Sept ans après Under The Skin, le réalisateur britannique Jonathan Glazer revient avec un court-métrage, The Fall, dans lequel il met en scène une chasse à l’homme violente. En sept minutes, il raconte les dérives totalitaires de notre société.
AVIS (SANS SPOILERS) :
Il aura suffit de quelques secondes à Jonathan Glazer pour plonger le spectateur dans une réalité cauchemardesque, glauque et impitoyable. Dès la première image, le cinéaste nous confronte à une violence mystérieuse. Un individu, portant un masque, accroché en haut d’un arbre, fuit ses bourreaux, eux aussi masqués, lesquels tentent de le décrocher de son « nid ». Qui sont-ils ? Pourquoi portent-ils des masques ? Où sommes-nous ? Quel est ce nouveau monde ? Autant de mystères qui parcourent les sept minutes de ce court-métrage anxiogène.
Toutes ces inconnues créent un sentiment inconfortable d’insécurité comme si nous regardions un épisode d’une télé-réalité où, à tout instant, ces êtres masqués et difformes pourraient débarquer dans notre salon, nous prendre en otage, et nous contraindre à participer à ce jeu macabre et sadique.
Je parlais des masques. Ils ont un rôle d’une importance capitale. Outre l’aspect perturbant qu’ils apportent à The Fall, ces masques, terrifiants, traduisent une folie humaine, une folie qu’on enfouit, que l’on cache aux yeux du monde pour se légitimer d’horreurs qu’on ne pourrait pas commettre à visage découvert. Les super-héros portent des masques pour protéger leurs identités et leurs familles, eux, les portent pour semer le chaos et la désolation. Et si la victime est masquée, c’est peut-être pour justifier l’idée qu’on ne tue pas un être humain, mais une créature non-humaine. Ainsi, les agresseurs pensent être dans un bon droit. Dans une chasse légale.
Ce nouveau monde, on le comprend, est un monde où l’humanité semble avoir été plongée dans une dictature de l’horreur, où les Hommes ont disparu, au profit de Vengeurs Masqués, sans âmes.
Entre American Nightmare et US, Jonathan Glazer offre un court-métrage expérimental, visuellement dérangeant, en s’attardant notamment sur des détails peu ordinaires tels que la corde du pendu et ses vibrations.
La caméra s’adonne, par ailleurs, à des mouvements qui provoquent toutes sortes de sentiments. Elle est troublante lorsqu’elle filme ce puits de manière quasi-silencieuse et ce seul effet sonore, oppressant, celui de la friction de la corde, angoissante quand elle filme ces humanoïdes masqués en gros plan, donne le vertige lorsqu’elle filme la victime en contre-plongée.
Le silence est pesant. Car outre les effets sonores que j’évoquais à l’instant, la musique n’intervient que rarement dans The Fall. Un choix astucieux pour immerger le spectateur dans cette confrontation aliénante.
Enfin, la force de The Fall réside dans les multiples interprétations que l’on peut en faire. Quelle sera la vôtre ?
The Fall se sera disponible en VOD, dès le 15 juillet prochain.
Merci à Sandrine Soler et Salaud Morisset pour cette découverte et le partage.
Article non-sponsorisé.
FICHE TECHNIQUE :
Nationalité : Britannique
Année : 2019
Genre : Horreur
Format : 7 minutes
Ecrit et réalisé par : Jonathan Glazer
Musique composée par : Mica Levi
Production : Academy Films and BBC Films
Distribution : Salaud Morisset