PLUS BELLE LA VIE : 14 ANS DANS LA PEAU DE BARBARA EVENOT (INTERVIEW – LÉA FRANÇOIS)

Crédit photo : Jérémy Jacubowicz

Elle incarne depuis plus d’une décennie un des personnages les plus emblématiques de la quotidienne Plus Belle la vie, la comédienne Léa François est le visage de Barbara Evenot.
Arrivée au Mistral en janvier 2009, les fans de la série découvrent rapidement cette nouvelle protagoniste au tempérament frondeur et défiant l’autorité. Au fil des années, Barbara a mûri et nous avons découvert une femme pleine de vie, de rêves et d’espoirs. 14 années à suivre le parcours d’une cuistot surdouée. De ses premiers pas au Bar du Mistal jusqu’à son émancipation au Marci, de ses premiers amours à un mariage raté, de tragédies en comédies, le personnage de Barbara n’a eu de cesse de nous surprendre, de nous toucher, de nous émouvoir. Brillamment interprétée par Léa François, l’actrice a su séduire, charmer les spectateurs et, est devenue une pièce maîtresse de Plus Belle la Vie, une héroïne de télé qui manquera. Elle qui ne devait rester que 3 mois dans la série est aujourd’hui un élément indispensable à la fiction de France 3, un des atouts au succès de PBLV.

Pour retracer ces 14 années, Léa François revient sur l’évolution et les temps forts de son personnage mais évoque aussi, au travers quelques anecdotes et souvenirs de tournage, ses plus belles rencontres.

Cela fait 14 ans que vous interprétez quotidiennement le personnage de Barbara Evenot. Rétrospectivement, comment vous avez vécu l’évolution de votre personnage ?
Je trouve que les auteurs ont toujours regorgé d’imagination pour ma petite Barbara. J’ai eu la chance de vivre mille et une vies, mille et une intrigues, de croiser beaucoup de partenaires différents, d’apprendre énormément à travers elle, à travers les tournages. Rétrospectivement, je me dis donc que j’ai eu une chance incroyable de pouvoir vivre tout ça avec Barbara. Puis, je suis fière d’elle, par rapport à l’ado rebelle qu’elle était au départ, elle a beaucoup évolué. Elle s’est posée, assagie et a trouvé sa voie professionnelle. Maintenant, il y a encore des choses à taffer (rire). Niveau perso, par exemple, ce n’est pas encore ça. Elle se met dans des situations toujours compliquées. Elle est trop impulsive et, parfois, ça lui joue des tours : elle tombe vite amoureuse, elle se met dans la merde tout le temps, etc… […] Quand je revois d’anciennes intrigues à la télévision, je ne peux pas regarder très longtemps en général (rire). À la fois c’est marrant parce qu’on a l’impression que c’est une autre vie et d’un côté que ce n’est pas si éloigné que ça. Puis, on se critique beaucoup. Notre physique, notre voix, notre façon de jouer, d’autant plus difficile à regarder quand il y a 10-15 ans. Mais je revois toujours Barbara avec une infinie bienveillance. Elle m’a tellement appris. J’ai une infinie gratitude pour ça. Je me rappelle que lorsque j’ai passé le casting, mon personnage ne devait rester que trois mois. J’ai vite compris que si ça se passait bien, il y avait moyen de rester un peu plus, notamment car j’interprète la fille d’un personnage déjà installé dans la série. Mais de là à imaginer que je resterais 14 ans, je ne l’aurais jamais cru.

« Je suis une personne entière, quand je m’engage quelque part, je le fais à à fond ».

Avec l’arrêt de la série, avez-vous peur d’être fichée comme le visage de Barbara Evenot et que cela vous empêche d’incarner d’autres rôles au cinéma ou à la télévision ?
Non, je n’ai pas peur. Quoi qu’il arrive, c’est une aventure dans laquelle j’ai profité à 10 000 pourcents, depuis le début jusqu’à maintenant. Je ne regretterai jamais une miette de cette aventure. J’ai tout fait en pleine conscience. J’ai tourné dans cette série des tonnes d’intrigues, toutes différentes, une chose qu’il ne me sera peut-être jamais permis ailleurs. Souvent, on joue soit un rôle de flic, soit de méchant, sur Plus Belle, j’ai eu l’impression de pouvoir tout jouer : de la comédie, de la tragédie, le deuil, Barbara s’est mariée, elle a été alcoolique, elle a eu des espoirs, des désillusions. Bref, c’est fou tout ce qu’on m’a offert. Je ne suis pas persuadée que ça se reproduira. De ce fait, comment je pourrais regretter ? Puis, avoir peur d’être cataloguée, avoir peur qu’on me refuse un projet parce que j’ai interprété Barbara, c’est comme si je regrettais. Je suis une personne entière, quand je m’engage quelque part, je le fais à fond. Après, nous verrons bien ce qu’il se passera. Mais en vrai, il n’y a pas de règles. On continuera de faire autre chose. Peut-être que ça sera plus compliqué, pour certains d’entre nous, pour moi, mais la chance d’avoir participé à cela, d’avoir tourné autant de jours dans l’année – ce qui est rare pour un comédien – je suis plutôt sereine. C’est une page qui se tourne, qui a été merveilleuse et, encore une fois, je ne regrette rien. Cette série a changé ma vie, elle continuera de la changer après. Ça me fait un pincement au cœur qu’elle s’arrête, mais il est temps pour moi de faire autre chose, d’être plus avec ma famille aussi car, entre Plus Belle et le théâtre, c’est la course.

Parmi les intrigues très marquantes, celle où Barbara tombe dans l’alcool est certainement la plus bouleversante. C’était éprouvant émotionnellement de jouer cet arc ?

Oui ça l’a été. Et en même temps, c’était une intrigue que j’avais très envie de défendre. J’étais contente que les auteurs abordent ce thème de l’alcoolisme par le prisme d’une femme, jeune, et cet alcoolisme festif qu’on nie et qui peut être insidieux. Ça concerne beaucoup de monde, des jeunes et des moins jeunes mais ça commence souvent ainsi chez énormément de gens. Le plus difficile pour moi était d’essayer d’être la plus juste possible. C’est une grosse pression car l’alcoolisme est un fléau, il bousille des vies, et nous n’avons pas envie de faire une caricature de ce qu’ils peuvent vivre. Je m’étais bien renseignée en amont et lu des témoignages que j’avais reçus autour de moi.

[…] Il ne faut pas chercher bien loin pour connaître une personne tombée dans l’alcool, qui y est toujours ou qui s’en est sorti. Dans un entourage proche, j’avais déjà de quoi m’inspirer. […] Sur les moments de crises, j’avais toujours peur d’en faire trop. On m’avait écrit des scènes de manque assez violentes, et j’en ai parlé avec certaines personnes mais il y a tellement de réactions différentes selon les individus… J’ai essayé de faire un mixte de ce que j’avais entendu, observé.
J’ai reçu énormément de témoignages suite à cette intrigue. Ça m’avait beaucoup touchée. Les gens réagissent lorsqu’on évoque de gros sujets comme celui-ci. Nous sentons que nous avons une grande responsabilité et que nous sommes investis d’une mission. Ça me transperce le cœur quand je reçois des messages où on me confie qu’on a essayé de s’en sortir en même temps que Barbara ou que grâce à cette intrigue une personne a ouvert les yeux. C’est dur mais je me dis que ça peut ouvrir un dialogue, aider et c’est déjà un premier pas.

À la fin de la journée, j’étais éreintée, oui. D’autant que j’étais enceinte à cette époque-là et je me sentais vidée en fin de journée. J’avais hâte que Barbara aille mieux (rire). C’est lourd pour nous, de passer nos journées à hurler, à pleurer, à être aussi mal. Bien sûr, ce n’est rien de comparable avec ce que vivent les personnes tombées dans l’alcool et qui essaient de s’en sortir. […] Mais j’ai aimé toutes les scènes et l’équipe avec qui j’ai tourné ça.

« Ils ne se passent pas un seul jour, où on ne me parle pas de l’histoire entre Abdel et Barbara dans la rue. Les gens restent bloqués sur cette histoire d’amour alors que Barbara en a eu d’autres ».

Vous avez tourné avec plusieurs comédiens cultes de la série mais 4 d’entre eux ont été proches de vous et de votre personnage : Pierre Martot (Léo Castelli), Michel Cordes (Roland Marci), Marwan Berreni (Abdel Fedala) et Myra Tyliann (Alison). Quels souvenirs garderez-vous de vos échanges ?
Pierre est un formidable papa de fiction. J’ai toujours adoré les scènes que nous avons tournées ensemble et l’évolution du rapport père/fille. Même si leur relation est aujourd’hui établie et qu’elle se confie à lui, il y a toujours une espèce de pudeur, qui les rend maladroits et j’aime beaucoup tourner ça avec Pierre. C’est un super partenaire tout comme Michel Cordes. Michel, je l’aime. C’est mon deuxième papa de la télé. C’est avec Roland que Barbara a confié une grande partie de ses peines et de ses joies, pendant plusieurs années. C’est un comédien extraordinaire et une personne en or dans la vie comme dans la fiction. Chaque fois que je tourne avec lui, c’est pour tomber dans ses bras (rire). Souvent, Barbara garde tout pour elle mais il y a toujours une séquence où elle craque et finit par se réfugier, trouver du réconfort à ses côtés. Ce sont des moments intimes que j’ai adoré jouer avec Michel.

Marwan et Myra, eux, sont formidables. Nous avons beaucoup rigolé en cuisine avec Myra. Elle me faisait penser à mon personnage quand elle est arrivée dans la série. Lorsque Myra est partie, j’ai ressenti un petit quelque chose mais je trouve ça génial qu’elle ait envie de faire autre chose, qu’elle aille sur d’autres projets. Il faut suivre ses envies et ses intuitions. Elle souhaitait faire de la musique. Donc, à partir du moment où elle est heureuse, je le suis aussi. J’étais sincèrement contente de voir ce petit oiseau s’envoler de ses propres ailes avec ce désir d’embrasser ses rêves. Je lui souhaite d’aller le plus loin possible. On se croisera !

Avec Marwan on se suit depuis le début, encore aujourd’hui. Et c’est un bonheur ! Ce sont des grandes aventures, dans le jeu et humainement aussi. Barbara et Abdel sont restés 5 ans ensemble, et nous voyons à quel point ce couple a marqué les esprits. Il ne se passe pas un seul jour, où on ne m’en parle pas dans la rue. Les gens restent bloqués sur cette histoire d’amour alors que Barbara en a eu d’autres. C’est rigolo de voir comment les fans sont marqués par telle ou telle histoire. […] En lisant les scènes que nous avons récemment tournées et diffusées il y a quelques jours, il était noté qu’il y aurait des flashbacks. En les voyant à l’écran, nous nous sommes pris plein de choses dans la figure. J’ai trouvé ça très mignon ces petits flashbacks, où ils ont repris quelques tranches de nos vies respectives. Ça nous renvoie à plein d’émotions.

[…] Ça me fait rire de voir tous les pronostics actuellement, sur l’intrigue en cours. Finalement, en lisant le scénario, j’étais moi aussi persuadée de certaines de choses et, figurez-vous, je ne m’attendais pas à ce que nous ont écrit les auteurs. Il va y avoir beaucoup de surprises et de rebondissements.

Depuis quelques temps maintenant, Barbara est cheffe d’un nouveau restaurant : Le Marci. Quelles avaient été vos réactions en découvrant ce décor ? Suiviez-vous une formation pour les scènes de cuisine ?
Je l’ai trouvé magnifique. On m’avait annoncé qu’il y aurait un nouveau restaurant et je me demandais comment ils allaient réussir à en installer deux sur la place. Je n’aurais jamais imaginé qu’ils refassent tout du sol au plafond pour nous créer un resto, à la place du salon d’esthétique d’Estelle. Chaque recoin est inspirant. J’avais envie de tourner partout. Avec Laurent, nous avons été heureux et fiers de recevoir ce beau cadeau qu’on nous a fait. […] C’est un terrain de jeu exaltant qui nous donne envie de nous surpasser.
Pour les intrigues basées sur la cuisine, j’essayais toujours de travailler sur ce que je devais faire. Je pense notamment au prime « Coup de feu pour Barbara », où j’ai tenté d’anticiper et de me préparer avec des tutos sur Youtube. Après, je suis moins douée que mon personnage. Mais Barbara m’a appris le goût de la cuisine et il m’est arrivé de reproduire des recettes que mon personnage avait faites dans la série pour la maison.

C’était difficile, malgré tout, de quitter le Bar du Mistral ?
Bien sûr. Avec Laurent, quand on nous a annoncé qu’on quitterait le bistrot, nous étions désemparés. Nous ne voulions pas partir. Nous avons vécu une vie entière dans ce décor. Nous étions attachés à cette cuisine, à ce bar où tout a commencé aussi pour Barbara et notamment son amour pour la cuisine. Mais cette nouvelle étape était importante pour nos personnages, pour leur évolution professionnelle et personnelle. Puis, comme je le disais plus haut, c’était un honneur de nous donner notre propre restaurant.

Une autre étape a été importante pour Barbara, ce fut La Coloc’…
J’ai passé six ans à La Coloc’. Ce sont des instants gravés qui resteront dans ma mémoire. Quand on parle des grandes étapes de nos personnages, celui-ci en est un. Pour nous aussi puisque nous étions émus lorsque nous avons tourné nos dernières scènes là-bas. On sait qu’après, ça sera de nouveau différent, qu’une autre histoire va s’écrire. C’était super agréable de tourner des séquences à La Coloc’ avec tous ces comédien(ne)s incroyables, où il s’est passé tellement de choses. Il y avait une super dynamique avec Eléonore, Thibault et tous les autres, où nos intrigues se mêlaient. J’en garderai, oui, un joli et tendre souvenir.

« Après l’annonce de l’arrêt de la série, on a reçu des « copies doubles » de gens qui nous écrivaient de manière très touchante ».

Que retiendrez-vous de l’aventure Plus Belle la Vie ?
Je retiendrai tout ce que j’ai appris et la fidélité des fans depuis autant d’années. Après l’annonce de l’arrêt de la série, on a reçu des « copies doubles » de gens qui nous écrivaient de manière très touchante. Je me rends compte de l’impact de PBLV sur la vie des gens. C’est une série qui a est un phénomène pendant 18 ans, c’est fou. Je vais en tirer que du positif. J’ai encore plein de tournages à venir et nous vous préparons des choses extraordinaires. Suivez jusqu’au bout !

Vous pouvez retrouver mon interview avec la scénariste de la série Pauline Rocafful ici.
Mon portait de Kjel Bennett (Bilal) ici.
Mon portrait de David Ban (Valentin Carrier) ici.
Mon portrait d’Horya Benabet (Betty Solano) ici.

3 commentaires sur “PLUS BELLE LA VIE : 14 ANS DANS LA PEAU DE BARBARA EVENOT (INTERVIEW – LÉA FRANÇOIS)

  1. Je suis navrée par l’arrêt de Plus Belle la Vie
    à l’automne 2022, les histoires, et, intrigues sont toujours d’actualités, et, les comédiens comédiennes jouent leur rôle à la perfection.
    Pourquoi ?.
    Michèle.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *