BIFFF 2021 – LE RÉVEIL : L’INTERVIEW CAUCHEMARDESQUE DU RÉALISATEUR QUENTIN PORTE

Présenté au Festival International du Film Fantastique de Bruxelles, Le Réveil est un court-métrage de deux minutes, percutant et dérangeant, réalisé par le jeune cinéaste Quentin Porte.
Il nous raconte ici l’origine de ce projet horrifique, sa rencontre avec le film d’horreur ainsi que ses pires cauchemars.

Racontez-nous d’où part cette envie de réaliser un court-métrage horrifique de deux minutes, on un père, pour rassurer son fils, va regarder si sous le lit de ce dernier aucun monstre ni réside ?
J’ai fini mes études il y a maintenant trois ans. Dans le cadre de mon cursus universitaire, j’ai réalisé quelques projets et c’est là que j’ai commencé à développer plusieurs scénarios dont mon court-métrage professionnel actuellement en préparation : Belle-de-Nuit. Lorsqu’on se lance au niveau professionnel, dans la production, dans la recherche de financement, etc…, on se rend compte que cela prend du temps, plusieurs années. L’envie de faire un très court-métrage de deux minutes, part d’une certaine impatience de retrouver les plateaux de cinéma. Nous nous sommes alors dit que nous allions réaliser des courts-métrages professionnels plus longs à mettre en place et d’autres, entre copains (qui sont aussi pro), que l’on pourrait dévoiler plus rapidement et développer de façon indépendante. Mon co-scénariste Benoît Gunalons m’a soumis une idée, une histoire qu’il avait écrite à une période de sa vie alors qu’il scénarisait des récits sous forme de posdcast. Il avait notamment écrit une fiction sonore qu’il n’a jamais vraiment enregistré avec cette histoire de « Le Réveil » mais en beaucoup plus dense. Elle faisait 6-8 minutes et elle était en voix-off avec le père qui racontait sa mésaventure avec cette chute. Il m’a envoyé le scénario, je l’ai condensé en deux minutes, rajouté quelques éléments (comme la scène post-générique) et j’ai gardé la chute, car c’est cette fin qui est la plus intéressante.

C’est court mais terriblement efficace, la fin laisse entrevoir d’énormes possibilités. Est-ce qu’un long-métrage sur Le Réveil pourrait voir le jour, prochainement ?
Oui et non. Généralement, quand j’écris un court-métrage, c’est pour faire un court-métrage. Donc, j’ai rarement l’envie ou l’ambition de le transformer en long-métrage. Après, si quelqu’un vient me chercher en me disant que le court-métrage est génial et qu’il souhaite en faire un film, je pense que je l’écrirai et le réaliserai. Je suis demandeur.

Je me suis toujours demandé d’où venait cette peur qu’ont les enfants qu’un monstre se cachait sous leur lit. Avez-vous une suggestion, une idée à l’origine de cette peur ?
L’imagination ? (rire). Je pense qu’on se pose tous la question. D’ailleurs, si on met en scène ce genre de film, c’est qu’on se pose la question : d’où vient ce mythe ? Je reviens à notre projet « Belle-de-Nuit », où la question sera un peu la même : Pourquoi la peur du noir ? Pourquoi lorsqu’on est plongé dans le noir, nous avons peur ? Le fait qu’on perde le sens de la vue, le côté anxiogène de la nuit. Les sens s’éveillent aussi, l’ouïe notamment, et on entend des choses qu’on n’entendrait pas forcément en plein jour, créant une peur supplémentaire.
Ensuite, pourquoi sous le lit particulièrement ? Parce que c’est une bonne cachette ! (rire).

Petit, vous aviez des cauchemars récurrents ?
De manière générale, je suis une personne qui rêve beaucoup. Et je me souviens de mes rêves et/ou cauchemars, ce qui n’est pas le cas de tous le monde. Des récurrents, non. Mais j’ai des cauchemars d’enfance dont je me rappelle. Il y a un rêve où je suis persuadé, par exemple, qu’il y avait quelqu’un sur le bas de la porte qui me regardait. Dans ma tête, j’imaginais un bonhomme de neige avec un chapeau et c’était terrifiant (rire). Avec le recul, car j’étais très petit, je serai incapable de dire si j’étais endormi ou non. Je pense que j’étais dans un entre-deux.

Votre court-métrage est présenté au BIFFF 2021. C’est un festival qui récompense les films horreurs/fantastiques, quelle a été votre première rencontre avec l’horreur, cinématographiquement parlant ?
Je suis quelqu’un qui ne supporte pas les films d’horreur, il faut le savoir. C’est beaucoup trop impressionnant pour moi. J’ai mis du temps à accepter d’aller en voir. Et en général, jusqu’à maintenant, les films d’horreur me font plus peur avant de les regarder, qu’en les regardant. C’est-à-dire quand on me dit : « on va regarder un film d’horreur » tout de suite je panique. Au final, la plupart du temps, je ne dis pas que je suis serein devant mais c’est moins impressionnant que ce que moi je m’imagine.
Le premier que j’ai vu, ce n’est pas très original, c’est Le Sixième Sens. J’ai été terrifié tout le long mais d’avoir peur (rire). Finalement, il ne s’y passe pas tant de choses horrifiques que ça. Pour moi, les films d’horreur riment souvent avec peur et j’en oublie presque qu’il y a un scénario aussi. Au-delà de l’horreur, il y a des choses intéressantes dans certains films comme Le Sixième Sens. Ce n’est pas qu’un film pour faire peur, il y a avant tout une réflexion sur la Mort et un twist qui fait réfléchir.

Je trouve l’affiche vraiment réussie. Ce code couleur bleu et jaune, a-t-il une signification particulière ?
Je fonctionne à l’instinct. Je savais que le film devait être bleu et jaune. Est-ce qu’il y a une symbolique derrière ? Peut-être mais elle n’est pas consciente. Quand j’ai imaginé le film, et que j’ai travaillé avec le directeur de la photographie Vincent Rabiers du Villars, je lui ai confié que je souhaitais avoir une nuit très bleue et qui contraste avec la lampe de chevet plutôt jaune. Je voulais qu’on assume à la lumière ce fort contraste colorimétrique entre le bleu et le jaune.
Je trouve ça hyper compliqué de choisir une police pour les titres et les génériques. Soit c’est simple donc basique, soit on tente de faire quelque chose nous-mêmes et on se retrouve avec quelque chose d’assez kitch. J’ai essaye de travaillé différemment. J’ai collaboré avec Lauriane Carra, une designeuse/graphiste, qui m’a proposé énormément de possibilités. C’est une police qu’elle a faite elle-même, à la main. Elle a découpé des lettres aux ciseaux, qu’elle a ensuite coloré pour avoir cet effet de trace sur le titre. Elle a fourni un gros travail juste pour ce petit film de deux minutes et je lui en suis très reconnaissant.
Tout ça pour dire que le bleu et le jaune sur l’affiche et le titre se sont imposés assez naturellement par rapport à l’ambiance et les teintes du film.

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