IMPLANTED : UN THRILLER D’ANTICIPATION EFFRAYANT (INTERVIEW)

En octobre prochain, le réalisateur Fabien Dufils présentera au public américain son nouveau long-métrage Implanted.
Pour cet événement exceptionnel, j’ai rencontré le scénariste David Bourgie et l’actrice américaine Michelle Girolami. Ensemble, ils reviennent sur l’aventure d’Implanted, une aventure profondément humaine où les coups de cœur et l’amitié sont véritablement au centre de ce projet ambitieux.

Synopsis :
Sarah, une jeune femme en difficulté, devient un sujet de test pour un implant médical expérimental d’intelligence artificielle. Lorsque l’implant devient malveillant et prend le contrôle de son corps, Sarah se bat pour survivre avec un seul choix : vivre ou mourir.

Anciennement intitulé « Headhache », Implanted est né de l’imaginaire de Fabien Dufils. Un parcours du combattant pour ce cinéaste qui s’est battu pour réaliser ce long-métrage d’anticipation dont le tournage s’est achevé en octobre 2019, après une première version tournée en 2018 mais dont le résultat ne correspondait pas à ses attentes.
Implanted est le projet type qui se construit pas à pas, qui a besoin de temps, de mûrir pour exister. Les échecs sont productifs et c’est ainsi qu’Implanted peut désormais se targuer d’être un véritable thriller futuriste à l’américaine avec, néanmoins, cette french-touch qui séduit.

Fabien Dufils a également écrit (au côté de David Bourgie), produit, dirigé la photographie et le casting, un touche à tout qui maîtrise sa caméra, son cadre et sa lumière, au point de livrer une œuvre esthétique puissante et un scénario catastrophe viscéral. Implanted est le genre de film où l’aspect « anticipation » n’est pas un prétexte à un spectacle grandiloquent, au contraire. Fabien Dufils développe un côté urbain et ancre le récit dans une réalité effrayante qui se dessine à l’heure où j’écris ces lignes.

Aujourd’hui, le film a trouvé un distributeur, Gravitas Ventures, et sortira dans plusieurs salles américaines et pas moins de 40 plateformes. Une consécration pour Fabien Dufils, ce français expatrié qui rêve de percer au sein d’une industrie hollywoodienne féroce où la compétition est rude.

Genèse du scénario : le scénariste David Bourgie raconte

Implanted a toujours été conçu comme un film pour évoquer un possible futur, les dérives de la technologie et ses conséquences sur l’humain. Pour créer ce scénario, le réalisateur Fabien Dufils et David Bourgie se sont énormément renseignés sur la manière dont l’homme utilisait la technologie et à quelle fin : « L’idée d’un film d’anticipation était là dès le départ. Nous nous sommes nourris des nouvelles technologies développées au Japon et de ce qu’il se passe aussi en Chine actuellement et ce système horrible de points où tous vos actes ont des conséquences sur votre futur. Et puis, le film Upgrade nous a également inspiré, après coup. On s’est même aperçu qu’il y avait des similitudes. »

Le scénario Implanted s’intéresse également à une industrie, celle des cobayes médicaux. Un business qui représente la 4ème économie des États-Unis et dont David Bourgie a lui-même était le témoin: « Quand j’étais jeune, j’avais besoin d’argent. Je m’étais inscrit sur les listes de PFIZER pour être cobaye. Ma famille m’avait convaincu de ne pas le faire. C’est une réalité. On a besoin de gens et d’animaux pour tester les médicaments. C’est quelque chose dont je me suis servi à l’écriture. Là où ensuite nous sommes rentrés dans la fiction c’est que nous avons voulu traiter du sujet de l’Intelligence Artificielle comme un être à part entière qui va décider de prendre le contrôle sur le corps de Sarah. LEXX est dotée d’un narcissisme terrifiant. Mais ce genre de scénario est potentiellement possible demain, vous savez. Ce que nous avons pensé avec LEXX est plus ou moins déjà en développement. Certains scientifiques aujourd’hui tentent et parviennent à donner des émotions, des sentiments à des I.A ».

Au départ, LEXX existait mais n’interagissait pas verbalement avec Sarah. C’est dans la seconde version du script que cette idée est apparue : « Effectivement, dans la deuxième version cela a pris une part plus importante. Quand on a un personnage qui évolue les ¾ du temps seul (Sarah), vous avez besoin d’une interaction constante. Dans la première version du scénario, l’Intelligence Artificielle gérait son quotidien tandis qu’après, nous sommes partis sur l’idée que l’I.A devait aussi être un vrai compagnon de vie. Il fallait qu’elle accompagne Sarah et sa chute » .

Une bascule qui rend le film de Fabien Dufils viscéral : « Il faut comprendre que LEXX, dans la première partie du film, est véritablement une amie. Elle agit pour le bien de Sarah. Prend soin d’elle. Dès lors, on ne s’attend pas à ce qu’elle lui veuille du mal. On voulait vraiment ensuite que le spectateur soit troublé par ce changement radical de comportement puis, ressente les douleurs que va causer LEXX à Sarah et qu’il se sente emprisonné comme elle peut l’être. Car, LEXX ne peut pas être retirée. Elle est implantée dans une zone où la personne n’a pas la capacité, seule, de l’enlever. »

Michelle Girolami : une actrice en devenir

« On a casté plus d’une centaine de comédiennes sur 4 mois » nous confie le réalisateur Fabien Dufils. Parmi elles se trouvait la jeune Michelle Girolami, originaire du Montana. Un véritable « coup de foudre artistique » pour le cinéaste qui a notamment « flashé sur son visage moderne avec ses cheveux courts et ses grands yeux bleus qui attrapent l’image ».
Une rencontre qui a sonné, par la suite, comme « une évidence », nous explique-t-il. « Nous avons bu un café ensemble. Dans ce genre de film, il y a deux choses : avoir une personne de talent, oui, mais il faut surtout avoir une comédienne ultra-flexible. La dimension humaine était importante au-delà du talent. Avec Michelle donc, ça s’est super bien passé. C’est une nana hyper simple, qui était emballée par le projet ».

Fabien Dufils lui, espère désormais qu’Implanted va « aider Michelle dans sa carrière ». Avec ce rôle, Michelle Girolami livre en effet une performance poignante, intense : « elle passe par tous les états dans ce film, elle joue hyper bien, c’est une très bonne actrice ».

Un sentiment partagé par le scénariste David Bourgie : « Personnellement, quand j’ai vu la manière dont elle interprétait Sarah – déjà, elle n’interprétait pas, elle était Sarah -, j’ai été bluffé par son jeu. Elle est juste dans ses émotions. On ressent réellement toutes les phases émotionnelles qu’elle traverse. Il y a une évolution émotionnelle de son personnage par rapport à ce qu’elle traverse qui est d’une justesse incroyable. Je pense que Michelle a vraiment compris ce que vivait le personnage de Sarah. »
Implanted est un long-métrage difficile car « tout repose sur elle. Si Michelle n’avait pas été en phase avec son personnage, tout le film se serait écroulé ».
Un casting judicieux, qui permet à Implanted de faire partie de ses grands films marquants, à la fois par sa mise en scène soignée et calibrée, ses dialogues ciselés mais aussi donc, par le jeu de ses acteurs et en l’occurrence ici de sa comédienne principale, puissante.

Entretien avec Michelle Girolami

Le personnage de Sarah accepte un « traitement » expérimental pour rembourser ses dettes et aider sa mère malade. Elle se voit alors implanter une I.A., LEXX, qui finit par contrôler le corps de son hôte. Fabien Dufils a longtemps travaillé sur le sujet des cobayes médicaux aux États-Unis, qui représentent la 4ème économie du pays, avant d’écrire son film. Est-ce un sujet fort qui vous a touchée ?
C’est certainement un sujet auquel je pense. Je pense que les tests médicaux sont nécessaires, mais je suis préoccupée par l’éthique de la façon dont certaines études sont administrées. Historiquement, il y a eu des cas de tromperie et d’exploitation, et je pense que « Implanted » fait écho à ces préoccupations. Il soulève des questions intéressantes sur l’éthique de l’expérimentation et du consentement.

Y a-t-il autre chose qui vous a convaincue de vous lancer dans le projet « Implanted » ? Et, qu’est-ce qui vous a séduite dans le personnage de Sarah ?
Ce qui m’a attiré dans ce projet, c’est aussi ce qui m’a séduit chez Sarah. C’est un personnage qui se trouve dans une situation où elle est physiquement contrôlée et pourtant elle a toujours un pouvoir d’action. Même lorsque LEXX menace Sarah de lui faire du mal physiquement, elle se bat et trouve des moyens de se rebeller. J’aime que Sarah cherche toujours des moyens de s’échapper. J’aime aussi le lien qu’elle entretient avec sa mère. Sarah se donne beaucoup de mal pour protéger sa mère du mieux qu’elle peut.

Le rôle de Sarah est un rôle plutôt physique. Comment vous êtes-vous préparée à jouer Sarah ? Et, avez-vous fait des recherches de votre côté pour mieux comprendre les enjeux du film afin de les retranscrire fidèlement à l’écran ?
J’étais déjà une coureuse invétérée et je prenais régulièrement des cours de danse classique avant le tournage, j’avais donc une base de forme physique. Ces deux pratiques ont rendu le tournage des scènes les plus exigeantes physiquement beaucoup plus facile à gérer. Après avoir regardé la bande-annonce et vu à quel point il y avait de la course à pied dans ce film, mon meilleur ami a commencé à m’appeler Tom Cruise. Ha !

J’ai également fait beaucoup de recherches en me préparant pour ce rôle. J’ai lu beaucoup de choses sur les tests médicaux et l’implantation de micro-puces. J’ai également fait beaucoup de recherches sur les affections et les symptômes très spécifiques de Sarah. Je viens d’une famille de médecins (ma mère est une infirmière à la retraite, mon père est un médecin à la retraite, mon frère est médecin et mon oncle est médecin), j’ai donc pu leur poser des questions sur les différents problèmes médicaux et physiques de Sarah ainsi que sur la maladie de sa mère.

Il y a aussi un gros travail sur le corps et le mouvement, notamment quand LEXX vous torture…
Pour ces moments-là, j’ai encore consulté les membres de ma famille qui sont médecins à propos de ce que ressentirait Sarah en fonction de la façon dont LEXX la torturerait.
Fab m’a laissé explorer différentes expressions physiques de la douleur. Il est très doué pour capturer les moments d’improvisation. Parfois nous essayions quelques mouvements différents et appliquions une marque. La plupart du temps, on ne chorégraphiait pas ces moments sur de longues périodes. On laissait juste les choses se dérouler de différentes façons et Fab filmait le tout.

Fabien Dufils est un réalisateur français. Avez-vous eu des réticences à tourner avec un réalisateur d’origine française ?
Non, pas du tout. J’ai travaillé avec des réalisateurs du monde entier. Avec chacun d’entre eux, je ne considère pas leur nationalité comme une caractéristique déterminante. Je pense à leur façon de travailler avec les acteurs, à la manière dont ils envisagent leurs œuvres, à leur personnalité, à leur style esthétique. Quand je pense à Fab en tant que réalisateur, je pense à l’excellent collaborateur qu’il est !

Comment s’est passée votre première rencontre avec Fabien ?
Oh c’était génial ! Nous nous sommes tout de suite entendus et je savais que nous allions bien travailler ensemble. Je peux dire que nous avons la même éthique de travail et que nous sommes tous les deux très passionnés par notre travail.

Quel genre de réalisateur est-il sur le plateau ?
Il est très patient et collaboratif. Il crée un environnement très accueillant et chaleureux sur le plateau. Mais il est aussi très efficace. C’est incroyable le nombre de plans que nous avons pu couvrir chaque jour. Il travaille rapidement mais de manière réfléchie.
Ce qui ressort aussi, c’est son sens de l’esthétique. Les récits visuels de ses films sont époustouflants ! Il a une forte éthique de travail et montre l’exemple.

Tournage à Paris

Une partie du film a été tournée à Paris. Était-ce votre première visite dans la Ville Lumière ?
Non. J’adore Paris ! J’y suis allée plusieurs fois et chaque fois que j’y vais, j’ai hâte de planifier mon retour. J’espère pouvoir y travailler sur de nombreux autres projets. Mais je devrais commencer à pratiquer mon français.

Comment s’est passé votre tournage dans La Capitale ?
C’était merveilleux ! Le temps était superbe, les lieux de tournage étaient magnifiques, les acteurs et l’équipe étaient formidables !

Quels souvenirs gardez-vous de votre tournage à Paris ?
J’en garde un très bon souvenir. Tourner en voiture là-bas était vraiment amusant ! Je vis à New York, donc je ne conduis jamais. Le fait de ne jamais conduire et de se promener devant le Louvre dans une voiture très chère et géniale était excitant !

Le film a trouvé un distributeur et sortira en octobre, vous êtes impatiente de montrer le film au grand public ?
Je suis impatiente ! Nous avons tous mis tellement d’amour et de temps dans ce film que j’ai hâte de le partager !

Implanted

Distributeur USA
Gravitas Ventures 

Vendeur International 
Myriad Pictures

Filmé à NYC, Nevada et Paris.

Casting
Michelle Girolami
Scott Broughton
Martin Ewens
Bari Hyman
Ivo Velon
Edouard Montoute

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