PLAY : RENCONTRE AVEC LE COMÉDIEN MAX BOUBLIL ET LE RÉALISATEUR ANTHONY MARCIANO

Ils sont venus à La Rochelle pour présenter Play en avant-première, l’humoriste Max Boublil et le réalisateur Anthony Marciano, amis depuis plus de 15 ans, m’ont accordé une interview exceptionnelle dans laquelle ils reviennent entre autres et, sans tabou, sur leurs plus beaux souvenirs de jeunesse, leurs échecs ainsi que leurs succès au collège et au lycée, en boîte et avec les filles. Au programme également, des anecdotes de tournage mais surtout, beaucoup de fous rires.

SYNOPSIS :
En 1993, Max a 13 ans quand on lui offre sa première caméra. Pendant 25 ans il ne s’arrêtera pas de filmer. La bande de potes, les amours, les succès, les échecs. Des années 90 aux années 2010, c’est le portrait de toute une génération qui se dessine à travers son objectif.

Dans Play, vous incarnez Max, qui est votre prénom dans la vraie vie, votre personnage est comédien, vous l’êtes. Est-ce que ce film qui retrace 25 ans d’une vie, c’est aussi la vôtre? Est-ce autobiographique?

Max : C’est complétement autobiographique. C’est un mélange de ma vie et de celle d’Anthony (le réalisateur). On voulait faire un film qui parle de notre enfance, de notre jeunesse, de la vie qui passe. On s’est posé et nous avons alors listé toutes les choses qu’on avait vécu. Et on s’est rendu compte qu’on avait vécues à peu près les mêmes choses : les premières histoires d’amour, les premières sorties en boîte, etc., et, c’est ainsi que nous avons eu l’idée du film. Donc, c’est bien autobiographique.

Et du coup, quelles scènes appartiennent à la vie de l’un et de l’autre?

Max : Alors est-ce qu’on peut dévoiler certaines des séquences? La scène qui se déroule au moment où j’ai mon permis de conduire, c’est une anecdote qui m’est réellement arrivée. Le premier jour de l’obtention de mon permis. Je n’en dirais pas plus, puisque les autres n’ont pas encore vu le film.
Il y a également le fait que les jeunes ne puissent pas rentrer en boîte, cela nous est arrivé régulièrement.

Anthony : Ça m’arrive encore aujourd’hui. Je ne rentre pas en boîte.

Max (rire) : Non, c’est pas vrai?

Anthony : Si, si. Il y a un mois, je me suis fait refoulé. C’était au Palace.

Ils rient.

Alexandre, journaliste à NA RADIO : Est-ce que certaines images proviennent de votre propre vidéothèque?

Max : C’est fou parce que pendant les avant-premières, les gens nous posent exactement la même question. Ça a l’air tellement vrai que les gens pensent qu’il s’agit vraiment de nous, mais je vais vous décevoir puisque tout est faux. Tout à été recrée.

D’ailleurs, on aperçoit Alain Chabat rajeunit dans votre film. C’est assez incroyable de le revoir aussi jeune comme à l’époque des Nuls. Vous avez fait appel à une société d’effets spéciaux pour réussir un tel rajeunissement?

Anthony : Non (rire). C’est du maquillage. De légères retouches. C’est également la qualité de la caméra qui nous permet de surexposer, c’est assez technique, mais c’est un alliage de pleins de choses qui nous a permis d’obtenir ce résultat.

Anthony : C’est de la 3D. Nous ne sommes pas allé dans un truc d’usine à gaz parce que nous n’avions pas les moyens de le faire. Ce sont des techniques qui coûtent très très cher. Il y a des capteurs, ils font jouer deux comédiens (un jeune, un vieux) puis, ils font un morphing des deux et, ce sont des choses complexes. On est resté dans des techniques de « tirette » pourrait-on dire.

Je posais la question car, récemment au cinéma, nous avons pu voir Samuel L. Jackson ou Will Smith dans Captain Marvel et Gemini Man rajeunir de manière spectaculaire.

Max : Moi j’avais des « tirettes » qui me tiraient la peau comme ça (il montre en tirant la peau de son visage en arrière). On était loin de la 3D, plutôt dans le scotch (rire).

Votre personnage reçoit un caméscope le jour de son 12ème anniversaire. Avez-vous reçu, vous aussi, une caméra étant jeune? Et, si oui, est-ce cela qui vous a donné l’envie de faire de la comédie?

Max : Oui. Je rêvais d’avoir un caméscope quand j’avais 12. J’empruntais celui de mon tonton lorsqu’il en avait acheté un plus récent et je faisais tout ce qu’il était possible de faire…

Anthony : Mais avec moins de vêtements (rire).

Max (rire) : Non mais on a tous fait des lourdeurs qu’on peut faire avec une caméra. Et je les ai toutes faites : se faire disparaître, faire semblant qu’on est entrain de grimper. J’ai tout fait. Je faisais même jouer mes baby-sitters dedans, mes baby-sitters suédoises non, norvégiennes et, on les mettaient en scène dans des films d’horreur, on les assassinait (rire).

Play est aussi une déclaration d’amour au personnage d’Emma. Votre long-métrage est-il destiné à une personne en particulier? Est-ce qu’il y a un regret au travers ce film?

Anthony : Le film il parle d’une vie, de tout ce qui peut nous arriver dans la vie…

Max l’interrompt : C’est pas ça qu’ils veulent entendre (rire). Ils veulent savoir si tu es passé à côté de ta vraie histoire d’amour et que tu voulais lui dire et c’est pour ça que tu as fait ce film-là.

Anthony : J’allais y venir. Il y a plein de gens dont c’est la vie et, cela ne nous intéressait pas de raconter notre vie, juste pour raconter notre vie. On voulait aussi que les gens se l’approprie et qu’ils vivent la leur et, je pense, qu’il y a beaucoup d’entre eux qui se demandent s’ils ne sont pas passés à côté de leur vie et s’ils ne seraient pas encore temps de la saisir. Ce film, c’est ça, se permettre de dire « oui, le temps passe, mais tout est possible ». Dans la vie, il se passe une multitude de choses…

Max l’interrompt de nouveau : Il veut pas répondre à la question hein. Comment elle s’appelle? (rire).

Tous le monde éclate de rire.

Max : Elle s’appelle Jessica, Jessica Bougrisse, 45 ans. Elle pèse 118 kilos. À l’époque, elle était jolie comme une petite fleur. Une petite fleur qui a pris dans la gueule (rire). Plus sérieusement, moi, je tombais amoureux comme ça..

Coeur d’artichaud.

Max : Cœur d’artichaud, oui. J’étais amoureux de toutes les filles. Ce film est pour toutes les filles que j’ai aimé, voilà! Et toutes les femmes sont belles. Pour être honnête, Anthony et moi, nous n’avions aucune copine lorsqu’on était petit. On était simplement entre gars, à vouloir sortir avec des filles. Mais, nous étions trop timides.

Dans votre film, on revit de grands évènements, la Coupe du Monde de 98, le passage à l’An 2000. Vous, qu’avez-vous retenu de tous ces moments importants?

Max : Moi en 98, j’étais sur le parvis de l’Hôtel de Ville avec ma petite copine de l’époque, qui s’appelait Laurène et on avait fait la fête. Je me souviens que c’était la folie. Je me souviens de 2001 et du 11 septembre, forcément. J’étais devant ma télé…

Anthony : Ça, c’est une séquence que l’on a tourné mais que nous n’avons pas monté. On avait aussi fait des séquences sur le Bataclan, sur Charlie Hebdo, mais nous n’avons rien gardé au montage car, ce n’était pas fait pour ce film-là. Il y avait quelque chose de trop lourd entre ça et la comédie, limite indécent et, nous avons préféré nous abstenir. Ce n’était pas leur place.

C’est ce qu’on appelle avoir des têtes de vainqueur!

Votre plus beau souvenir de jeunesse à chacun?

Anthony : Mon plus beau souvenir de jeunesse c’est tout simplement d’avoir eu 17-18 ans. je donnerai tout pour les revivre. Il y avait les vacances avec les potes, l’insouciance de ne pas se questionner sur l’avenir, c’était autre chose. Et c’est pour cela qu’on a fait ce film. On a fait ce film parce qu’on voulait revivre nos 17, nos 18, nos 19 ans qu’on ne va jamais revivre. On voulait revivre tous ça et se créer un objet où l’on pourrait appuyer sur un bouton et de remater autant de fois qu’on veut. C’était le point de départ du film, mais ma nostalgie se situe là.

Max : Pour ma part, c’était lorsque j’avais 14 ans. J’étais arrivé dans un collège et je n’avais pas de copains. Et je me rappelle d’avoir demandé à mes parents l’autorisation de faire une boum et de l’alcool. Tout d’un coup, j’étais devenu le mec le plus populaire de tout le collège, j’étais le mec cool et, c’était un beau souvenir. C’est là que j’ai appris quelque chose de très important dans la vie : avec de l’argent et des moyens, on peut avoir des amis (rire).

Anthony : Ce n’est pas la fête où personne n’est venu plutôt? (rire)

Max : Non, c’est celle de mes 11 ans.

C’est super triste!

Max : Ouais. C’était un anniversaire. Tout le monde m’avait dit qu’il viendrait et personne n’est venu. La jeunesse ça peut être cruelle.

QUESTIONS BONUS

Reviendrez-vous prochainement sur scène?

Max : Oui, tout à fait! Je suis en train d’écrire un nouveau spectacle que je vais jouer à Paris en février/mars.

Alexandre : Il est fini?

Max : C’est pas totalement fini, fini…

Anthony : Tu le joues quand même la semaine prochaine! (rire).

Max : Semaine prochaine? Ouais… Il va falloir que j’apprenne le texte (rire).

Vos futurs projets cinématographiques?

Anthony : J’ai écrit un nouveau film avec Max que j’aimerais réaliser l’année prochaine. C’est un film sur les ados d’aujourd’hui. Ce sont les fameux 17 ans que je voudrais avoir.

Alexandre : Et vous vous êtes basé sur qui pour écrire le film?

Anthony : J’ai rencontré beaucoup, beaucoup de jeunes de cet âge avec qui j’ai fait des entretiens et on se rend compte, d’ailleurs, que pas grand-chose n’a changé finalement.

Max : C’est pour ça que tu es recherché par la police. Pour ces interviews (rire).

On rigole.

Anthony : Non, mais on se rend compte que peu de choses ont changé avec les jeunes d’aujourd’hui si ce n’est, et j’ai trouvé ça assez étonnant, qu’ils couchent moins ensemble. Bizarrement, on penserait que les jeunes sont plus dévergondés et ils sont, en réalité, plus complexés par leurs corps avec tout ce qu’ils peuvent voir désormais sur Internet. Ils osent de moins en moins y aller.

Max : Ça va en total contradiction avec la série Euphoria.

Anthony : J’adore Euphoria toutefois, c’est une série très fantasmée. Un gros fantasme de teenager. Mais pour en revenir au sujet, même lorsqu’ils vont en soirée, ça va pas souvent glisser. Ou alors, ils vont coucher ensemble après plusieurs attentes. C’était pas déconne comme nous on a connu.

Alexandre : Puis, aujourd’hui, il y a Snap.

Anthony : Et il y a ça. Nous il y avait un charme. Dans le film, il y a une séquence où un des jeunes doit appeler une fille pour sortir avec elle et on voit toutes les étapes. C’était l’enfer, un parcours du combattant. On décroche le combinet…

Max : Tu tombes sur la mère : « Oui allô Madame, je pourrais parler à Lucile s’il vous plait? ».
(en imitant la mère de famille) : « Lucille, il y a quelqu’un pour toi au téléphone!!! ». Là, tu entendais la fille descendre et dire « ouais attends, je mets mon téléphone ailleurs ». (rire)

Anthony : Puis, il fallait l’appeler pour quelque chose. Tu ne pouvais pas dire : « ouais allô est-ce que tu veux sortir avec moi? ». Donc, il fallait trouver une discussion et après, essayer de glisser l’idée. Aujourd’hui, tu envoies un like. Tu likes une photo, tu regardes si elle like en retour. C’est ce qu’on m’expliquait pendant une des interviews, si le mec la suit et qu’elle te follow à son tour, c’est gagné. C’est trop facile.

Max : La meuf elle vient en trottinette électrique pour te voir. Nous, à l’époque, il fallait prendre le bus. Moi, je me souviens que je faisais des listes et je demandais aux filles si j’étais sur la leur.

Rires.

Play sortira le 1er janvier 2020.

Critique : Comédie tendre sur le temps qui passe, émouvante et pleine de poésie, Play embarque le spectateur dans un voyage rétrospectif sur la jeunesse et le confronte avec nostalgie à ses propres souvenirs, mais aussi aux moments les plus douloureux d’une vie. Des premiers amours aux profonds regrets, des euphories aux deuils, des échecs flamboyants aux succès élogieux, Max Boublil et Anthony Marciano livrent avec tendresse leur vision de l’enfance et de l’adolescence, période tantôt galvanisante, tantôt destructrice, où néanmoins, tout semble possible, réalisable.
Pour les natifs de la période ninety (tel que moi), le film vous rappellera sûrement moult souvenirs mémorables, notamment grâce à sa BO très riche, ses chansons inoubliables sur lesquelles nous avons tant dansé, sur lesquelles nous avons engagé notre premier slow ou embrassé notre petite amie. Pour les autres, Play retrace également les grands événements qui ont marqué les années 90 et les années 2000 – et si votre mémoire ne vous jouent pas des tours – vous vous remémorerez avec délice, ce fameux soir où la France l’emporta sur le Brésil ou le passage à l’an 2000.

En somme, Play est un album-photo de notre vie à tous, un miroir de notre vécu, et l’on s’amuse alors à resonger à toutes nos premières fois. Sous-couvert d’une mélancolie assumée, le film d’Anthony Marciano met également en scène une belle histoire d’amour, un amour de 25 ans, où Max Boublil parvient à être touchant dans le registre de l’homme blessé et amoureux. Son duo avec la sublime comédienne Alice Izaac est clairement la réussite de cette comédie.

Merci au Méga CGR de La Rochelle et à Pamela Nicoli pour avoir organisé la rencontre et à La Grande Terrasse Hôtels Spas de Châtelaillon-Plage pour leur accueil, toujours au top!

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