TERMINATOR – DARK FATE : QUAND LA MASCARADE CESSERA T-ELLE ?

LE CAPITAINE CINEMAXX A VU – DES ROBOTS, UNE VIEILLE FEMME ET SES COPINES * SPOILERS * 

Il est une nouvelle mode à Hollywood qui consiste à prendre une saga culte, produire un nouveau volet et évincer tout bonnement du circuit tous les opus de cette franchise considérés comme mauvais ou inutiles. Une façon hypocrite pour les studios de faire leur mea culpa auprès des fans et de dénigrer, au passage, le travail des réalisateurs et des équipes, sans prendre leurs responsabilités sur ces échecs passés ou se remettre en question sur leurs propres décisions, lesquelles ont souvent conduit à un massacre. Un procédé grotesque, qui vise à ne pas assumer ses erreurs et tenter, désespérément, de redorer le blason d’une franchise, tout en souhaitant lui donner une seconde vie. Une erreur, puisque très souvent, Hollywood ne réitère jamais le succès en déterrant ses anciens héros du placard. Et malgré les fours au box-office, les actionnaires semblent avoir plus de facilités à mettre la main au portefeuille pour de la nostalgie maladive que pour de nouvelles créations originales. Car, mis à part Avatar, John Wick et le MCU dans une autre mesure, a t’on vu de nouvelles sagas émergées et avoir du succès, de nouveaux héros/méchants aussi charismatiques que James Bond, Indiana Jones, John McLane, Rambo, Dark Vador ?
La plupart des risques pris n’a jamais fonctionné et on préfère se renfermer sur des suites ou des remakes pour assurer un minimum de rentabilité. 

Ce fut donc le cas récemment avec Halloween (2018) de David Gordon Green et qui se plaçait chronologiquement après le Halloween (1978) de John Carpenter. Aujourd’hui, effacez de vos mémoires Terminator : Le Soulèvement des Machines, Terminator : Renaissance et Terminator : Genisys, ces derniers n’ont jamais existé. N-E-V-E-R !

John Connor où comment bousiller une chronologie ?

Quel est l’intérêt d’une suite au cinéma ? Développer une intrigue ou plusieurs intrigues, exploiter une histoire lorsqu’elle est complexe ou paraît intéressante sur le fond comme sur la forme, des situations, faire évoluer les personnages dans des directions inattendues, et conclure de manière pertinente et épique. Si Terminator : Le Jugement Dernier avait été une suite intelligente, Dark Fate – qui se pose donc comme un séquel direct aux deux œuvres de James Cameron -, le film de Tim Miller déconstruit pourtant toute la mythologie des longs-métrages du réalisateur d’Avatar, en assassinant le jeune John Connor dès l’ouverture de ce Terminator 3. Comment James Cameron, producteur de Dark Fate, a-t-il pu accepter une telle ineptie ? En somme, les producteurs du film expliquent sans honte et avec une arrogance que n’oserait pas Tony Stark que The Terminator et Le Jugement Dernier n’avaient servi à RIEN. Une manière brutale et incroyablement maladroite de tracer un trait sur une intrigue qui avait fait le succès des deux premiers Terminator au cinéma. Alors certes, il faut savoir se détacher du passé et savoir proposer une œuvre moderne, dans l’ère du temps, mais si Genisys n’avait pas réussi ce parti en 2015, Dark Fate allait avoir du mal à s’imposer comme une production essentielle pour redéfinir une franchise où tous les ressorts scénaristiques (passé, présent, futur) ont été épuisés jusqu’à la dernière goutte. Et pour cause, ce faux-troisième volet n’apporte aucune structure originale aux films précédents, peine à renouveler son propre concept. Le principe reste donc le même, une machine est envoyé dans le passé pour tuer un humain dont la vie future sera déterminante dans la lutte résistante. Nouveauté de dingue cependant, il ne s’agit plus ici de SKYNET mais de LEGION. Le schéma est pourtant identique, changer les noms, ramener d’anciens personnages de la saga, ne suffit plus pour surprendre, pour faire vibrer le spectateur qui n’est pas dupe.

– I’ll be back.

Oui, oui, on a déjà entendu cette réplique. Y’a t-il un vrai dialoguiste sur ce film?

Autre nouveauté, très peu de héros masculins. Ici, ce sont les femmes qui dominent le show, l’actrice Linda Hamilton (Sarah Connor) en tête, faussement badass dans ce nouvel opus, tout comme ses comparses Mackenzie Davis (Grace) et Natalia Reyes (Dani Ramos) dont les interprétations sont aussi médiocres que mes résultats en mathématiques au collège. Il n’y a, de la part de Tim Miller, aucun désir de donner à ses protagonistes féminins une réelle enveloppe dramatique, un développement personnel plus intimiste. Dark Fate se contente de parsemer ici et là, quelques scènettes soi-disant émouvantes pour donner le change (le jeu et la mise en scène sont tellement creux qu’on peine à être émotionnellement atteint), au profit de l’action.

Concernant la structure scénaristique du film, elle résume à elle seule tous les problèmes actuels d’Hollywood. En effet, cela m’a rappelé l’infatigable Fast & Furious 9 où, le méchant, invincible, enchaîne, malgré tout, les défaites lors de scènes d’action et de courses-poursuites interminables, sans jamais obtenir une seule victoire sur ses adversaires. On en revient à cette fameuse difficulté de mettre en scène des vilains avec une puissance quasi-immortelle. Dans Dark Fate, le Rev-9 , à force de se faire dégommer la cervelle tous les quarts d’heure, en devient risible, au point de se questionner sur sa soi-disant puissance. Mais outre le problème de crédibilité, cela pose surtout le souci de la dramaturgie. Comment ressentir un quelconque sentiment de frayeur ou le moindre suspens, lorsqu’on voit les héros se sortir du pétrin à chaque affrontement ?

Enfin, si le système neuronal du Rev-9 pouvait être neutralisé avec un simple appareil, celui disposé dans le corps de Grace, pourquoi ne pas avoir créé, dans le futur, une arme de ce type pour contrer les robots? Si la résistance a pu créer une machine capable de voyager dans le temps, elle n’aurait pas les moyens de créer une arme de ce genre ? Cessez de prendre le spectateur pour des imbéciles ! D’autant que cela soulève une énième problématique des blockbusters actuels. Si à l’époque, les héros se servaient de l’environnement pour vaincre leurs ennemis, de manière astucieuse, comme ce fût le cas dans Terminator 2 et cette célèbre séquence où le T-1000 fond dans la lave en fusion (?), désormais on use de ficelles scénaristiques débiles – qu’on pense intelligente – pour terminer un film. Ici, la sorte d’IEM neuronale de Grace. On se fiche royalement de la cohérence, puisque le public n’y verra, de toute façon, que du feu.

La conclusion du Capitaine Cinemaxx

Inutile, consternant, Terminator : Dark Fate est à l’image de l’industrie cinématographique d’aujourd’hui : un film écrit avec les pieds, qui se moque de sa propre chronologie, de sa cohérence globale, de ses personnages et du spectateur.
Restera des scènes d’actions plutôt bien rythmées, haletantes, au dynamisme chorégraphique assez fou. Tim Miller n’est peut-être pas David Leitch, mais il a le sens de l’action, du découpage et sait parfois être inventif, même si ce dernier use et abuse de ralentis insipides. Malheureusement, cela ne sauvera pas Dark Fate du désastre, où les vétérans sont ramenés à la maison sans grande conviction et, où les nouveaux arrivants font le taff, sans pour autant livrer des performances extraordinaires.





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