PORTRAIT : THE BALLAD OF KJEL BENNETT

Avec son sourire communicatif et sa force comique, il enchante chaque soir les fans de la quotidienne Plus Belle la Vie. Son nom est Kjel, Kjel Bennett et à tout juste 20 ans, il est la nouvelle tête très appréciée du petit écran. Son caractère enjoué et sa détermination lui ont permis en seulement trois ans de se faire une place dans une des séries françaises les plus populaires mais aussi au cinéma aux côtés des plus grands.
Kjel Bennett se balade ainsi entre la télévision et le cinéma comme un poisson dans l’eau, motivé et rigoureux. Un acteur qui a pleinement conscience de sa chance et du travail à fournir pour parvenir au sommet. Cette intelligence d’esprit, il la met au service d’une carrière qu’il espère surprenante et enivrante.

Dans cet entretien, Kjel Bennett revient sur ses débuts, sa manière de travailler, ses expériences au cinéma et à la télévision ainsi que ses futurs projets et l’ouverture de sa chaîne Youtube.

Kjel Bennett in Paris…

« Ce n’est que le début pour moi. Je suis à l’apéritif. Je goûte le milieu, m’imprègne de tout ce que je vois. »

Kjel Bennett est né à Londres. Après dix ans dans la capitale anglaise, ses parents déménagent pour le travail et le jeune Kjel poursuit alors son enfance en France, à Paris. Il suit une scolarité normale et choisit l’option théâtre pour esquiver un cours normal qui l’ennuie. Un jeu de jambe habile pourtant, c’est de là que naît son amour pour la scène, le jeu et la pression de jouer en direct devant un public. Une envie l’obsède alors : devenir comédien. Pas très scolaire, il quitte la Première au bout d’un mois et s’inscrit dans une école de théâtre, à Peyran-Lacroix. Mais là encore, il s’arrête pour dégoter un agent et se lancer dans des castings : « Je n’ai jamais été fan de l’esprit classe, être assis à écouter. Je suis quelqu’un d’hyperactif. J’aime être dans l’action, tout de suite. On apprend en écoutant, bien sûr, mais surtout en jouant. J’ai stoppé les cours de théâtre en me disant qu’il fallait que je fasse mes erreurs moi-même. Je suis allé toquer à certaines portes et j’ai découvert à quel point ce milieu est difficile. Tu dois être constamment habitué au rejet. Dans les castings, que tu sois dernier ou deuxième, ça n’a aucune importance car tu n’as toujours pas eu le rôle. C’est une course. Cependant, j’aime ça. C’est un petit jeu. » confie Kjel Bennett.

Ses parents sont un soutien indéfectible dans la réalisation de ses rêves. Sans eux, Kjel n’aurait sûrement pas eu la même carrière : « Ils m’ont soutenu. D’une part parce que j’avais 7 de moyenne en cours donc, autant arrêter pour faire un truc que j’aime faire (rire). Puis, ils sont dans cette mentalité de poursuivre ses rêves quoi qu’il arrive. C’est ce que mon père a fait et aujourd’hui, ça marche bien pour lui. Les cours, les notes, ce ne sont que de l’encre sur du papier, ça ne prouve en rien les vraies capacités d’une personne. On fait l’erreur, dans le système français, d’embaucher des gens sur-diplômés mais qui seront peut-être moins bons que ceux qui ont moins de diplômes mais davantage d’expériences. C’est dommage. ». Sa maman est d’ailleurs la première critique du travail de son fils : « Ma maman, c’est ma coach d’acting. Depuis le début. Plus que mes profs de théâtre, c’est elle qui m’a tout appris. Elle a l’œil. Elle sait ce qui marche et ce qui ne marche pas. Elle me pousse et me force à donner le meilleur de moi-même. Quand je suis mauvais, elle le dit. Cash. Et on reprend. Ma mère est la personne la plus honnête, plus qu’un ami ou un collègue qui va avoir peur de te vexer. Il n’y a qu’avec l’honnêteté qu’on peut progresser. ».

Sur la vision de l’acteur, il poursuit :

« Un bon comédien c’est quelqu’un que l’on redécouvre à chaque rôle. Beaucoup d’acteurs jouent de la même manière. Si ça marche tant mieux. Mais on voit souvent la personne, avant l’acteur. Et il y en a d’autres comme Daniel Day Lewis ou Joaquin Phoenix, qui sont mes héros, et qu’on ne reconnaît jamais de film en film. Un acteur, pour moi, c’est une personne qui incarne son rôle de A à Z, sans compromis. Il faut tout savoir sur le personnage qu’on va jouer. Dans les moindres détails. Par exemple, si ton personnage à une pièce de deux euros dans sa poche, sur quoi il le dépenserait. Des petits détails bêtes mais importants. Car si tu parviens à répondre à toutes les questions de ton personnage, alors tu auras une meilleure idée de ce que tu vas incarner et le faire ressentir dans ton jeu. La création et la construction d’un personnage, c’est une chose que je veux maîtriser parfaitement au fil des années. C’est le plus dur dans ce métier, plus que de bien jouer. ».

Image : l’acteur fétiche de Kjel Bennett, Daniel Day-Lewis, obtenant l’Oscar du Meilleur Acteur pour son interprétation de Lincoln, dans le film du même nom de Steven Spielberg.
Crédit Photo : ScreenRush

« Il ne faut pas de Plan B. Bizarrement, on ne demande pas à ceux qui veulent devenir avocat s’ils ont un Plan B, pourtant, c’est dur d’être avocat. Si tu penses au Plan B, c’est que déjà tu doutes de toi. Il ne faut jamais douter de soi dans ce milieu. »

Des parents comblés dont Kjel parle avec une certaine émotion : « Ils sont super fiers. Tout a commencé avec un rêve et des spectacles de fin d’année, où ils venaient me voir jouer. Maintenant, me voir à la télévision, tous les soirs, sur une énorme chaîne qu’est France 3, ils sont impressionnés et heureux que ça marche pour moi, en me souhaitant que ça dure le plus longtemps possible. Ce n’est que le début. Je suis à l’apéritif. Je goûte le milieu, m’imprègne de tout ce que je vois. ».
Face à moi, ce n’est plus l’adolescent clownesque de la télévision mais un adulte, lucide sur ce métier et sa chance : « Le pourcentage de chance d’avoir ce genre d’expériences à mon âge, avec toutes les personnes talentueuses sur le marché, et même de pouvoir en vivre – je commence juste moi à en vivre -, c’est un énorme privilège. Pour moi, si tu parviens à vivre des Arts, que tu gagnes dix millions ou moins, tu as réussi. Oui, certains le font pour l’argent. Pas moi. Ce qui me motive, c’est l’excitation de ne pas savoir de quoi sera fait demain. Il y a la surprise qui est constante dans ce milieu. Parfois on a peur, parfois on doute. Au bout de plusieurs casting ratés, on pense à tout arrêter. Il ne faut rien lâcher ! J’ai connu des pépites, qui ont tout arrêté. Ça me navre. Même si dans 10 ans, je ne suis pas là où je rêve d’être, je continuerai. C’est dur, mais on doit s’accrocher. Quand on dit : « va au bout de tes rêves », les gens l’entendent mais ils ne l’écoutent pas. Pourtant, c’est vrai. Il ne faut pas de Plan B. Bizarrement, on ne demande pas à ceux qui veulent devenir avocats s’ils ont un Plan B, pourtant, c’est dur d’être avocat. Si tu penses au Plan B, c’est que déjà tu doutes de toi. Il ne faut jamais douter de soi dans ce milieu. ». conclut-il.

Le Prince Oublié / Hors Normes : deux expériences inoubliables

« À la cantine, on entend qu’Omar Sy et son rire contagieux. ».

Avant Plus Belle La Vie, Kjel Bennett vogue au cinéma. Sa volonté le conduit à rejoindre le casting de deux grosses productions : Le Prince Oublié de Michel Hazanavicius avec Omar Sy et Bérénice Bejo ainsi que Hors Normes d’Eric Toledano et Olivier Nakache avec Vincent Cassel et Reda Kateb.

« Le Prince Oublié a été mon premier rôle payé. J’ai eu ce rôle grâce à un court-métrage que je n’avais pas envie vraiment de faire. Je me suis rendu sur le tournage, tout se passe très bien et, quelques mois plus tard, je reçois un appel d’une directrice de casting. Elle me dit que Agathe Moncomble, la réalisatrice de ce court-métrage, lui avait parlé de moi. Cette directrice me fait passer les essais pour le film et ils m’ont choisi. […] On a fait 4 jours de tournage. Je jouais un petit rôle, où pendant une soirée on devait charrier la fille d’Omar Sy. Être plongé de suite dans ce milieu, j’ai pu goûter à une expérience unique au sein d’une immense production. » raconte Kjel visiblement enthousiasmé par cette première expérience professionnelle au cinéma.
Quant à Omar Sy, Kjel retient notamment que c’est « un géant » : « Omar Sy est super grand ! Il est très drôle. À la cantine, on entend que lui et son rire contagieux. ».

Kjel enchaîne ensuite avec Hors Normes, un drame social poignant dans lequel il incarne un jeune autiste. Un rôle particulièrement difficile. Pour réussir le casting, Kjel regarde plusieurs vidéos sur internet d’enfants autistes afin d’en apprendre plus sur ce trouble et d’observer leurs comportements, leurs gestuelles. Il s’enferme dans sa chambre pendant des heures et des heures, passe ses journées à regarder des vidéos en boucle pour rester dans son personnage. Seul, il répète les scènes de crise, qui lui seront demandés au casting : « Au casting, j’ai joué deux scènes dont une scène de crise où le personnage s’auto-mutile et frappe son éducateur. Je me souviens qu’il m’avait fait mettre un casque pour que je me tape la tête contre le mur. C’était des séquences assez hardocore mais ils voulaient voir comment on maîtrisait ça. ».

Le travail se poursuit une fois sélectionné pour être au plus juste de l’interprétation. Un souvenir marquant : « On a passé beaucoup de temps avec des enfants autistes à la Salpêtrière. C’était touchant, beau. On a pu voir avec cette préparation, tout le travail que c’est entre les éducateurs et les petits, le travail que ça demande et le courage. Il y a tellement d’amour dans ce genre d’endroits. J’ai trouvé ça magnifique. […] On a fait deux semaines de coaching pour vraiment s’imprégner des personnages. ».

Pour Kjel, Hors Normes restera « sa meilleure expérience cinématographique » pour le travail à accomplir sur ce film : « C’est le genre de rôle que j’aime faire. Ça nous sort de notre zone de confort. Pour un début au cinéma, ce n’est pas évident, c’est vrai. Néanmoins, j’espère avoir l’occasion dans le futur d’avoir des opportunités comme celle-ci. ».
De surcroît, le jeune homme est un fan absolu de Toledano et Nakache. Il nous dévoile d’ailleurs une petite anecdote amusante : « Le premier film français que j’ai vu en arrivant en France, c’est Intouchables. ». La boucle est bouclée.

Sur le tournage d’Hors Normes, il rencontre Boubacar Kabo (Mouss dans Plus Belle la Vie) avec qui il nouera une amitié sincère. Deux ans plus tard, ils partagent de nouveau la caméra ensemble. Et justement…

Plus Belle la Vie : Gang of Fedala

« C’est la famille la plus stylée. Je regardais un peu PBLV avant d’arriver sur la série, et c’est drôle de se retrouver dans une famille que je voyais à l’écran. ».

Kjel Bennett rejoint le casting de Plus Belle la Vie. Il prend la suite de Zacharia El Baialy, qui incarnait avant lui le rôle de Bilal Bailly, le neveu des Fedala. Toutefois, Kjel a failli ne jamais jouer dans la quotidienne de France 3. C’est là encore un heureux hasard, qui le conduira aux portes des studios de la Belle de Mai : « En tournant dans la série Demain nous appartient, j’ai rencontré une actrice : Maria Chrisman. Elle me dit que Plus Belle cherche à remplacer le comédien qui joue actuellement Bilal. Si Maria ne m’avait pas mis au courant, je n’aurais jamais su que PBLV cherchait quelqu’un. Ça se joue à rien, à une rencontre. Quand Maria m’a donné l’information, nous étions d’ailleurs assis à côté dans le TGV pour tourner nos scènes dans Demain nous appartient. La vie se joue parfois à un siège de TGV (rire). ».

Au départ, le personnage de Bilal avait une portée dramatique, peu joyeuse. Loin donc, de la proposition comique que le personnage offre aujourd’hui. Un parti pris à l’opposé que Kjel Bennett a voulu imposer :

« Eric Henon m’avait dit de ne pas regarder ce que l’ancien Bilal avait fait pour ne pas m’en imprégner. Il voulait voir ce que j’allais moi, proposer. Je n’ai donc rien regardé. Puis, j’ai réfléchi à qui était Bilal. Je savais qu’il voulait quelque chose d’assez dramatique. Les Fedala ne sont pas une famille forcément drôle. Ce sont des mafieux et ils sont souvent au sein d’intrigues assez sombres. J’ai rajouté cette touche atta-chiante, comique au personnage. Les scénaristes ont alors commencé à écrire du comique pour ce rôle. Et je me régale. Je suis très clownesque. Je veux faire beaucoup de comédie. J’adore ça ! L’intrigue du « permis de conduire », par exemple, a été un régal. On avait de gros fous rires sur le tournage et je pense que ça a plu aux gens. On a besoin de rire en ce moment avec tout ce qui se passe dans le monde. La comédie est plus nécessaire que jamais. ».

Image : Kjel Bennett face à Laurie Iversen (Ophélie) dans l’intrigue du Permis de Conduire.

Remplacer un personnage n’est jamais aisé. Pourtant Kjel Bennett n’avait pas plus d’angoisses que ça. Il explique pourquoi : « L’acteur venait tout juste d’arriver dans la série, donc je n’avais pas plus d’appréhension que ça. Ce n’est pas comme-si je remplaçais un personnage installé depuis des années comme Boher ou Thomas Marci. Là, j’aurais eu plus de pression. Au début, j’ai quand même eu quelques remarques négatives. Mais rien de méchant et puis, désormais, le public adhère. Les gens s’attachent beaucoup aux personnages de la série. Quand ils voient un de leur héros quotidien remplacer ou partir, ils ont le cœur brisé. C’est normal. On fait partie de leur famille. ».
Et quand on lui demande quel effet cela fait d’être un Fedala, il répond sans hésiter : « C’est la famille la plus stylée. Je regardais un peu PBLV avant d’arriver sur la série, et c’est drôle de se retrouver dans une famille que je voyais à l’écran. Si on m’avait dit qu’en 2020, je ferais partie des Fedala, je n’y aurais pas cru. […] Marwen Berreni est un super acteur en plus. »

. La Nouvelle Génération Scotto

Tous les trois ans environ, une nouvelle génération d’étudiants intègre le célèbre lycée Scotto dirigé d’une main de fer par le proviseur Rochat (Charles Schneider). Récemment, Jules Fabre (Théo Bommel), Enola Righi (Clara/Antoine Bommel), Malika Alaoui (Mila) ou encore Sam Chemoul (Tom Gassin) composaient cette « Génération Scotto », qui laisse depuis la rentrée 2021 place à une nouvelle.
Horya Benabet (Betty Solano), Marie Mallia (Lola Corcel), Florian Lesieur (Noé Ruiz), Tim Rousseau (Kilian Corcel), Ella Philippe (Nisma Bailly) et Kjel Bennett forme cette bande inédite à l’écran : « On avait un peu la pression de passer après eux. On en a parlé quand nous sommes arrivés sur la série. En 4 ans, les gens ont eu le temps de s’attacher à ce groupe de jeunes, qui sont tous partis au même moment. Réussir à rendre les spectateurs heureux, ce n’est jamais évident. On a reçu quelques messages qui nous disaient qu’ils préféraient les anciens. De toute manière, quoi qu’on fasse, on est sûr de se prendre des messages violents. Maintenant, je ne lis plus. […] Comme j’ai un personnage assez comique, ça va pour ma part. Quand tu es drôle, tu as beau faire de la merde, on te pardonne tout (rire). ». avoue Kjel.

Et comme à chaque génération, des liens forts se créent entre les jeunes. Très actifs sur les réseaux sociaux, on peut les voir souvent ensemble lors de lives improvisés sur Instagram : « On s’adore. Horya est devenue une amie hyper proche. Limite ma meilleure amie. Elle est rayonnante. Sur le tournage du prime, on s’est rapproché. Quand tu es bloqué 10h dans une cabine téléphérique avec des gens, tu n’as pas d’autres choix que de parler avec la personne à côté de toi. […] Ça crée des liens de jouer avec des gens, d’être embarqués dans la même aventure. Sur la Saga de l’Été, par exemple, je me suis rapproché de Prudence (Leroy), David (Ban) et Simon (Ehrlacher) avec qui je n’étais pas si proche que ça. On a construit une famille. ».

Image : Florian Lesieur, Marie Mallia, Ella Philippe, Kjel Bennett et Tim Rousseau forme la nouvelle Génération Scotto.
Crédit photo : News Actual

Un retour à la Terre natale ?

Kjel Bennett est un acteur qui a beaucoup de projets. Depuis son passage dans Plus Belle la Vie, il envisage un spectacle humoristique : « Tout le monde me dit de faire un One-Man Show. Un à un moment, je vais devoir le faire. Je vais en écrire un. ». Mais il ne s’arrête pas là, le jeune homme a aussi écrit une comédie de 90min qu’il aimerait mener à terme et il y a quelques jours, il a lancé sa chaîne Youtube (lien ici) afin de proposer des contenus humoristiques à ses fans. Il a constitué une équipe et commence déjà à filmer ses premières vidéos.

Dans quelques semaines, Kjel Bennett partira à Londres. Il a signé avec un agent londonien et tentera une percée internationale. Néanmoins, il tient à rassurer les fans de PBLV : « Jamais je quitterai Plus Belle. Je m’éclate trop là-bas. Ils ont bien fait évoluer mon personnage, je suis gâté. Je serai fidèle à ça. ».

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