FESTIVAL DE DEAUVILLE 2019 / LA CONFÉRENCE DE PRESSE DE GEENA DAVIS

Parmi les quelques documentaires de « L’Oncle Sam » présentés lors du 45ème Festival du Cinéma Américain de Deauville, on retrouvait celui de l’actrice Geena Davis (Beeltjuice, Thelma & Louise, La Mouche, Stuart Little), Tout Peut Changer, qui revenait, notamment, sur la place des femmes au cœur du cinéma hollywoodien et la représentativité des afro-américains.es au sein des productions cinématographiques et télévisuelles.

Réalisatrice à Hollywood, Mouvement Me Too et discrimination positive

Les choses ne se sont pas du tout améliorées pour les réalisatrices. Pour s’en rendre compte, vous n’avez qu’à regarder le nombre de femmes présentes dans le cinéma. Entre cette année et l’année précédente, les chiffres ont diminués. Bien sûr, depuis les années 50, le nombre de femmes dans ce milieu a augmenté, mais nous sommes encore loin de la parité. Dans les écoles de cinéma, la moitié des étudiants sont féminins alors, on ne peut pas dire qu’elles sont moins nombreuses.

Ces mouvements tels que Me too et Time’s Up ont vraiment eu un impact sur Hollywood, je ressens une vraie différence et je pense que mes collègues aussi. Et j’en remercie Dieu, car la dernière fois qu’on a eu un tel mouvement féminin c’était dans les années 70, et nous souhaitons réellement un changement. Le plus gros changement que j’ai pu constater est le fait que l’on puisse en parler ouvertement, que cela soit dans les pensées de tout le monde pour la première fois depuis des années. Par exemple, prenez Gillia Anderson de X-Files, qui a découvert qu’elle gagnait moitié moins que son partenaire et les autres membres de l’équipe. Elle a finit par s’exprimer sur le sujet et a fini par être payée comme les autres. Je pense que dans le passé, nous avions appris à ne pas nous plaindre, car il était facile de trouver une autre actrice pour nous remplacer, une qui serait prête à être payée moins cher etc… Même en ce qui concerne les agressions sexuelles ou le sexisme, on a appris à se taire parce que cela pouvait nous couter notre place donc, je pense que le fait de pouvoir évoquer ça désormais, a changé beaucoup de choses.

On aimerait être à 50/50 d’ici 2020. Nous avons beaucoup de mouvements similaires aux États-Unis, et ce que j’aime, c’est qu’en France, les festivals de films cherchent à garder ce quota de parité. Une chose intéressante que j’ai apprise en Australie, lors d’un festival de court-métrage très célèbre qui a lieu tous les ans, c’est que seulement 17% des films sélectionnés sont réalisés par des femmes. Ils ont décidé, lors du processus de sélection des films, d’arrêter de regarder les noms des réalisateurs, et on a obtenu grossièrement 50/50. Cela montre donc qu’il n’y a pas un manque de réalisatrices ou de films de qualité, mais une forme de « sexisme » qui les freine. Il faut enlever ces barrières qui empêchent les femmes d’être choisies.

Le choix de vos rôles au cinéma, assez masculins pour la plupart, ont-ils fait bouger les choses?

Quand j’ai tourné Thelma & Louise, toute la presse disait : « Tout va changer », « Il y aura beaucoup plus de films avec des femmes en personnage principal » et je l’ai cru, j’étais heureuse à ce sujet. Mais cela n’est jamais arrivé. Et tous les ans, lorsqu’un nouveau film sort et que tout le monde s’écrie la même chose, rien ne bouge. Il y a donc quelque chose qui empêche les femmes de prendre leur élan. On a eu Wonder Woman et on s’est dit : « Woua il va y avoir des progrès » finalement, il n’y en a pas concernant le ratio Homme/Femme dans les films. C’est vraiment épuisant de voir que d’une année sur l’autre, il n’y a aucune amélioration.

SA CARRIÈRE

J’ai toujours été « originale » concernant mes choix de rôles. Au début, c’était plutôt une des défis en tant qu’acteur, par exemple, je préfèrerais jouer le rôle du joueur de baseball plutôt que de sa petite amie, vous comprenez? Après la sortie de Telma & Louise, les choses ont changé pour moi changé, je réalisais pour la 1ère fois à quel point nous, les femmes, avions peu d’opportunités, qu’elles avaient du mal a être inspirées par un film. Cet aspect a vraiment attiré mon attention, je voulais choisir des rôles en me disant « que vont penser les femmes de mon personnage? ». J’ai refusé pas mal de rôles, car après Thelma & Louise, les personnages qu’on me proposait couchaient avec n’importe qui, commettaient des cambriolages ou se suicidés. Pas très inspirant! Je ne dis pas que je voulais uniquement jouer des rôles de « modèles » pour les femmes, je n’aime pas ce terme de toute façon. Mais cela a eu un impact différent sur ce que j’ai dit précédemment.

En regardant votre documentaire, j’ai pensé : « quel gaspillage de talent, de vies humaines »…

Je me suis moi aussi fait cette réflexion, sur des femmes qui avaient des carrières prometteuses et qui n’ont pas persévéré, et c’est dommage. Vous savez je pense qu’on peut appliquer à tous les niveaux de la société. Quel genre de talents ratons nous actuellement? Pareil dans le passé, combien de compositeurs ou musiciens avons-nous manqué juste parce qu’elles étaient féminines? C’est vraiment désespérant. Mais vous voyez, nous devons rester optimistes malgré tout, il arrive qu’il y ait des changements de temps en temps. Je reste confiante qu’un jour, nous observerons des changements drastiques. L’industrie du divertissement est, je pense, le milieu où nous observerons les plus gros changements, rapidement, notamment avec la représentation des enfants à l’écran. C’est la chose la plus facile à changer. Premièrement, n’importe quel film pourrait être équilibré en termes de sexe, concrètement, on pourrait passer d’un film très déséquilibré niveau parité à un équilibre parfait sans étapes intermédiaires. De plus, les personnes qui produisent les divertissements pour enfant le font, parce qu’ils aiment les enfants. Et une fois qu’ils auront réalisé à quel point le manque de personnage féminin impactera la vie des jeunes filles, ils changeront leur manière de procédé.

SES PROJETS

J’ai réalisé beaucoup de choses par le passé et c’est quelque chose que j’adore. J’ai toujours adoré la réalisation et la manière dont on fait un film, du coup, j’aime avoir un avis sur tout. Néanmoins, je n’ai jamais pour ambition de devenir réalisatrice, je ne voulais aucun de ces jobs. J’ai fini la saison 3 de Glow, qui est sortie récemment sur Netflix, et j’ai plusieurs nouveaux projets très excitants en cours, dont je ne peux pas trop parler pour le moment toutefois, je reste optimiste.

Crédits photos : ouest-france.fr et capitainecinemaxx.fr

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