* SANS SPOILERS *
C’est une des sorties post-confinement les plus attendues, L’Aventure des Marguerite de Pierre Coré met en scène deux jeunes héroïnes : Marguerite et Margot. Chacune vit dans une époque différente, 1942 pour Marguerite, 2020 pour Margot. C’était sans compter une mystérieuse malle magique qui les transporte chacune dans l’époque de l’autre.
NOTE : L’Aventure des Marguerite est une adaptation de la BD de Vincent Cuvellier, Le Temps des Marguerite et illustré par Benoît Robin, paru en octobre 2009 aux Éditions Gallimard.
Une quête paternelle
L’Aventure des Marguerite n’est pas qu’une banale histoire de boîte magique et de voyage temporel, le film de Pierre Coré est avant tout une quête, celle pour retrouver deux figures paternelles. Margot devra donc braver les dangers pour trouver le père de Marguerite, porté disparu durant le Seconde Guerre Mondiale tandis que Marguerite, de son côté, aura la lourde responsabilité de chercher un père pour Margot. Pour cette dernière, cette poursuite sera plus ardue puisqu’on apprendra que le papa de Margot est parti vivre Australie avec une nouvelle compagne, et qu’elle cohabite désormais avec son beau-père, Laurent. Ainsi, c’est seulement à cette condition qu’elles pourront récupérer leurs vies.
Des enjeux dramatiques poignants, voire même philosophiques.
En effet, Pierre Coré interpelle sur la notion de « père ». Comme le dit Margaux, un père, est une personne qui doit se battre pour les personnes qu’il aime. Et c’est ce qu’attend notamment Margot de Laurent. Elle n’est pas en colère que sa mère ait refait sa vie avec un autre homme, elle en veut davantage à son père qui l’a abandonnée et, à Laurent, son immaturité et son manque d’attention à son égard. Pour le réalisateur, être père n’est pas une question de sang, mais de responsabilités, de courage et d’amour. L’Aventure des Marguerite expose alors une nouvelle quête sous-adjacente. Peu à peu, au fil du récit, le personnage de Laurent – brillamment interprété par un Clovis Cornillac au sommet -, va devenir l’adulte, le « père » de famille, l’homme responsable qu’il aurait toujours dû être pour Margot.
Lila Guéneau, la révélation !
Si Alice Pol et Clovis Cornillac sont admirables et apportent un vent de fraîcheur indéniable, la véritable révélation du film est sa jeune héroïne, Lila Gueneau (Marguerite/Margot). Elle livre une performance subtile, d’une justesse chirurgicale, en jouant deux personnages aux styles diamétralement opposés avec une aisance assez étonnante.
Elle passe également d’un langage soutenu à un langage familier, sans tomber dans la caricature, utilisant un anachronisme linguistique pour offrir à la fois des moments déboussolants, cocasses ou, au contraire, émouvants. Outre l’écriture, c’est aussi l’intensité du jeu de Lila Guéneau qui parvient à transmettre toutes ses émotions diverses et à alimenter le récit par sa présence dynamique et naturelle.
De plus, la comédienne a su capter l’Histoire, les enjeux et sa dramaturgie ainsi que la problématique « paternelle » pour interpréter deux héroïnes fortes et présenter aux spectateurs un regard nouveau sur deux époques différentes (cf. la scène où Marguerite regarde les éoliennes).
Ces scènes-ci, percutantes, interrogent. Lorsque Marguerite s’extasie devant ses engins imposants, en réalité, elle se questionne sur le bien fondé de dénaturer la beauté d’un paysage qu’elle connaissait vierge. Et à travers son regard, nous qui connaissons leur utilité, on se questionne à notre tour sur les capacités controversées des éoliennes. Voulons-nous vivre dans des campagnes à l’environnement futuriste et froid ?
Conclusion
Pierre Coré signe un joli conte populaire, une aventure humaine poétique, tendre et bouleversante, mais également indépendante et humaniste, à l’image de ses deux héroïnes Marguerite et Margot.
Un bonbon à savourer dans une salle obscure, sans modération. L’aventure des Marguerite sera certainement l’un des meilleurs films de cette étrange année 2020. Alors, FON-CEZ !
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