Actuellement en compétition au Festival de la Fiction de La Rochelle, À La Folie est la nouvelle production du duo Andréa Bescond/Éric Métayer.
Après avoir traité le sujet du viol avec Les Chatouilles pour lequel ils reçurent deux Césars, ils dévoilent ici les dangerosités d’une vie de couple avec un pervers narcissique. Maladie encore trop peu connue, À La Folie est le révélateur d’une menace écrasante, la perversion narcissique, et de la défaillance d’un système juridique imparfait. Un téléfilm qui pourrait se révéler comme un « documentaire » et une prise de conscience, puissante et poignante.
Synopsis :
Au beau milieu d’un cocktail entre amis, Anna poignarde son compagnon Damien. Elle est mise en examen pour tentative de meurtre, mais l’affaire est incompréhensible : Anna n’a aucun passé de violence et ne donne aucune explication à son geste. Noé, en charge de l’enquête, veut comprendre : pièce par pièce, il va reconstituer sous nos yeux le puzzle de l’emprise d’un pervers narcissique sur sa victime. Avec l’aide d’une avocate déterminée, ils vont révéler le vrai visage de Damien. Parviendront-ils à sauver Anna ?
AVIS
Une histoire saisissante
Le téléfilm s’ouvre sur un drame. En plein cocktail, Anna tranche la gorge de son petit ami Damien. Une entrée brutale, à l’image de la personnalité narcissique de Damien : violente et oppressante. S’en suit une narration qui oscille entre flashback antérieur (rencontre, histoire d’amour, les premières tragédies…) et vie présente (l’enquête). Une narration en parallèle, où la tension monte crescendo, où la joyeuseté d’Anna – aussi bien dans le cercle amical que professionnel -, est mise à rude épreuve au fur et à mesure que Damien s’immisce dans sa vie, jusqu’à en prendre le contrôle. À la Folie est exactement cela, une prise de contrôle et un indicateur de la manière dont un individu parvient à dominer mentalement et physiquement son partenaire. Une domination féroce qu’Andrea Bescond et Éric Metayer exposent avec authenticité, sans tronquer la réalité de ce que peut être une vie sous emprise. C’est la force de À La Folie, la sincérité de cette retranscription qui, dès lors, nous touche au plus profond de notre être. On est en colère de voir cet homme agir, en colère de le voir sourire face à la décrépitude d’Anna, en colère lorsqu’on le voit pleurer faussement, en colère quand la justice est impuissante. À La Folie trouble, bouleverse, enrage.
La réalisation, elle, est implacable. Une caméra au plus proche de ses personnages, pour mieux cerner leur état émotionnel, pour mieux appréhender l’épuisement psychologique d’Anna ou l’attitude perverse de Damien. Une mise en scène maîtrisée, parfois imagée, où le personnage de Damien se retrouve seul au milieu d’une arène, jouant les toréadors. Une traduction de son état mental et la folie qui parcourt son esprit mais aussi son propre mal-être ainsi que sa profonde solitude.
Il y a également quelques séquences psychédéliques, notamment les scènes où Anna et Damien dansent ensemble, dans un musée ou en boîte de nuit. Un effet de style qui, là aussi, montre l’état de leur relation, à la fois intense et déchirante.
Marie Gillain et Alexis Michalik, eux, livrent des prestations impérieuses, magistrales. Marie Gillain s’enfonce dans la folie avec une crédibilité rare, tandis qu’Alexis Michalik offre une authentique interprétation du pervers narcissique, entre mystère et froideur, sans jamais forcer le trait.
À La Folie, bientôt en diffusion sur M6.
La Conférence de Presse avec Andréa Bescond, Eric Metayer, Marie Gillain et Nicole Ferroni.
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