LYCÉE TOULOUSE LAUTREC : CHINE THYBAUD AU CŒUR D’UN LYCÉE PAS COMME LES AUTRES (INTERVIEW)

Révélation de la série Netflix Endless Night, Chine Thybaud est l’héroïne de la nouvelle production de TF1 : Lycée Toulouse Lautrec. Elle y incarne la jeune Victoire, contrainte d’intégrer le Lycée Toulouse Lautrec, un établissement qui accueille des élèves en situation de handicap mais aussi des valides. Bien que réfractaire à son arrivée, Victoire va apprendre à dépasser ses préjugés et y découvrir l’amour, l’amitié, l’altruisme et la solidarité.

Ses premiers pas à l’école Toulouse Lautrec, sa complicité avec Ness Merad (Marie-Antoinette), ses défis sur le tournage ainsi que ses émotions au Festival de la Fiction de La Rochelle, Chine Thybaud se confie sur cette incroyable aventure qui l’a transformée humainement et en tant que comédienne.

Une immersion totale…

Au départ, Chine Thybaud avait passé le casting de la série pour un autre rôle, celui de Roxana, attribué par la suite à la comédienne Aminthe Audiard. 1 an de casting plus tard et 7 call-back, elle obtient le rôle de Victoire. Une fierté pour Chine Thybaud qui explique ce qui l’a convaincue aussi de rester au sein du projet Lycée Toulouse Lautrec : « J’ai pu lire les six premiers épisodes. C’est compliqué de parler de handicap mais surtout d’adolescence, de dialoguer des scènes où il y a des ados/enfants et j’ai trouvé que c’était bien écrit, bien rythmé, que c’était drôle. On parle de sujets difficiles, sensibles, mais ce n’était pas larmoyant, et il n’y a pas de tabou. C’est le point important de la série, c’est pour cela qu’elle est spéciale, parce qu’il y a l’auto-dérision. J’ai trouvé ça nécessaire et j’étais contente de porter le sujet ».

C’est d’abord par les yeux du personnage de Victoire que le spectateur découvre le lycée Toulouse Lautrec, l’immensité de son hall, de ses couloirs, de ses salles de classes puis, ses élèves, adolescents en situation de handicap ou valides. Pour s’approprier les lieux, Chine Thybaud a pu s’immerger dans le vrai lycée Toulouse Lautrec, où a été tournée la série :

« Nous nous sommes tous réunis pour une semaine de répétitions filmées avec les comédiens afin de nous familiariser aussi avec le lieu et le personnel. Il me semble que nous avons eu cette semaine pendant les vacances scolaires. […] Il y a eu un petit temps d’adaptation, pour tout le monde. Nous devions nous intégrer sans faire trop de bruit pour ne pas perturber les cours, et nous prenions également beaucoup de place. Mais très rapidement, ils ont fait partie intégrante de la série puisque certains ont des petits rôles. J’arrivais en même temps qu’eux en cours, et ce sont devenus mes potes. On partageait notre petit déjeuner ensemble, etc. C’est comme si nous étions devenus des élèves de l’établissement ».

Dans la série, le professeur Feuillate (Stéphane de Groodt) qualifie le lycée de « labyrinthe », un qualificatif que partage Chine Thybaud : « C’est immense. Les couloirs sont très larges pour que les fauteuils puissent passer, par exemple. C’est un complexe éducatif unique en France. Il y a une piscine, un auditorium, une salle de projection, une salle de sport, une salle de kiné, un gymnase…. C’est très grand et très beau. Tout est en verre, bien designé. Il a fallu un petit temps pour que nous puissions faire une carte mentale du lieu ».

Pour Chine Thybaud, être immergée dans le véritable lycée Toulouse Lautrec avec des vraies personnes en situation de handicap, lui a permis d’avoir une meilleure qualité de jeu et davantage de sincérité : « La série n‘aurait pas eu la même couleur, n’aurait pas été si réussie, si nous avions tourné dans des décors en studio ou dans un lycée lambda. Ce que j’ai dit à Fanny après le tournage, et je m’en suis rendue compte assez tard, c’est que la série a un côté quasi documentaire. Et c’est très important ça. Car tout est vrai. Tout ce que vous voyez est réel. Forcément, ça ainsi que l’immersion, nourrissent le jeu ».

et des rencontres...

Parmi les autres révélations de la série, impossible de ne pas citer Ness Merad, l’interprète de Marie-Antoinette. Elle forme un duo détonnant avec Chine Thybaud. D’abord conflictuel, leur rapport s’améliore au fur et à mesure que les jours passent et que le regard de Victoire change sur le handicap. Chine Thybaud évoque sa première rencontre avec Ness :

« Nous nous sommes rencontrées dans les finales de nos sélections. Je suis allée dans son école de communication pour passer un call-back dans sa classe. Il y avait Nicolas Cuche, Stéphanie Murat, deux des réalisateurs de la série, et Okinawa Valérie Guerard, la directrice de casting. Nous nous sommes vues et, je ne sais pas pourquoi, en la voyant, je savais que ce serait elle. Elle m’a demandé de défaire ses écouteurs noués. On a échangé quelques banalités avant de passer le call-back ensemble. […] Aujourd’hui, nous nous parlons tout le temps. Je l’admire beaucoup. Nous avons une énergie qui se complète bien je trouve. Ness sait ce qu’elle veut. Elle est même assez directive. Elle travaille beaucoup ».

Autre duo attachant, celui de Victoire/Jules (Abraham Wapler). Jules qui, dans la série, a perdu l’usage de ses jambes et est désormais cloué sur un fauteuil roulant. Peu à peu, les deux adolescents vont se rapprocher et une histoire d’amour naîtra, non sans complication. En effet, le jeune homme, paraplégique, ne parvient pas à avoir d’érection. Un thème que la série aborde sans complexe : « La sexualité des adolescents est souvent mal abordée et encore moins lorsqu’il s’agit de personnes handicapées. Nos scènes ensemble, je ne voulais pas qu’elles soient trop clichés, ni les bâcler. Abraham aussi. Mais c’est quelqu’un d’extrêmement parlant. Donc durant nos scènes, je me mordais les joues parce qu’il a la comédie en lui, comme Adil. Ils me font rire. Toutefois, c’est un sujet sérieux donc nous avons beaucoup, beaucoup répété ». A noter que Chine et Abraham sont amis dans la vie : « Nous nous connaissons depuis longtemps. Il a tout de suite plu à Nicolas et Stéphanie. Travailler avec lui sur le plateau, c’était comme le redécouvrir. C’était précieux de pouvoir jouer ça avec lui ». On comprend désormais mieux cette complicité qui crève l’écran.

Lycée Toulouse Lautrec, c’est une aventure humaine, des rencontres qui resteront à jamais gravées dans les mémoires de toutes les personnes ayant travaillé sur le projet. Au-delà des rencontres, il y a aussi l’expérience. Avec ce tournage, Chine Thybaud a su se découvrir en tant qu’actrice. Elle confie :

« Avant Lycée Toulouse Lautrec, je ne disais jamais que j’étais comédienne. Je n’ai jamais fait de théâtre. J’ai été casté sauvagement et ça s’est enchaîné rapidement. Mais je n’assumais pas de dire que j’étais comédienne. J’avais le Syndrome de l’Imposteur. Je me suis aperçue, au bout d’une semaine ou deux de tournage, que si je n’assumais pas j’étais comédienne et que j’avais un premier rôle, que j’avais une responsabilité en tant que membre d’un groupe, que rôle principal, ça ne marcherait pas. Je devais y aller à fond et prendre tout ça au sérieux. J’ai donc demandé à travailler avec la coach de Ness, Nicole Merle. J’ai l’impression d’avoir fait des années de cours en quelques semaines de tournage. Le plateau c’est la meilleure école ».

Et les défis pour Chine Thybaud ont été nombreux. La série est une montagne russe d’émotions et la comédienne s’est retrouvée à devoir affronter les peurs que tout jeune acteur peut ressentir à ses débuts : « La série est une dramédie. Nous passons du rire aux larmes en quelques secondes. C’était un exercice que je n’avais pas encore fait. Pour être comédien, il ne faut pas avoir peur du ridicule, ni avoir peur de se mettre à nu devant tout le monde. Le premier épisode, dans la séquence où un des jeunes s’étouffe, il y avait 200 personnes qui me regardaient. C’est très impressionnant. J’ai appris à mettre mon égo de côté, à prendre mon courage à deux mains. Il y avait également la scène de dispute avec Aure Atika. Je la redoutais cette scène parce que je devais vraiment crier. Il faut assumer, ne pas être timide et ne pas avoir peur de rater. Mon défi était de ne pas faire les choses à moitié ».

Une récompensé méritée

La série Lycée Toulouse Lautrec a été récompensée du prix de la Meilleure Série au Festival de la Fiction de La Rochelle, en septembre dernier. Un moment fort, de partage et de communion pour tous ceux présents dans la salle mais aussi pour toute l’équipe autour du projet. Chine Thybaud raconte la manière dont elle a vécu cet instant suspendu dans le temps : « Juste avant le verdict, je tenais la main de Fanny Riedberger. J’ai dit à Fanny que nous n’aurions pas le prix. Elle, elle regardait la scène avec espoir. Sandrine Bonnaire est venue sur scène en disant qu’elle allait remettre le prix à une série importante, qui suit un groupe de jeunes, etc. Il y avait plein d’indices et, pourtant, je pensais que ce n’était pas nous. Je n’y croyais pas alors que c’était évident. Quand Sandrine a donné le nom de la série, j’ai hurlé. On s’est tous pris dans les bras. J’étais si heureuse car c’était un travail long. Émotionnellement, nous sommes passés par tous les états. J’étais honorée qu’on récompense ce travail d’équipe ».

Rendez-vous ce lundi 16 octobre pour la diffusion des épisodes 3 et 4.

Vous pouvez retrouver mon interview avec la créatrice de la série, Fanny Riedberger, ici.

4 commentaires sur “LYCÉE TOULOUSE LAUTREC : CHINE THYBAUD AU CŒUR D’UN LYCÉE PAS COMME LES AUTRES (INTERVIEW)

  1. Super série cela fait du bien de voir qu’un établissement comme celui ci existe .De voir tous ses ado cela remet les choses en place . Vraiment très bien et touchant .

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