THE BATMAN : LA CHAUVE-SOURIS PARLE FRANÇAIS (INTERVIEW – THOMAS RODITI)

Richard Darbois, Adrien Antoine, Emmanuel Jacomy, Philippe Valmont (trilogie The Dark Knight) ou encore Boris Rehlinger (trilogie Zack Snyder), autant de voix françaises mythiques qui ont interprété le plus emblématiques des héros DC Comics : BATMAN. Animations, films, séries, chacun a proposé au cours de ses interprétations vocales une vision du Chevalier Noir et de son alter-ego Bruce Wayne, sans trahir les versions originales.

Pour les prochaines années à venir (du moins, espérons-le), la tâche revient désormais au comédien Thomas Roditi, la voix officielle de Robert Pattinson depuis la saga à succès Twilight. Un challenge pour Thomas Roditi, mais aussi un rêve de gosse d’avoir l’opportunité de prêter sa voix au Batman…

Aviez-vous une appréhension particulière à l’idée de prêter votre voix à Batman, de part sa popularité ?
Ma première appréhension c’était surtout la manière dont Robert Pattinson allait aborder le rôle. Dans les derniers Batman, les acteurs étaient physiquement hyper présents, assez massifs. Le chemin qui avait été choisi, était surtout basé sur l’action. Je me demandais comment lui, allait se positionner à travers ça. J’ai aussi le souvenir des tous premiers Batman avec Michael Keaton. En tant que comédien, j’ai surtout essayé d’être le plus fidèle possible, au plus près de son travail. Ce n’est pas à moi de mettre ma patte. Je dois être au plus juste des intentions de Robert Pattinson. Quand j’ai vu l’angle du film, avec les bandes-annonces notamment, qui est assez noir et dans une période jeune de Bruce Wayne, je n’ai pas eu d’appréhensions de jeu mais plutôt d’intensité. Car il est très peu bavard. Il fallait parvenir à donner cette intensité. Puis, arriver à donner du relief dans ce qu’on allait faire.

On sait que les versions françaises sont parfois critiquées sur certains films, est-ce que ça ajoute une pression supplémentaire surtout sur ce types de production très attendues par les fans ?
Je ne suis pas trop d’accord avec ça. Comme la quasi-totalité des comédiens qui font du doublage, j’ai commencé par du théâtre. Nous savons jouer. Si le doublage français est critiqué, autant dire que le doublage dans le reste du monde est de moins bonne qualité. Nous sommes un des pays qui avons le doublage les plus pointus, le plus précis. Je ne parle même pas des pays de l’Europe de l’Est, où il n’y a qu’un acteur pour toutes les voix. Les sociétés de doublage, depuis des années, font un boulot dingue pour faire en sorte que lorsqu’on regarde une VF, on ait l’impression de voir les acteurs parler vrai. Le travail en France est remarquable. Ce n’est pas pour défendre mon métier, mais le travail qui est fait en amont, par les adaptateurs aussi, est d’une grande qualité.
Ensuite, pour répondre plus précisément, je ne me suis pas mis de pression en me répétant : « Il ne faut absolument pas le rater ». D’abord parce que ce n’est pas moi qui joue à l’image, et que c’est plutôt un rêve de gamin de faire la voix de Batman. Ce n’est que du plaisir. Je n’avais pas de pression paralysante, seulement une envie de bien faire.

Pour entrer dans le détail de votre travail sur The Batman, comment avez-vous façonné votre voix pour incarner le super-héros ?

Après avoir vu le film, on s’est aperçu avec le directeur artistique que Robert Pattinson avait vocalement quelque chose de très grave lorsqu’il est en costume, mais ce n’est jamais porté, jamais fort. On a suivi ce parti pris là et on a essayé, comme je le disais, précédemment de donner du relief à cela afin que ça ne sonne pas plat. C’était un défi. Puis, dans sa façon de ne jamais porter la voix, d’être extrêmement froid et calme tout le temps, de trouver dans certains passages du relief. […] C’est très différent des autres Batman. Il a une voix chuchotée, très sombre, il n’y pas d’éclats, c’est tout en retenu et en contrôle. […] Mais ça aide énormément de voir le film en intégralité avant, ça fait gagner un temps fou de voir le travail de l’acteur. Sur The Batman, c’est seulement deux jours de travail (pour ma partie).

Image : Quand le Bat’ rencontre la Cat’

Sur les scènes d’action, est-ce que vous doublez également les cris, les braillements… ?

Cela dépend. Il arrive que des parties de la VO soient gardées, car techniquement, on ne peut doubler ces morceaux s’il y d’autres personnages qui parlent en même temps, ce n’est pas possible. On ne peut pas chevaucher du français avec de l’anglais. Sur The Batman, certains passages de coups ou de respirations ont été gardés. D’autres scènes d’action ont été refaites. […] Derrière l’écran, et c’est une des difficultés du doublage, c’est qu’on ne peut pas se rouler en boule et sauter car le micro capte tout. Mais effectivement, à titre personnel, j’ai tendance à bouger pour donner un peu de mouvement dans le jeu et que ça s’entende à l’image.

Image : Batman affronte un de ses adversaires…

Il y a beaucoup de comédiens connus qui ont prêté leur voix à Batman. Est-ce que vous êtes allé chercher conseil auprès d’eux ? En parallèle, la Warner a-t-elle eu un regard sur votre travail sur le film ?
Non parce que j’étais davantage concentré sur l’acteur, que je pratique depuis une vingtaine de films, que sur les Batman et ce qui avait été fait avant.
[…] Je n’ai pas été surveillé. Les gens de chez Warner sont évidemment venus pour voir si tout se passait bien pendant l’enregistrement. Ils ne sont pas intervenus dans quoi que ce soit. C’est le directeur artistique qui gère. Ils nous font confiance. Ce que je je sais, c’est qu’ils étaient contents du travail qu’on avait fourni.

Image : Le comédien Thomas Roditi, notre nouveau Batman français

1 commentaire sur “THE BATMAN : LA CHAUVE-SOURIS PARLE FRANÇAIS (INTERVIEW – THOMAS RODITI)

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *