BILAN 2019, PARTIE 2 : TOP/FLOP DES FILMS ÉTRANGERS

Après un classement des 10 meilleurs films français, nous nous retrouvons pour un top/flop des meilleurs et des pires longs-métrages américains/étrangers (hors-France, donc) de l’année 2019. Et si du côté des blockbusters nous n’avons pas été gâtés (plus les années passent, plus les grosses productions hollywoodiennes sont médiocres) en revanche, du côté des films d’auteurs, il y a eu des films absolument savoureux.
De la comédie engagée au drame puissant et envoûtant, le cinéma d’auteur américain et étranger nous aura livré des petites merveilles.

Note : Pour les films n’ayant pas eu une critique/analyse complète sur mon site, j’y ai laissé un petit mot. Ce ne sont en aucun cas des critiques poussées comme je peux le faire habituellement, juste un ressenti rapide et global sur l’œuvre.

1. Green Book : Sur les routes du sud de Peter Farrelly

Engagé, poétique, tendre et drôle à bien des égards, Green Book est un véritable chef d’œuvre, une bouffée d’air frais dans le paysage cinématographique actuel.
L’atout majeur du long-métrage de Peter Farelly réside dans son écriture ciselée, transcendée par l’interprétation de deux acteurs de grand talent. Mahershala Ali est impeccable, bouleversant dans ce rôle du pianiste noir Don Shirley, protagoniste élégant et raffiné qui, peu à peu, va se laisser emporter par la simplicité brute du personnage incarné par Viggo Mortensen, Tony Lip (son chauffeur), incroyable de justesse.

Green Book, c’est une histoire d’amitié entre deux hommes que tout oppose, un road-movie efficace, sincère dans sa démarche, ainsi que dans son message. Sublime !

2. The Dead Don’t Die de Jim Jarmush

« […] The Dead Don’t Die ouvre parfaitement cette 72ème édition du Festival de Cannes, dans une ambiance post-apocalyptique extravagante où se succèdent des séquences aussi inconvenues, étranges que désopilantes.
Le travail d’écriture et de mise en scène (le travail sur le cadre et le montage est délicieux) de Jim Jarmusch est d’une rigueur incroyable. Le cinéaste s’amuse avec tous les clichés possibles du genre ou concernant les acteurs eux-mêmes (noms, physiques, attitudes, carrières…), pour en faire une vraie comédie horrifique délirante et loufoque, rythmée (si on peut dire) par le duo Murray/Driver, dont la dynamique nonchalante est d’une drôlerie absolue. […] »

Mon analyse complète est à retrouver ici.

3. Once Upon A Time… In Hollywood de Quentin Tarantino

Œuvre ultra-référencée, Once Upon A Time… In Hollywood peut dérouter par son éloge permanent au cinéma. Cependant, même avec des connaissances partielles du cinéma (moi-même, je n’avais pas toutes les références), le 9ème long-métrage de Quentin Tarantino se laisse apprécier à sa juste valeur. Cela grâce à une fluidité scénaristique dont Tarantino a le secret, des scènes désopilantes, mais aussi parce que le film ne s’impose jamais comme une œuvre élitiste, exclusivement réservée aux cinéphiles.
Once Upon A Time… In Hollywood, c’est également un hommage au cinéma d’antan et un pamphlet sur le cinéma moderne, que certains ne reconnaissent plus, à l’image de Rick Dalton (Leonardo DiCaprio) et de Cliff Booth (Brad Pitt). Une nostalgique qui anime d’ailleurs le film avec vigueur. En somme, Once Upon A Time… In Hollywood transpire l’amour que porte Quentin Tarantino au 7ème art.

On regrettera néanmoins la présence limitée de Margot Robbie. Toute la sous-intrigue autour de Sharon Tate n’était franchement pas nécessaire, et inutile à l’intrigue principale.

4. Parasite de Bong Joon-Ho

« […] La folie qui émane peu à peu de Parasite, Bong Joon-Ho la maîtrise avec une rigueur rare. Il installe son ambiance progressivement, sans basculer dans la démence, de manière brutale.
Une découverte improbable (un homme vivant sous la maison de la famille Park), une seconde (l’ancienne servante s’aperçoit de la supercherie de la famille de Gi-Taek), un chantage, une bagarre, un imprévu (le retour de la famille Park, laquelle a écourté son séjour) et la tension monte d’un cran. Un retour de flamme dramatique que le réalisateur accentue avec une catastrophe météorologique, telle une punition divine, et plonge littéralement la famille de Gi-Taek dans le tourment. On pense alors qu’elle ne tombera pas plus bas, mais le sommeil d’en bas gronde, se réveille, plus déterminé. Parasite devient à cet instant, incontrôlable et violent. Jeu de massacre et horreur se mêlent pour conclure un acte féroce, au goût amer du désespoir, où le riche dévoile aussi sa face cachée, celle de l’égoïsme. Tandis que la fille de Gi-Taek est en sang, Park ne bouge pas un petit doigt, réclame les clefs de la voiture à son chauffeur pour sauver son enfant : miroir du massacre, vérité humaine. […] »

Ma critique sans spoilers est à retrouver ici.

5. Avengers : Endgame d’Anthony et Joe Russo

« Bien sûr, Avengers : Endgame n’est pas la conclusion épique tant voulu par quelques-uns, mais une conclusion émotionnelle à une saga de 11 ans, qui peut dérouter par ses nombreux dialogues pompeux. Malgré quelques facilités scénaristiques (le rat, Nébula sur la localisation de Thanos, l’explication des 5 années du Monde Quantique…), des défauts dans la composition scénaristique de deux ses personnages, un Ronin vite expédié et une bataille finale sans saveur visuelle (si je concède de jolies scènes ça et là), cela n’entache en rien la qualité globale d’Avengers : Endgame, lequel ouvre désormais, une nouvelle ère… […] »

Mon analyse complète avec spoilers à retrouver ici.

6. Joker de Todd Phillips

Joker fut une des grandes surprises de cette année 2019. Drame social, le film de Todd Phillips suit la descente aux enfers d’un homme, Arthur Fleck, au bord de la folie. Cette folie, elle va parcourir le long-métrage, s’immiscer peu à peu dans la tête d’Arthur, jusqu’à le transformer. Un basculement provoqué par l’abandon, par un système à bout de souffle, par les autres. L’enfer, c’est les autres. Une citation de Dante qui sied au Joker. Quand la folie devient meurtrière, quel autre destin a-t-on que de poursuivre et inciter les autres à suivre un mouvement de chaos ? Joker, c’est la ligne rouge, celle qu’un bon nombre de gens pourrait franchir, après « une mauvaise journée » (référence à Killing Joke). Car, il est si aisé de basculer dans la folie, lorsque l’on a tout perdu, lorsqu’on est seul.
Ces dilemmes philosophiques, moraux, Todd Phillips les transpose avec des intentions Scorsesiennes évidentes, en s’ajustant à un univers fictionné, celui du comic-book. Il y a, dans le mythe du Joker, un sens moral à élucider, à comprendre, pour mieux capter notre époque et la civilisation dans laquelle nous vivons. Joker, ce n’est pas juste de la folie pure. C’est un profond sentiment d’abandon. Ainsi, cette volonté soudaine de vouloir se mettre en lumière et sa passion dévorante pour le système médiatique, ne va pas simplement lui servir à passer un message. Mais à combler un vide intérieur, après le décès de sa mère. C’est à cet instant précis que le Joker naît. Lorsqu’il tue le présentateur vedette, pour lui-même embraser le destin de symbole.
Symbole médiatique.
Symbole d’un peuple en colère.
Symbole du chaos.

7. Vice de Adam McKay

Vice est un film singulier, dans lequel Adam McKay met en lumière l’horrifiante ascension de Dick Cheney, ouvrier devenu un des hommes politiques les plus puissants du monde, et qui œuvra dans l’ombre pour exécuter ses propres idéologies, au détriment de toute moralité.

Prenant, surprenant, Vice est cocasse, truculent, mais également inquiétant, glaçant et sinistre, où la réalisation et le montage se mêlent de manière efficace et astucieuse, pour offrir ce spectacle inédit.
Une histoire incroyable, livrée sans faux-semblant. Adam McKay saisit, par ailleurs, l’intérêt de ne rien prendre au sérieux, aussi bien dans la mise en scène que dans le montage (l’humour et l’auto-dérision ont une grande place dans sa production), des choix scénaristiques qui permettent de ne pas achever un spectateur, déjà abasourdi par ce one-man-show improbable, ignoble et sans précédent dans le monde politique.
Le tout est bien entendu sublimé par l’interprétation d’un Christian Bale, une fois de plus méconnaissable.

8. Marriage Story de Noah Baumbach

Drame intimiste sur le couple, Marriage Story est avant tout un film sur la communication où Noah Baumbach met en exergue la manière dont les rancœurs peuvent s’accumuler au fil des années à cause de non-dits. Cela, on le comprend dès le début du film, lorsque le personnage de Nicole (Scarlett Johansson) refuse de lire sa lettre à haute-voix, lors d’une séance de médiation. Et lorsque le film se conclut avec Charlie (Adam Driver) en larme, en train de lire la lettre de sa femme, on se laisse à imaginer qu’une partie du problème aurait sûrement été réglé, s’ils avaient simplement su se parler et s’écouter. D’ailleurs, si la séquence qui a marqué le public est celle où les deux personnages se retrouvent pour parler, c’est parce que c’est celle où les non-dits éclatent, que les vérités explosent. Une vérité qui fait mal, mais pourtant nécessaire pour avancer et/ou tourner la page.

La communication est la clé de la réussite d’une histoire d’amour. C’est le message de Noah Baumbach.

9. La Mule de Clint Eastwood

« La plupart des films de Clint Eastwood sont toujours teintés de ces regrets paternels, comme si le cinéaste confiait ne pas avoir été un bon père et, à travers ses histoires, demandait pardon à ses propres enfants d’avoir eu des longues absences, d’avoir été trop souvent « sur la route ».
Les artistes sont ainsi, ils chantent leurs désespoirs, écrivent leurs déclarations les plus intimes, mettent en scène leurs tourments. Chacun d’entre eux exprime ses sentiments, de manière différente, mais le résultat est le même : se mettre à nu aux yeux du monde, pour ouvrir son cœur, afin d’expier ses fautes. Avec La Mule, le réalisateur de Million Dollar Baby, s’offre lui, une ultime rédemption, concède ses échecs, admet ses erreurs, avoue que la « famille doit passer avant le travail » à son cadet/successeur Bradley Cooper, un message, un aveu ouvert à ses enfants qui, comme je le disais à l’instant, a passé tant de temps sur les routes à jouer des rôles, plutôt que SON Rôle. »

Ma critique complète est à retrouver ici.

10. La Favorite de Yorgos Lanthimos et The Lighthouse de Robert Eggers

Deux films qui m’ont assez ennuyé mais pour lesquels je reconnais un travail d’orfèvre, notamment sur la réalisation et cette précision dans la conception des jeux clair/obscur.

La Favorite : Outre la présence des somptueuses comédiennes que sont Rachel Weitz, Olivia Colman et la magnifique Emma Stone, La Favorite doit sa réussite à un décor baroque exceptionnel, des costumes classiques d’une infinie beauté mais surtout à sa photographique d’une grande qualité. En effet, le travail photographique sur les clairs/obscurs (ou la quasi absence de lumière) est d’une précision rare. Il révèle parfaitement les sentiments d’insécurité que ressentent Sarah et Abigail l’une envers l’autre, ce sentiment d’animosité qui les animent et le repli sur elles-mêmes. Une photographie avec ces jeux de lumière infernaux, afin de montrer que les deux rivales ne sont jamais vraiment libres de leurs choix, malgré leur acharnement à vouloir tout maîtriser. Elles sont prisonnières de leurs propres obscurités, de leurs propres démons, leurs propres peurs, prisonnières d’une lueur d’espoir, celles de leurs motivations personnelles.

La Favorite, un semi huis-clos intense, où deux favorites s’affrontent, à la fois prisonnières donc, et dépendantes d’une figure monarchique mais, surtout, de leurs propres ambitions personnelles.

The Lighthouse : Majestueux dans sa composition de l’image, poétique et philosophique, Robert Eggers livre avec The Lighthouse un film inconfortable, étrange, où la solitude et la folie se rencontrent pour ne former qu’une seule et même entité.
William Dafoe et Robert Pattinson n’avaient déjà plus rien à prouver mais une fois encore, les deux acteurs démontrent à quel point leur palette d’interprétation n’a aucune limite.

Coup de cœur :

Klaus de Sergi Pablos
Détective Pikachu de Rob Letterman

  • Ma critique de Pika-Pi, avec spoilers, est à retrouver ici.

Ils auraient pu être dans le classement :

À Couteaux Tirés de Rian Johnson

  • Ma critique avec spoilers est à retrouver ici.

Bienvenue à Marwenn de Robert Zemeckis

  • Ma critique avec spoilers est à retrouver ici.

Crawl d’Axandre Aja

  • Ma critique avec spoilers est à retrouver ici.

The Irishman de Martin Scoresese

Toy Story 4 de Josh Cooley

  • Ma critique avec spoilers est à retrouver ici.

Forgiven de Roland Joffé

Mention Honorable :

Alita : Battle Angel de Robert Rodrgiuez

  • Ma critique avec spoilers est à retrouver ici.
  • Mon interview du concept designer, Shane Baxley, est à retrouver ici.

John Wick : Parabellum de Chad Stahelski

La Reine des Neiges 2 de Chris Buck et Jennifer Lee

  • Ma critique avec spoilers est à retrouver ici.

Nevada de Laura de Clermont-Tonnerre

Scary Stories de André Ovedral

  • Ma critique est à retrouver ici.
Crédit photo : Geek Génération

Les 10 flops de l’année 2019 (sans ordre précis)

1. After : Chapitre 1 de Jenny Gage

  • Ma critique avec spoilers est à retrouver ici.

2. Captain Marvel de Anna Boden et Ryen Fleck

  • Ma critique avec spoilers est à retrouver ici.

3. Fast and Furious : Hobbs & Shaw de David Leitch

  • Ma critique avec spoilers est à retrouverici.
  • Mon interview du cascadeur Jean-Paul Ly est à retrouver ici.

4. Godzilla 2 : Roi des Monstres de Michael Dougherty

  • Ma critique avec spoilers est à retrouver ici.

5. Hellboy de Neil Marshall

  • Ma critique avec spoilers est à retrouver ici.

6. La Malédiction de la Dame Blanche de Michael Chavez

  • Ma critique est à retrouver ici.

7. Midsommar de Ari Aster

8. Spider-Man : Far From Home de Jon Watts

  • Ma critique avec spoilers est à retrouver ici.

9. Terminator : Dark Fate de Tim Miller

  • Ma critique avec spoilers est à retrouver ici.

10. X-Men : Dark Phoenix de Simon Kinberg

  • Ma critique avec spoilers est à retrouver ici.

(Mais on aurait pu y ajouter Le Roi Lion, Men In Black : International ou encore Shazam! …)

Pas vu (soit parce qu’aucun cinéma ne diffusait le film près de chez moi, soit par manque de temps et/ou d’envie/d’intérêt) et à rattraper :

. Abominable de Jill Culton
. Brightburn : L’Enfant du Mal de David Yorvesky
. Douleur & Gloire de Pedro Almodovar
. El Camino de Vince Gilligan
. Les Deux Papes de Fernando Mreilles
. La Fracture de Brad Anderson
. Dolemite is my name de Creig Brewer
. It must be Heaven de Elia Suleiman
. The Highwaymen de John Lee Hancock
. La Gomera de Corneliu Porumboiu
. Le Lac aux Oies Sauvages de Diao Yi’nan
. Le Mans 66 de James Mangold
. Le Traître de Marco Bellocchio
. Les Enfants du Temps de Makoto Shinkai
. Pour Sama de Waad al-kateab et Edward Watts
. Promare de Hiroyuki Imaishi
. Queens de Lorene Scarfia
. Rocketman de Dexter Fletcher
. Une Vie Cachée de Terence Malick
. Velvet Buzzsaw de Dan Gilroy
. La Vérité de Kore-Eda

Allez, on se quitte en musique avec un titre original de Rita Ora, Carry On, tiré du film Détéctive Pikachu.

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