FESTIVAL DE DEAUVILLE 2019 / HEAVY : OU LA NAISSANCE D’UN DÉMON

LE CAPITAINE CINEMAXX A VU DE LA DROGUE, DE LA DROGUE ET ENCORE DE LA DROGUE * SANS SPOILERS *

Après un discours maîtrisé et hilarant du rappeur Orelsan à l’attention Sophie Turner, l’actrice connue grâce à son rôle dans la série Game of Thrones est montée sur la scène du 45ème Festival du Cinéma Américain de Deauville pour récupérer le trophée du Nouvel Hollywood lequel récompense, chaque année, un nouveau talent. L’occasion également pour l’interprète de Jean Grey dans la franchise X-Men de présenter son prochain long-métrage, Heavy, un rôle à contre-emploi de ses prestations cinématographiques habituelles, dont l’objectif est clairement de casser l’image de Sansa Stark, qui semble lui coller à la peau (normal, me direz-vous).
Dans Heavy, elle interprète Madeline (Maddie), la petite amie de Seven, un dealer mondain qui partage son temps entre ses clients de confiance et les soirées folles où s’amusent top-models et consommateurs de drogue. Jusqu’au jour où un ami d’enfance avec lequel il n’avait plus de contact refait surface et lui demande de l’aide. En dépit du bon sens, Seven accepte en souvenir du bon vieux temps, ignorant qu’il va s’enfoncer dans une spirale infernale où personne ne sera épargné, dont Maddie.

Seven rebirth

Le film s’ouvre avec la mort de Maddie et retrace comment cet évènement tragique s’est produit. On y découvre le personnage de Seven et la manière dont son addiction à la drogue a eu des effets nocifs sur sa vie, mais aussi sur celles des autres, de son frère, à son âme sœur. Un drame qui aurait pu s’avérer poignant, bouleversant, si la construction scénaristique d’Heavy n’était pas si catastrophique et si les enjeux avaient eu davantage d’envergure. Or, dévoiler la mort de Maddie en scène d’ouverture fut la première erreur d’Heavy, puisque cela enlève tout enjeu dramatique. Le spectateur attend simplement, par la suite, le déroulé du récit conté par Seven, afin de connaître les raisons d’un décès si brutal – mais que l’on suppose dès le départ au vu du lieu de sa mort ainsi que par le thème principal du film. Tout le long-métrage n’est alors qu’un monologue visuel d’une journée apparemment banale pour un dealer de drogue, un road-trip sous poudre blanche aussi futile que consternant. Près de deux heures de film comblé avec du vide, en somme.

Paresseux, orgueilleux, gourmand, avare, colérique, envieux, se pavanant dans la luxure, Seven s’avère être l’allégorie parfaite des sept pêchés capitaux, la personnification même, du Mal. Et pourtant, capable de loyauté et d’empathie, Seven tombe peu à peu dans la folie, dans un dernier acte Jokeriesque, où il devient le démon d’un scénario pandémonique. Le sujet était donc là, à portée de main, la chute de deux créatures divines, deux créatures autodestructrices, complexes, aussi bonnes que mauvaises malheureusement, le réalisateur Jouri Smit et le scénariste Seth Miller livrent un récit terne, à un film qui aurait pu être un véritable drame sur l’ascension et la chute d’un Mal, au travers de connotations bibliques plus poussées, plus réfléchies. Car, sur le fond, les idées étaient bien là.

Sophie Turner, un tournant réussi?

Dans ce récit, Sophie Turner elle, est absente, transparente. La comédienne n’a pas le meilleur rôle, celui de la bonne petite amie, à l’oreille attentive. En effet, celle-ci passe le plus clair de son temps à subir les monologues de son petit ami, Seven. Difficile pour Sophie Turner de se démarquer, d’autant que sa performance ici, était loin d’être transcendante, lors des rares scènes où elle avait la parole.
Un rôle mineur donc, pour une actrice pleine de talent. Une déception, tandis que Sophie Turner, sans renier sa période Game of Thrones, souhaite élargir ses possibles (comme au début de sa carrière avec Another Me, The Thirteen Tale ou plus récemment, Josie) et revenir à des projets plus intimes tel que Heavy.

La conclusion du Capitaine Cinemaxx

Si la mise en scène de Heavy est impeccable et embellie par une photographie soignée et alléchante, le scénario, en revanche, est d’une simplicité confondante et d’un ennui abyssal. Sophie Turner ne convainc guère, pas plus que son partenaire (malgré un dernier acte explosif, où le comédien Daniel Zovatto se révèle enfin plus subtil dans son interprétation), dans cette histoire de drogue stupide et sans enjeux.

Crédit photo : © Denis Guignebourg/BestImage

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