Ce 18 août, une nouvelle super-héroïne fera ses débuts au sein du Marvel Cinematic Universe : She-Hulk. Super-héroïne créée par Stan Lee et John Buscema, la cousine de Bruce Banner est apparue pour la première fois dans le Savage She-Hulk #1 en février 1980. 32 ans plus tard, elle a le droit à sa propre série télévisée, avant, peut-être, un passage au côté des Avengers sur grand écran en 2025 avec The Kang Dynasty et Secret Wars.
Portée par l’actrice Tatiana Maslany (Orphan Black), She-Hulk est le petit vent de fraîcheur attendue. Une série feel-good qui répond aussi à quelques questions et apporte, dans le même temps, des questionnements sur un univers toujours en pleine expansion.
She-Hulk et la Légende de l’Abomination
Comparée à Miss Marvel, She-Hulk n’est pas une série d’origin-story. Un atout indéniable alors que les origin-story sont souvent ennuyeuses et suivent, notamment chez Marvel Studios, un schéma narratif classique et redondant. La showrunneuse Jessica Gao, elle, règle le problème des « origines » en un épisode. En prenant la comédie à partie, elle emmène son héroïne à Mexico, au côté de son cousin Bruce, afin d’apprendre à maîtriser ses nouveaux pouvoirs. Mais comme dans les comics, la personnalité de Jennifer Walters n’est pas altérée lorsqu’elle se transforme. Elle peut donc reprendre rapidement une vie normale. Ou pas. À cause de sa nouvelle personnalité, la société d’avocats pour laquelle elle travaille ne veut plus collaborer avec elle. Jennifer Walters est alors recrutée par la concurrence, le cabinet GLK&H, qui s’occupe des Affaires Méta-Humaines. Sa première affaire : L’Abomination.
Le caméo du super-vilain dans Shang-Chi et La Légendes des Dix Anneaux prend ainsi tout son sens, de même que l’apparition de Wong dans la bande-annonce, avec qui elle formera d’ailleurs un team-up délirant et fun. She-Hulk répond, en effet, à quelques interrogations soulevées dans le film de Destin Daniel Cretton, dont la scène post-générique où l’on aperçoit Bruce Banner sous sa forme humaine, alors que depuis Avengers Endgame, l’ancien membre des Avengers était censé avoir fusionné avec Hulk. Toutefois, les quatre premiers épisodes de la série amènent à d’autres questionnements concernant le futur du Géant de Jade au sein du Marvel Cinematic Universe.
L’Abomination est donc le premier cas dont Jennifer Walters devra s’occuper en tant qu’avocate pour GLK&H. Un moyen de conclure l’arc narratif autour de l’Abomination et d’offrir une porte de sortie au personnage d’Emil Blonsky, incarné depuis 2008 par Tim Roth (du moins, de ce que nous voyons dans ces premiers épisodes. Marvel ayant la fâcheuse habitude de dégainer des surprises à vitesse grand V,, nous ne sommes pas à l’abri d’un retour avant la season finale). Puis, la série poursuit sur sa lancée, celle d’une comédie juridique décalée où se succèdent des cas très particuliers s’adonnant sans autorisation à la magie ou utilisant leurs pouvoirs à des fins qui sont hors du cadre de la loi. Elle ne sera pas seule pour affronter ça puisque selon les cas, des super-héros de l’univers Marvel seront là afin de l’épauler, à l’image de Wong, Le Sorcier Suprême.
Un épisode, une affaire à résoudre. Jennifer Walters a du pain sur la planche. D’autant qu’en parallèle, l’avocate doit mener de front sa nouvelle vie médiatique, ses nouvelles aptitudes et sa vie privée.
Une vie privée mouvementée
Depuis qu’elle est devenue She-Hulk, Jennifer Walters doit composer avec son « autre ». Médiatisée depuis sa première transformation en public dans un tribunal (voir bande-annonce), l’avocate a bien du mal à retrouver une vie stable. C’est un des ressorts comiques de la série, mettre en évidence les inconvénients d’être She-Hulk et la façon dont tout ceci se répercute sur l’intimité de Jennifer Walters et notamment ses déboires amoureux. Cependant, un côté tragique en ressort. Car si She-Hulk séduit, Jennifer Walters dans sa forme humaine peine à attirer physiquement les hommes. Certains avaient déjà soulevé l’hyper-sexualisation du personnage de She-Hulk : chevelure plus longue, poitrine plus conséquentes, jambes élancées… Mais la série en joue pour développer une vraie dramaturgie autour des complications amoureuses de Jennifer Walters et donner au personnage des failles intimistes profondément humaines.
Les hommes ont-ils une vraie attirance physique pour She-Hulk ou bien est-ce le fantasme (malsain) de faire l’amour avec une super-héroïne peu commune ?
La question de l’identité est ainsi posée dans She-Hulk. Car à plusieurs reprises, Jennifer Walters confie ne pas avoir envie d’être une super-héroïne, d’être une Avengers. Elle doit apprendre à se détacher de son cousin Bruce, un des plus grands héros de la Terre et membre originel des Avengers, s’émanciper de la comparaison, pour trouver sa propre voie. Jennifer Walters est une femme libre, indépendante, forte et une des meilleurs dans son domaine de compétences, la Justice. Elle en connaît chaque rouage ce qui l’a conduit à cette brillante carrière. Dès lors qu’elle perd cela, que lui reste-t-il ? Les premiers épisodes soulèvent cette question. Vient ensuite, la sur-médiatisation. Devenue la coqueluche des médias, Jennifer Walters n’a désormais plus la discrétion et donc la liberté d’autant. Comment parvenir à conjuguer la femme simple qu’elle souhaite rester de l’engouement médiatique autour d’elle. Mais surtout, qui préfère-t-elle devenir ? Car s’il est plus simple de draguer les garçons sous sa forme verte, elle n’est pas She-Hulk. Elle est Jennifer Walters. She-Hulk s’impose davantage comme un complément. Parce que Jen ressent néanmoins une petite part de plaisir à se transformer, mais la réalité la rattrape sans cesse. Ainsi, ne risque-t-elle pas d’oublier ou d’effacer l’une au détriment de l’autre, pour les mauvaises raisons ?
La nouvelle vie de Jennifer Walters se vit pleinement. A l’image de Deadpool (pour ne citer que lui), la super-héroïne brise le quatrième mur pour interpeller directement le spectateur et formuler, devant lui, sa pensée, ses idées, ses espoirs et/ou ses peurs. Un défouloir jubilatoire jamais grotesque mais subtil, tout en nuance. Sans abuser de cette technique particulière, la série devient alors une sorte de conte de fées, où la narratrice de l’histoire, qui n’est d’autre que Jennifer Walters elle-même, romance ses péripéties au sein d’un univers qu’elle sait fictif.
Conclusion
Les quatre premiers épisodes de la série She-Hulk révèlent un potentiel prometteur. Sous forme de comédie juridique, où Jennifer Walters s’allie avec des personnages du Marvel Cinematic Universe dans des team-up alléchants, l’avocate défend des « cas » loufoques (méta-humains, arnaqueurs, faux magiciens…) et se retrouve plongée dans des aventures rocambolesques en compagnie de ses nouveaux amis.
Tatiana Maslany insuffle à Jennifer Walters/She-Hulk énormément d’humanité et de légèreté à son personnage, un équilibre avec lequel elle jongle pour orchestrer le meilleur de la comédie et du drame, tout en conservant l’essence du comic-book. On regrettera néanmoins des CGI limités sur She-Hulk, des incrustations et des mouvements parfois brouillons à l’écran, comparés à ceux de Hulk toujours fluides.
À voir désormais ce que vaudra la série sur la durée, mais She-Hulk est bien partie pour charmer les spectateurs et prononcer un non-lieu sur l’échec annoncé par les haters.
She-Hulk, disponible ce 18 août sur Disney +.
Retrouvez la conférence de presse retranscrite avec Tatiana Maslany et l’équipe de la série, ici.