconde confrontation en plein coeur de la ville n’a également aucune ampleur artistique et dramatique. C’est fade, laid, à l’image de son acte final (cf. scène du train), où les plans brouillons se succèdent – une illisibilité à faire tourner de l’oeil au plus myope d’entre nous -, et aux scènes vues et revues au sein de la franchise X-Men (cf. Magneto et les armes à feu).
C’est d’ailleurs un des autres problèmes, le prosaïsme avec lequel Simon Kinberg exploite le pouvoir des mutants. Cyclope lance des rayons lasers, Tornade des éclairs (et un peu de givre, parce que faut pas déconner !), Diablo se téléporte et Quickisilver court vite. Il n’y a aucune ambition de combiner les pouvoirs afin d’élaborer des combos visuels épiques ou tenter, individuellement, de proposer quelque chose d’innovant. On saluera tout de même la tentative d’offrir à Diablo un scène chorégraphique originale, mais on regrettera que Tornade n’ait pas cette chance. Je pense sincèrement qu’il y avait autre chose à offrir à ce personnage, qu’une ribambelle d’éclairs lançés ça et là au beau milieu du cadre. Une preuve de plus, s’il en est, que Kinberg n’a nul dessein pour ces héros, nulle impulsion pour insuffler à son Dark Phoenix des purs moments héroïques.

Enfin, si on reproche à George Lucas sa mauvaise direction d’acteur sur la saga Star Wars, Simon Kinberg fait pire. Que ce soit Tye Sheridan, Sophie Turner, Alexandra Shipp, Jennifer Lawrence (peut-être la plus mauvaise interprétation du film) et même James McAvoy, pas un seul des acteurs ne se sent à sa place, on les sent littéralement mal à l’aise. Dans leur regard, on peut lire un certain désespoir, d’où cette impression d’absence que j’évoquais plus haut et qui n’était pas que scénaristique.
Les compositions scéniques de l’image sont d’une feignantise absolue et Simon Kinberg semble placer ses héros à l’a peu près. On a de la chance, les X-Men sont dans le cadre. Parfois.
Michael Fassbender tire son épingle du jeu, bien entendu, malgré une exploitation du personnage qui laisse à désirer.

La conclusion du Capitaine Cinemaxx

Pas désagréable, divertissant même, ce X-Men : Dark Phoenix restera malgré tout très anecdotique. Simon Kinberg ne donne jamais d’envergure à son Phoenix, de profondeur à la souffrance de Jean Grey et, à celle des métamorphes, ayant perdu leur monde. Là où Man of Steel prenait le temps de d’expliquer la colère du Général Zod et son désir de former une nouvelle Krypton.
Les autres mutants vagabondent au sein d’un film qu’ils ne comprennent guère et aux enjeux parfois inexistants, qu’ils soient émotionnels ou physiques.

Enfin, une pensée pour Iceberg, Colossus, Psylocke ou encore Angel, que cette nouvelle franchise (depuis le Commencement) n’aura jamais mis en avant, pourtant des pilliers dans les comics X-Men. On ne vous oublie pas !

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