LA REINE DES NEIGES 2 : CAP SUR UN AUTRE MONDE

Six ans après le succès de La Reine des Neiges au cinéma et une chanson que certains fredonnent encore à tue tête, l’héroïne inspirée des contes de Hans Christian Andersen revient sur grand écran pour le bonheur des enfants (et des parents ?).
Plusieurs défis attendaient les réalisateurs Jennifer Lee et Chris Buck : imaginer une nouvelle suite à la hauteur du premier opus et orchestrer une seconde bande-originale suffisamment exigeante pour satisfaire les jeunes fans, dont le vocabulaire ne se résume qu’à deux mots depuis 2014 : libérer / délivrer.

Alors, Disney a-t-il transformé l’essai ou Mickey s’est-il enneigé dans un sequel inaudible ? Réponse !

La Reine des Neiges : Héritage

Pour faire renaître La Reine des Neiges, il fallait une idée forte. Découvrir les origines d’Elsa était un choix simple mais efficace. En effet, une multitude de questions restaient en suspens après la fin du premier volet.
L’histoire de La Reine des Neiges 2 va donc se développer sur deux axes majeurs : la quête identitaire d’Elsa (et répondre aux questions qu’elle s’est toujours posée : d’où vient-elle ? d’où tient-elle ses pouvoirs ?) et l’héritage d’Arendelle. Deux intrigues qui vont habilement se joindre l’une à l’autre puisque lorsqu’Elsa entreprendra son voyage intérieur, elle, Anna et Arendelle, se confronteront à la notion d’héritage, aux erreurs du passé, commises par leurs ancêtres.

« Arendelle n’a pas d’avenir si on ne répare pas les erreurs du passé. »

*Spoilers*
Ce qui devait donc au départ être une simple quête identitaire pour Elsa, va se transformer en affrontement entre, d’un côté, un héritage douloureux à assumer et, de l’autre, réparer les fautes d’une ancienne génération, qui a failli dans sa représentation philosophique.
En effet, on apprend que le grand-père d’Elsa et Anna a, non seulement trahi le peuple de la Forêt mais les valeurs de paix d’Arendelle, transmises de génération en génération. Et, comme à chaque fois que cela se produit dans l’Histoire, il incombe alors à la jeunesse de corriger les erreurs des anciens. Un thème plus que jamais d’actualité, tandis que la jeune génération a le désir de faire bouger les lignes et de faire entendre les gouvernements, aveugles, face à une situation qui, chaque jour, empire.
*Fin spoilers *

La Reine des Neiges 2 porte le fardeau de transmettre un message universel, l’espoir. Cependant, le film ne tombe jamais dans le versant moralisateur exaspérant et aborde les thèmes de l’écologie (entre autres) avec mesure, sagesse, sans cibler avec virulence les générations passées et leurs fautes.
L’optimisme est le caractère universaliste des productions Disney, et La Reine des Neiges 2 ne déroge pas à la règle. Jennifer Lee et Chris Buck l’ont bien compris et mettent en lumière le côté positif de leur œuvre, sans s’attarder sur les aspects négatifs qui peuvent paraître oppressants, pesants, pour le jeune public. Pour autant, le message est clair et s’infiltrera aisément dans l’esprit du spectateur afin de lui inculquer des valeurs d’amitié, de respect (envers autrui et la nature) et de tolérance.

Hé, ho, hé, ho, on rentre du boulot !

Génération Libérée, Délivrée

Le principal défi pour La Reine des Neiges 2 était sans nul doute pour les réalisateurs de composer une nouvelle bande-originale ainsi qu’une chanson aussi entêtante et entraînante que « Libérée, Délivrée » (Let It Go en VO), interprétée chez nous par la lumineuse Anaïs Delva. Et force est de constater que La Reine des Neiges 2 est rythmée de chansons inédites aux timbres automnales et hivernales d’une joyeuseté sans équivoque, toujours avec cet objectif de faire valser le spectateur au milieu de couleurs saisonnales flamboyantes ou de l’émouvoir, dans un déchaînement d’images symétriques aux teintures glaciales.
Ces nouvelles compositions que l’on doit à Christophe Beck, Kristen Anderson-Lopez (paroles) et Robert Lopez (musique), offrent par ailleurs au personnage de Kristoff son petit moment de gloire – au travers une chanson Matt Pokorienne bien cliché néanmoins attendrissante – et, à Olaf, une mélodie plus hilarante que « En Été ». Une chanson de la maturité pour Olaf, lequel souhaite grandir et « comprendre les choses ». Une philosophie, une idée, qui parcourront le film et tisseront un fil dramaturgique autour du bonhomme de neige lesquelles contribueront à lui donner plus d’importance que dans le premier opus. Cela aussi une résonance sur les enfants qui ont grandi de cinq années entre les deux sorties, et la manière dont il doivent appréhender le monde adulte. Avec innocence et humour.

Une réserve cependant sur la chanson « Un autre monde », censée être aussi excitante (et agaçante ?) que « Libérée, Délivrée ». Si « Un autre monde » est indéniablement une chanson sublime, un doute persiste quant au statut qu’on lui accordera au fil des années. Si le rythme est entraînant, les paroles (le refrain notamment) n’ont pas le caractère marquant, presque obsédant, qui ont fait de « Libérée, Délivrée » une chanson culte.

Génération Anaïs Delva

Ce fut un des grands drames à l’annonce du casting vocal français de La Reine des Neiges 2, l’absence de la magnifique Anaïs Delva. Une véritable déception pour les fans, d’autant que La Reine des Neiges n’aurait sûrement pas eu le même succès en France, sans son investissement et son amour pour le personnage d’Elsa. Toutefois, sans rentrer dans de vaines polémiques, ou prendre position pour l’une ou l’autre (un débat futile), avouons que Charlotte Hevrieux fait un travail vocal admirable. De plus, elle ne dénature jamais le travail accompli précédemment par Anaïs Delva et ne cherche, à aucun moment, à la surpasser, à la narguer ou à l’évincer du cœur des gens. Une belle leçon de modestie.

Sobriété, simplicité, justesse, Charlotte Hevrieux a une voix qui scied parfaitement à Elsa et, ses interprétations chantées, sont d’une extrême précision. On valide !

La conclusion du Capitaine Cinemaxx

Poétique, féerique, La Reine des Neiges 2 enchante par sa mise en scène enivrante, ses mélodies fraternelles, ses amours en ébullition et sa drôlerie Olafienne. Magique et envoûtant, Disney réussi le pari d’offrir à son héroïne principale une nouvelle histoire originale, pleine de bons sens et de bons sentiments (sans pathos, ni jugement).
Dans le même temps, La Reine des Neiges 2 permet aux personnages de Kristoff et Olaf de s’émanciper et de gagner en profondeur émotionnelle, là où le premier opus ne les considéraient que comme des sidekicks comiques. Et ne nous mentons pas, Dany Boon tient ici son meilleur rôle. Il aura fallu attendre l’arrivée de La Reine des Neiges au cinéma et la création du personnage d’Olaf pour que le réalisateur de Bienvenue chez les Chti’s me fasse enfin rire.
Enfin, les inquiétudes concernant la bande-originale sombrent rapidement puisque les créateurs Jennifer Lee et Chris Buck sont parvenus à présenter au public des chansons toujours séduisantes et entraînantes.

N’oublions pas de saluer le travail des dialoguistes français, sans qui les chansons de La Reine des Neiges n’auraient sans doute pas la même saveur. C’est un travail de titan que de traduire, conserver les idées évoquées dans les paroles, tout en gardant assez de recul pour se détacher et proposer une formule plus mémorable, comme ce fut le cas avec « Libérée, Délivrée ». Le souci de la langue est également ce qui pousse les dialoguistes à devoir réinventer certaines paroles.
En France, c’est Barbara Tissier qui a travaillé sur les dialogues de La Reine des Neiges 2. Vous pouvez retrouver ici mon entretien avec la directrice artistique, dans laquelle nous avions discuté de son travail sur La Grande Aventure Lego 2.

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