30 JOURS MAX : RENCONTRE AVEC L’ÉQUIPE DU FILM + AVIS

Mardi 15 septembre s’est tenue l’avant-première de 30 jours max, la seconde comédie de Tarek Boudali.
Invités par le Méga CGR de La Rochelle, en partenariat avec l’émission d’Alain Jeanne « Chut on écoute la télé », le comédien de la bande à Fifi, José Garcia, Julien Arruti et l’actrice Vanessa Guide sont donc venus présenter leur nouveau film au public rochelais.
Malgré la crise sanitaire, ce fut une soirée triomphale pour les quatre amis, accueillis à la fin de la projection par une standing ovation, amplement méritée.

TAREK BOUDALI

D’où vous vient l’idée de 30 jours max ?

D’une question toute conne que je me suis posée un jour : « Qu’est-ce que je ferais, s’il me restait que quelques jours à vivre ? ».

Pourquoi avoir choisi de raconter cette histoire à travers le prisme de la comédie policière et pas la comédie romantique, par exemple ?

Il fallait une évolution du personnage. Je pars d’un personnage très looser, très peureux, et je voulais qu’il fasse, par la suite, des trucs de fous dans le film. Et dans la police, on peut le faire. Donc, j’ai choisi le métier de policier pour ce rôle, c’était un bon point de départ.

L’arc narratif de la mamie est vraiment drôle. C’était prévu dans le script dès le départ ou cet arc est arrivé plus tard dans l’écriture ?

Non, plus tard. J’ai d’abord commencé par construire l’arc de mon personnage, le personnage principal, et ensuite seulement, j’essaie d’écrire tous les protagonistes qui graviteront autour de lui, qui vont aussi modifier l’arc du héros, au demeurant. Ça vient dans la continuité, mais l’idée de la mamie qui souhaite devenir une star de la télé-réalité, ce n’est pas venu immédiatement. Je me dis pas : « tiens, il faudrait une grand-mère comme-ci ou comme ça ». C’est lorsque je fais évoluer mon personnage que naît l’envie d’ajouter une mamie ainsi que son histoire.

C’est une amoureuse de télé-réalité, vous-même, vous êtes adepte de ce genre d’émissions à la télé ?

Å la base, je ne regarde pas de télé-réalité. Mais pour le rôle, j’ai visionné quelques épisodes de ces émissions.

Et, verdict ? (rire)

Eh bien… euh… Je suis pas un grand fan mais force est de constater que l’on reste scotché à la télé. Du coup, on continue de regarder. Je n’ai fais que ça, durant tout un été (rire).

Vous avez évoqué hier, trois ans de travail pour 30 jours max. Qu’est-ce qui a pris autant de temps ?

L’écriture, c’est ce qui prend le plus de temps. Pour 30 jours max, c’est un an et demi d’écriture. Après, il y a la préparation du tournage, le tournage en lui-même, la post-production, le marketing, la tournée. Ça va donc faire presque trois ans là. Toutefois, l’écriture, c’est la base de tout. Il faut vraiment prendre son temps, ne pas se précipiter ou se dire qu’il faut rapidement sortir un nouveau film. Prendre son temps et faire les choses pour le mieux, afin de pondre un bon script, et ainsi, sortir le meilleur projet possible.


J’ai cru comprendre que vous faisiez vos cascades vous-même, certaines sont assez dingues. Combien de temps en amont pour toutes les préparer ?

Pas beaucoup de temps. J’étais très pris entre la préparation et les réunions. J’avais de grosses semaines, des réunions avec mes équipes, le découpage avec mon chef opérateur, l’organisation du planning avec mon assistant et, en fin de journée, mes entraînements de catch pour la séquence à l’ambassade mexicaine ou m’entraîner à la conduite en moto pour la dernière séquence du film. J’ai d’ailleurs passé le permis moto pour réaliser cette scène. Je n’avais donc pas énormément de temps, mais j’avais de grosses journées.

Je sais que Tom Cruise est un de vos modèles. Est-ce aussi pour cette raison que vous avez choisi de faire vos propres cascades ?

Je suis un grand fan de Tom Cruise. Le fait de voir des films où il réalise ses propres cascades, je trouve que cela ajoute un plus à ses longs-métrages. Alors, j’ai fait un peu pareil.

Vous avez vu sa dernière folle cascade pour Mission Impossible 7 ?

En Norvège ? Celle où il est en moto sur une rampe et se jette dans le vide avant d’ouvrir son parachute ? Oui. Ça me donne envie, ça me donne des idées. Dans 30 jour max, il devait y avoir une scène en hélicoptère, mais je n’ai pas pu la faire. Je n’ai pas eu l’autorisation.

Vous n’avez pas le vertige ? La scène où vous êtes en mode funambulisme à 25 mètres de haut sur les toits de Paris était dangereuse.

Non, je n’avais pas le vertige. Il n’y a pas grand chose qui me fait peur, je le dis avec honnêteté. Une chose me fout la trouille, ce sont les cafards.

Tout le monde rit.

C’est vrai. On peut me mettre des serpents ou autre devant moi, ça ne me fait strictement rien, comme la vitesse ou la hauteur. Mais des cafards, je peux sauter dans tous les sens.

Julien Arruti : Je confirme.

Il y a une scène que j’ai particulièrement aimé dans le film, c’est celle où le personnage de Philippe Lacheau doit affronter un des hommes de main du rat, dans un parking souterrain. Il s’agit d’une parodie de Sherlock Holmes et de la séquence où Robert Downey Jr. se bat sur un « ring ». Pourquoi cette parodie inattendue (mais hilarante) ?

Je suis un fan du réalisateur Guy Ritchie…

Vanessa Guide : Tu es fan de beaucoup de gens, quand même.

Tarek Boudali : On peut être fan de plusieurs personnes. En tous cas, je suis pas fan de Vanessa.

Tout le monde rit, à nouveau.

[…] Je kiffe son travail. Et je me rappelle de cette séquence que tu évoques. Je l’ai vu au cinéma et ça m’avait scotché. La façon dont cela a été chorégraphié et mis en scène, je me suis demandé comment il avait fait, si c’était des vrais coups, etc…. Je parlais de continuité dans l’écriture toute à l’heure, c’est exactement ça. Ce n’est pas une idée qui est venue à l’instanté. C’est par rapport au personnage de Philippe. Le gars est un kéké, un peu branleur, qui se la raconte mais en vérité, n’est qu’un branque. Donc, l’idée de parodier cette scène dans Sherlock Holmes est arrivée à ce moment-là.

Il y a une autre référence : Indiana Jones et la Dernière Croisade. On retrouve une similitude dans la scène où Harrison Ford et Sean Connery sont attachés et parviennent à se libérer, en mettant malencontreusement le feu avec un briquet. C’est, là aussi, un hommage voulu ?

Honnêtement ici, c’est inconscient. C’est marrant d’ailleurs, parce que lorsque j’ai écrit cette scène, mon producteur m’a interpellé : « Tu sais que cette scène existe déjà dans Indiana Jones et la Dernière Croisade ? ». Et voilà, je suis fan d’Indiana Jones

Vanessa Guide : Ah voilà ! (rire).

[…] Mon subconscient a dû travailler. Mais j’adore détourner des scènes. Ce sont des références de films, que j’aime. La scène sur les toits de Paris est une référence à Piège de Cristal, également.

JOSÉ GARCIA

Qu’est-ce qui vous a convaincu d’accepter le rôle du « Rat » ?

Quand je pense qu’ils ont pensé tout de suite à moi pour jouer le Rat… on ne sait pas bien comment le prendre (rire). Sur le papier, il est vrai que le rôle me plaisait beaucoup. Puis, cela faisait longtemps que je n’avais pas eu l’occasion de créer un personnage comme celui-ci, atypique. Dans Le Boulet ou Le Mac, j’en incarnais un pareil, et ça s’est arrêté. Mais moi j’adore ces rôles-là. Tarek a eu la gentillesse de m’accorder sa confiance, on s’est très vite entendu sur la liberté que je pouvais avoir pour développer/construire ce personnage. Nous avons même changé un décor. C’est toujours agréable de tourner comme ça.

C’est agréable aussi de jouer les méchants ?

Ouais ! (enthousiaste)

C’est du pain béni ?

C’est du pain béni, surtout aujourd’hui. Avant, on pouvait faire des gentils qui foutaient la merde et, maintenant, c’est plus compliqué. Le méchant, il a un panel de jeu qui est plus ouvert. Celui-là est un véritable méchant. J’aurai pu en faire un personnage entre deux-eaux, mais il fallait dans 30 jours Max un vrai méchant, pour que les spectateurs y croient. C’est très important.

Vous vous êtes inspiré d’un personnage fictif ou d’une personnalité pour composer votre rôle ?

Je me suis inspiré d’un champion de MMA, Conor McGregror, un garçon assez atypique dans son genre. Il fallait que le personnage n’ait pas besoin de s’expliquer. Je me disais qu’un dealer qui commençais à se faire un look aussi exubérant qu’un champion de MMA, c’est déjà pas un mec très futé. Quand on est dealer, on essaie surtout de se faire oublier et de ne pas se faire remarquer. Là, le mec débarque en costard bleu métallique, en plein milieu d’une cité, avec pour couverture un Kebab. Déjà, il est fou, ravagé de la tête (rire).

Votre plus gros fou rire sur le tournage ?

[SPOILERS] : J’ai une séquence, qui m’a longtemps travaillé l’esprit. C’est une scène de fusillade, notamment entre Philippe Lacheau et moi. À un moment, il se lève et me dit que je n’ai plus de balles dans mon chargeur (il compte les compte feu, en amont). Je me lève, braque mon arme sur lui et tire. Lacheau se prend alors une bastos dans l’épaule. Sortie de son contexte, c’est moins drôle-là, mais c’est une scène qui m’a beaucoup amusé. Parce que c’est très enfantin. [FIN SPOILERS].

Vous avez été actif avec le groupe CGR, après le déconfinement. Vous avez réalisé quelques petites vidéos-sketchs avec eux. Vous êtes heureux de retrouver les cinémas et le public, après cette période compliquée qu’a été le confinement ?

Ah oui ! Hier, on a pris un bain de bonheur. Depuis qu’on a commencé la tournée, il y a une semaine, retrouver les gens dans une salle, les entendre rire, s’éclater, on remarque mieux les choses que l’on a perdu en 3-4 mois. Et il faut les regagner tout de suite. Parce que si on les perd, on risque de les perdre pour longtemps. Mais le lien et la chose la plus importante. Vous savez, l’université d’Harvard a fait une étude sur le bonheur. Pendant un siècle, ils ont fait des recherches sur le bonheur : qu’est-ce qui rendait les gens heureux ? Est la seule chose qui rend les gens heureux et qui les fait vivre super longtemps, c’est le lien. Hier, voir une salle, comme celle de La Rochelle, cette énergie, ce moment de partage, c’est hyper important.

Je libère José Garcia, qui a son train dans quelques minutes.

30 JOURS MAX – MON AVIS, SANS SPOILERS (avec les interviews de Vanessa Guide et Julien Arruti) :

Après Épouse-moi mon pote sortie en sorti en 2017, l’acteur et réalisateur Tarek Boudali revient avec une deuxième production : 30 jours max.
Une comédie au postulat de départ simple : un policier looser et peureux découvre qu’il ne lui reste plus que 30 jours à vivre, et va subitement changer de comportement. N’ayant plus peur de rien, il se lance à la poursuite du Rat (José Garcia), un dealer de drogue.

Simple néanmoins efficace.
Tarek Boudali livre une comédie déjantée, terriblement séduisante, avec de vraies belles trouvailles humoristiques (cf. la parodie de Sherlock Holmes, la scène où Philippe Lacheau et Julien Arruti sont prisonniers des flammes, le hérisson…). Bien-sûr, on retrouve les blagues légères, potaches, qui font le succès de la bande à Fifi depuis des années. Et si ce n’est pas un humour auquel beaucoup sont sensibles (c’est mon cas), certaines situations comiques sont si inattendues, qu’elles finissent par nous procurer des fous rires immédiats.

L’acteur de Babysitting ose ! Il n’hésite pas à mettre la main à la patte en réalisant lui-même ses propres cascades. Et oui, cela ajoute une plus-value à 30 jours max ! On ressent chez Tarek Boudali cet amour pour le cinéma d’action et cette envie, souvent, de transcender sa figure comique en véritable visage héroïque, sans oublier le caractère humoristique de son oeuvre. En effet, l’objectif n’est pas de composer une action au premier degré, mais de détourner, s’amuser et de prouver que les comédies d’action made in France, ça fonctionne ! La preuve, ce soir-là, le public était réceptif et riait à gorge déployée.

Enfin, mention spéciale à José Garcia. Le comédien est incroyable dans ce rôle impitoyable du Rat. Sa performance et aussi terrifiante qu’hilarante (cf. la scène au téléphone et où, le reseau est faible). Un bad-guy qui s’affirme, sans limite dans le ton et la violence verbale/physique, et franchement, qu’est-ce que ça fait du bien !

. Vanessa Guide et Julien Arruti : deux éléments comiques indéniables

Dans 30 jours max, Vanessa Guide (Papa ou Maman, Aladin…) incarne Stéphanie, une collègue de Rayane. Après avoir refusé un rôle dans la première réalisation de Tarek Boudali, la comédienne a accepté de jouer dans le second long-métrage de l’acteur : « Si j’ai refusé Epouse-moi mon pote, c’est parce que j’avais la sensation d’avoir déjà joué ce genre de rôle. Je n’y trouvais pas vraiment mon compte. Tandis que le rôle de Stéphanie était vraiment chouette. J’aime les rôles de femmes fortes, qui ne sont pas des potiches, plutôt intelligentes. Stéphanie a tout cela. »
L’actrice apporte un vent de fraîcheur authentique à 30 jours max. Bien plus qu’un simple love-interest pour Rayane (Tarek Boudali), Stéphanie est avant tout une femme de décision et d’action. Le pilier d’un groupe de mecs, rarement compétents (ou par défaut).

Vanessa Guide, qui a son petit moment de gloire dans le film de Tarek Boudali. Une scène d’action surprenante et sur laquelle elle revient avec enthousiasme : « Nous avions des coachs professionnels pour nous préparer. Et les deux molosses que je mets à terre sont des cascadeurs professionnels, ce qui rend la scène ultra crédible. Ça facilite aussi le travail, d’être avec des professionnels. C’était vraiment suuuuuper cool à jouer !!! ».
Une élève assidue, puisqu’il n’a fallu qu’« une après-midi » pour apprendre la chorégraphie, et qui ne cache plus ses ambitions : « j’adorerais interpréter une espionne, une femme badass, qui doit se battre régulièrement. J’adorerais ! ».

Quant à Julien Arruti, un rôle de composition lui a été attribué (rire). Il incarne Pierre, le collègue de Tony (Philippe Lacheau), véritable suce-boule en puissance, lequel passe son temps à complimenter chaque décision, chaque phrase prononcée par Tony : « C’est intéressant de faire le lèche-cul. Mine de rien, on est dans une bienveillance avec les gens. Ça veut dire que tu es gentil, très attentionné et moi, ça me correspond très bien. »

Conclusion

30 jours max est une réussite. Une comédie qui remplit sa fonction principale, divertir, faire rire. Le film se paie même le luxe d’une petite morale : ne vous engouffrez pas dans une peur permanente. Vivez, prenez des risques. Attention, je ne dis pas de s’interposer dans une fusillade ou faire le funambule sur les toits de Paris à 25 mètres de haut. Mais la peur empêche de vivre, pleinement, intensément.
Seul petit reproche, 30 jours max manque peut-être d’une ou deux scènes dramatiques, émouvantes. La peur de mourir ou la peur de l’abandon ne sont jamais exploitées au sein de la dramaturgie du film. Cela aurait donné davantage d’épaisseur aux enjeux. 

Merci à Tarek Boudali, José Garcia, Vanessa Guide et Julien Arruti pour cet échange, spontané et généreux, au Méga CGR de La Rochelle pour l’invitation et à l’Hôtel-SPA La Grande Terrasse de Châtelaillon, qui nous offre un cadre idyllique à chaque interview.

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