MEN IN BLACK – INTERNATIONAL : UNE FRANCHISE DANS L’IMPASSE

LE CAPITAINE CINEMAXX A VU – MEN IN BLACK : INTERNATIONAL * SPOILERS *

Le premier opus sortit en 1997 était un petit bijou d’écriture humoristique et le duo entre Will Smith/Tommy Lee Jones détonnant. Et si les épisodes II et III étaient plus poussifs, moins recherchés, ils n’en restaient pas moins des divertissants efficaces, que je chérirai et défendrai corps et âme.
Tout aurait pu s’arrêter là, Men In Black 3 concluait parfaitement une trilogie culte néanmoins, vous connaissez Hollywood, créer de nouvelle franchise, ce n’est pas vraiment leur truc en revanche, le recyclage oui ! Voici donc avec Men In Black : International, nouvelle création originale des studios hollywoodiens, un semi-sequel/reboot aux idées innovantes : une héroïne dans la peau des Men in Black (il y a d’ailleurs une blague très subtile à ce sujet) et un caractère international, où le duo parcourra donc la planète pour sauver la Terre, de la vermine de l’univers. Parce que New-York, c’est bien joli, mais Le Royaume-Uni, l’Italie et le Maroc, c’est encore mieux ! N’est-ce pas Monsieur Bond ? Hein, quoi ?

L’incompétent, l’ingénieuse et le traître

Ce nouvel opus des Men In Black commence avec un postulat de départ des plus intéressants et rarement vu au cinéma depuis plus de trente ans : « Il y a une taupe chez les Men In Black » (la CIA, le FBI, le MI-5…). Et si on ne s’attendait pas à un thriller d’espionnage de haute volée pour un film de ce genre-là, arrêter de prendre les spectateurs pour des pruneaux Leader Price aurait été assez délicat de la part des scénaristes. En effet, il ne faudra pas plus de 15 minutes pour comprendre qui est la taupe au sein du MIB de Londres, la faute à une galerie de personnages restreinte (et une intrigue mal ficelée, où le jeu de piste suit un parcours sans rebondissements conséquents). Avec 4 protagonistes principaux à l’écran, difficile de se tromper : deux héros, interprétés par Chris Hemsworth et Tessa Thompson (impossible donc, vous l’aurez compris, qu’un des deux soit le méchant de l’histoire), l’Agent C, cliché de l’homme jaloux de son collègue populaire, beau et ayant sauvé le monde, qui cherche alors désespérément à évincer son partenaire (c’est lui la taupe c’est sûr !) et le boss des Men In Black, irréprochable et bien trop propre sur lui pour être honnête. Attention, coup de génie, Liam Nesson est la taupe. Cependant, il a une bonne excuse : ce dernier a été manipulé par un extra-terrestre, lequel a pris son apparence. Malin, non ? Non !
Cela dit, vous auriez été plus intelligent (la violence !), vous l’auriez deviné avant de voir le film. Comment ? Parce que le méchant d’un film est pratiquement toujours sur l’affiche promotionnelle du métrage en question ! Pourquoi croyez-vous que Liam Nesson est en arrière-plan ? Parce que c’est une tête d’affiche ? Non, car il est vilain !

Démarche de beau gosse, costard de beau gosse, regard vers l’horizon de beau gosse, bref, je suis un beau gosse.

Men in Black : International, c’est le cliché permanent, symptomatique des productions cinématographiques du XXIème siècle, là où les premiers MIB assumaient ses stéréotypes, pour mieux les tourner en auto-dérision. Au-delà d’un scénario des plus banals, les personnages ne sont pas en reste, comme j’ai pu l’évoquer un peu plus haut avec l’Agent C.
La fille est très très intelligente, se révèle plus ingénieuse que le héros incompétent, arrogant et irréfléchi, caricature du type pour lequel on se demande comment il a réussi une carrière si brillante. Et ce fossé me pose souci. Mettre une héroïne en avant, aucun problème, mais pourquoi faut-il, dans 80% des cas, que l’homme qui l’accompagne soit un idiot fini ? On sait bien que les femmes peuvent être ingénieuses, compétentes, intelligentes, mais nous rabaisser à une simple caricature pour les mettre en avant, à une plastique, à une belle gueule, je trouve ça stupide. Une forme d’égalité dans le duo aurait été la bienvenue, comme ce fût le cas entre Smith et Lee Jones – même s’il s’agissait de deux hommes – mais qui mêlaient habilement l’incompétence d’un agent débutant qui, toutefois, se révélait futé, et l’expérience de l’ancien. Entre autre chose…

. Le cas Chris Hemsworth

Il devient pénible de voir Chris Hemsworth se faire ridiculiser de productions en productions. Ghostbusters, Thor : Ragnarok, Avengers : Endgame, Men In Black : International l’acteur enchaîne, depuis quelques années, les rôles comiques (imposés ou non), pour lequel il n’est absolument pas doué. Faire rire est un métier et Chris Hemsworth ne dégage rien de comique. Il est dans le cliché perpétuel du beau gosse stupide et si tout cela est la faute de scénaristes peu inspirés, l’acteur à sa part de responsabilité dans les rôles qu’il choisit.
Et à force de jouer sur le même registre, le comédien va vite se retrouver enfermé dans un carcan dont il sera difficile de sortir. Pourtant, il surprend dans Sale Temps à El Royale, malgré qu’on mette davantage en avant sa plastique que son jeu. Hemsworth n’est pas dépourvu de talent, loin de là, mais ce n’est décidément pas ses dernières apparitions au cinéma qui le feront évoluer en tant qu’acteur.  Mais après tout, peut-être que cette condition lui convient très bien. Qui suis-je pour juger les choix de carrière, finalement ?

Une arnaque nommée F. Gary Gray

Côté réalisation, l’univers n’aura jamais eu une œuvre aussi laide et aussi peu imaginative. Pour illustrer mon propos, une scène résumera parfaitement ma pensée.
Lorsque l’agent H et l’agent M sont en pleine rue et font face aux danseurs de Madonna (qui, par ailleurs, ont le charisme d’une moule hivernale en pleine constipation), la mise en scène est ahurissante de flemmardise. La caméra ne bouge pas, elle fixe simplement les deux Men in Black entrain de tirer puis les ennemis en train d’éviter les balles et explosions dans un mouvement d’aller-retour ennuyeux. À aucun moment, Gary Gray tente d’innover, il pose bêtement ses caméras des deux côtés et attend que les deux camps termine de s’entre-tuer. Cela donne lieu à une scène d’action fadasse, où tout sonne faux. Les acteurs n’y croient même pas – on peut le lire sur leurs expressions faciales – et ont les voit faire semblant de tirer, sans essayer d’offrir un tant soit peu d’envie et de profondeur à leurs actions. Même dans le semblant, on doit pouvoir percevoir sur le visage des acteurs la difficulté des actions, l’acharnement avec lequel il tente de détruire leurs ennemis, le doute qui, peu à peu, s’installe lorsque le combat semble perdu d’avance. Ni Chris Hemsworth, ni Tessa Thompson ne laisse transparaître une expression, ne serait-ce minime, pour nous convaincre qu’il s’agit d’une action réelle et non fictive.

Piou, piou, piou !

On passera sur les CGI ratés (cf. la séquence en moto) et le dernier acte, totalement bâclé, où l’imagination des scénaristes semble s’être arrêtée à cette histoire de portail inter-dimensionnel situé en haut de la Tour Eiffel, une idée qui, pour le coup, était plutôt singulière.

La conclusion du Capitaine Cinemaxx

La saison estivale des blockbusters se poursuit et avec elle, un sentiment de lassitude. Godzilla : Roi des Monstres, X-Men : Dark Phoenix, MIB : International, toutes ses productions se suivent et se ressemblent dans la médiocrité. Difficile également d’être satisfait après un John Wick : Parabellum intense, violent, sanglant, aux chorégraphies millimétrées et à l’esthétique visuelle prononcée, où les acteurs sont réellement impliqués dans leurs séquences respectives.
Men in Black : International est une déception, la suite de trop, le reboot de trop, lequel n’apporte aucun sang neuf à la saga originelle, aucune idée novatrice pour faire évoluer une franchise dans l’impasse, un film malaisant donc, où les extra-terrestres sont quasi-absents, comme les comédiens, lesquels sont des coquilles vides, aussi vide que le cerveau de Jabba le Hutt (comment ça, je me trompe de franchise ?).

Allez, on se laisse en musique parce qu’au moins, Will Smith sait chanter et danser, lui :




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