PRÉSIDENTS : RENCONTRE AVEC L’ÉQUIPE DU FILM

Hier soir, le CGR Les Minimes en partenariat avec l’émission Chut on écoute la télé d’Alain Jeanne et Hélène FM organisait une avant-première exceptionnelle du nouveau film d’Anne Fontaine : Présidents. La première depuis la réouverture des salles du cinéma il y a trois semaines. Autant vous dire que La Rochelle était au rendez-vous pour cette comédie politique savoureuse, emmenée avec brio par Jean Dujardin et Grégory Gadebois.

À cette occasion, j’ai pu rencontrer la réalisatrice Anne Fontaine et les comédiennes Doria Tillier et Pascale Arbillot. Rencontre.

Un film sur la notion de pouvoir

Atypique que le parcours de Présidents. Si le sujet du film était « présent bien avant la pandémie », le scénario, lui, a été écrit durant le confinement. Un moment privilégié où la réalisatrice de Police avait ainsi « un espace de liberté puisque tout était à l’arrêt » et « le temps pour exprimer » ses idées.
Un an plus tard, à quelques jours de la sortie de Présidents, Anne Fontaine nous raconte « de manière ludique et joyeuse la rencontre entre deux anciens ennemis politiques » pour mener de front une bataille politicienne contre la montée de l’extrême-droite et de Marine Le Pen. Mais, ce n’est que le contexte général du film. Car Anne Fontaine s’intéresse à un autre aspect. Fascinée « par la sensation que peut éprouver un Président qui n’a plu le muscle sollicité par l’action. ». Présidents est avant tout un film sur pouvoir et du rapport des anciens présidents à celui-ci : « C‘est une sorte de drogue. C’est difficile d’avoir été dans cette intensité, ce rapport au monde. Président c’est quelque chose d’exacerbé, de tellement spécial comme position et comme métier que l’on y renonce pas si facilement. Le film rentre dans cet espace où, un a jeté l’éponge, et l’autre qui veut essayer de réveiller son adversaire. Être Président de la République, nous ne pouvons l’imaginer mais c’est un monde complètement à part, de surdimensionné. ».
Dès lors, le long-métrage plonge le spectateur au cœur de la Corrèze, où François a trouvé refuge. Bien loin donc, du monde politique verbeux et d’une capitale agitée, un endroit qui appelle à l’apaisent et provoque « un sentiment où il y a de l’air frais ». En effet, Présidents est un film calme, contemplatif à certains égards, où les protagonistes «  réfléchissent autrement à leurs vies » et où « les rapports vont finir par s’interchanger ».

Toutefois, hors de question pour Anne Fontaine de « coller de manière littérale à la vraie vie » des deux personnages. Dès le départ, son intention n’était « pas de réaliser un biopic ». D’ailleurs, les personnages féminins ne sont pas identifiables à Julie Gayet ou Carla Bruni – même si le personnage de Doria Tillier « peut évoquer par son aspect fantasque, romanesque et son métier de chanteuse lyrique » l’ex-Première Dame de France. La compagne de François, incarnée par Pascale Arbillot « est une vétérinaire ancrée dans le monde réel ». Ainsi, Anne Fontaine s’offre « une liberté d’écriture différente » et lui permet alors des choix scénaristique osés, francs et hilarants.

Jean Dujardin et Grégory Gadebois : la fantaisie du jeu

Difficile de ne pas tomber dans la caricature lorsqu’on incarne des personnalités politiques aussi fortes que Nicolas Sarkozy et François Hollande : « C’est un travail très spécifique de ne pas en faire trop, d’avoir des signaux compréhensibles, intelligibles, et de s’amuser avec cela ». Un piège évité grâce « à des acteurs ayant du génie » et on su « porter au plus loin et au plus fantaisiste » ce tandem qui fonctionne à merveille. Si l’interprétation des deux comédiens y est pour beaucoup, l’écriture piquante d’Anne Fontaine est l’atout principal de Présidents. Des dialogues truculents, où Jean Dujardin et Grégory Gadebois (comme Doria Tillier et Pascale Arbillot ainsi que les seconds rôles) imposent un rythme entre satire politique caustique et comédie pamphlétaire corrosive.

Pourtant, Anne Fontaine « ne pensais pas à eux en écrivant le film ». Mais, après avoir bouclé le scénario de Présidents, la cinéaste a « pensé que ça fallait le coup de lui faire lire, sans lui dire quel rôle il pourrait éventuellement jouer ». Un choix « instinctif ». Après que Jean Dujardin ait « été conquis », le reste de la distribution s’est mise en place de façon naturelle.

Doria Tiller et Pascale Arbillot : Femmes de Présidents

Doria Tillier et Pascale Arbillot sont les deux autres pilliers de Présidents. Elle apporte une fraîcheur enivrante à cette comédie politique, au travers de scènes tantôt décalées, tantôt incisives.
Doria Tillier, qui n’aura pas su séduire le cœur de Marc dans La Flamme, est parvenue ici à attendrir celui de Nicolas (du moins son personnage), tandis que Pascale incarne une femme déconnectée du monde politique, une vétérinaire qui a su guérir le cœur tout mou de François.

Unanimement, c’est d’abord le scénario d’Anne Fontaine qui les ont marqué : « On tombe avant tout amoureux d’un scénario. C’est rare de lire un script et de rire à la lecture. Ici, c’était vraiment le cas. Le scénario est vraiment réjouissant et le film y ressemble » confie Doria Tiller.

Pour Pascale Arbillot, tourner avec Anne Fontaine était une formidable opportunité mais c’est aussi le script de Présidents qui l’a enthousiasmé : « C’est la première fois que j’arrive à rejoindre personnellement quelque chose qui me plaît dans ce métier, c’est à la fois parler de l’humain, un peu de politique, de science civique, d’engagement, sans être prétentieux. C’est intelligent, drôle, barré. Ça m’a fait beaucoup de bien de le lire et de le voir encore plus. ».

L’écriture des personnages fut aussi un des critères : « Elle a quelque chose d’un peu perché, d’un peu romanesque et de poétique. En revanche, il n’y a absolument pas d’imitations. Et ça n’aurait pas eu de sens. Cet aspect l’a m’a plu, je pouvais davantage m’amuser. Le seul rapport est que c’est le même genre de femme, celle qui pourrait être plus attirante que d’autres pour un homme politique. »
De son côté, le côté humain de Valérie est ce qui a motivé l’envie de Pascale Arbillot d’accepter le rôle : « J’étais dans l’action d’être une femme qui suit une vie très concrète, celle d’être vétérinaire. J’ai d’ailleurs travaillé avec un vétérinaire qui m’a appris les bons gestes. Elle ne joue pas une représentation d’elle-même, elle n’a pas besoin d’exister dans le regard des autres. C’était très intéressant d’avoir un peu de recul par rapport à la situation générale du film. ».
[SPOILERS] : Ce « côté humain » Pascale Arbillot le défend brillamment lors d’un monologue d’une grande intensité émotionnelle : « Effectivement, j’ai ressenti cette intensité en la jouant. C’est monté tout seul parce que c’était bien écrit, tout simplement. J’ai vraiment cru à ce que je disais. Je me suis laissé embarqué par l’émotion et la situation. ».

Qu’en ont pensé les ex-Présidents ?

Si « Nicolas n’a pas vu le film », François Hollande, lui, a visionné le long-métrage d’Anne Fontaine. L’ex-Président de la République a trouvé « le film brillant » mais également « très intéressant sur la réflexion politique que le film procure. ».
Et si Présidents a peut-être raviver « des symptômes qui lui rappelle des choses », heureusement, celui qui a voulu menée une vie politique normale a « beaucoup d’humour ». Nous voilà rassurés !

Ma critique du film est à retrouver ici.

Présidents sortira le 30 juin prochain.

Merci au CGR Les Minimes pour l’opportunité et à la gentillesse de l’équipe.

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