AVALONIA – L’ÉTRANGE VOYAGE : TON UNIVERS IMPITOYABLE !

Avalonia, l’Étrange Voyage est une aventure familiale en terre inconnue, aux influences spielbergiennes, à la frontière entre Indiana Jones et Jurassic Park. Bien loin du film de princesse habituel, Avalonia tente ici de renouer avec le genre aventure, qui a fait défaut à Disney au début des années 2000 avec La Planète aux Trésors (2001) et Atlantide, l’Empire Perdu (2002). Pourtant, les deux films sont des petits bijoux d’animation et, Avalonia s’inscrit pleinement dans cette lignée : une ambition d’un spectacle grandiose, des visuels prononcés et un environnement d’une richesse insoupçonnable. Est-ce un retour gagnant ? Réponse !

Un étrange voyage pour la famille Clade

Avalonia porte bien son nom. Le film de Don Hall et Qui Nguyen est un étrange voyage. Plongés dans un monde en dessous du leur, Searcher Clade et sa famille découvrent un microcosme ultra-organisé, où cohabitent des créatures singulières, aux formes bizarroïdes et un décor époustouflant, aussi contemplatif, mystérieux que dangereux. Tous ces éléments, en mouvement constant (aussi bien les monstres que l’environnement) procurent un dynamisme à l’image qui, elle-même, est toujours en effervescence. Ainsi, notre regard n’est jamais fixe et balaye perpétuellement l’intégralité de l’écran, de gauche à droite mais aussi au premier ou à l’arrière-plan.
Tout bouge.
Tout est vivant.

Un univers organique où le sol, les plantes, les arbres et les nuages respirent, communiquent, vivent. Littéralement.
Le film happe. Il happe notre curiosité et, à l’instar des personnages, nous observons tout, chaque recoin de l’image pour en capter toute la beauté, toute la générosité afin de ne rien manquer de ce spectacle chatoyant. Le mot générosité n’est pas de trop pour parler du monde dans lequel nos héros se retrouvent coincés. En effet, les réalisateurs offrent un véritable écosystème pensé, où chaque élément a une importance capitale dans le fonctionnement de ce monde étrange. Et ils devront l’appréhender pour en sortir indemnes. Car lorsque tout est vivant, la menace peut se cacher et surgir de n’importe où.

La force d’Avalonia réside dans cet environnement coloré, immersif et surprenant. Les réalisateurs vont même encore plus loin pour intégrer leur message écologique avec un cliffhanger étonnant. Oui, Avalonia est avant tout une œuvre à la portée écologique. Comprendre le monde, respecter sa diversité, même celle que l’on pense dangereuse, étudier intelligemment la nature et ses êtres vivants, leur complexité, leur façon d’agir, pour mieux cibler la véritable menace et l’éradiquer. Sauver le monde, c’est redéfinir notre pensée. Se faire confiance. Faire une rétrospection de sa propre condition en tant qu’être humain, de ses responsabilités et de ce dont on a réellement besoin pour vivre.

C’est au cours de leur périple et à force de côtoyer ces terres énigmatiques que les Clade apprendront à se transcender, à transcender leur perception et leurs envies. Ce n’est qu’à cette condition qu’ils sauveront Avalonia…

Un film générationnel, dans l’ère du temps

Disney a souvent été accusé de ne pas laisser une place importante aux minorités dans leurs œuvres ou de les intégrer de manière forcée, comme si cela devait être une obligation plus qu’une nécessité. Nous nous souvenons tous du baiser gay, très furtif, dans le final de Star Wars : L’ascension de Skywalker ou encore de l’image « Girl Power » dans Avengers : Endgame.
Avalonia, lui, évoque tout et sans tabou. Searcher et Meridian forment un couple mixte, leur enfant est ouvertement gay et, celui-ci parle de sa relation avec son père et son grand-père avec la plus grande des simplicités et normalités. Le sujet de l’homosexualité n’en est d’ailleurs jamais un. Ethan est gay, c’est un fait, il est accepté comme tel, seul compte son bien-être, l’amour et les sentiments. Rien d’autre. Et ça fait du bien ! Le coming-out semble alors inutile. Je suis amoureux. Point barre. Le reste n’est que futilité.

Au-delà de tout ça, Avalonia est un film trans-générationnel, où trois générations de Clade vont se confronter. Le grand-père, grand explorateur, Searcher, devenu fermier indépendant après la disparition de son père et, Ethan, qui rêve de suivre les traces de son papi. Des retrouvailles explosives qui remettront en cause, pour certains, leur autorité, leur vision de la vie et leurs désirs profonds.
Les aventures sont toujours le lieu de retrouvailles, de rencontres, d’introspections qui font grandir les personnages et, Avalonia n’échappe pas à cette règle. Ce n’est qu’ensemble, à l’unisson, que le trio pourra s’élever et affronter les dangers. Ils sont la clé. À mesure que l’intrigue progresse, chacune de ces trois personnalités, leurs histoires, leurs dilemmes, nous touchent et nous rappellent un moment de notre vie et les choix auxquels nous avons été confrontés un jour.

C’est pour cela que leur relation est si attendrissante, émouvante et bouleversera les plus sensibles d’entre nous, puisque tous les thèmes abordés sont universels : l’amour, la réconciliation, le pardon, la quête d’identité…

Conclusion

Avalonia séduit par son abondance d’éléments visuels qui parcourent l’image, par sa colorimétrie enivrante et par la texture des monstres et de l’environnement si particulier. Bien sûr, le film n’est pas exempt de facilités scénaristiques et n’évite pas les clichés du genre, que l’on retrouve dans tous les voyages en famille. L’évolution des relations intimes entre les personnages et certaines situations sont, par exemple, parfois prévisibles. Cependant, Avalonia dégage quelque chose d’éminemment sympathique, de bon enfant. La facilité avec laquelle le film nous embarque dans son incroyable aventure y joue pour beaucoup. Ce n’est peut-être pas le meilleur des Disney, mais certainement un des plus aboutis visuellement, celui qui prend le plus de risques dans ses propositions esthétiques et offre une fin qui remet en cause toute notre conception d’Avalonia.

On regrettera que la ville d’Avalonia soit peu exploitée. Mélange entre la ville d’héroïc-fantasy et le rétro-futurisme à la limite du steampunk, Avalonia possède un univers que le scénario et la caméra ne font qu’effleurer. Les habitations sont charmantes, les transports en commun originaux et les couleurs de la ville expressives. Dommage !

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