Originaire de Russie, Sacha Tarantovich est l’alliance entre la rigueur, la beauté et le charme de l’Est. Comédienne acharnée s’étant illustrée à la télévision russe puis, chez nous, en France, dans des séries culte comme Cheyenne et Lola, Munch et Plus Belle la Vie, Sacha Tarantovitch poursuit son chemin et rêve de premiers grands rôles au cinéma.
Ce mois-ci, découvrez le portrait de Sacha Tarantovich : son enfance en Russie, son arrivée en France, ses rôles à la télévision et la création d’une pièce de théâtre, elle se livre à cœur ouvert sur son désir de devenir comédienne, son parcours et ses futurs projets.
Une enfance artistique
Né le 21 août 1984 à Leningrad (désormais Saint-Pétersbourg), Sacha Tarantovich a toujours été baignée dans le milieu artistique. Dès son plus jeune âge, le théâtre, le cinéma et la musique sont présents au sein de son foyer. Cette ambiance, si particulière, c’est ce qui l’a guidé tout au long de sa jeunesse et ont fait d’elle la comédienne affirmée et accomplie qu’elle est aujourd’hui.
Depuis l’âge de 7 ans, elle côtoie la scène. Elle choisit d’apprendre le piano, se consacre à cette discipline pour laquelle elle est douée et va jusqu’à se produire sur scène. Des premiers pas qui seront décisifs dans son envie de devenir artiste : « L’ambiance de la scène, du public, ce partage, forcément ça reste et ça se développe. J’ai toujours été attiré par la scène. Je voulais être chanteuse mais je n’ai pas de voix (rire). ».
Et puis, il y a les figures et les films qui vous bouleversent, qui vous donnent aussi de franchir, de sauter le pas. Dans le cas de Sacha tarantovich, ce fut Michelle Pfeiffer : « Je la trouve exceptionnelle ! Elle m’avait bluffé dans Scarface, je la trouvais tellement belle. Il y a une séquence où je suis restée bouchée à l’époque, celle où on la voit dans un ascenseur, le dos nu, sûre d’elle. Cette femme m’a littéralement envoûtée. Michelle Pfeiffer a été une de mes premières révélations. ».
En 1998, le réalisateur russe Nikita Mikhalkov sort « Le Barbier de Sibérie », une œuvre marquante pour la jeune adolescente de 14 ans. L’actrice américaine Julia Ormond est aussi un énorme coup de cœur pour Sacha Tarantovich mais c’est surtout le long-métrage qui va bousculer ses certitudes : « Ce film a changé ma vision de la vie. Je l’ai vu plusieurs fois au cinéma. Après les cours de piano, avec mes amis, chaque mois nous allions le voir. C’est pour jouer dans ce genre de films que mon attirance pour le cinéma est née véritablement. ».
Son père était danseur professionnel de danse traditionnelle russe et classique. Jusqu’à 40 ans, le papa de Sacha Tarantovich enchaînait les tournées avec sa troupe de danse, avant de se reconvertir et devenir professeur de danse. Une rigueur transmise à Sacha lorsqu’elle a débuté le piano. Mais son rapport avec cet instrument s’est vite détérioré avec le temps : « J’ai fait l’école musicale que j’ai finie. Mais, en Russie, quand vous commencez quelque chose vous devez aller jusqu’au bout. Parfois, c’est trop. C’est ce qui m’a fait arrêter net. À 20 ans, je n’avais plus envie de toucher un piano, ni de jouer. Ça avait pris trop de place dans ma vie. Il faut comprendre que lorsque tu es jeune, tu ne peux plus sortir, tu n’as plus de vie. Après l’école, tu as encore une autre école. Le piano, c’était non-stop. Ça m’a marqué jusqu’à 20 ans et j’ai donc fait ce rejet. ».
Depuis quelques années, Sacha Tarantovich retrouve le goût de jouer au piano notamment grâce à un casting : « J’ai passé un casting pour un long-métrage, qui n’a malheureusement pas pu se financer. Je devais jouer le rôle d’une femme de ménage qui jouait du piano. Elle venait de l’étranger, des pays de l’Est. Il y avait une séquence où une fille d’origine bourgeoise la découvrait en train de jouer du piano et finissait par l’aider. Ce morceau je devais l’apprendre par cœur. Pendant un mois, je me suis entraînée pour reprendre mon niveau et apprendre le morceau. C’est à partir de là que j’ai repris peu à peu. Je retrouve l’envie. » .
Sa maman, elle, était ingénieure. Passionnée par la langue française, elle transmet à sa fille son amour pour la langue. Les chansons de Charles Aznavour rythment la maison. Inconsciemment, ce partage linguistique poussera sans doute, quelques années plus tard, Sacha à quitter la Russie pour la France où une grande et longue aventure débutera…
Le rêve français
Les parents de Sacha ont toujours été clairs : il faut étudier, avoir un diplôme.
Après la chute de l’URSS, les temps étaient difficiles, avoir un vrai métier était alors indispensable. Après des études de Langues Appliquées en Russie, Sacha Tarantovich se cherche. La France l’attire. Elle décide de continuer ses études au Pays des Lumières : « J’avais envie d’apprendre la langue française. C’est l’amour de la langue qui m’a fait venir en France. Je trouve que c’est une langue si belle, si magnifique, si poétique. C’est une langue qui m’inspire beaucoup. […] Mais ce que j’étudias était trop focalisé sur le Latin (que l’on n’apprend pas en Russie) et l’Ancien Français. Je ne comprenais rien (rire). ».
Il y aussi le désir de devenir comédienne qui est là, au fond d’elle.
Brûlant.
Sans le savoir, le déclic va venir d’une de ses professeurs : « J’avais une professeur de littérature et de philosophie qui m’a conseillé de lire du théâtre. Pour apprendre la langue, le théâtre était plus accessible que Diderot ou Voltaire. Toutes mes vacances, je lisais du théâtre dont les pièces de Molière. Le déclic a eu lieu à ce moment-là. ». C’est là que Sacha décide de monter sur Paris et de tenter sa chance.
Elle suivra les Cours Florent durant trois années…
La suite, vous la connaissez. Sacha monte à la capitale pour réaliser son rêve avec une étape obligée par la formation. Des souvenirs impérissables : « J’avais de supers professeurs. Je travaillais beaucoup la diction et l’articulation. Je m’entraînais avec les alexandrins. Je savais par la suite que je ne pourrais pas jouer en alexandrin, avec l’accent. Je prenais également des cours de caméras avec des réalisateurs. Je m’éclatais. En troisième année, j’étais dans la classe libre avec des comédiens que les gens suivent aujourd’hui comme Kevin Dargaud (Scène de Ménages). ».
Plus Belle la Vie : Un rôle déterminant
Après plusieurs passages à la télévision dans « Le Stagiaire » ou « Lola et Cheyenne », Sacha décroche un rôle dans la série culte de France 3 Plus Belle la Vie.
Durant deux ans, elle incarnera la Commissaire d’origine ukrainienne Irina Kovaleff. Un rôle sur mesure pour la comédienne qui la révélera au grand public et deviendra l’une des héroïnes les plus appréciées par les fans de la quotidienne. Avec son accent charmant et le passé intrigant et poignant de son personnage, les spectateurs sont séduits.
Pour Sacha Tarantovich, c’est une également une grande première. Jamais auparavant elle n’avait interprété une femme policière. Pour préparer son personnage, de longues heures de visionnage : « J’ai regardé beaucoup de séries policières sur Netflix, étrangères ou non, où il y avait des femmes flics. Les femmes flics sont fortes de caractère, donc c’était intéressant de voir comment chaque pays abordait cette vision. Ça m’a permis de m’inspirer et de m’enrichir. Puis, j’ai regardé quelques épisodes de Plus Belle la Vie, pour comprendre comment j’allais être intégrée à l’intrigue Pavel. ».
Sur le tournage de Plus Belle la Vie, des journées éreintantes.
Une machinerie intense, qu’elle gardera néanmoins comme une sublime opportunité : « C’était épuisant. Je dormais avec les scénarios. Je n’avais pas l’habitude d’apprendre autant de textes et tous les jours, de façon si régulière. Avec notre accent, c’est le cas aussi avec Emanuele qui est italien, nous n’avons pas les mêmes notions des phrases et des mots. Il y a certaines lettres, qui n’ont pas la même prononciation, le même son, en Russe et en Français. Il y avait quelques mots que je n’arrivais pas bien à prononcer donc on s’adaptait sur le tournage. Sinon, ça allait. […] C’était une expérience enrichissante. Toute l’équipe est chaleureuse et bienveillante. Ça m’a aidé et donné confiance en moi. Ce qui n’est pas le cas sur tous les tournages. Quand ça se passe comme ça, tu as envie de donner le meilleur de toi-même. Et travailler avec différents réalisateurs, on apprend encore plus. Chacun vous apporte quelque chose et enrichit votre jeu. Pour un acteur, c’est un bonheur incroyable. ».
Avec son partenaire de jeu Laurent Hennequin – qui incarne Pavel, son père -, ils participent à une des intrigues les plus populaires de PBLV.
Ensemble, ils tissent une relation singulière dont elle parle avec une tendre affection : « C’est une très belle personne et un excellent acteur. C’est devenu un ami. Dans le travail, c’est un vrai bosseur et donc très agréable de tourner en sa compagnie. ».
En off, Sacha lui apprend quelques mots en Russe. Mais c’est lors d’une scène, que Sacha sera étonnement surprise. Alors qu’Irina et Pavel se retrouvent ensemble à l’hôpital, Laurent lui chante une berceuse en ukrainien. Une comptine qu’il avait apprise assidûment : « Je ne savais pas qu’il devait chanter. Il a chanté cette chanson en ukrainien, et j’étais bluffé car je n’aurais jamais été capable de réaliser cette prouesse. Il voulait me faire la surprise et l’a appris seul, dans son coin. ». À l’écran, l’effet escompté trouble. Une séquence très commentée par les fans sur les réseaux sociaux.
Depuis son rôle dans Plus Belle la Vie, Sacha a reçu de nombreuses propositions artistiques alléchantes : « J’ai passé des castings très intéressants, notamment pour Netflix. Malheureusement, avec la situation sanitaire certaines séries/films ont été annulés. Toutefois, ça m’a ouvert des opportunités. Surtout pour jouer des femmes fortes, à l’image d’Irina. J’ai été heureuse que mon passage dans PBLV m’ait permis d’avoir des propositions de ce type. J’aime jouer des personnages féminins forts. ».
Et en parlant d’opportunités…
Munch : Une nouvelle étape
Le 21 octobre dernier, TF1 dévoilait la quatrième saison inédite de la série Munch. C’est dans l’épisode 2, intitulé « Divorce à la Russe », que Sacha Tarantovich campe une mère de famille dont le couple se déchire pour la garde de leur petit garçon tandis que l’affaire prend une tournure criminelle. Un nouveau rôle pour l’actrice, fière de pouvoir participer à une autre série préférée des français.
Sur le tournage, elle croise une ancienne connaissance : Isabelle Nanty, l’héroïne de Munch. Sacha nous conte cette magnifique anecdote : « Isabelle Nanty est venue donner une masterclass au Cours Florent, à laquelle j’ai pu assister à l’époque où j’étudiais là-bas. Je me souviendrai toujours de cette journée. J’avais des étoiles dans les yeux. 11 ans après, je me retrouve à jouer avec elle. Le destin est parfois ironique. C’est une actrice formidable, accessible et talentueuse. ».
De ses expériences passées, nul doute que Sacha Tarantovich parviendrait à séduire naturellement la production de Munch. Pourtant, la comédienne ne cache pas ses craintes, ses peurs, comme elle nous le confie : « Dans la série, il y a des acteurs incroyables comme Hippolyte Girardot. Je me demandais si je serai à la hauteur, si mes propositions les intéresseraient. Mais l’équipe vous met tellement à l’aise, que toutes nos incertitudes disparaissent. Tous, ont des carrières si extraordinaires et ils sont si humbles. Leur gentillesse, leur simplicité, leur patience, m’a marqué. Ce tournage restera dans ma mémoire. ».
Son, symbole d’un témoignage
Comme un écho du passé, son rôle de Munch est intimement lié avec un court-métrage écrit par Sacha Tarantovich et dévoilait en 2016 sur sa chaîne Youtube, Son. L’histoire d’un couple franco-russe, déchiré par divorce. Au centre, un enfant en souffrance, divisé lui aussi, entre l’amour de sa mère et celui de son père.
Réaliser ce court-métrage était le moyen pour Sacha de donner vie à une douleur, à des destins brisés qu’elle a côtoyé dans son entourage : « J’ai écrit ce court-métrage car j’avais envie d’exprimer cette douleur de l’enfance, lorsqu’un divorce touche une famille. Les parents oublient souvent le bien-être de l’enfant, qui va forcément être marqué plus tard par cette rupture, à la fois dans sa construction et son éducation. Les parents règlent les problèmes entre eux, en excluant l’enfant, c’est cette problématique que je voulais aborder et développer. […] Je souhaitais également montrer cette force de caractère que peut avoir une mère pour récupérer son enfant. Elle ne pouvait plus vivre sans lui. Et je voulais interpréter ça. ».
À la réalisation, un jeune cinéaste ukrainien : Iurii Leuta.
Une rencontre née d’un heureux hasard : « C’est un ami professeur et metteur en scène qui m’a parlé de Yuri, lorsqu’on a travaillé sur le scénario de Son. Iurii voulait réaliser un drame. En lisant le scénario, il a tout de suite adhéré. On adore tous les deux Orson Wells et on s’est imprégnés de son ambiance, son atmosphère, pour créer notre histoire et sa composition scénique. Je suis contente de notre collaboration. Nous avions une belle alchimie et Iurii est vraiment ingénieux. Il trouvait des solutions à toutes les difficultés. ».
Théâtre : Le projet intime de Sacha Tarantovich
Actuellement, Sacha Tarantovich travaille sur un projet de théâtre avec son compagnon Stéphane Henon. Un retour aux sources. Un projet secret sur lequel elle ne peut pour l’instant rien dire.
Crédits photos :
1.
Fashion : Prune Goldschmidt
Fashion Editor/Styliste : Victor Concepto
Photographe : Christina Henningstad
Makeup artist : Sergei Chatel
2.
Makeup : Sergei Chatel
Coiffure : Olga Westerlinck
Photographe : Christina Henningstad
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