DOCTOR STRANGE IN THE MULTIVERSE OF MADNESS : LES MANIPULATIONS VOCALES DE CHARLOTTE CORREA (INTERVIEW)

Elle envoûte les cinéphiles et les geeks depuis 2015 et la première apparition de Wanda Maximoff au sein du Marvel Cinematic Universe, la comédienne Charlotte Correa est la voix française derrière l’actrice américaine Elizabeth Olsen.
Avec sa voix grave, Charlotte Correa est habituée à doubler les rôles de méchantes au cinéma et à la télévision. Cette réputation qui la précède, c’est ce qui l’amènera à passer des essais pour Avengers : L’Ère d’Ultron afin d’y incarner vocalement une des futures super-héroïnes de la franchise Marvel Studios : La Sorcière Rouge. Sous la direction artistique d’Hervé Bellon, elle donne une force à la fois dévastatrice et émotionnelle à une héroïne pleine d’ambiguïté, rongée par un passé douloureux et des guerres qui ont ravagé sa vie amoureuse.

Dans cet entretien, Charlotte Correa revient sur son travail au côté de Wanda Maximoff, son attachement au personnage et les quelques difficultés auxquelles elle fut confrontée sur le doublage de la série Disney + WandaVision.

Avant de doubler une super-héroïne pour Marvel, étiez-vous familière à cet univers, à la BD et aux films ?
Pas particulièrement. J’ai vu des Batman et des Superman comme tout le monde. Malheureusement, mes connaissances sur ce domaine sont assez limitées, mais j’en ai plus appris depuis que je double La Sorcière Rouge (rire). Néanmoins, j’ai un amoureux qui est très fan des films de super-héros et je les regarde avec lui. Je suis honnête, je ne suis pas forcément toutes les productions Marvel ou DC. Je suis davantage intéressée par le cinéma sud-américain. […] Oui, il est très fier et super content de m’entendre doubler un personnage Marvel. Il vit avec La Sorcière Rouge (rire). Habituellement, c’est un consommateur de séries en VO, mais il s’intéresse de plus en plus à la VF depuis quelques temps, et a évidemment regarder WandaVision en versions française.

Comment avez-vous abordez, travaillez la personnalité vocale de Wanda ?
J’ai essayé de m’identifier à elle. Quand j’aborde un personnage, je me mets totalement dans sa peau. Même si ce n’est que du doublage, même si le travail du doublage est très différent du tournage, je m’imagine toujours dans la situation et je regarde l’œil de ma comédienne. J’ai de la chance car Elizabeth Olsen est une excellente actrice, qui est particulièrement expressive, tout en finesse. Je me suis accrochée à son regard et j’ai essayé de le reproduire en plateau. […] Je reste sur un timbre naturel, sans trop prendre dans mes graves. Sinon, je la vieillis alors qu’on a le même âge. J’essaie d’être hyper naturelle avec elle parce qu’il y a plusieurs éléments sur lesquels on se ressemble. J’aime son rapport à la maternité, par exemple. J’étais enceinte lorsque j’ai fait WandaVision et que Wanda accouche de ses jumeaux dans la série. Je me suis identifiée à cela, à ce que je vivais de mon côté pour être le plus sincère possible lorsqu’elle voit ses enfants, leur parle, les perds aussi. On a presque vécus les choses en même temps, entre guillemets. Sauf que mon enfant va bien (rire).

L’actrice a une gestuelle très particulière lorsqu’elle lance des sorts. Pour vous imprégner au mieux des émotions sur ces moments précis, est-ce que vous reproduisez cette gestuelle derrière votre micro ?

Oui (rire). C’est important. Le mouvement du corps nous donne une intensité différente. Donc, très souvent, je l’accompagne dans la gestuelle, parfois même sans m’en rendre compte d’ailleurs. Et ça nous aide à vivre l’instant également. Certes, nous sommes derrière un micro où les mouvements sont limités car il capte tout, mais ça nous sert vraiment à nous plonger dans la peau du personnage, à ce qu’il vit et à faire un doublage de qualité auquel le spectateur croira. On vit beaucoup de choses en une journée, physiquement et émotionnellement. Il m’est arrivé de sortir d’un doublage en étant complètement épuisée, vidée par tout ce que j’avais vécu dans la journée. Wanda est un personnage qui a vécu des moments difficiles, violents même, ça demande d’être à fond.

J’ai pleuré avec elle, j’ai été émue avec elle, j’ai ri avec elle. Encore une fois, j’ai la chance de doubler une comédienne que je trouve formidable, ce n’est pas un effort pour moi mais un honneur d’essayer d’être à la hauteur de ce qu’ elle fait, pour lui rendre hommage.

Vous avez le souvenir d’un moment intense au doublage avec ce personnage ?
L’accouchement de Wanda dans la série. C’est très difficile de jouer un accouchement et de rendre ça crédible. Ce sont des cris extrêmement longs. Il y a quelque chose animal. Ce n’est pas de la rage. La rage, nous avons l’habitude de la doubler. Là, c’est autre chose. En plus, j’étais enceinte. J’avais donc un souffle beaucoup plus court. Cette séquence était donc d’autant plus difficile à doubler. Notre corps nous le permet moins. C’est un moment qui m’a marqué.
J’aime également lorsqu’elle parle de sa vie. Que ce soit avec son frère, avec ses enfants ou avec Vision. On découvre ici la femme derrière la super-héroïne. Il y a cette émotion qui est toute en retenue. Elizabeth joue ainsi, toute en retenue. Je me souviens de scènes absolument magnifiques, notamment sa colère à la fin de la série. C’était dur à faire et, en même temps, réellement intense pour moi. Il fallait être en colère, mais sans hurler. C’est difficile à obtenir en plateau, d’être au niveau et réussir à faire passer cette émotion. Comme je le disais à l’instant, les scènes de cris ou de rages sont faciles à reproduire, ce n’est pas une difficulté pour moi. Alors que tout ce qui va être dans l’émotion, j’aime beaucoup le travailler car tout est dans la retenue. Je trouve ça intéressant de parvenir à faire des séquences aussi fines que ce qu’elle joue.

Sur la série WandaVision, on change de ton. On est ici dans la sitcom. Comment avez-vous appréhendé cet exercice de style singulier ?

C’était très difficile. Je ne m’attendais pas à cela, ni à la doubler dans une série, ni à ce ton particulier où chaque épisode évolue dans une période différente. Nous n’avons plus l’habitude de doubler des séries des années 50 ou des séries comme La Sorcière Bien-Aimée. J’ai puisé dans mes souvenirs pour ces épisodes-là. Cependant, j’avais tendance à ne pas en faire assez, à ne pas assez exagérer. J’ai eu la chance d’être dirigée par Fabrice Josso, que j’ai découvert sur cette série. Nous n’avions jamais travaillé ensemble et depuis, nous sommes devenus amis. J’ai adoré sa manière de travailler et d’aborder la série. Je me suis sentie bien, à l’aise et je me suis laissée guider. Il m’a poussée à réaliser des choses que je ne pensais pas capable de faire un jour dans ce métier.

Nous n’avons plus l’habitude de doubler des sitcoms des années 2000. C’est un coup à prendre. Elizabeth joue tellement bien, il suffisait de la regarder 2-3 fois pour comprendre ce qu’il me manquait.

Qu’est-ce que vous aimez chez ce personnage, qui vous accompagne maintenant depuis 7 ans ?
J’aime que tout ne soit pas blanc ou noir. Ce n’est pas une gentille avec qui on s’ennuie. Généralement, les héros sont assez ennuyeux. Wanda est toute en nuance, gris. Il y a beaucoup de choses qui font qu’elle est ce qu’elle est. Une enfance particulière qui l’a rend bien plus intéressante que la plupart des autres personnages. Puis, ça donne des multitudes de choses à jouer. […] Je me sers de tout ceci, de son histoire, de son passé, pour créer de l’intensité dans mon jeu et la traduire à l’écran, sans tronquer l’interprétation d’Elizabeth, et rester dans sa vérité. […] Puis, on est aussi attaché à ce qui lui arrive. On a envie de la suivre. Je la retrouve chaque fois avec affection, que ce soit pour le cinéma ou les dessins animés.

Comment percevez-vous l’évolution du personnage de Wanda depuis son arrivée dans Avengers 2, jusqu’à aujourd’hui (sans évoquer Doctor Strange 2) ?
C’est un personnage extrêmement passionnant. J’ai aimé commencer par jouer une méchante dans L’Ère d’Ultron et devenir gentille. Moi qui fais beaucoup de méchantes, j’ai adoré ça. J’ai aimé la voir être à la fois une mère de famille aimante, douce, agréable et, de l’autre côté, une personne plus froide, prête à en découdre pour sauver son mari et ses enfants. Elle est guidée par ses émotions, par son vécu et ses drames. J’espère qu’elle va encore vivre plein de choses et qu’elle apportera beaucoup à cet univers. Je pense qu’elle a beaucoup de choses à nous apprendre et qu’elle peut encore nous surprendre. J’espère continuer à la doubler longtemps. Je le ferai avec GRAND plaisir ! C’est un personnage unique. J’attendais Doctor Strange 2 avec impatience. Je ne suis pas une accro au Marvel Cinematic Universe, mais cette héroïne est géniale ! De plus, la doubler est un défi. Chaque fois que j’arrive en plateau pour travailler sur Wanda, c’est un nouveau défi qu’elle me lance. Puis, Elizabeth Olsen est une très grande actrice. […] Je ne suis pas du genre groupie, mais j’aimerais vraiment la rencontrer.

Retrouvez l’interview du comédien Jérémie Covillault, qui prête sa voix à Benedict Cumberbatch (Doctor Strange), en cliquant ici.

Doctor Strange in the Multiverse of Madness sortira le 4 mai au cinéma.

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