CRAWL : LA CRITIQUE ALLIGATORESQUE

LE CAPITAINE CINEMAXX A VU – DES JOLIS ALLIGATORS NUMERIQUES * SPOILERS *

Une tempête tropicale, une fille inquiète pour le sort de son père, deux héros pris au piège dans le sous-sol de l’ancienne maison familiale, maison elle-même infestée par des alligators, autant vous dire qu’aux premiers coups de morsures, Crawl, d’Alexandre Aja, avait tous les éléments pour me déplaire. Néanmoins, les nombreux retours positifs sur la production du petit prodige français de l’horreur, ont eu raison de ma curiosité. Finalement, force est de constater que Crawl est une véritable réussite, et sur bien des aspects…

Alerte Rouge !

Film catastrophe, survival horrifique, série B, Crawl est un film melting-pot. Un mélange gracieux des genres que le réalisateur Alexandre Aja sait, en effet, imbriquer avec une habileté incroyable, tout en prenant le contre-pied de certains cahiers des charges, liés aux codes de ces mêmes longs-métrages. Cela est notamment lisible dans sa partie catastrophe, où, habituellement, le père de famille porte à lui seul le fardeau de sauver sa famille (et, parfois même, le monde). Dans Crawl, c’est l’inverse, le père ne fait plus office de figure patriarcale et autoritaire qui embarque sa famille au cœur du danger, mais c’est l’enfant qui doit sauver le chef de famille. Bien sûr, Aja n’évite pas tous les clichés du genre, celle de la famille décomposée, aux relations père/fils ou père/fille difficiles néanmoins, il parvient tout de même à ajouter une réelle valeur dramatique à leur histoire commune, une émotion sincère, au travers de séquences-confidences touchantes et justes.

Très certainement la scène la plus audacieuse et surréaliste du film (rire)

Humans V Alligators

Crawl étonne surtout dans son survival horrifique, son huis-clos d’une absolue maîtrise, où la tension dramatique est palpable, à chaque seconde. L’angoisse est omniprésente, tout comme les nombreux alligators, obstacles à la progression des héros et, enrichit cette tension permanente qui émane du film. Les protagonistes n’ont aucun répit, le spectateur non plus.
Mais Crawl, esquive un autre cliché bien connu du grand public : la caricature du film de monstres, mettant en scène une unique créature, génétiquement modifiée, pour la plupart du temps. Crawl, c’est une affluence de menaces pouvant surgir à n’importe quel moment, à n’importe quel endroit, laquelle, comme je le soulignais plus haut, permet au récit d’avoir un rythme de terreur effréné.

Maison détruite, famille recomposée ?

Mari isolé, fille délaissée, mariage brisé, Crawl dépeint le tableau d’une famille dissoute, que les années n’ont pas épargnée. La relation père/fille, au cœur de l’intrigue, a notamment souffert d’absences répétées, alors que les premiers temps étaient synonymes d’amour, de respect et de complicité, telle que le dévoile les divers flashbacks qui composent la structure narrative du film.
On dit souvent que les catastrophes rassemblent, soudent les hommes entre eux. En cela, Crawl est d’une vérité tranchante. Au-delà de la survie, père et fille font également face à leurs regrets, leurs remords, se livrent, se confient, renouent des liens perdus, jusqu’à la destruction d’un symbole : l’ancienne maison familiale. En détruisant ce symbole, Alexandre Aja fait table rase du passé et, donne une seconde chance à ses deux héros. Père et fille peuvent enfin se promettre une nouvelle vie, moins orageuse. Et pas besoin d’une conclusion niant-niante pour comprendre cet avenir radieux qui s’ouvre devant eux. D’ailleurs, l’absence de la présence maternelle dispense le film d’un troisième cliché, celui de la mère de famille seule ou remariée, qui retombe amoureuse de son ex-mari. Merci Aja !

La conclusion du Capitaine Cinemaxx

Crawl est certainement la surprise de cet été 2019, après une succession de longs-métrages médiocres (Anna, Men In Black, X-Men : Dark Phoenix…). Alexandre Aja réussit, en effet, l’exploit d’offrir un film catastrophe et un survival horrifique chairement délicieux et occulairement divertissant, où la peur se niche dans chaque centimètre carré d’un sous-sol poisseux, à la tuyauterie discutable.
Un huis-clos terrifiant donc, qu’Alexandre Aja compose avec une mise en scène étouffante, oppressante à la caméra plongeante et immersive. La photographie poussiéreuse, grisâtre, vaseuse, intensifie cette sensation d’étouffement, de malaise et de stress, que les héros ressentent et que nous ressentons également.
Cependant, Crawl n’est pas exempt de défauts. Quelques incohérences scénaristiques parsèment le film et les décisions des protagonistes principaux sont parfois douteuses. Ne croyez-vous pas qu’avec plus d’acharnement, le meuble de l’entrée aurait pu tomber ? Ou, regarder la digue arriver et ne pas mettre les gaz, était-ce une idée raisonnable ? Et les morsures des alliagtors, on en parle ?!!!

Arrêtons de chipoter, Crawl est une série B à voir, sans hésitation. Et bien plus efficace que les dernières productions horrifiques du Conjuring-verse, soyez-en certain !


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