BILAN 2019, PARTIE 1 : TOP 10 DES MEILLEURS FILMS FRANÇAIS

Cette année, j’ai décidé de scinder mon bilan 2019 en deux parties. D’un côté, un top des meilleurs films français, de l’autre, un top/flop des productions étrangères. Pourquoi ?
Fin 2018, j’avais pris la décision de visionner davantage de films au cinéma, d’élargir ma culture cinématographique – en allant vers des genres auxquels je n’accordais, jusque là, que peu d’intérêt -, afin de composer des bilans plus éclectiques, moins blockbusteriens, disons, plus cinéphiles. Ma participation au Festival de Cannes et au Festival du Cinéma Américain de Deauville a également contribué à cette décision. En effet, j’y ai vu plétore de longs-métrages et, faire des choix est devenu une mission plus ardue que l’année précédente. D’innombrables coups de cœur, je ne pouvais donc me contenter d’un top 10. Débutons désormais cette sélection des meilleures productions françaises. Mais avant, un petit mot sur le cinéma français.

S’il y a un mot qui devait qualifier le cinéma français de cette année, ça serait le mot engagement. Que ce soit avec Hors Norme, Grâce à Dieu, Roubaix, une lumière ou Les Misérables, les cinéastes se sont inspirés de la réalité de leur époque, se sont emparés des problèmes sociétaux majeurs qui rongent notre société, pour défendre des causes profondément humaines et mettre en lumière ceux que l’État a abandonné.
Un cinéma qui nous a livré énormément d’émotions. J’ai encore dans la tête ses longues minutes d’applaudissements du public Deauvillois, après la projection des Misérables de Ladj Ly au Festival du Cinéma Américain de Deauville. Bouleversant !

Ambition. Le cinéma français made in 2019 a aussi été ambitieux, audacieux, dans ses propositions. De la comédie romantique originale (Mon Inconnue, Chambre 212…) à la superproduction (Le Chant du Loup), ces prises de risques auront été récompensées par les nombreux retours positifs (presse et public), faisant ainsi taire tous les détracteurs. NON, le cinéma français n’est pas mort !

1. Mon Inconnue d’Hugo Gélin

C’est sûrement la comédie romantique française la plus séduisante et la plus aboutie de ces vingt dernières années, Mon Inconnue d’Hugo Gélin est un bijou sentimental d’une rare beauté. Numéro 1 dans mon cœur, il était logique de le placer à la tête de ce classement.

Si Mon Inconnue est aussi originale, c’est d’abord pour son postulat de départ. Écrivain à succès, Raphaël (François Civil) se réveille un matin dans un univers parallèle dans lequel il n’est plus qu’un simple professeur de français et où, sa femme, Olivia (Joséphine Japy), est devenue une grande pianiste renommée. Toutefois, le principal souci est que dans ce monde-là, Olivia est fiancée à un autre homme : Marc (Amaury de Crayencour).
À travers cette histoire, Hugo Gélin ne livre pas qu’une comédie d’amour banale, une histoire de reconquête classique, mais un film sentimental sur le sens de la vie. On pourrait même y voir des similitudes avec le film de Brett Ratner, Family Man. En effet, c’est deux films ont un point commun : leur héros. Un héros dont l’objectif va être de redécouvrir les choses les plus simples de la vie qui ne sont, ni l’argent, ni les belles voitures, ni le succès, mais les valeurs d’amitié, d’amour et de respect. Finalement, qu’ils agissent de Raphaël ou de Jack (Nicolas Cage), chacun est dans une quête rétrospective, à un moment charnière de leur vie où un dilemme s’imposera alors à eux : repartir de zéro (s’offrir une seconde chance) ou poursuivre dans une voie égoïste ?

Il y a également dans Mon Inconnue, un thème important : la place de la femme au sein du couple. Ces dernières sont généralement celles qui se sacrifient le plus, qui sacrifient leurs désirs, leurs espoirs, leurs rêves. Ici, c’est Olivia qui sacrifie sa carrière de pianiste, au détriment du succès de son mari. Ironiquement, le personnage de Raphaël devra être confronté à cette même solitude « carriériste » et accepter un rôle de professeur de français lambda. Une changement qui contribuera, par ailleurs, aux délicieux effets comiques du film.

En somme, Mon Inconnue est une fable, une fable sur la vie, l’amour et la beauté des sentiments humains. À voir sans modération !

2. Edmond d’Alexis Michalik

« […] Un film héroïque et romantique, sur la vie d’un poète audacieux à l’imagination débordante, trépident d’ingéniosité, et sur la naissance d’un troubadour au grand cœur, timide mais valeureux. En somme, le long-métrage d’Alexis Michalik nous présente deux héros, deux âmes chevaleresques, à l’identité unique, puisque Cyrano naît des fantasmes et des désirs d’Edmond.
Et finalement, la naissance de l’un et la renaissance de l’autre. Cyrano est Edmond. Edmond est Cyrano. […] »

Ma critique complète et sans spoilers est à retrouver ici.

Mon interview du réalisateur Alexis Michalik est à retrouver ici.

3. Les Misérables de Ladj Ly

« […] Ladj Ly filme ses protagonistes caméra à l’épaule, afin de capter chaque sourire, chaque larme, chaque peur, chaque violence, avec la plus grande sincérité possible. Et cela fonctionne. Les Misérables transpire une authenticité émotionnelle rare – portée par des comédiens exceptionnelles, d’une justesse d’interprétation remarquable. Le spectateur est ainsi immergé, à la fois dans des environnements oppressants, anxiogènes -, où la menace peut surgir de n’importe où (menace lambda ou policière) – et qui, de temps à autre, apparaissent comme des lieux où il fait bon vivre, avec cette chaleur humaine et solidaire omniprésente, mais aussi dans les émotions brutes des acteurs. […] ».

Ma critique complète et sans spoilers est à retrouver ici.

4. Hors Normes d’Oliver Nakache et Éric Toledano

Olivier Nakache et Éric Toledano sont peut-être les deux réalisateurs français les plus doués de leur génération, notamment lorsqu’il s’agit du handicap et de la « vraie vie ».
Si Intouchables était axé sur l’humour et l’auto-dérision, Hors Normes tend davantage sur le drame, l’émotion, afin de mettre en évidence un sujet de société majeur : l’autisme.

Avec rigueur, finesse et intelligence, O. Nakache et É. Toledano vont donc dépeindre le portrait de deux éducateurs, celui de Bruno (Vincent Cassel) et celui de Malik (Reda Kateb), ainsi que leurs difficultés quotidiennes.
On s’émeut alors devant la partition dramatique qui se joue devant nous et, qui nous confronte de plein fouet à une violence inouïe. Que cela soit de la folie qui émane des situations auxquelles nos deux héros font face, chaque jour, ou des deux inspecteurs qui viennent mettre leur grain de sel dans les activités de Bruno, nous sommes en permanence submergés par cette avalanche de désespoir, de détresse et d’urgence, que procure le film.
Toutefois, tout n’est pas noir dans Hors Normes. En effet, le film est porteur d’un message d’espoir, notamment grâce à ses personnages engagés, lumineux et courageux. Qu’ils s’agissent des éducateurs, des jeunes de banlieues ou des personnes handicapées, chacun offre sa part d’humanité et, rassure sur le fait qu’il existe encore en ce bas monde, des gens qui luttent, pour le bien commun.

Émouvant, d’une grande simplicité et important, Hors Normes est sans conteste une œuvre qui laissera une trace, à la fois pour son propos mais aussi pour son exécution.

5. La Belle Epoque de Nicolas Bedos

« […] Nicolas Bedos aime le cinéma. La Belle Époque transpire de cette amour pour le 7ème art et rappelle à certains égards le Once Upon A Time In Hollywood de Quentin Tarantino, où l’on traverse diverses époques du cinéma avec humour et poésie, questionnement et raisonnement, à la fois sur l’évolution de l’humanité au fil des décennies, sur notre perception de l’Humain ou de l’Amour. La Belle Époque, c’est de l’émotion pure, une sincérité authentique, une succession de plans aussi mécaniques qu’acrobatiques, lesquels transportent le spectateur dans un ballet infernal où se côtoient fiction et réalité, au sein d’un même labyrinthe déroutant et dérangeant.
En somme, Nicolas Bedos, ingénieux, offre à son film un romantisme moderne, au-delà de toute caricature, une vraie comédie romantique originale au caractère bien trempé, à l’image de son réalisateur. ».

Mon analyse complète à retrouver ici.

6. Chambre 212 de Christophe Honoré

« […] Chambre 212 est un petit bonbon délicieux à deux visages. Brutal et délicat, drôle et émouvant, violent dans le propos, tendre dans son dénouement, Christophe Honoré offre ici un charmant conte sur les problématiques conjugales, en mettant en scène des personnages abîmés par la vie, par le temps, par l’amour. Une ode à l’Amour, d’où naît l’espoir d’une renaissance sentimentale (pour Richard et Maria), qui s’opère en affrontant de face, les obstacles du passé. […] ».

Ma critique sans spoilers est à retrouver ici.

7. Le Chant du Loup d’Antonin Baudry

« […] Si le scénario est maîtrisé et le suspens haletant, ce qui marque dans Le Chant du Loup, c’est d’abord le travail exceptionnel mené par Antoine Baudry (ainsi que son équipe) sur le son. Intrusif, immersif, le son (et le bruitage sonore) donne réellement vie à la tension permanente et perpétuelle du film, traduit également à l’écran par les émotions visibles des personnages. En effet, lorsque le héros incarné par François Civil, est, par exemple, en pleine concentration pour reconnaître quel.s son.s les entoure, on lit sur le visage des gradés autour de lui, une tension presque suffocante, une sensation de temps suspendu, où toute la dramaturgie de la séquence prend sens.
Une expérience sensorielle unique et une immersion sonore incomparable, mises en scène avec une précision rare, dans une composition scénique tantôt poétique, tantôt tragique. […] ».

Ma critique est à retrouver ici.

8. Deux Moi de Cédric Klapisch / Grâce à Dieu de François Ozon

Deux moi : Il y aura eu deux grandes comédies romantiques originales cette année, Mon Inconnue d’Hugo Gélin et Deux Moi de Cédric Klapisch. Chacun dans un style différent.

Dans Deux Moi, Klaspich a choisi de scinder son récit en deux parties, alternant les séquences de vie quotidienne de Rémy (François Civil) et de (Mélanie). Le réalisateur dépeint ainsi deux portraits, sans jamais les confronter, jusqu’au dénouement final. 
Les deux héros habitent le même immeuble, se croisent, s’entendent chanter, partagent la garde d’un chat (sans le savoir) mais, aucun de ces éléments ne les rapprochent.
Klapisch joue avec nos nerfs et, on se demande quel sera l’élément déclencheur de leur rencontre : un sourire volé au coin d’une rue, une chanson ou un animal. Tel le jeu du chat et de la souris, Klapish nous embarque dans sa sublime comédie romantique, où s’entremêle l’ordinaire à la destinée.

Ça sera finalement la danse, comme un message délivré à la jeunesse : un slow, plutôt qu’un texto ?

Grâce à Dieu : Grâce à Dieu de François Ozon, c’est le combat permanent d’Alexandre (Melvil Poupaud), d’Emmanuel (Swann Arlaud), de François (Denis Ménochet) et de toutes les victimes ayant subit les perversités du Père Preynat. Et lorsque Alexandre découvre que ce dernier officie toujours auprès d’enfants, il se lance (très vite rejoint par Emmanuel et François) alors dans un combat pour libérer sa parole et celles des autres. Un choix et des aveux, lesquels auront des répercussions et des conséquences qui ne laissera personne indemne. Car Grâce à Dieu montre aussi le courage de ces personnages qui osent s’affirmer, se libérer d’un poids du passé, se battre pour que justice soit faite. Ils feront face à une Église sans scrupule ou aux remarques et insultes d’amis ou de membres de leur propre famille. Entre mensonge, trahison et hypocrisie, le film de François Ozon chamboule, inquiète et, à l’image de ses personnages, ne nous laisse pas indifférent.

Enfin, François Ozon ne prend jamais position contre l’Église, ni contre la religion mais, au contraire, dénonce avec impartialité des abus trop longtemps ignorés par le Vatican. Une phrase, prononcée par le personnage de Gilles (Eric Caravaca), résume d’ailleurs parfaitement la pensée du réalisateur : « Je ne fais pas ça contre l’Église, mais pour l’Église. ».

9. Roubaix, une lumière de Arnaud Desplechin

Présenté en compétition au Festival de Cannes, Roubaix, une lumière, est passé assez inaperçue à sa sortie en août 2019. Pourtant, le film d’Arnaud Desplechin témoigne d’une réalité brutale, nous invite à une prise de conscience générale.

Dans Roubaix, une lumière, on suit deux jeunes femmes, incarnées par Sara Forestier et Léa Seydoux, accusées du meurtre d’une vieille dame. Elles sont voisines, toxicomanes, alcooliques et amantes.
Le réalisateur dépeint ici une misère sociale viscérale, la souffrance quotidienne d’êtres humains fragiles, abandonnés, dont le désespoir pousse inexorablement à des actes parfois retords et monstrueux. Ces personnes, profondément humaines et caractérisées par leurs désirs et leurs espoirs, sont ceux que l’État a lâchement abandonné. Un film sur l’humain donc, mais aussi sur un pays malade, qui laisse dépérir une partie de sa population, ne lui offrant plus aucun avenir social, aucune perspective d’avenir.
Au milieu de ce chaos ambiant, un phare éclaire cette petite ville, le personnage de Daoud (interprété par l’impeccable Roschdy Zem). Protagoniste central, c’est à travers lui que le spectateur découvre Roubaix. De son commissariat à ses zones industrielles délaissées, de ses quartiers populaires aux lieux de son enfance, Daoud traverse avec espoir et bienveillance, sa ville natale. Et s’il doit résoudre une enquête criminelle, il doit surtout résoudre un déterminisme social qui n’épargne personne.

Un film touchant qui soulève des problématiques sociétales et humaines profondes et, sur lesquelles certains politiques devraient se pencher, au lieu de tendre leurs culs aux patrons du CAC 40.

10. Convoi Exceptionnel de Bertrand Blier

« […] Malgré une narration un peu fouillie, des choix scénaristiques sans réponses (pourquoi quelques-uns ont un scénario et d’autres pas ?) et des séquences qui s’enchaînent parfois sans cohérence entre elles, le spectacle n’en reste pas moins jouissif grâce, notamment, à des dialogues savoureux, des répliques à la fois étranges, drôles, tendres, poétiques et dramatiques.
Certaines sont écrites sous forme de monologues (cf. Alexandra Lamy, Foster expliquant pourquoi il est devenu clochard, etc.), d’autres sortent de nulle part (cf. Taupin et ses recettes de cuisine), donnant un charme inqualifiable à ce Convoi Exceptionnel […] ».

Ma critique (avec spoilers) complète est à retrouver ici.

Liste des films manqués et qui auraient probablement chamboulé mon classement :
. Tout ce qu’il me reste de la révolution de Judith Davis
. Les Crevettes Paillettées de Cédric Le Gallo et Maxime Govare
. Sybil de Justine Triet
. Portrait d’une jeune fille en feu de Céline Sciamma
. Donne-moi des aimes de Nicolas Vanier
. J’ai perdu mon corps de Jérémy Clapin
. Le Daim de Quentin Dupieux

Et vous, quels ont été vos films favoris de cette année ?

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