LES NOUVEUX MUTANTS : DÉBUT D’UNE NOUVELLE ÈRE ?

Ils ont survécu au rachat de la Fox par Disney, aujourd’hui, ils affrontent le Coronavirus avec autant de courage que les X-Men. Si Les Nouveaux Mutants n’étaient pas porteurs du gène X, ils auraient certainement succombé aux combats et fini dans les limbes cinématographiques d’Hollywood.
Le projet – anciennement Foxien – débarque donc au cinéma, tel un Messie (y’a pas que TENET !!!), après trois longues années d’attente. Le running-gag est terminé, place désormais à la critique. Que vaut ce spin-off horrifique de l’univers X-Men ? Réponse !

Les Nouveaux Mutants ou Les Étoiles Mutantes ?

Choisir l’auteur de Nos Étoiles Contraires pour réaliser le premier spin-off à la franchise X-Men était un choix audacieux mais malin.
En 2014, Josh Boone explose auprès du jeune public, après son adaptation réussie et bouleversante du roman de John Green, dans laquelle une adolescente de 17 ans (Shailene Woodley) atteinte du cancer de la thyroïde, va rencontrer Augustus Waters (Ansel Elgort), en rémission d’un cancer. Les critiques sont mitigées, le public, sous le charme, est conquis par cette histoire tendre, relevée par l’interprétation d’un duo charmant. Et les chiffres au box-office vont lui donner raison : 300 millions de dollars de recettes pour un budget de 12 millions.
Pour Les Nouveaux Mutants, la Fox cherche un réalisateur capable de mettre en scène des jeunes héros, de cerner leurs problématiques et de les transposer sur grand-écran : le nom de Josh Boone semble être un choix rapide. Un an après la sortie de Nos Étoiles Contraires, le cinéaste est engagé pour réaliser leur film.

Indéniablement, Josh Boone sait comment donner de la profondeur à ses héros. Bien que le côté young-adult des Nouveaux Mutants soit omniprésent, le réalisateur parvient à sortir des clichés habituels, à offrir une vraie personnalité, un véritable background à chacun de ces futurs X-Men (?). La force de la narration tient notamment à cela, l’exposition des jeunes mutants, au passé douloureux, un passé qu’ils devront affronter seuls ou ensemble. Néanmoins, force est de constater qu’une demi-heure de film supplémentaire aurait été la bienvenue pour enrichir leurs histoires, et donner davantage de force aux enjeux pourtant sombres et autodestructeurs.
Pour développer mon propos, revenons brièvement sur chacun des personnages :
Rahne Sinclair / Félina : capable de se transformer en chien/loup. De ce que l’on sait, elle a été rejetée et traquée par un révérend qui ne souhaitait que sa mort.
Sam Guthrie / Rocket : sa super-vitesse est à l’origine de la mort de son père, minier.
Bobby Da Costa / Solar : issu d’une riche famille brésilienne, il a le pouvoir de se transformer en « torche humaine ». Ce dernier a accidentellement tué sa petite amie.
Illyana Rasputin / Magik : elle peut se téléporter et ouvrir un portail vers les limbes. Lorsqu’elle était jeune, des hommes à l’aspect horrifique venaient l’attaquer.
Dani Moonstar / Mirage : Elle créée des illusions liées à la peur des autres. Sa famille est morte suite à l’attaque de l’Ours-démon, qu’elle ne contrôlait pas.

Comme vous pouvez le constater, mes descriptions sont courtes et concises, à l’image du film. En effet, Les Nouveaux Mutants est avare lorsqu’il s’agit d’explorer en profondeur les tragédies des personnages. Aucun flashback pour sonder les angoisses, les peurs des protagonistes. Dès lors, vous comprenez la difficulté d’être émotionnellement investi dans leurs histoires et de bénéficier d’enjeux plus intenses.
– Que s’est-il réellement passé entre Rhane et le Révérand ?
– Comment Sam a-t-il accidentellement tué son père et quelles relations entretenaient-ils ? De même que pour Bobby et sa petite-amie.
Montrer de manière concrète leurs vies d’avant, leurs relations familiales ou amoureuses, aurait appuyé la dramaturgie du récit pourtant prometteuse. Car les bases sont là, solides et attirantes. Les cinq mutants présentés sont attachants et le film exposent des problématiques personnelles intéressantes/profondes (même si elles sont peu développées). Ce n’est pas que le spectateur ne saisit pas les enjeux qui se déroulent sous ses yeux ou qu’il n’appréhendera pas les sentiments ressentis par les personnages, c’est que tout est très expéditif. Mis à part les Smiling Men – les monstres du souvenir d’Illyana -, qui déambulent dans l’hôpital et un combat contre l’Ours-Démon, certains héros n’affrontent jamais vraiment leurs propres peurs. Le Révérend ne fait qu’une seule et brève apparition (pour faire face à Rahne), tout comme l’ex-petite amie décédée de Bobby. De ce fait, le côté horrifique des Nouveaux Mutants en prend un sacré coup…

J’ai la frousse !!! Ou pas…

Je le disais un peu plus haut, le climat d’horreur est très édulcoré. L’ambiance horrifique n’a pas ce caractère oppressant, anxiogène qu’elle devrait avoir, notamment parce que le film ne comporte pas assez de scènes inquiétantes, troublantes, effroyables. Et, lorsqu’il y en a, elles sont sommaires, trop courtes pour installer un ton ténébreux. Le film parvient cependant à trouver un petit équilibre, après que les Smiling-Men (image à gauche) prennent d’assaut l’hôpital. Leurs physiques abominables apportent une plus-value indéniable et on ne boude pas son plaisir devant ces quelques séquences inhumaines.
Finalement, si l’atmosphère horrifique des Nouveaux Mutants est si tempérée c’est aussi parce que le long-métrage – outre qu’il manque de scènes monstrueuses – souffre d’un montage brouillon en empilant les séquences bavardes de façon maladroite.

Notons cependant l’intelligence du scénario. Le méchant de l’histoire n’est pas forcément celui que le spectateur croit, et le récit nous prend à revers en transformant une des héroïnes (Danielle Moonstar) en antagoniste. Involontairement certes, à travers l’Ours-Démon, mais permet d’avoir un flou quant aux événements hallucinatoires qui s’imbriquent, par ailleurs, parfaitement avec la sous-intrigue concernant ESSEX CORPORATION.

Conclusion

Il y a dans cette production, une volonté évidente de proposer quelque chose de nouveau, de novateur à la franchise mutante et, il ne manquait presque rien pour y aboutir. Les Nouveaux Mutants fait malgré tout son travail, celui d’un divertissement efficace, rythmé par quelques moments romantiques et héroïques, charmants et courageux.

Le début d’une nouvelle ère ? Je suis partant. Autant mettre à profit tout ce qui n’a pas été approfondi dans d’éventuelles suites, non ?


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