ZONE HOSTILE : LE NOUVEL ÉCHEC DE NETFLIX

* SPOILERS *

L’histoire : Dans le futur, un pilote de drone est déployé dans une zone militarisée meurtrière où il va travailler pour un officier androïde chargé d’empêcher une attaque nucléaire.

Sortir 71 films rien que pour l’année 2021 relève de la folie, d’autant plus s’il s’agit de productions médiocres telles que Zone Hostile. Comme quoi, vous avez beau être la plate-forme de streaming numéro 1 dans le monde, cela ne vous empêche pas de produire des immondices sacrifiées sur l’autel d’abonnés perpétuellement avides de nouveautés.

Du potentiel… à l’échec

Les idées étaient là, à portée de main. C’est souvent le cas chez Netflix.
Dans Zone Hostile, ce sont les personnages incarnés par Anthony Mackie et Damson Idris qui étaient le pilier central de l’intrigue mais surtout au cœur de réflexions philosophiques passionnantes.
Il y a d’abord une inversion : c’est le personnage humain, Thomas Harp, qui semble apprendre la vie au côté du robot, le Capitaine Léo. Froid, distant, et dépourvu de toutes émotions au début film, Harp fait figure d’arrogance. Si cela lui permet d’agir sans penser à de quelconques conséquences humaines (cf. le missile), c’est auprès de l’androïde-Léo que des mots comme « compassion » vont lui être enseigné, et que les difficultés du terrain seront le déclencheur de sentiments qu’il n’a jusqu’à là jamais ressentis.

« Les êtres humains ne sont peut-être pas assez émotifs, Lieutenant » lance le Capitaine après que Harp lui eut confié que d’avoir des « émotions conduisent l’Homme à faire des erreurs ». C’est à ce moment précis que le film aurait dû basculer dans un road-movie humaniste, aux enseignements fondateurs. Dans la scène suivante, le gradé prend le temps de jouer avec les enfants d’un orphelinat, sous les yeux ébahi du jeune militaire. Tout était là, les fondations d’un film de guerre novateur, entre les propos idéologiques d’un Robocop (quelle est la véritable définition du mot « humain » ?) et l’humanité d’un Il faut sauver le Soldat Ryan.
Puis, vint le dernier acte. Zone Hostile sombre alors dans la facilité : le long-métrage reprend les vieux codes blockbusteriens dans la manière d’appréhender le « cyborg ». On retombe dans le cliché hollywoodien : les robots sont condamnés à être les méchants de l’histoire. Un déjà-vu décevant, après quelques coups d’éclats verbaux et des dialogues percutants. Le film de Mikael Hafström transmettait des points de vues, chose rare.

Je vous passe également les raccourcis scénaristiques, risibles et pitoyables, ainsi que les multitudes paresses visuelles. Ou si, parlons-en !

Guerre & Action : un netflix fainéant

C’est un des autres défauts récurrents des productions Netflix, à quelques exceptions près (Tyler Rake) : la mise en scène.
Le spectacle que nous inflige Zone Hostile ressemble à une vieille cinématique de jeu-vidéo mélangée à la mollesse d’un Terminator : Dark Fate, sans âme. C’est brouillon, sans dynamisme apparent et parfois pénible à regarder (cf. le guet-apens). La composition scénique et le placement des personnages sont désordonnés au sein d’une réalisation peu énergique et confuse. La caméra n’offre que des visions maladroites des combats, alors qu’elle devrait immerger le spectateur sous les tirs et les explosions. Ainsi, nous serions émotionnellement investis dans la survie des protagonistes et non plus simples spectateurs des images.

Quant à l’objet « cyborg », il n’est qu’un prétexte à une soit-disant originalité scénaristique. En réalité, c’est un échec cuisant aussi bien dans le fond que dans la forme. Les séquences d’action mettant en scène le Capitaine Léo sont non seulement assez rares (un comble pour un film de guerre) mais manque cruellement d’ambition artistique. Choisir un androïde aux capacités hors-normes comme antagoniste d’un film pour n’en dévoiler qu’une brève partition, est aussi décevant que la campagne de vaccination française.

Conclusion

Film de guerre sans aspiration, Zone Hostile ne transcende jamais son propos et livre une ébauche d’une production aux inspirations pourtant plus profondes. Malheureusement, le film de Mikael Hafstöm est un ballet maladroit, sans essence, où la spiritualité d’une première rencontre prometteuse a été remplacée par une vision étriquée de ses auteurs.

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