MARIE-ANTOINETTE (CANAL +) : GAÏA WEISS, FEMME D’HISTOIRE – ENTRETIEN

Image : Emilia Schuele est Marie-Antoinette.

Présentée en avant-première au Festival de la Fiction de La Rochelle, la série Marie-Antoinette de Pete Travis sera diffusée dès le 31 octobre prochain sur CANAL +. Production française ambitieuse et portée par un casting international, Marie-Antoinette raconte la vie romanesque de la Dauphine de France, à son arrivée à Paris. Entre rivalité, trahison et relation amoureuse, la futur Reine de France devra se faire une place au cœur de Versailles et incarner le visage rayonnant du pays au côté de son mari Louis XVI.

L’actrice française Gaïa Weiss, qui incarne Madame du Barry dans la série, se confie sur son rapport à l’Histoire, sa préparation et sa transformation en « maîtresse royale » ainsi que sur son rôle.

« J’avoue que j’aime tout particulièrement les projets d’époques ».

Gaïa Weiss, une femme d’Histoire

Le visage de Gaïa Weiss est étroitement lié à l’Histoire. Cousine de Mary, Reine d’Ecosse dans le film du même nom de Thomas Imbach, fille de Zeus et d’Héra dans La Légende d’Hercule de Renny Harlin, petite-fille de la Reine d’Angleterre dans la comédie de Pierre-François Martin Laval dans Les Profs 2, viking badass (Viking), duchesse (Les Médicis : Maître de Florence), figure de la révolution française (La Révolution) ou interprétation vocale pour un personnage historique dans le jeu vidéo Assassins’s Creed Valhalla, entre cinéma, série et jeu vidéo, Gaïa Weiss nous embarque chaque fois dans des époques à son image : séduisante et sauvage. Il faut dire que ses traits, son charme naturel, l’assurance, l’élégance et la force que Gaïa Weiss dégage sont devenus des atouts que le monde du 7ème art perçoit chez elle. Ses compétences théâtrales (posture, diction…) mais aussi son intelligence de jeu et sa vision de l’acting sont aussi des éléments qui séduisent autant les professionnels que les spectateurs. Ses incarnations, toujours pertinentes de subtilité, de fragilité ou de courage, font de Gaïa Weiss une actrice surprenante et touchante.

Pourtant, si les projets liés à ce genre cinématographique s’accumulent, Gaïa Weiss n’avait rien calculé à ses débuts dans le cinéma et la télévision : « Lorsque j’ai commencé ma carrière, je pense qu’il s’agissait d’abord de coïncidences. J’ai débuté avec Marie-Stuart, Hercule puis la série Viking. Forcément, un projet en entraîne un autre et, quand on commence certaines choses, l’imaginaire des producteurs va dans un sens ». Néanmoins, aucun reproche de son côté, bien au contraire. Elle trouve même un certain plaisir à participer à ce genre de films/séries historiques : « J’avoue que j’aime tout particulièrement les projets d’époques parce que c’est facile d’être le personnage. C’est-à-dire que, mis à part la caméra et l’équipe caméra, nous, nous regardons autour de nous. Tout le monde est dans l’époque. Puis, le temps de préparation – pour Marie-Antoinette, il y avait par exemple 2 heures et demi de préparation -, est un temps que je prends pour que mon personnage et moi ne fassions qu’un. J’arrive ensuite sur le plateau et je suis déjà dans mon personnage ».

Quant à son rapport à l’Histoire, il remonte à l’adolescence : « J’aimais beaucoup l’Histoire à l’école, notamment parce que j’avais de très bons professeurs d’histoire au lycée. Toutefois, j’étais davantage fascinée par la période des Lumières, fascinée par Voltaire, par le salon de Madame d’Epinel. D’ailleurs, Madame du Barry était une proche, une amie de Voltaire. C’est comme si, quelque part, je rejoignais moi aussi les salons des philosophes du XVIIIème siècle (rire) ».

« J’ai eu une réelle connexion avec Madame du Barry ».

Nouvelle transformation : Gaïa Weiss est Madame du Barry

Dans Marie-Antoinette, l’actrice y interprète Madame du Barry, favorite du Roi Louis XV entre 1768 et 1774. Née roturière, Jeanne Bécu, de son vrai nom, est devenue comtesse par mariage, en épousant le comte Guillaume du Barry, afin d’être présentée à la Cour de Versailles. Appréciée par son esprit et son mécénat, elle est cependant détestée pour ses origines et son statut de maîtresse royale. Une personnalité complexe qui lui vaudra également l’animosité de la dauphine de France, Marie-Antoinette, influencée par les filles du Roi. Une rivalité qui provoquera, par ailleurs, une crise politique entre la France et l’Autriche. Jamais les deux femmes ne se réconcilieront. Une histoire qui a beaucoup touché Gaïa Weiss :

« Je connaissais très mal Madame du Barry au départ. Je ne la connaissais qu’à travers les préjugés et les films qui ont été faits sur Marie-Antoinette. J’ai appris à la connaître avec les recherches que j’entreprenais pour préparer ce projet. J’ai eu une réelle connexion avec cette femme, qui est une femme moderne, qui a travaillé dur pour en arriver là où elle est, qui a grimpé l’échelle sociale. À l’époque, c’était très difficile de sortir de sa classe. Elle, s’en est sortie au point d’être considérée comme « La Reine de Versailles », jusqu’à l’arrivée de Marie-Antoinette. […] J’ai été assez libre de faire mes propres recherches. Pete Travis, le réalisateur, ne voulait pas trop coller à la réalité historique qui ferait poussiéreuse ou démodée de nos jours. C’est de là que vient la modernité de la série ».

Image : Gaïa Weiss (Madame du Barry) et James Purefoy (Louis XV).

« Nous avons eu un historien et un coach pour nous apprendre à faire les révérences et pour savoir quel type de révérences, dans quel contexte ».

Dans la série, Madame du Barry est exposée comme une femme assez hautaine, manipulatrice, qui sait user de ses charmes. Mais ce qui frappe dans le jeu de Gaïa Weiss, ce sont ses regards, intenses et profonds. Elle confie sur son travail d’interprétation : « Étonnamment, je n’ai pas particulièrement travaillé les regards. Jusqu’à un certain point, je me suis identifiée à mon personnage afin d’amener de l’authenticité. J’essayais de comprendre ses motivations. Pour interpréter ce genre de personnages, cruel – en tout cas qui semble cruel puisque la série est du point de vue de Marie-Antoinette -, c’était essentiel de capter ce qu’elle ressent, saisir ses objectifs. En la rendant humaine, en s’attachant à elle, je pense que ça a pu amener de la modernité dans le jeu et à ses regards. Mais ce sont aussi mes regards dans la vie aussi. Il ne faut pas oublier que Marie-Antoinette est autant une menace pour Madame du Barry, que l’inverse. Il faut survivre ».

En amont, une préparation et un coaching ont été nécessaires pour acquérir les gestes de la cour de Versailles. Gaïa Weiss a donc suivi plusieurs entraînements afin d’avoir la bonne gestuelle, les bonnes attitudes de l’époque : « Dans la préparation de la série, nous avons eu un historien et un coach pour nous apprendre à faire les révérences et pour savoir quel type de révérences, dans quel contexte. Nous avons eu également un chorégraphe, qui était spécialisé dans les anciennes danses, pour nous apprendre à danser comme à l’époque. Pour ma part, j’ai aussi pris des cours de danse en talons et des de pole dance afin d’habiter totalement cette Madame du Barry. C’était mon choix. Pour avoir cette gestuelle, cette sensualité, féminité, sans que ce soit too much ». Une posture appuyée par les costumes, élément essentiel pour devenir un personnage. Gaïa Wess explique comment elle est rentrée dans la peau de Madame du Barry, entre le costume, le maquillage et la coiffure :

« Les costumes nous aident beaucoup à nous tenir droites. Ils ont été réalisés sur-mesure, y compris le corset, assez confortable. Mais évidemment, avec un corset serré, la posture change. C’est pour cela que j’adore tourner en costume d’époque parce qu’il nous aide à être le personnage. Pour être Madame du Barry, il me fallait 2h30, environ 1h15 de coiffure, 30-40 min de maquillage et autant de temps pour enfiler le costume. Sur les coiffures, il y a d’ailleurs toute une symbolique. Plus on monte en grade à Versailles, plus les coiffures sont hautes. Madame du Barry a amené de nombreux designers, stylistes, coiffeurs à Versailles qui sont devenus, par la suite, les conseillers et les coiffeurs de Marie-Antoinette ».

Image : Jack Archer (Comte de Provence) et Gaïa Weiss.

« Chaque fois que nous marchions sur les pavés, nous nous disions que nos personnages avaient foulé ces mêmes pavés ».

Marie-Antoinette a été tournée à plusieurs endroits historiques aux alentours de Paris. Outre les quelques séquences en studios, les jardins de Vaux-Le-Vicomte (Maincy), le château de Voisins (Saint-Hilarion), et même Versailles ont accueilli le tournage de la série CANAL +. Des décors majestueux, féeriques, presque hors du temps, qui ont grandement contribué à immerger les acteurs et les actrices dans l’époque et, par conséquent, à mieux incarner leur rôle. Gaïa Weiss en garde des souvenirs impérissables : « C’est très inspirant. Faire du cheval dans les jardins de Vaux-Le-Vicomte, c’est incroyable. C’est donné à peu de gens. Toutefois, sur le moment, on ne s’en rend pas vraiment compte. On est tellement dans la scène. Le premier jour de tournage, à Versailles, je tournais une scène dans un grand escalier et, j’étais tellement dedans que j’avais la sensation d’être à la maison. […] Tourner à Versailles, c’est hallucinant ! Chaque fois que nous marchions sur les pavés, nous nous disions que nos personnages avaient foulé ces mêmes pavés. Ça nous ancre dans la réalité. Puis, c’est la première fois que je tournais à Versailles. J’ai pris conscience de la chance que nous avions, le jour où nous avons eu une visite privée (en amont du tournage) à certains endroits de Versailles. Nous avons vu les appartements de Madame du Barry, les bureaux de Louis XIV, Louis XVI… C’était fou ».

« Avec cette série, je pense que nous en apprenons plus sur le côté humain de chacun des personnages ».

Apprendre l’Histoire grâce aux séries ?

Le cinéma comme la télévision a souvent eu cet aspect pédagogique. Marie-Antoinette n’en fera pas exception. Si parfois le récit est romancé, le spectateur apprendra toujours des détails qu’il ne connaissait pas sur l’Histoire ou sur des personnages historiques. Gaïa défend ce point de vue et dévoile l’une des qualités principales de la série : « C’est ce qui est super avec les séries historiques, c’est que nous apprenons constamment des choses. Ici, je pense que nous en apprenons plus sur le côté humain de chacun des personnages. Les spectateurs pourront toujours s’identifier à au moins un des personnages. Qu’ils soient protagonistes ou antagonistes, ils ont tous un aspect humain, tous une vulnérabilité. […] Marie-Antoinette, nous souffrons aussi avec elle ».

Les premiers épisodes de Marie-Antoinette seront diffusés dès le 31 octobre sur CANAL +.

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